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Le déficit d’hospitalité touristique territoriale est le fait des personnels en contact et des résidants sur le territoire français.

Il faut d’abord se demander si le fait de dire que les Français ne sont pas hospitaliers ne constitue pas une antienne. Car les « pays et peuples hôtes sont vite fichés et catalogués, en premier

lieu par les écrivains-voyageurs qui ne manquent point d’en faire largement état dans leurs récits, leurs romans et leurs guides » [Seydoux, 1983, p. 133]. Dans un ouvrage écrit par des chercheurs,

pour donner des exemples de mauvaise hospitalité, les auteurs évoquent New York et… la France182.

Déficit linguistique ?

Il est fréquent de lire que les Français ne sont pas doués pour les langues étrangères. Aujourd’hui, parmi les résidants en France de plus de 15 ans dont la langue maternelle est le français ou une langue régionale, 53,6 % déclarent qu’ils n’arriveraient ni à participer à une conversation courante, ni à tenir une conversation téléphonique, ni encore à écrire une lettre, ni même à lire un journal dans aucune langue étrangère vivante [Bodier, 1998]. Cette proportion est plus faible (31,6 %) chez ceux qui ont au moins été jusqu’au premier cycle d’enseignement général et ont terminé leurs études depuis moins de 10 ans et plus forte (69,3 %) chez les inactifs de moins de 65 ans qui ont terminé leurs études. À la question « Êtes-vous capables de tenir une conversation en

anglais ? », un Français sur trois répond par l’affirmative alors que la proportion est d’un

Allemand et un Belge sur deux et huit Danois et Suédois sur dix [Direction du tourisme, 2007]. Mais le déficit linguistique est encore plus fort dans les pays touristiques du sud

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de l’Europe : seulement un Italien et un Portugais sur quatre et un Espagnol sur cinq s’estiment capables de converser en anglais.

Certains183 avancent une explication physiologique. Chaque langue utilise une gamme

de fréquences particulière : l’anglais fait plutôt appel à de hautes fréquences (entre 2 000 et 12 000 mégahertz) tandis que le français a recours à de basses fréquences (entre 125 et 2 000 mégahertz). Ce qui expliquerait pourquoi les francophones ont du mal à bien prononcer l’anglais. Par contre, des langues comme le russe, le suédois ou le portugais utilisent une gamme de fréquences large si bien que leurs locuteurs auraient de grandes facilités avec les langues étrangères.

La formation à l’expression et à la compréhension orales – la seule nécessaire pour accueillir – n’est peut-être pas assez développée en France [Bodier, 1998]. Les enseignants de langues affirment, non sans raison, que cette formation est difficilement praticable avec 25 ou 30 élèves par classe. Mais le problème ne vient-il pas d’abord des examens ? Quand ceux-ci ne sont pas écrits, ils consistent à écouter un texte et à le commenter, parfois même en français. Or s’exprimer sur un texte, le synthétiser, le résumer, n’est pas le même exercice que d’être impliqué dans une situation professionnelle avec un interlocuteur étranger. Dans le premier cas, on peut choisir de parler de ce que l’on veut en utilisant le vocabulaire à sa disposition. Dans l’autre, il faut une réponse précise. La formation universitaire des futurs enseignants de langues ne doit-elle pas aussi être remise en cause ? Elle privilégie les disciplines « nobles » : linguistique, littérature, civilisation, etc.

Enfin, on peut se demander si les Français ne font pas un complexe d’infériorité en matière de maîtrise des langues. La barrière de la langue serait plus haute pour les Français lorsqu’ils sont en contact avec des étrangers que pour les touristes qui visitent la France et ne parlent pas français [Direction du tourisme, 2007].

183 ANALIS Alexandre T. Une affaire de fréquences. Commerce international, 1er sept. 2008 [en ligne]. Disponible

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Cette situation est assez ancienne puisque, au début du XXe siècle, les employés des

hôtels de luxe parisien étaient presque tous étrangers car ils maîtrisaient les langues étrangères. Dans les stations de province, le pourcentage de la main d’œuvre étrangère (Italiens, Suisses, Tchécoslovaques, etc.) dépassaient souvent les 50 % [Lesur, 2005, p. 57 et 193].

Forte fréquentation, faible accueil ?

Année après année, la France reste le pays le plus visité du monde par des touristes étrangers même si elle n’est pas le pays dans lequel les touristes étrangers dépensent le plus184. Durant les mois de juillet et août, les non-résidents en France sont très

nombreux (cf. Figure 11).

Les départements les plus fréquentés sont Paris, le Var, la Seine-et-Marne et les Alpes- Maritimes. Les flux de touristes étant difficiles à limiter, le seuil de tolérance n’est-il pas

184 DIRECTION GÉNÉRALE DE LA COMPÉTITIVITÉ DE LINDUSTRIE ET DES SERVICES. Les chiffres clés du tourisme en

France – Édition 2010, 4 p. [en ligne]. Disponible sur : <http://www.tourisme.gouv.fr/stat_etudes/c_cles/ chiffres_cles10.pdf>. (Consulté le 30-11-2010).

Figure 11 – Présence par jour sur l’ensemble du territoire français (résidents / non-résidents)

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parfois dépassé ? Certains ne se disent-ils pas qu’il n’y a pas trop d’efforts d’hospitalité à faire puisque les touristes sont toujours aussi nombreux. Cependant, selon la Direction du tourisme [2007], les plaintes des touristes ne proviennent pas toujours des destinations françaises les plus fréquentées. « Elles peuvent venir de lieux à faible concentration,

le dénigrement des touristes étrangers servant alors d’expression à d’autres mécontentements plus difficiles à verbaliser (désindustrialisation, déprise agricole…). »