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Description de l’unité d’analyse

1. Introduction

1.3 Description de l’unité d’analyse

Les études de cas apportent une valeur ajoutée qui permet aux décideurs, à différents niveaux, de comprendre les avantages sociaux, environnementaux et financiers directs pouvant découler d’un projet ou d’une série de projets spécifiques, grâce à la mise en place de réformes.

Ces réformes pourront être économiques, financières ou institutionnelles, porter sur la structure des prix de l’énergie et du tarif douanier, ou bien se limiter à de simples réformes administra-tives. Les réformes concernées se révèlent souvent nécessaires pour permettre à des plans d’ac-tion d’étude préliminaire de faisabilité économiquement intéressants de devenir des projets ban-cables, pouvant faire l’objet d’un financement. Les études de cas examinent les éléments sui-vants:

i) Les réformes ayant transformé un ou plusieurs projets d’investissement économi-quement intéressants en projet bancable, ayant fait l’objet d’un financement;

ii) L’évaluation du potentiel impact environnemental, économique et financier étendu de l’étude de cas pour les projets ou catégories de projets sélectionnés, tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre;

iii) Les recommandations sur les nouvelles réformes visant à mettre en place des sys-tèmes énergétiques obéissant aux lois du marché.

Avec une population d’environ 33 millions d’habitants, le Maroc couvre une superficie totale de 446 550 km2 (dont 446 300 km2 de terres et 250 km2 d’eau).3 Environ 17,79 % des terres sont arables, mais seules 2,6 % de ces terres sont sous cultures permanentes et près de 15 000 km2 sont irriguées. Les ressources en eau renouvelables atteignent un total de 29 km3 par an, ce qui équivaut à 428,1 m3 par habitant et par an. Sur ce total, 12,61 km3 sont destinés aux ménages (12 %), à l’industrie (4 %) et à l’agriculture (84 %).

La proximité de l’Europe (de même que les coûts du travail relativement faibles) a aidé le Maroc à construire une économie de marché ouverte et diversifiée. Les stratégies de déve-loppement industriel et l’amélioration des infrastructures, notamment un nouveau port et une zone franche près de Tanger, améliorent la compétitivité du pays. Les secteurs clés de l’écono-mie incluent l’agriculture, le tourisme, les phosphates, l’habillement, le textile et les sous-com-posants. Le produit intérieur brut (PIB) officiel du Maroc s’élevait à 104,8 milliards de dollars en 2013. Il se composait de l’agriculture (15,1 %), de l’industrie (31,7 %) et des services (53,2 %). En dépit des progrès économiques, le pays fait face à des taux élevés de chômage (9,5 % de la population active), de pauvreté (15 % de la population vivant en deçà du seuil de pauvreté) et d’analphabétisme, en particulier dans les zones rurales. En 2011 et 2012, les prix élevés du pétrole (subventionné et dont la quasi-totalité est importée) ont grevé le budget du gouvernement et renforcé le déficit du pays. À l’automne 2013, dans un effort visant à réduire progressivement son important déficit budgétaire, le Maroc a plafonné certaines de ses subven-tions sur les combustibles, lesquelles avaient atteint 4,8 milliards de dollars en 2011 (Lahbabi, 2013). Parmi les principaux défis économiques du pays se trouve la réforme du coûteux pro-gramme de financement du gouvernement.

Depuis 2010, le Maroc produit 21,13 milliards de kWh d’électricité alors que sa con-sommation s’élève à 23,61 milliards de kWh, ce qui signifie que le reste doit être importé.

3Central Intelligence Agency, The World Fact Book: Morocco, 20 June 2014. Disponible (en anglais) à l’adresse suivante http://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/mo.html.

En 2011, les émissions de dioxyde de carbone atteignaient 43,71 millions de tonnes. Les émis-sions de gaz à effet de serre par habitant représentent 2,8 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an. Cependant, plus de la moitié de ces émissions proviennent du secteur énergé-tique, principalement des activités économiques liées au pétrole et au charbon et de la produc-tion d’énergie (Lahbabi, 2013).

D’ici 2017, le Maroc prévoit d’augmenter de 3,5 millions de tonnes ses importations actuelles de 6 millions de tonnes de charbon afin de répondre à la demande d’une centrale ther-mique alimentée au charbon d’une puissance de 1 320 MW.4 Le pays possède trois centrales thermiques alimentées au charbon, qui produisent à hauteur de 26 7 % de leur capacité de pro-duction totale. Le Maroc envisage de répondre aux besoins de consommation locale à l’aide de l’énergie thermique et d’exporter l’énergie renouvelable vers l’Union européenne.

Avec une population d’environ 48,4 millions d’habitants, l’Afrique du Sud couvre une superficie totale de 1 219 090 km2 (dont 1 214 470 km2 de terres et 4 620 km2 d’eau). Le pays possède 9,87 % de terres arables, mais seules 0,34 % de ces terres sont sous cultures perma-nentes et 16 700 km2 sont irriguées.5 Les ressources en eau renouvelables atteignent un total de 51,4 km3, dont 12,5 km3/an des prélèvements d’eau potable sont destinés aux ménages (36 %), à l’industrie (7 %) et à l’agriculture (57 %). Le prélèvement par habitant était de 271,7 m3 en 2005.

L’Afrique du Sud est un marché émergent à revenu intermédiaire doté de ressources naturelles abondantes, de secteurs financier, juridique, des communications, de l’énergie et des transports bien développés, ainsi que de la 16e plus importante bourse au monde. En 2013, le produit intérieur brut (PIB) officiel de l’Afrique du Sud s’élevait à 534 milliards de dollars. Il se composait de l’agriculture (2,6 %), de l’industrie (29 %) et des services (68,4 %).

Même si l’infrastructure moderne du pays permet une distribution plutôt efficace des biens et services vers les principaux centres urbains des pays de la Communauté de développe-ment de l’Afrique australe (SADC), l’approvisionnedéveloppe-ment irrégulier en électricité retarde la croissance. Le chômage (25 %), la pauvreté (31,3 %) et l’inégalité – parmi les plus élevées au monde – demeurent des enjeux de taille. Le chômage officiel est nettement plus élevé chez la jeunesse africaine noire. La main d’œuvre du pays compte environ 18,54 millions de personnes, dont 9 % sont employées dans le secteur de l’agriculture, 26 % dans l’industrie et le reste dans le secteur des services. Les retards d’Eskom (un fournisseur public d’énergie) dans la construc-tion de deux centrales électriques supplémentaires ont réduit la marge du pays en matière d’électricité. Les économistes s’accordent à dire que la croissance économique ne pourra pas dépasser 3 % tant que ces centrales ne seront pas en service. Le gouvernement fait face à une pression grandissante de la part de groupes d’intérêts qui souhaitent que les entreprises pu-bliques soient utilisées pour fournir des services de base dans les zones à faible revenu, ainsi que pour augmenter la croissance de l’emploi.

Selon les estimations, en 2011, l’Afrique du Sud a émis 461,6 millions de tonnes mé-triques de dioxyde de carbone provenant de la consommation d’énergie.

4Worldcoal, « Morocco set to increase coal imports ». Disponible (en anglais) à l’adresse suivante : http:

//www.worldcoal.com/news/coal/articles/Morocco_set_to_increase_coal_imports_69.aspx.#U3pX49KSy6c.

5Central Intelligence Agency, « The World Factbook: South Africa ». Disponible (en anglais) à l’adresse suivante : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/sf.html.

La Zambie possède une population de 14,64 millions d’habitants. Elle est également membre de la SADC. Le pays couvre une superficie de 752 618 km2, dont 743 398 km2 de terre et 9 220 km2 d’eau. Seuls environ 1,5 million d’hectares (0,04 %) sur les 42 millions d’hectares de terres arables dont dispose le pays sont cultivés chaque année.6 La Zambie possède 40 % de l’eau douce de l’Afrique australe, avec un potentiel d’irrigation estimé à 2,75 millions d’hec-tares d’après l’eau disponible et la capacité d’irrigation des sols (Zambia National Farmers Union, 2014). De par ce potentiel, on estime que 523 000 d’hectares pourraient être économi-quement développées. Or, à l’heure actuelle, seuls 340 000 hectares de terre sont irrigués, ce qui représente environ 65 % du potentiel d’irrigation économique, et laisse 183 000 hectares encore à développer. Sur les 340 000 hectares, l’irrigation commerciale représente à peine plus de 70 000 hectares alors que l’irrigation émergente et à petite échelle concerne environ 270 000 hectares.

La Zambie est un pays tropical qui diffère en fonction de son altitude et de sa saison des pluies. En 2011, les ressources en eau renouvelables du pays atteignaient un total de 105,2 km3. En 2002, les prélèvements d’eau potable étaient estimés à 1,57 km3, dont 18 % pour les mé-nages, 8 % pour l’industrie et 73 % pour l’agriculture, alors que le prélèvement par habitant était de 47 m3.

L’économie de la Zambie a connu une forte croissance ces dernières années, avec une croissance du PIB réel de plus de 6 % par année au cours de la période 2005 à 2013.7 En 2013, le PIB du pays s’élevait à 22,24 milliards de dollars. Il se composait de l’agriculture (19,8 %), de l’industrie (33,8 %) et des services (46,5 %). Malgré une économie forte, le chômage (15 %) et la pauvreté (60,5 % de la population vivant en deçà du seuil de pauvreté) restent des pro-blèmes importants en Zambie, le dernier étant exacerbé par un fort taux de natalité, un impact relativement important du VIH/sida, ainsi que par des mesures agricoles qui faussent le marché.

Les principales sources d’énergie en Zambie sont la biomasse, l’hydroélectricité et les produits pétroliers. En dépit de ses abondantes ressources hydrauliques et en matière de bio-masse, le pays fait face à des pénuries d’électricité. La biomasse couvre environ 77 % des be-soins énergétiques du pays, contre 12 % pour l’hydroélectricité. Les émissions de dioxyde de carbone issues de la consommation d’énergie étaient estimées à 2 434 millions de tonnes en 2011.

En résumé, le Maroc, l’Afrique du Sud et la Zambie sont des pays présentant des res-sources naturelles, une situation géographique et des opportunités économiques distinctes. On retrouve cependant chez ces trois pays un fort taux de chômage ainsi que des niveaux élevés de pauvreté, malgré des résultats plutôt bons en termes de PIB (voir le Tableau 1).

6Zambia Development Agency, « Agriculture, Livestock and Fisheries - sector profile 2011 », 2011. Disponible (en anglais) à l’adresse suivante:http://www.zambiahc.org.uk/important_documents.html.

7Central Intelligence Agency, « The World Factbook: Zambia ». 20 juin 2014. Disponible (en anglais) à l’adresse suivante : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/za.html.

Tableau 1

Synthèse des indicateurs de pauvreté et d’accès à l’énergie pour les pays étudiés8

Pays

Source: *World Energy Outlook (Perspectives énergétiques mondiales) Agence internationale de l’énergie, voir www.worldenergyoutlook.org (en anglais uniquement).

La pauvreté et le chômage doivent être pris en compte lors de l’élaboration des propo-sitions de mesures pour les stratégies d’efficacité énergétique et de réduction des émissions. La question essentielle est de savoir comment les citoyens peuvent tirer profit des ressources na-turelles considérables de leurs pays respectifs de manière à ce qu’elles participent à la produc-tion d’énergie, pour améliorer son accessibilité (ou le budget des ménages), mais également l’accès à l’électricité en utilisant les marchés énergétiques comme une opportunité. Permettre aux citoyens de s’impliquer dans la production d’énergie (ou la production de carburants propres) joue un rôle sur les marchés de l’énergie. De plus, l’accès à une énergie moderne abordable contribue à la réduction de la pauvreté et à une croissance inclusive.

Outre une mesure contraignante, plutôt que laissée au libre choix des acteurs identifiés, les gouvernements devront mettre en place des dispositifs de financement pour les acteurs n’ayant pas les moyens d’investir par eux-mêmes, dans la mesure où des marchés assurés exis-tent pour l’énergie produite (ou le carburant produit).