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Aperçu du secteur énergétique sud-africain

5. Étude de cas de l’Afrique du Sud

5.1 Aperçu du secteur énergétique sud-africain

L’économie sud-africaine est extrêmement énergivore d’après les normes internatio-nales. Seule une poignée de pays présentent une consommation énergétique plus élevée. En outre, l’efficacité énergétique dans le secteur industriel sud-africain est de manière globale lar-gement inférieure à celle d’autres pays. Ceci est un aspect non négligeable puisque les secteurs industriel et minier consomment plus de 60 % de l’électricité produite dans le pays. La part atteint même 75 % si l’on inclut le commerce.30 Ainsi, la consommation d’énergie dans le sec-teur résidentiel représente une part nettement inférieure de la demande finale d’énergie par rap-port aux autres pays, la part de demande des ménages pauvres étant encore plus mince. En

30Reegle, « South Africa: renewable energy (Afrique du Sud – Énergies renouvelables) ». Disponible (en anglais) à l’adresse suivante http://www.reegle.info/countries/south-africa-energy-profile/ZA.

raison de la nature énergivore de l’économie et de la disparité extrême de revenus dans le pays, le secteur résidentiel consomme seulement 16 à 18 % de l’électricité du pays. En Afrique du Sud, 73 % de la population a accès à l’électricité.

La puissance nominale électrique installée de l’Afrique du Sud est d’environ 45 700 MW, même si la puissance totale maximale nette (puissance nominale moins la quantité d’énergie que la centrale utilise pour fonctionner) est inférieure. Eskom fournit près de 95 % de l’électricité du pays, le reste provenant de producteurs d’énergie indépendants et d’importa-tions. Le fournisseur achète et revend de l’électricité aux pays de la Communauté de dévelop-pement de l’Afrique australe (SADC).

L’Afrique du Sud prévoir de diversifier son bouquet énergétique. Près de 90 % de la capacité de production du pays provient de centrales thermiques alimentées au charbon, environ 5 % d’une centrale nucléaire, 5 % de centrales hydrauliques et une part réduite d’un parc éolien.

Le secteur des énergies renouvelables est très peu développé en Afrique du Sud, mais le pays envisage d’accroître sa capacité de production d’électricité à partir des énergies renouvelables pour atteindre 18 200 MW d’ici 2030. La centrale nucléaire de Koeberg a une puissance instal-lée de 1 940 MW. Le pays prévoit également d’augmenter sa production nucléaire d’électricité de 9 600 MW à l’horizon 2030.

En 2012, 72 % de la consommation d’énergie primaire totale de l’Afrique du Sud pro-venait du charbon. Venait ensuite le pétrole (22 %), le gaz naturel (3 %), le nucléaire (3 %) et les énergies renouvelables (moins de 1 %, principalement l’énergie hydraulique). La dépen-dance du pays au charbon l’a conduit à devenir le premier émetteur de dioxyde de carbone en Afrique, et le quatorzième au monde.

En 2013, le pays a consommé un total de 616 000 barils britanniques de pétrole par jour (soit 73,45 millions de litres par jour). Le carburant utilisé en Afrique du Sud provient princi-palement des raffineries nationales important du pétrole brut, ainsi que des usines de transfor-mation du charbon et du gaz en liquide. Le pays importe également des produits pétroliers.

D’après les informations fournies par l’Administration fiscale sud-africaine et publiées par le Global Trade Atlas (Atlas mondial du commerce), en 2012, l’Afrique du Sud a importé 110 000 barils britanniques par jour (soit 13,12 millions de litres par jour) de produits pétroliers.

Le système électrique du pays est soumis à un certain nombre de contraintes en raison de la marge dangereusement étroite depuis 2008 entre la demande de pointe et l’approvision-nement disponible en électricité. La demande de pointe du pays devait atteindre 44 005 MW en 2013, soit un niveau exceptionnellement proche de la puissance maximale nette installée. Le Pool énergétique de l’Afrique australe (SAPP) anticipe une augmentation de près de 53 900 MW (soit 20 %) de la demande de pointe à l’horizon 2025. Eskom prévoit par consé-quent d’investir 49 milliards de dollars pour remplacer le matériel vieillissant et créer de nou-velles centrales électriques afin de répondre à la demande croissante.

En matière d’énergies renouvelables, l’Afrique du Sud dispose de bonnes ressources en énergie solaire, avec une exposition directe moyenne de plus de 7 kWh par m2 et par jour dans de nombreuses zones du pays, en particulier dans les régions avec un accès privilégié au réseau électrique, telles que le Cap-Nord. Concernant les ressources en énergie éolienne, la vitesse du vent à 10 mètres est en moyenne de 4 à 5 m/s dans la majorité des zones côtières du pays et de près de 8 m/s dans certaines régions montagneuses.

À plus long terme, 9 à 16 % de la demande d’énergie totale pourrait être satisfaite à partir de sources de biomasse telles que des résidus agricoles et de l’exploitation forestière, ou des cultures énergétiques spécialisées. Un important potentiel existe également pour les diges-teurs de biogaz domestiques et le gaz de décharge, pour lesquels deux projets ont récemment été commandés à proximité de Durban. Par ailleurs, l’énergie de la houle pourrait contribuer à hauteur de 33 TWh (térawattheure) par an d’ici 2050, en combinaison avec d’autres ressources d’énergie renouvelable moins utilisées. Les autres sources d’énergie renouvelable à effet moindre comprennent l’hydroélectricité saisonnière, l’énergie géothermique et les déchets à valorisation énergétique.

En matière d’électricité, le livre blanc sud-africain sur les énergies renouvelables défi-nissait un objectif de 10 000 GWh d’énergie issue de sources d’énergies renouvelables (prove-nant principalement de la biomasse, de l’énergie éolienne et solaire, et de centrales hydroélec-triques de petite taille) à l’horizon 2013.31 La réalisation de cet objectif devait générer des re-venus supplémentaires pour les ménages à faible revenu.

En ce qui concerne le carburant de transport, les réglementations relatives aux biocar-burants (bioéthanol et biogazole) publiées en 2012 ont défini la concentration minimale autori-sée pour les mélanges de biocarburants à 5 % v/v avec le gazole, alors que le taux autorisé pour le mélange de bioéthanol avec l’essence est de 2 à 10 % v/v (Département de l’énergie, 2012).

Dans le cadre de l’étude de cas de ce projet relative à l’Afrique du Sud, cette piste pourrait être explorée pour ajouter les objectifs de production du bioéthanol en vue de répondre aux besoins visant à remplacer l’alcane utilisé pour cuisiner par du bioéthanol.

L’Afrique du Sud a également élaboré un Plan national intégré des ressources pour l’énergie 2010-2030, qualifié de « plan de vie », publié en mars 2011, et mis à jour en 2013 (Département de l’énergie, 2013b). Ce document sera mis à jour tous les deux ans. Sur les nombreuses formes de production intégrée d’énergie, telles que le biogaz, la biomasse et l’éner-gie éolienne, l’étude de cas de ce rapport présentera uniquement la mesure relative à l’énerl’éner-gie solaire photovoltaïque, s’agissant du type de production d’énergie le plus enclin à s’intégrer au réseau électrique national. La mesure tient par ailleurs uniquement compte des ménages pré-sentant un niveau de vie égal ou supérieur à sept, ainsi qu’une capacité de 5 kWc. Aux fins de la réduction de la pauvreté, ceci constitue une occasion d’utiliser les systèmes solaires photo-voltaïques avec compteur net comme alternative en vue d’inclure tous les logements disposant de l’électricité en Afrique du Sud.

Le document de politique énergétique, intitulé « National Response to South Africa’s Electricity Shortage (Réponse nationale à la pénurie d’électricité de l’Afrique du Sud) », publié en janvier 2008, comprend des travaux sur la structure de distribution de l’électricité du pays, ainsi que sur l’accélération des projets d’électricité par les producteurs d’énergie indépendants.

La National Energy Efficiency Agency (Agence nationale en faveur de l’efficacité éner-gétique), fondée en 2006, est responsable de la gestion de la demande et des projets d’efficacité énergétique dans le pays; de la gestion des stratégies d’amélioration de l’efficacité; des cam-pagnes de sensibilisation et des programmes de formation en efficacité énergétique; ainsi que de la coopération avec les différents organismes du secteur pour garantir les meilleures pra-tiques.

31Département de l’énergie, « Renewable energy: overview (Énergies renouvelables: aperçu) ». Disponible (en anglais) à l’adresse suivante www.energy.gov.za/files/renewables_frame.html.

L’Energy Development Corporation (Entreprise pour le développement de l’énergie), créée en janvier 2004, contribue au développement des énergies renouvelables et des combus-tibles alternatifs par le biais d’investissements. Elle cible les secteurs du marché pour lesquels l’activité du secteur privé est jugée insuffisante et le gouvernement estime, pour des raisons stratégiques, que l’investissement de l’État est requis. L’Energy Development Corporation œuvre également dans des secteurs pour lesquels il est nécessaire de catalyser et de développer les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

Le South African National Energy Development Institute (Institut de développement de l’énergie sud-africaine) est un organisme du Département de l’énergie créé en vue d’aider le pays à atteindre ses objectifs énergétiques. Il se concentre sur la sensibilisation et l’adoption croissante de l’énergie « verte ». Ses missions comprennent la gestion des données et connais-sances relatives à l’énergie, à l’efficacité énergétique, à la technologie des combustibles, à l’énergie et au transport à faible émission de carbone, au captage et stockage du carbone, à l’infrastructure et à l’utilisation finale de l’énergie. Le livre blanc sud-africain de 2003 sur les énergies renouvelables établissait les bases d’une utilisation répandue des énergies renouve-lables et définissait un objectif (non contraignant, objectif politique uniquement) de contribu-tion des énergies renouvelables à hauteur de 10 000 GWh de la demande finale d’énergie à l’horizon 2013.

L’Energy Efficiency Strategy (stratégie d’efficacité énergétique) de 2005 définissait un objectif national (non contraignant, objectif politique uniquement) d’amélioration de 12 % de l’efficacité énergétique à l’horizon 2015, et fournissait un certain nombre d’« instruments sti-mulants ». La Biofuels Industrial Strategy (stratégie industrielle sur les biocarburants) de 2007 proposait l’adoption d’un programme pilote de 5 ans visant à atteindre un niveau de pénétration des biocarburants de 2 % dans l’approvisionnement national en combustible liquide. Cette stra-tégie recommandait la mise en place d’une exemption des taxes sur le carburant pour le bioga-zole et le bioéthanol. La National Cleaner Production Strategy (stratégie nationale de produc-tion propre) de 2004 visait à « permettre à la société et à l’industrie sud-africaines de développer pleinement son potentiel à long terme en... adoptant les principes d’une production propre... et en promouvant des pratiques de consommation durable. »

Pour les programmes d’efficacité énergétique, le pays cible le secteur de l’industrie (mo-teurs à faible consommation d’énergie, vérifications de l’efficacité énergétique et systèmes de gestion de l’énergie), les fournisseurs d’énergie (remises en cas d’économies d’énergie), le sec-teur des transports (taxes supplémentaires pour les véhicules énergivores visant à subventionner de façon indirecte les véhicules à haut rendement énergétique), le secteur résidentiel (distribu-tion d’ampoules fluocompactes à des prix subven(distribu-tionnés, principalement dans les zones à ca-pacité limitée, normes obligatoires et étiquetage de la performance énergétique des appareils, véhicules et bâtiments, et promotion de l’utilisation du GPL au lieu de l’électricité pour la cui-sine), et le secteur public (campagnes de sensibilisation et financement de l’efficacité énergé-tique pour les édifices publics).

L’un des principaux obstacles à l’investissement en faveur de l’efficacité énergétique en Afrique du Sud est le faible coût de l’énergie. Le gouvernement a par conséquent procédé à une augmentation progressive des tarifs de l’électricité afin qu’ils reflètent les coûts d’ici à 2015. Il a également inclus une taxe écologique dans le tarif de l’électricité en vue de financer et de mener à bien des programmes de gestion de la demande et d’efficacité énergé-tique (EEDSM) (Can et coll., 2013). L’efficacité énergéénergé-tique fait désormais partie des éléments de choix de la planification intégrée pour les ressources énergétiques futures. Par exemple, dans

le cadre de la stratégie d’efficacité énergétique mise à jour en novembre 2012, le Département de l’énergie, en collaboration avec le Département des travaux publics et Eskom, procède à la réhabilitation des édifices publics en vue d’en réduire la consommation d’énergie. Cette opéra-tion permet d’économiser chaque année environ 600 000 R (74 000 dollars) sur les factures d’électricité.32

L’Afrique du Sud est l’une des premières économies émergentes à avoir mis en place un mécanisme de financement transparent et systématique de l’efficacité énergétique. Le Na-tional Energy Regulator d’Afrique du Sud est l’organisme de contrôle en charge de déterminer les augmentations des tarifs d’électricité ainsi que les objectifs d’efficacité énergétique. Eskom gère les programmes d’économies d’énergie.

L’efficacité énergétique est financée par le biais des tarifs de l’électricité. Eskom fournit un plan de projet EEDSM dans son application de détermination des prix pluriannelle (MYPD) à l’organisme de contrôle afin d’obtenir le financement en vue d’accroître les économies d’éner-gie et de couvrir des coûts raisonnables. L’organisme de contrôle procède à une détermination finale des coûts d’EEDSM fournis par Eskom dans l’application de détermination des prix plu-riannelle. La phase de financement autorisée pour la deuxième étape de détermination des prix pluriannelle (MYPD 2) d’une durée de trois ans était de 5 445 millions de rand (674 millions de dollars). L’objectif était de parvenir à une économie brute de 1 037 MW et à un total cumulé annualisé de 4 055 GWh (soit près de 0,67 % d’économies chaque année sur la vente au détail d’électricité) entre 2011 et 2013 (Can et coll., 2013).

La deuxième étape de détermination des prix pluriannelle s’est achevée en mars 2013 avec la mise en place de la troisième étape de détermination des prix pluriannelle (MYPD 3).

Un financement de 13,9 milliards de rand (1,7 milliard de dollars) sur une période de 5 ans (de 2013 à 2018) a été demandé, mais un nouveau financement de 5 183 millions de rand (641 millions de dollars) a été approuvé pour la MYPD 3 (voir le tableau 4).

Le financement annuel de l’efficacité énergétique dans le cadre de la nouvelle MPYD 3 a chuté par rapport à la MYPD 2, ce qui a suscité des inquiétudes quant aux engagements à long terme et à la possible sous-estimation de l’efficacité énergétique comme moyen de répondre à la demande future. Les tarifs ont augmenté en moyenne de 22,1 % par an au cours de la deu-xième étape de détermination des prix pluriannelle alors que des augmentations annuelles de 8 % ont été approuvées pour la troisième étape de détermination des prix pluriannelle, soit 65,5 c/kWh (8,1 centimes de dollars des États-Unis) en 2013-2014 contre 89,13 c/kWh (11,03 centimes de dollars des États-Unis) en 2018.

Tableau 4

Coûts de gestion intégrée de la demande approuvés par l’organisme régulateur d’énergie d’Afrique du Sud

Producteurs d’énergie indépendants

2 686 5 108 14 826 19 269 23 018 64 907

Amortissement 25 733 27 481 28 564 28 911 29 197 139 886

Gestion intégrée de la demande

1 455 953 819 712 1 244 5 183

Frais d’exploitation 45 519 48 565 52 908 57 769 60 576 265 337

Recettes totales permises 149 937 163 584 180 332 196 378 216 322 906 553

Des économies totales de 3 072 MW ont été atteintes par le biais de la mise en place de ces programmes incitatifs au cours de la dernière décennie (Can et coll., 2013). Près de deux tiers de ces économies proviennent de l’amélioration de l’efficacité énergétique de l’éclairage, avec le remplacement des ampoules incandescentes par des ampoules fluocompactes à faible consommation d’énergie. L’Afrique du Sud a élaboré des systèmes efficaces de mesure inspirés du Protocole international de mesure et de vérification du rendement (PIMVR) pour consigner ses économies d’énergie. Cependant, le secteur résidentiel demeure difficile à atteindre du fait de son caractère diffus, et l’établissement de prix adéquats pour les mesures incitatives d’effi-cacité énergétique visant à attirer les investissements dans ce secteur est perçu comme un défi.

En 2011, le Gouvernement sud-africain a présenté un plan intégré des ressources pour aider à réduire les gaz à effet de serre liés aux combustibles fossiles et contribuer à stimuler la création d’emplois. La mise à jour du plan 2010-2030 fait partie du plan énergétique global sud-africain. Ce plan appelle à une puissance totale installée de 17,8 GW pour les énergies renouvelables et à une part de 42 % de l’ensemble des nouvelles capacités de production déve-loppées à l’horizon 2030 pour ces dernières. La capacité prévue comprend respectivement 8 400 MW d’énergie éolienne et d’énergie solaire photovoltaïque, ainsi que 1 000 MW d’éner-gie solaire à concentration. Si l’on exclut l’hydroélectricité, cela porte la part des énerd’éner-gies re-nouvelables dans l’alimentation en énergie à 9 %, un pourcentage nettement inférieur à la ca-pacité de production à partir du charbon, qui continue de représenter environ 60 % de la pro-duction totale.

Après deux ans de stagnation, en août 2011, la procédure d’appel à la concurrence inti-tulée Programme d’achat d’énergies renouvelables aux producteurs d’énergie indépendants a remplacé la tentative de programme de tarification préférentielle de l’électricité provenant de sources d’énergie renouvelables, qui s’intitulait offres d’énergies renouvelables (REBID). Ce nouveau programme a été conçu pour atteindre l’objectif de 3 625 MW d’énergies renouve-lables en vue de lancer et stimuler ce secteur en Afrique du Sud. Les soumissionnaires doivent soumettre une offre de tarif ainsi que les objectifs de développement socioéconomiques identi-fiés. Le Gouvernement s’est engagé à acheter 3 725 MW d’énergie renouvelable pour le réseau électrique national d’ici à 2016 et à créer au moins 50 000 emplois verts à l’horizon 2020.

L’Afrique du Sud est membre du Pool énergétique de l’Afrique australe (SAPP), créé en 1996 en tant que premier réseau international d’énergie en Afrique. Le SAPP a pour mandat de fournir un approvisionnement en électricité fiable et abordable aux consommateurs de ses pays membres. Il permet d’exporter l’électricité produite par les particuliers grâce à leur sys-tème solaire photovoltaïque sur toit.

5.2 Impact des mesures d’efficacité énergétique et d’atténuation des