• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Effets des facteurs sociaux et des savoirs locaux sur la gestion de la

4.4 Résultats des enquêtes de terrain

4.4.2 Description des aires cultivées et des pratiques culturales

4.4.2.a Description des exploitations agricoles

D’après les enquêtes, le nombre moyen de champ par agriculteur varie entre 1 et 6.

Figure 43: Répartition par groupe de nombre de champs dans les deux sites

Au regard du nombre de champs cultivés, les ménages agricoles de cette zone restent de petits exploitants. En effet, 91% des agriculteurs du site 1 ont cultivé moins de 5 champs en 2015. Dans ce site, la répartition par groupe de nombre de champs montre qu’il n’y a pas de différence entre les groupes « 1 et 2 » champs et « 3 et 4 » champs. Par contre, dans le site 2, les exploitations ayant trois ou quatre champs sont plus fréquentes (Figure 43). Par ailleurs, l’enquête montre que les exploitants ayant un faible capital de production n’ont pas beaucoup de terres (1 ou 2 champs) et sont en général des femmes, alors que ceux qui sont occupés à plein temps, sans aucune autre activité lucrative en dehors de l’exploitation, disposent de plus de 4 champs en général. Nous constatons que dans le site 1, le nombre de parcelle par exploitant est légèrement plus élevé que dans le second site. Ce qui témoigne cette de volonté des paysans du site 2 d’intensifier leurs systèmes de production agricole.

En se basant sur les données géolocalisées, on observe que la superficie des champs visités varie de 0,1 à 1,53 ha et que l’on peut résumer en trois classes de superficie :

- Inférieure à 0,4 ha

- Comprise entre 0,4 et 0,8 ha - Supérieure à 0,8 ha.

136 Tableau 21 : Activité secondaires des agriculteurs dans les deux sites.

Activités Nombre % Chanteur religieux 1 0,55 Chauffeur 24 13,11 Coffreur 1 0,55 Commerçant 40 21,86 Consultant, Superviseur 1 0,55

Docker au Port de Dakar 1 0,55

Educateur 1 0,55

Electricien 1 0,55

Eleveur 1 0,55

Emigré 3 1,64

Enseignant 3 1,64

Mouleur de Moulin à Farine 1 0,55

Journalier au Port de Dakar 8 4,37

Gardiennage 1 0,55 Oui, journalier à la CSS 1 0,55 Maçonnerie 9 4,92 Manutentioniste 2 1,09 Marabout 1 0,55 Mécanicien 2 1,09 Menuiserie 1 0,55 Ouvrier au Port 1 0,55 Pêcheur 2 1,09 Tailleur 4 2,19 Tapisserie 1 0,55 Technicien au CNRA 2 1,09 Total général 183 100

Source : Enquêtes 2015, I Thiaw, Cirad/CSE

137 Figure 44 : Distribution spatiale de la superficie des champs par site au niveau des champs.

NB. Effectif de 82 et 101 exploitations respectivement sur les sites 1 et 2, pour un total de 183 champs.

Sur le site 1, on observe une distribution relativement équilibrée des trois classes de superficie dans la zone de 0 à 250 m (Figure 44a). Dans la zone de 250 à 750 m, c’est la proportion de grandes parcelles qui prévaut, alors que les petites parcelles sont minoritaires. Sur le site 2, la proportion de grandes parcelles est très faible sur les deux zones avec un équilibre entre les deux classes <0,4 ha et 0,4 – 0,8 ha. Au-delà de 750 m, c’est la classe 0,4 – 0,8 ha qui domine (Figure 44b). D’un point de vu paysager, le grain champs cultivé est plus fin sur le site 2 du fait de superficies plus réduites.

Sur le site 2, au-delà de 750 m en direction de la zone peu habitée, on observe moins de petites surfaces et ce sont les parcelles de tailles moyennes qui dominent (Figure 45). Il s’agit principalement des champs appartenant à des agriculteurs du village de Thieckene Ndiadiane. De l’analyse des superficies des champs cultivés, il ressort que les parcelles les plus grandes s’observent dans le site 1. La taille de ces parcelles permet aux exploitations d’avoir un nombre de parcelles moins important. Par contre, le site 2 est marqué par un morcellement manifeste du parcellaire, ce qui fait que les parcelles sont plus nombreuses dans cette localité. Cette disparité géographique observée pourrait s’expliquer par l’importance des exploitations céréalière (tradition agraire), et une zone très agricole du site 2. En outre, la pression démographique entraine également la diminution des surfaces et l’augmentation du nombre d’exploitation.

138 Figure 45 : Superficies de champs situés au-delà de 750 m en direction d'une zone

peu habitée (Site 2).

Concernant la répartition des systèmes de culture, on remarque que le système de culture dominant est la culture mono spécifique à base de mil sans alternance d’une année à l’autre. Pour rappel, six systèmes de culture ont été définis sur nos deux sites d’étude :

- A : tous les champs de l’exploitation sont de type SC2 - B : tous les champs de l’exploitation sont de type SC1 - C : tous les champs de l’exploitation sont de type SC3 - D : une parcelle de l’exploitation au moins est en jachère - E : les champs de l’exploitation sont de type SC1 et SC2

- F : les champs de l’exploitation sont de type SC1 ou SC2 et SC3

Figure 46 : Proportion des systèmes de culture par site au niveau de l'exploitation. Légende : B = tous les champs de la catégorie SC1 ; E= Les champs appartenant aux catégories SC1

et SC2 ; A= tous les champs de la catégorie SC2 ; F= les champs de la catégorie SC1 ou SC2 ou SC3, C= tous les champs de la catégorie SC3 ; D= pratique de la jachère

Sur le site 1, c’est le système de culture classique céréale/légumineuse (type A) qui domine au niveau de l’exploitation entière. On y trouve également une part relativement importante

10,00 20,00 30,00 40,00 50,00 60,00 sup 750 inf 0,4 ha 0,4-0,8 ha sup 0,8 ha

139 d’exploitations comportant à la fois les types SC1 et SC2 (type E). Dans ce site, les paysans cherchent à intégrer l’économie de marché, en favorisant les cultures de rente au détriment des cultures vivrières.

Sur le site 2 au contraire c’est le type E qui domine, suivi du type A et du type B (Figure 46). Par ailleurs, nous observons que la jachère n’est pas pratiquée dans le site 2 (type D). L’absence de la jachère dans cette zone s’explique, selon les enquêtés, par une disparition rapide des terres agricoles. Cette disparition est due d’une part à la pression démographique (besoins de l’urbanisation), et d’autre part à une réelle volonté d’intensification de la production agricole dans le site 2.

Si on se réfère aux données géolocalisées, on observe une différence marquée de système de culture d’un site à l’autre. Sur le site 1, c’est la culture mono-spécifique (SC2) avec alternance d’une année sur l’autre qui domine quelle que soit la distance considérée au village. Sur le site 2, c’est la culture mono-spécifique (SC2) sans alternance d’une année sur l’autre qui domine quelle que soit la distance au village (Figure 47). Les systèmes de cultures (SC3) combinant 2 à 3 cultures sur le même champ se trouvent à une distance un peu plus éloignée du village à une distance moyenne comprise entre 250 et 750 m pour les deux sites d’étude. Au-delà, des 750 m, les systèmes de culture à dominante de mil avec ou sans alternance d’une année à l’autre sont les plus fréquents (Figure 48).

Figure 47 : Répartition spatiale des systèmes de cultures dans les deux sites d'étude.

NB. Effectif de 82 et 101 exploitations respectivement sur les sites 1 et 2, pour un total de 183 champs. SC1= culture mono spécifique, sans alternance ; SC2= culture mono-spécifique, mais avec alternance ; SC3= trois cultures et plus sur deux ans

Concernant les pratiques culturales, les enquêtes montrent que les agriculteurs du site 2 ont la caractéristique d’être une communauté ayant une grande tradition agraire, avec des techniques agricoles très perfectionnées. Dans ce site, les paysans développent un système traditionnel de

140 production marqué par une place dominante du mil et l’intégration de l’élevage à l’agriculture. Ce qui a permis une plus grande intensification et durabilité du système par rapport au site 1.

Figure 48 : Distribution spatiale des SC au-delà de 750 m en direction d’une zone peu habitée (Site 2). L’analyse des données d’enquête fait entrevoir que la majeure partie des ménages a consacré entre deux et quatre champs à la culture du mil. Cependant, la rotation mil/arachide est une pratique courante dans les deux sites. En effet, l’arachide est cultivée en alternance avec les céréales (essentiellement le mil et le sorgho).

Les résultats des enquêtes montrent qu’au niveau de l’exploitation, la diversité d’espèces cultivées est plus élevée chez les agriculteurs qui disposent de peu de parcelle (1 ou 2). Ces agriculteurs sont animés par la volonté de pallier au manque de terres tout en maintenant la diversité des cultures et d’assurer ainsi la sécurité alimentaire.

4.4.2.b Pratiques de fertilisation

Au regard de la figure 49, les pratiques de fertilisation ne diffèrent pas beaucoup d’un site à l’autre. Quel que soit le site, les agriculteurs utilisent en général du fumier pour améliorer la fertilité des sols qui, en majorité sont pauvres dans cette zone. Les résultats de l’enquête laissent entrevoir que l’utilisation de l’engrais minéral est faible dans les deux sites d’étude (22%). L’enquête révèle également que la principale contrainte dans cette zone est la baisse progressive de la fertilité des sols.

10,00 20,00 30,00 40,00 50,00 60,00 sup 750 SC1 SC2 SC3

141 Figure 49 : Les principaux fertilisants utilisés dans les deux sites.

Pendant longtemps, la mise en jachère des terres était la seule solution face à cette contrainte. Du fait de la croissance démographique rapide et de l’extension des terres cultivées, cette mise en jachère n’est plus pratiquée. La technique mise au point par les agriculteurs des deux sites d’intervention concerne l’utilisation de la fumure organique issue essentiellement des chevaux et des ânes. Les déchets du nettoyage de la cour, les déjections des ovins et caprins (Figure 50) peuvent également être rajoutés à ce type d’amendement organique. Environ 60% des agriculteurs rencontrés dans les deux sites utilisent cette fumure dans leurs champs pour améliorer la fertilité des sols et maintenir la productivité.

Les enquêtes révèlent que les champs de case sont en général ceux devant recevoir le fumier et ces parcelles bénéficient de meilleures conditions d’entretien. Les paysans ont unanimement jugé que les sols Dior, majoritaires dans la zone, sont pauvres en substance organique ; ce qui les oblige à recourir aux techniques d’utilisation de la fumure. Par ailleurs, de l’analyse de la

142 figure 49, l’utilisation de l’engrais minéral est légèrement plus élevée dans le site 2 où l’activité agricole tient une place éminente par rapport au site 1.

4.4.2.c Niveau de rendement

Au travers des enquêtes, les agriculteurs ont donné leurs avis sur le niveau de rendement de leurs parcelles en 2015, année à laquelle cette étude a été menée.

Figure 51 : Perception du niveau de rendement par les agriculteurs en 2015.

La figure 51 montre qu’il y a peu de différence de rendement entre les deux sites quant à l’appréciation du niveau de rendement exprimée par les paysans. Selon les agriculteurs rencontrés, le niveau de rendement des parcelles est généralement élevé en 2015 quel que soit le site. En moyenne 78,5% des enquêtés pensent que le niveau de rendement est fort contre 15% qui le trouvent faible. Selon les populations enquêtées, ce niveau de rendement élevé s’expliquerait par une bonne pluviométrie en 2015 avec une faible infestation des champs de cultures par la mineuse de l’épi de mil. La pluviométrie est un des déterminants de base des milieux naturels et constitue aussi un facteur dont l'importance se lit bien par les agriculteurs. Une pluviométrie abondante est souvent synonyme d’une bonne récolte.

4.4.2.d Niveau de dégâts dans les champs de mil perçu par les cultivateurs

Les attaques de la mineuse H. albipuntella sur la culture du mil peuvent entrainer des pertes de rendement importantes. Les pertes proviennent généralement de l’action des larves qui s’attaquent aux pédoncules floraux, provoquant ainsi l’avortement et la chute des grains de mil. Le niveau de dégâts causé par la mineuse de l’épi de mil, dans les champs de mil, a été estimé qualitativement par les agriculteurs enquêtés. En effet, 84% des enquêtés ont trouvé que les dégâts sont faibles, et seulement 6% les trouvent forts (Figure 52). D’après les paysans

143 enquêtés, les dommages engendrés par la mineuse de l’épi de mil sont relativement faibles en période de fortes pluies, alors que les dégâts sont importants durant les années de sècheresse.

Figure 52 : Perception du niveau de dégâts par les paysans au niveau des deux sites d'étude.