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Des perceptions différenciées du cadre de vie ?

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 145-156)

QUATRE POINTS D’OBSERVATION EN ISERE

A. Des perceptions différenciées du cadre de vie ?

Comme exposé dans la première partie de ce développement, les quatre zones que nous avons sélectionnées constituent quatre environnements économiques et sociaux complètement différents les uns des autres, certains étant préservés des problèmes socioéconomiques, d’autres y étant au contraire fortement soumis. L’hypothèse de départ de l’enquête FJP était donc de mettre en évidence les perceptions différenciées des quatre cadres de vie par les individus enquêtés, résidant dans chacune de ces zones, en termes d’image du quartier (1), de délinquance (2), de la situation de l’école (3) et des réseaux de sociabilité (4).

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Les questionnaires de sondage des deux vagues155 comportaient une entrée sur le rapport des enquêtés à leur cadre de vie, appréhendé par quatorze questions dans la première vague et par trois questions dans la seconde. Les questions de la première vague portaient essentiellement sur l’image du quartier ou de la commune (trois questions), sur l’investissement des individus dans la vie locale (une question), sur le sentiment de gêne vis-à-vis d’autres groupes sociaux (trois questions) et sur le sentiment d’insécurité (six questions).

Les questions de la seconde vague cherchaient à mesurer le degré d’inclusion dans la vie du quartier (deux questions) et le sentiment d’insécurité en comparaison avec la première vague (une question). L’ensemble de ces questions visaient donc à caractériser de façon globale l’image qu’ont les enquêtés de leur quartier, afin de mettre en parallèle les cadres de vie plus ou moins dégradés – identifiés dans la constitution de l’échantillon – avec les perceptions qu’en ont les individus eux-mêmes.

1. La recommandation du quartier vis-à-vis de l’extérieur

La principale question portant sur l’image et la perception du quartier par les enquêtés est la suivante : « Pourriez-vous conseiller à quelqu’un de venir habiter dans votre quartier ? »156 (Q12). Globalement, les individus enquêtés sont à une très forte majorité disposés à recommander leur quartier à d’autres personnes : en moyenne, 87% des enquêtés recommanderaient à quelqu’un de venir habiter leur quartier, une proportion qui va de 81% à Echirolles jusqu’à 92% dans le canton de Saint-Ismier. Il existe des différences dans ces niveaux de recommandation : les habitants d’Echirolles et du canton de Pont-de-Chéruy sont moins nombreux à être tout à fait prêts à recommander leur quartier (respectivement 54% et 57%) par rapport aux deux autres points d’observation (environ 70% pour les deux). Malgré ces différences entre les zones, il n’y a pas de liaison significative entre la zone d’enquête et la probabilité de recommandation du quartier157. Plusieurs hypothèses peuvent être formulées pour expliquer cette différence, la plus probable étant la présence de quartiers sensibles dans les communes suscitant la recommandation la moins importante : les habitants de ces quartiers victimes ou conscients d’un certain nombre de gênes hésitent à recommander fortement leur quartier à d’autres personnes, même dans le cas où eux s’y sentent bien. Cette hypothèse ne peut être testée de façon rigoureuse en raison de la faiblesse des données individuelles dont nous disposons au niveau infra-communal.

155 Pour les questionnaires, se reporter à l’annexe C.

156 Les modalités de réponse à cette question sont : « tout à fait / oui plutôt / non pas vraiment / pas du tout ».

157 V de Cramer = 0.098, sig. = 0.003.

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La présence dans le questionnaire de la première vague d’une série de questions sur la perception de la délinquance et du niveau d’insécurité dans le quartier nous permet de tester l’hypothèse suivante : la moindre recommandation pourrait être due à la perception d’une plus grande insécurité par les individus enquêtés. Cependant, si la corrélation entre le fait de ne pas souhaiter recommander son quartier et la perception d’une dégradation en termes de délinquance existe et est significative158, elle est toutefois trop faible pour que l’on puisse en déduire un réel lien de causalité entre les deux phénomènes : le schéma explicatif semble donc être plus complexe.

Tableau 2.13

4 zones : conseiller à quelqu’un de venir habiter dans son quartier159 Tout à fait Oui plutôt Non pas

2. Les perceptions de la délinquance : l’influence des représentations individuelles Le questionnaire comprenait une série de questions destinées à mesurer la perception de la délinquance et de l’insécurité par les enquêtés dans leur quartier ou dans leur commune. La première question nous permettant d’estimer le sentiment d’insécurité des individus est la suivante : « Avez-vous l’impression que la situation s’améliore, se dégrade, ou ne change pas à propos de la délinquance dans votre commune / quartier ? » (Q14_3)160. Les autres questions, tirées de recherches en criminologie (Roux 2007), mettent l’accent sur les gênes ressenties vis-à-vis de présences ressenties comme indésirables (femmes voilées, bandes de jeunes, gens du voyage)161, sur la perception de troubles ou de dégradations (dégradations du mobilier urbain, présence de graffitis ou rassemblements de jeunes, etc.)162 et sur le sentiment

158 R = -0,087, sig. = 0,005.

159 Source : enquête FJP vague 1, résultats non pondérés, NSP exclus de l’analyse.

160 Les modalités de réponse étaient les suivantes : « s’améliore / se dégrade / ne change pas / vous ne savez pas ».

161 Les questions Q15_1, Q15_2 et Q15_3 étaient formulées de la façon suivante : « Dans votre vie quotidienne, vous arrive-t-il parfois d’être gêné par la présence de femmes voilées / de bandes de jeunes / de gens du voyage ? », avec une rotation aléatoire des trois items. Les modalités de réponse étaient : « Très gêné / plutôt gêné / plutôt pas gêné / pas gêné du tout / (NSP) ».

162 Les questions Q16_1, Q16_2 et Q16_3 étaient formulées de la façon suivante : « Est-ce que autour de chez vous : les abribus, cabines de téléphone, bancs, poubelles, jeux d’enfants etc. font l’objet de dégradation / on

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de menace (craintes d’être victime d’une agression). Ces questions insistent donc sur les aspects négatifs de la « vie en collectivité » ou sur les stigmates de certains quartiers, mettant en avant une vision largement dépréciative du cadre de vie.

Cette série de questions visait à saisir la perception du quartier ou de la commune, par les individus, en termes de « désordre », pour ensuite la rapporter à une prédisposition à voter en fonction de l’enjeu sécurité (Roux 2007). Dans cette perspective, les « désordres »163 consistent en des ruptures de l’ordre social local existant : dégradations du mobilier urbain, actes de vandalisme, présence de groupes considérés comme « fauteurs de troubles ». Les réponses à ces questions sur l’existence d’un sentiment d’insécurité ou sur la perception de dégradations confirment toutes la typologie mise en évidence précédemment (cf. Tableau 2.14 à Tableau 2.16) : en plus de constituer des environnements confrontés à des difficultés économiques et sociales majeures en comparaison des deux autres points d’observation, la commune d’Echirolles et le canton de Pont-de-Chéruy sont également des environnements perçus comme plus dégradés par les populations qui y résident. En effet, les dégradations matérielles ou les actes de vandalisme sont plus fréquemment mentionnés dans ces deux zones que dans les cantons de Saint-Ismier et de Villard-de-Lans, tout comme les présences gênantes ou la délinquance. Une tendance à une plus grande déclaration de ces comportements dans le canton de Saint-Ismier est observable : les enquêtés sont plus nombreux à penser que la situation de la délinquance se dégrade dans leur commune et à se déclarer fréquemment gênés par des rassemblements de jeunes.

trouve des graffitis, des tags, des traces sur les murs / il y a des jeunes qui se rassemblent dans des lieux publics ou des montées d’immeubles ? », avec une rotation aléatoire des trois items. Les modalités de réponse étaient :

« Très fréquemment / assez fréquemment / peu fréquemment / jamais / (NSP) ».

163 La définition des désordres établie pour l’enquête FJP s’appuie sur celle de Skogan : « Disorder is apparent in widespread junk and trash in vacant lots, decaying and boarded-up buildings, vandalism and graffiti, and stripped and abandoned cars in the streets and alleys. It is also signalled by bands of teenagers congregating on street corners, prostitutes and panhandlers, public drinking, verbal harassment of women on the street, and open gambling and drug use. […] What these conditions have in common is that they signal a breakdown of the local social order » (Skogan 1999, p.42).

148 Tableau 2.14

4 zones : perception de la délinquance dans la commune164

S’améliore Se dégrade Ne change pas Vous ne savez pas Total

4 zones : perception d’une gêne due à la présence de groupes marginaux165

4 zones : perception de dégradations166

Une dernière série de questions portait sur la peur d’une agression à trois niveaux : pour soi autour de chez soi, pour soi dans les transports en commun, pour ses proches autour de chez soi167 (cf. tableau 2.17). D’une façon générale, le sentiment de menace n’est pas très prononcé dans les quatre points d’observation : en effet, les craintes pour sa sécurité s’élèvent au maximum à 21% à Echirolles et les craintes pour ses proches à 36% dans le canton de

164 Source : enquête FJP vague 1, résultats non pondérés, V de Cramer = 0,142 sig. = 0,000.

165 Source : enquête FJP vague 1, résultats non pondérés. Dans les tableaux suivants, par manque d’espace nous utilisons les noms « Saint-Ismier » pour le canton de Saint-Ismier, « Villard » pour le canton de Villard-de-Lans,

« Pont-de-Chéruy » pour le canton de Pont-de-Chéruy.

166 Source : enquête FJP vague 1, résultats non pondérés.

167 Les questions Q17_1, Q17_2 et Q17_3 étaient formulées de la façon suivante : « Vous arrive-t-il d’avoir peur d’une agression : pour vous, autour de chez vous / pour vous, dans les transports en commun ou lors de vos déplacements / pour vos proches, autour de chez vous », avec une rotation aléatoire des trois items. Les modalités de réponse étaient : « Très fréquemment / quelquefois / rarement / jamais / (NSP) ».

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Ismier. La peur d’une agression apparaît comme faiblement liée à la zone de résidence : elle est plus forte à Echirolles et dans le canton de Pont-de-Chéruy que dans les autres zones observées. Par contre, indépendamment, de la zone, la peur pour sa sécurité autour de chez soi et pour la sécurité de ses proches apparaissent extrêmement liées : lorsqu’on ne se sent pas en sécurité quelque part, on a tendance à étendre cette peur aux membres de son entourage168. Globalement, les transports en commun sont moins considérés comme des lieux particulièrement menaçants que les quartiers ou les voisinages ; en outre, cette peur est moins liée aux autres sentiments de menace que peuvent ressentir les individus169.

Tableau 2.17

4 zones : sentiment de menace pour soi ou pour autrui170

Dans la seconde vague d’enquête, avait été reprise la question sur la crainte d’une agression (pour soi autour de chez soi) : il semble que le sentiment de menace soit légèrement plus ressenti, avec quelques points de plus par rapport à la première enquête171, mais sans que cela ne change la structure de la perception de cette menace. Une hypothèse d’explication pourrait se trouver dans la construction du questionnaire : en effet, dans la première vague, la série de questions sur la délinquance, les dégradations et l’insécurité est posée après la question sur la recommandation du quartier à d’autres personnes (cf. annexe C1), alors que cette question n’est pas posée dans la seconde vague. Comme nous l’avons vu précédemment, la corrélation entre les deux questions existe mais reste faible : toutefois, il est possible que les individus ayant déclaré qu’ils recommanderaient leur quartier ne fassent pas ensuite état de l’ensemble des troubles qu’ils peuvent constater quotidiennement.

Enfin, le fait de voter pour un parti ou un candidat défendant des positions strictes ou autoritaires en matière de sécurité et d’ordre public serait lié à un ensemble de valeurs ou de

168 R = 0,625 ; sig. = 0,000 entre la peur d’une agression pour soi autour de chez soi et la peur pour ses proches autour de chez soi.

169 R = 0,475 ; sig. = 0,000 entre la peur d’une agression pour soi autour de chez soi et la peur d’une agression dans les transports en commun ou lors des déplacements.

170 Source : enquête FJP vague 1, résultats non pondérés.

171 Par exemple, les enquêtés échirollois sont 8% à déclarer avoir fréquemment peur d’une agression, alors qu’ils n’étaient que 4% dans la première vague d’enquête (V = 0,175 ; sig. = 0,000).

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préférences politiques, mais aussi, en partie, à la perception exacerbée de désordres publics dans son voisinage immédiat (Roux 2007). Cependant, la similarité des perceptions d’un cadre de vie que l’on pourrait qualifier de « dégradé » dans le canton de Pont-de-Chéruy et à Echirolles - en raison de la perception d’une délinquance élevée, de la présence de groupes considérés comme marginaux ou de dégradations matérielles effectives - sont loin de se traduire par une même orientation politique locale. En effet, alors que le vote FN se maintient à un niveau élevé dans le canton de Pont-de-Chéruy (15,3% des suffrages exprimés), à Echirolles le vote FN est inférieur à la moyenne nationale (9,1% contre 10,4%). Ce schéma se reproduit avec le vote pour Nicolas Sarkozy : le canton de Pont-de-Chéruy apporte un soutien massif au candidat de la droite (60,1%), alors qu’Echirolles est loin de lui donner la majorité de ses suffrages (42,2%). Si le sentiment d’un environnement dégradé est effectivement perceptible et perçu par les électeurs, celui-ci n’est manifestement pas interprété de la même façon par tous les électeurs : les représentations ou les systèmes de valeurs individuels pèsent sur les processus de traduction de ces perceptions en opinions et comportements politiques.

3. La perception de l’école : une confirmation des disparités territoriales

Un troisième aspect du cadre de vie pris en compte dans l’enquête FJP est l’opinion sur l’école. Deux raisons principales nous ont amenée à considérer l’école comme un élément fortement constitutif des perceptions des individus de leur cadre de vie : l’importance des stratégies éducatives développées par les parents et la place de l’école dans les réseaux de sociabilité. Tout d’abord, les classes moyennes notamment, développent d’importantes stratégies éducatives destinées à permettre une mobilité sociale ascendante, dans lesquelles les lieux de résidence ont une place centrale (Van Zanten 2002). Ainsi, il est apparu primordial de pouvoir mesurer la satisfaction des individus enquêtés vis-à-vis de l’école, en ce qu’elle peut influencer la perception du cadre de vie172. Les réponses enregistrées donnent à voir encore une fois le clivage entre les zones les plus favorisées et celles qui le sont moins : les enquêtés des cantons de Saint-Ismier et de Villard-de-Lans ont moins tendance à penser que la situation de l’école dans leur commune « se dégrade » que ceux d’Echirolles et du canton de Pont-de-Chéruy, bien que d’une façon générale les enquêtés soient plus nombreux à penser que la situation « ne change pas » ou qu’elle « s’améliore », sauf à Echirolles (cf. Tableau 2.18).

172 La question était la suivante « Avez-vous l’impression que la situation s’améliore, se dégrade, ne change pas ou vous ne savez pas à propos de l’école dans votre commune ? »

151 Tableau 2.18

4 zones : perception de la situation de l’école de votre commune173

S’améliore Se dégrade Ne change pas Vous ne savez pas Total

Cependant, cette question sur la perception de l’école étant posée à tous les enquêtés, il est probable que les réponses soient biaisées par les images plus distanciées des individus qui n’ont pas d’enfants scolarisés. Si l’on privilégie la connaissance « effective » de l’école, en ne considérant que les parents d’enfants scolarisés dans la commune, toutes les tendances observées se confirment : une situation qui majoritairement ne change pas dans le canton de Saint-Ismier et la perception d’une dégradation plus forte dans le canton de Pont-de-Chéruy et à Echirolles que dans les deux autres zones, Echirolles étant le seul point d’observation où l’impression d’une dégradation est plus forte que celle d’une amélioration (cf. Tableau 2.19).

Tableau 2.19.

4 zones : connaissance effective de l’école et sa perception174

S’améliore Se dégrade Ne change pas Vous ne savez pas Total perception du cadre de vie est l’importance de l’école comme lieu de socialisation : en effet, l’école et les diverses activités périscolaires des enfants sont fréquemment des lieux structurants de la vie locale notamment dans les petites communes, qui représentent les trois quarts de notre échantillon175. Cette hypothèse se vérifie lorsque l’on croise le fait d’avoir un

173Source : enquête FJP vague 1, résultats non pondérés, NSP exclus de l’analyse. V = 0,133 sig. = 0,000.

174 Source : enquête FJP vague 1, résultats non pondérés. Les parents d’enfants non scolarisés sur la commune et les NSP sont exclus de l’analyse. V = 0,178 sig. = 0,002.

175 Nous reviendrons dans le chapitre 4 sur le rôle structurant de l’école en matière d’insertion dans les réseaux locaux de sociabilité, qui transparaît dans les discours recueillis au moyen des entretiens qualitatifs.

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enfant scolarisé sur la commune ou pas et l’implication dans la vie locale (cf. Tableau 2.20) : en effet, les parents d’enfants, qu’ils soient scolarisés ou non sur la commune, sont plus investis dans la vie locale (23%) que les individus qui n’ont pas d’enfants (9%), de la même façon que ces derniers sont les plus nombreux à ne pas s’intéresser à la vie locale. Cette

4. Réseaux locaux de sociabilité et insertion dans la vie locale : un clivage entre les zones les plus rurales et les zones les plus urbaines

Les travaux de Robert Putnam (1993, 2000) ont ouvert la voie au développement du concept de « capital social » dans les sciences sociales, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe (Bévort Lallement 2006). Dans ces travaux, le capital social serait la clé de voute du bon fonctionnement des démocraties : le capital social agit comme un ciment des relations au sein d’une société, garantissant l’engagement individuel de tous (ou du plus grand nombre) dans la vie collective par la promesse d’une réciprocité de l’investissement, au niveau individuel ou au niveau collectif177. Ce concept de la « réciprocité généralisée » (Putnam 2000) des échanges au sein d’une société permet de lier, de façon lâche, les individus les uns aux autres mais au sein d’un groupe vaste. Au-delà des quelques tentatives de définition d’un ensemble d’indicateurs qui serviraient à mesurer et à comparer le capital social au sein de différents groupes ou pays (Putnam 2002), il est classiquement admis qu’il est possible de

176 Source : FJP vague 1, résultats non pondérés. V = 0.140 sig. = 0.000.

177 Signalons que cette définition du capital social est l’objet d’importantes critiques. Par exemple, pour Theda Skocpol (2003), la notion de capital social présente le défaut de trop se focaliser sur les relations interindividuelles (voisinage, amitiés) et la production d’attitudes (confiance, entraide). Cette vision a pour conséquence de faire reposer la chute de la forme classique des structures civiques américaines sur l’évolution des comportements individuels. Pour T. Skocpol, les origines de cette chute sont également à chercher dans le poids des institutions (les associations, mais aussi les politiques publiques), avec une explication plutôt centré sur des agrégats collectifs et macrosociologiques que sur les théories individualistes et behavioristes.

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l’approcher en prenant en compte la vitalité de la vie associative au sein d’une communauté (avec le nombre d’associations, d’adhérents, etc.), les comportements politiques et sociaux des individus (la participation aux élections, le nombre d’événements collectifs organisés, etc.) et les attitudes des citoyens (confiance en autrui et confiance dans les institutions).

Dans la mesure où nous cherchons à déterminer des rapports localement différenciés à la politique, du fait d’un agencement particulier d’un ensemble de caractéristiques locales, nous n’avons pas choisi de procéder à une mesure exhaustive du capital social mais de nous concentrer uniquement sur quelques aspects de l’insertion des individus dans un réseau de sociabilité locale. Nous avons donc opté dans la première vague pour une question portant sur l’implication dans la vie locale178, et dans la seconde vague pour deux questions cherchant à mesurer l’insertion dans un réseau social local179. Si ces trois questions confirment certains des enseignements les plus anciens de la sociologie180, ils nous permettent aussi de caractériser nos quatre points d’observation. Nos zones les plus « rurales », ou du moins les plus éloignées des aires urbaines grenobloise ou lyonnaise, sont celles où les individus enquêtés sont les plus insérés dans des réseaux locaux de sociabilité : ainsi, dans les cantons de Villard-de-Lans et de Pont-de-Chéruy, on observe respectivement 26% et 24% d’individus

Dans la mesure où nous cherchons à déterminer des rapports localement différenciés à la politique, du fait d’un agencement particulier d’un ensemble de caractéristiques locales, nous n’avons pas choisi de procéder à une mesure exhaustive du capital social mais de nous concentrer uniquement sur quelques aspects de l’insertion des individus dans un réseau de sociabilité locale. Nous avons donc opté dans la première vague pour une question portant sur l’implication dans la vie locale178, et dans la seconde vague pour deux questions cherchant à mesurer l’insertion dans un réseau social local179. Si ces trois questions confirment certains des enseignements les plus anciens de la sociologie180, ils nous permettent aussi de caractériser nos quatre points d’observation. Nos zones les plus « rurales », ou du moins les plus éloignées des aires urbaines grenobloise ou lyonnaise, sont celles où les individus enquêtés sont les plus insérés dans des réseaux locaux de sociabilité : ainsi, dans les cantons de Villard-de-Lans et de Pont-de-Chéruy, on observe respectivement 26% et 24% d’individus

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