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Des apprentissages pour les élèves et pour moi

1. LE RÉCIT CHRONOLOGIQUE DE L’EXPÉRIMENTATION

1.3 L’expérimentation suit son cours

1.3.4. Des apprentissages pour les élèves et pour moi

Un jour, pendant la routine de fin de journée, les élèves étaient très bruyants dans le corridor en faisant leur sac. L’extrait suivant tiré de mon journal présente comment j’ai réagi et quels ont été les outils utilisés afin de leur rappeler les différents moyens à utiliser pour arriver à respecter les règles.

Le lundi 20 avril 2015, 14 h 30

En voyant que toutes les enseignantes des classes voisines fermaient leur porte, j’ai décidé de parler aux élèves. Une fois en classe, ils ne se taisaient pas malgré le fait que je leur demandais le silence. J’ai donc décidé qu’ils poseraient leur tête sur le bureau sans un mot. Ce qu’ils ont fait. Je leur ai dit de suivre ma respiration. Nous avons fait quelques grandes inspirations et expirations afin de nous calmer. Par la suite, je leur ai demandé s’ils savaient pourquoi je leur avais demandé de coucher leur tête sur leur pupitre. Plusieurs élèves ont levé la main et répondu que c’était parce qu’ils étaient très bruyants. Je les ai donc fait pratiquer la routine du soir. Nous avons fait semblant que nous avions nos livres dans nos mains et qu’ils allaient les porter dans leur sac. Ils ont réussi en silence !

Ce jeu a permis aux enfants de bien comprendre les attentes que j’avais envers eux. De plus, je crois que dans cette situation, il était important de faire un rappel de la stratégie du temps de pause puisqu’ils étaient très énervés et ne réussissaient pas à se calmer. J’ai même repéré certains enfants qui ont sorti leur palmier le lendemain pour prendre de grandes respirations. Ce rappel avait effectivement porté fruit.

Malgré toutes les situations positives émises ci-haut, il ne faut pas croire qu’une recherche de ce type n’a guère rencontré d’embûches. De fait, il est possible de lire dans mon journal de chercheure que la semaine du 20 avril 2015 a été assez difficile pour les élèves et moi, de sorte que le climat de classe n’était pas agréable. Voici donc un aperçu de mes états d’âme vers la fin de cette semaine et ce que j’ai décidé de faire pour régler le problème.

Le jeudi 23 avril 2015, 15 h00

Avant-midi difficile, encore une fois cette semaine… Je me suis remise en question aujourd’hui à savoir si mon expérimentation faisait vraiment une différence. J’ai donc décidé de faire un TEC en après-midi et j’ai parlé aux enfants. Je leur ai dit que je n’étais pas bien dans la classe depuis quelques jours et que j’étais déçue, car je sais à quel point ils sont capables d’être de vrais champions. Les élèves étaient très attentifs ! Je les sentais ouverts. Ils m’ont même suggéré quelques solutions pouvant nous aider. Nous avons donc convenu que lorsqu’ils entreraient en classe (au retour des récréations ou du dîner), je mettrais de la musique douce et deux enfants exécuteraient un massage à l’aide d’une balle sur le dos des autres. Ils m’ont dit que ça les aiderait à se calmer et qu’ils seraient prêts pour la suite des apprentissages. C’est alors que ça m’a fouetté en plein visage. Mon expérimentation fonctionne dans le fond. Il est normal d’avoir des hauts et de bas ! Mais la communication est la base. Je leur ai inculqué le respect de l’écoute de l’autre. Je suis fière ! Nous avons eu un bel après-midi ensuite !

La clé fut effectivement la communication, et ce, tout au long de l’expérimentation. J’ai compris que je devais être transparente et me montrer parfois vulnérable. Nous avions créé un lien qui me le permettait. Je suis consciente qu’il peut être angoissant de montrer sa vulnérabilité aux enfants, mais lorsqu’une personne enseignante est connectée avec ses élèves, c’est possible et surtout gagnant. Un vendredi après-midi, les enfants avaient beaucoup de mal à respecter la consigne du silence lorsque je leur parlais. Je me suis donc fâchée et j’ai haussé le ton en leur disant que je n’étais pas contente de leur façon d’agir. Évidemment, ce n’était pas le message qui était incorrect dans ce cas-ci, mais plutôt la façon dont je leur ai dit. À la fin de la journée, je suis revenue sur mon propre comportement. Il était important pour moi de m’excuser auprès des élèves, même si cela me demandait du courage. En effet, plusieurs adultes ont de la difficulté à reconnaître leurs erreurs, mais je crois qu’il est important de le faire, surtout lorsque nous demandons nous-mêmes aux élèves de le faire. J’ai ainsi pris le temps de m’excuser d’avoir parlé fort et de leur dire que j’aurais pu leur transmettre mon message de façon claire et calme afin d’être

plus efficace. Je leur ai précisé que lorsque je leur demandais d’écouter les consignes, j’avais l’impression de parler au mur. Je leur ai ensuite demandé s’ils acceptaient mes excuses, et un élève a tout de suite dit : « Mme Marie, nous te pardonnerons toujours, tu sais ! ». J’étais réellement touchée ! Le fait d’avoir reconnu mon erreur m’a donné la chance d’atteindre un autre niveau dans mon expérimentation. J’ai compris que, même si cela pouvait être difficile, je pouvais me confier aux élèves et leur montrer que je n’étais pas parfaite. Il m’importait de leur faire comprendre que nous étions sur un pied d’égalité et que le fait d’être une adulte ne me donnait pas droit d’agir de façon inappropriée.