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1. LE RÉCIT CHRONOLOGIQUE DE L’EXPÉRIMENTATION

1.3 L’expérimentation suit son cours

1.3.3 Avancer à pas de géant

Étant absente de l’école les mardis, une élève est venue me voir un mercredi afin de me dire que la veille, elle avait félicité un autre élève qui avait habituellement du mal à bien se comporter en classe. J’étais tellement contente de voir que des enfants de six ou sept ans soient désormais en mesure de remarquer les efforts fournis par les autres, mais d’autant plus de le souligner. Mon cœur fut rempli de joie ! Je suis revenue sur cette situation lors du TEC de la journée, en voici un extrait.

Le mercredi 8 avril 2015, 10 h 45

-Moi : Dominique, tu es venue me voir ce matin pour me dire que tu avais félicité Corinne hier. Peux-tu raconter ce que tu m’as dit ce matin pour que les autres élèves comprennent bien ?

-Dominique : Oui ! Eh bien, hier, j’ai félicité Alex parce qu’il avait passé une très belle journée et qu’il avait fait de gros efforts pour bien se comporter. Je voulais lui faire remarquer qu’il était capable.

-Moi : C’est super Dominique ! Tu as su remarquer les efforts qu’il a faits et en plus, tu as pris le temps de lui dire.

-Dominique : Je voulais qu’il soit fier de lui !

Une fois ce commentaire émis, j’ai demandé au garçon comment il s’était senti lorsque la fillette l’avait félicité. Il m’a spécifié qu’il s’était senti bien et qu’il a ressenti de la fierté. Ensuite, je me suis tournée vers Dominique pour lui demander à son tour ce qu’elle avait ressenti lorsqu’elle a encouragé Alex. Elle m’a répondu que curieusement elle s’était sentie fière d’elle aussi. Super ! J’espérais que cet exemple en inspire plus d’un afin d’agrémenter le climat de classe et d’augmenter l’estime de soi des enfants.

Tout au long de l’expérimentation, je dois avouer que j’ai dû user de créativité plus d’une fois. De ce fait, il est arrivé que les élèves soient très énervés et ne coopèrent pas comme je le désirais. Auparavant, j’aurais eu le réflexe de me fâcher et d’exiger le silence. Par contre, le fait d’avoir travaillé avec la Discipline Positive en classe m’a appris de tirer avantage de toute situation afin de la rendre positive, de porter un regard nouveau sur les comportements inappropriés, mais également d’être à l’écoute des élèves. Or, j’essayais de surprendre les enfants et d’utiliser des stratégies de retour au calme qui variaient. Tout au long de l’année scolaire, j’ai proposé différents moyens afin de retrouver le calme en classe, dans le but d’avoir un climat de classe sain et propice aux apprentissages, tels que du yoga, des exercices de respiration, des mouvements servant à dépenser de l’énergie, des chansons comportant des mouvements de danse. Bref, j’ai tenté de les faire bouger, car souvent les enseignants oublient que les enfants ont un réel besoin de dépenser de l’énergie et que d’être assis sur une chaise pendant de longues heures n’est pas propice à cette perte d’énergie. J’ai remarqué que le fait de les faire bouger avait bel et bien un impact sur leur comportement en classe. Je crois effectivement que le fait d’avoir été à l’écoute de leurs besoins a amélioré la qualité de notre relation maître-élèves. J’avais compris qu’un enfant pouvait faire tout apprentissage s’il se sentait bien, compris et en sécurité dans la classe.

Comme mentionné à maintes reprises, j’ai pu observer plusieurs retombées positives de la Discipline Positive de Nelsen (2012). Vers la mi-avril, j’ai fait une capsule d’apprentissage sur la lecture de l’heure. Par la suite, afin de réinvestir les nouvelles notions, nous sommes sortis à l’extérieur avec nos horloges et avons joué à Quelle heure est-il M. le Loup ? Les élèves ont très bien participé, j’en étais estomaquée ! Je me suis même fait la remarque : « Jamais je n’aurais pu faire une telle activité au début de l’année scolaire… Aujourd’hui, les enfants ont su user d’autodiscipline et d’écoute. » Nous avons eu beaucoup de plaisir. Les voir évoluer de la sorte m’a remplie de fierté.

De plus, lors de l’un de nos nombreux TEC, j’avais inscrit à l’ordre du jour, avec l’accord de l’élève en question : aider Charles à trouver des solutions pour se concentrer adéquatement en classe. J’ai commencé la recherche de solutions en lui demandant s’il avait des idées et il m’a répondu qu’il devait se concentrer et arrêter de faire du bruit. Voici ce qu’une petite fille lui a répondu :

Le vendredi 17 avril 2015, 10 h 15

-Corinne: Mais non Charles ! Une solution c’est comment ! Comment tu vas faire pour y arriver ?

Ensuite, plusieurs élèves ont donné des idées afin d’aider Charles à bien se concentrer. Plutôt que canaliser son attention sur les solutions données, ce dernier n’arrêtait pas de bouger sur sa chaise. C’est alors qu’un enfant lui a fait remarquer.

-Suzanne: Tu vois Charles, c’est exactement pour cela qu’on veut t’aider.

J’étais tellement fière des enfants. Charles a alors compris à cet instant que nous étions tous présents pour l’aider. J’ai vu l’étincelle dans ses yeux lorsqu’il a réalisé que tous ses amis de la classe et moi ne voulions que son bien. Ce fut un des plus beaux temps d’échange en classe, car j’ai pu observer que les élèves étaient réellement engagés dans la recherche de solutions dans le but d’aider ses pairs. Il y avait maintenant un climat d’entraide en classe. De ce fait, pour Pâques, les élèves avaient décidé de faire une activité qui consistait à se concocter des cabanes à l’aide de draps et de bureaux afin de pouvoir lire en dessous. Lorsque fut le temps de fabriquer les abris, j’ai vu tous les élèves s’entraider et se parler calmement. J’entendais des phrases telles que : « Attends, je vais t’aider. », « Reste ici, je vais aller placer le drap là-bas. » ou « Voudrais-tu m’aider à faire tenir le drap pour qu’on puisse être bien ? ». Je dois avouer que cette entraide m’a fait chaud au cœur. Je pouvais percevoir de l’amitié, du respect, de l’écoute, des messages bien formulés et du plaisir.