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4. RÉSULTATS ET DISCUSSION

4.7 Types de reproduction

4.8.1.1 DELT

Dans l’ensemble, le pourcentage des poissons affectés par des anomalies de type DELT dans le fleuve Saint-Laurent, est largement supérieur à celui attendu chez des communautés en santé (figure 34). D’après les critères établis à la section 3.3.1.9, seulement deux (4 %) des 49 segments ont des communautés en santé, dix (20 %) ont des communautés dont la santé est précaire et les trois-quarts (37 segments; 76 %), des communautés en mauvaise santé. Le portrait est similaire sur les deux rives qui affichent des proportions comparables de segments dans chaque classe de santé.

Au lac Saint-François, les communautés ichtyologiques les plus affectées sont celles des segments 215N (27 %) et 221N (21 %) (figure 34).

Remarquons que le pourcentage d’anomalies est la seule variable pour laquelle nous avons des résultats pour ces segments qui ont été échan-tillonnés au filet seulement. Les stations d’échan-tillonnage sont cependant toutes localisées à proximité du chenal maritime, la zone riveraine étant située en Ontario, ce qui peut constituer un biais par rapport aux autres segments échantillon-nés plus près des rives (figure 2). Aussi, le segment 215N ne compte que quatre stations, un effectif faible comparativement aux autres. De plus, les segments 232N et 237N, illustrés en noir à la figure 34a pour indiquer le rejet de certaines stations (voir section 3.3.1.8), sont aussi repré-sentés par un faible nombre de stations (4 et 5 respectivement). En dépit de ces disparités, la diminution du pourcentage d’anomalies d’ouest en est, sur la rive nord du lac Saint-François,

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50 100 150 200 250 300 350 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Autres

b

Phytolithophile

Lithopélagophile

Pélagophile Lithophile

Phytophile

Phytolithophile

a

Autres

Phytolithophile

Lithopélagophile

Pélagophile Lithophile

Phytophile

Phytolithophile

Grondines-Donnacona Lac

St-Louis

Gentilly-Batiscan Lac

St-François

Densité relative (%)

Grondines-Donnacona Lac

St-Louis

Gentilly-Batiscan Lac

St-François

Lac St-Pierre

Prise par unité d'effort (PUE)

Figure 32. Variation spatiale de la densité relative (a) et des PUE (b) des poissons en fonction de leur type de reproduction pour les différents secteurs de la rive nord du fleuve Saint-Laurent

Archipel du lac St-Pierre

Archipel du lac St-Pierre

a

Autres

Phytolithophile

Lithopélagophile

Pélagophile Lithophile

Phytophile

Phytolithophile

Lac St-Pierre

0 100 200 300 400 500 600 700 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Autres

b

Phytolithophile

Lithopélagophile

Pélagophile Lithophile

Phytophile

Phytolithophile

a

Autres

Phytolithophile

Lithopélagophile

Pélagophile Lithophile

Phytophile

Phytolithophile

Grondines-Donnacona Lac

St-Louis

Gentilly-Batiscan Lac

St-François

Lac St-Pierre

Densité relative (%)

Grondines-Donnacona Lac

St-Louis

Gentilly-Batiscan Lac

St-François

Lac St-Pierre

Prise par unité d'effort (PUE)

Figure 33. Variation spatiale de la densité relative (a) et des PUE (b) des poissons en fonction de leur type de reproduction pour les différents secteurs de la rive sud du fleuve Saint-Laurent

a

Autres

Phytolithophile

Lithopélagophile

Pélagophile Lithophile

Phytophile

Phytolithophile

215S 221S 226S 232S 237S 267S 274S 280S 383S 388S 392S 396S 401S 406S 411S 416S 421S 427S 459S 464S 468S 473S 494S 500S 506S 512S 518S

215N 221N 226N 232N 237N 267N 274N 280N 383N 388N 392N 396N 401N 406N 411N 416N 421N 427N 459N 464N 468N 473N 494N 500N 506N 512N 518N

0

Pourcentage (%) DELT

a

Pourcentage (%) DELT

b

Figure 34. Pourcentage des poissons de chaque segment de la rive nord (a) et de la rive sud (b) du fleuve Saint-Laurent, capturés au filet maillant,

affectés par une ou plusieurs anomalies de type DELT

Santé des poissons

Nombre de poissons examinés par segment

*

Nombre de poissons examinés par segment

* 23

N. LAVIOLETTEet al. – COMMUNAUTÉS DE POISSONS ET INTÉGRITÉ BIOTIQUE DU SAINT-LAURENT, 1995-1997

concorde avec le gradient croissant de la qualité environnementale basé sur la répartition de conta-minants (HAP et autres contaconta-minants organiques totaux) observée par Pinel-Alloul et al. (1996).

Ce gradient longitudinal a aussi été mis en évi-dence par d’autres études. Ainsi, Bureau et Sloterdijk (1992), cités par Armellin et al.

(1994a), ont montré que bien que la contami-nation par les BPC des jeunes poissons de l’année soit généralisée à l’ensemble du lac, une diminution pouvait être observée de l’amont vers l’aval. Par ailleurs, sur la rive nord du lac Saint-François, les valeurs les plus faibles d’un indice basé sur les communautés d’invertébrés benthi-ques (ICI-SL) et davantage lié aux variables toxicologiques qu’écologiques ont été observées en amont immédiat du segment 215N, de même qu’entre les segments 221N et 226N (Pinel-Alloul et al. 1996). Remarquons que ces auteurs n’avaient pas de stations d’échantillonnage aux segments 215N et 221N. Sur la rive sud du lac Saint-François, l’incidence du DELT est relati-vement constante d’un segment à l’autre (9 % à 13 %) sauf pour le segment 221S (18 %) (figure 34b). Les sédiments de la rive sud affi-chent de fortes concentrations de BPC, surtout à l’entrée et à la sortie du lac (Sloterdijk 1985;

1991 cités par Fortin et al. 1994a). Il en va de même pour des meuniers noirs recueillis dans les pêches du RSI aux segments 215S et 237S, lesquels montrent des teneurs en BPC excédant plus de deux fois le critère pour la protection de la faune terrestre de l’USEPA (Laliberté, en préparation).

Sur la rive nord du lac Saint-Louis, le segment 274N dont 30 % de la communauté est affectée par des anomalies de type DELT, affiche aussi un biais important. En effet, 13 des 26 stations de ce segment ont été rejetées (50 %) et ces dernières sont toutes situées dans la masse d’eau de la rivière des Outaouais ou du mélange rivière des Outaouais-Grands Lacs (annexe 4; figure 3).

Ainsi, les stations retenues reflètent uniquement la masse d’eau des Grands Lacs. Le segment sui-vant (280N) montre une proportion de DELT

presque aussi élevée (25 %), mais par contre, les poissons de toutes les stations ont été examinés et les stations sont réparties dans les diverses mas-ses d’eau. La portion nord des segments 274N et 280N comprise entre l’île Dowker et l’île Dorval de même que la zone au sud de l’île Perrot sont les endroits sur la rive nord du lac Saint-Louis où le niveau de contamination des sédiments par les métaux lourds (Cu, Cd, Hg, Pb et Zn) dépassait fréquemment le seuil d’effets mineurs entre 1984 et 1991 (Fortin et al. 1994b). Le seuil d’effets néfastes était dépassé pour le cadmium à l’est de l’île Perrot (274N) et pour l’arsenic au large de Pointe-Claire et dans la baie de Valois (Fortin et al. 1994b). La rivière des Outaouais serait la source de contamination des sédiments de la portion nord du lac (Jarry et al. 1985 cités par Fortin et al. 1994b), quoique l’influence de la masse d’eau des Grands Lacs n’est pas exclue en période d’étiage (Fortin et al. 1994b). L’arsenic, proviendrait de sources ponctuelles (ruisseaux, égouts) situées dans la baie de Valois (Jarry et al.

1985 et Champoux et Sloterdijk 1988 cités par Fortin et al. 1994b). Toutefois depuis 1988, les eaux usées sont acheminées à la station de la ville de Montréal et les débordements sont rares.

Malgré que les effectifs soient faibles à l’échelle d’un segment, les espèces du segment 280N qui sont les plus affectées par le DELT sont le meunier noir, la barbue de rivière et le chevalier blanc, des espèces de poissons benthiques, ce qui concorde avec la contamination des sédiments.

Sur la rive sud du lac Saint-Louis, les pourcentages d’anomalies de type DELT sont élevés (23 % à 30 %) et généralement comparables à ceux de la rive nord (figure 34). On observe cependant, encore une fois, un biais important pour deux des trois segments. Au segment 267S, cinq des neuf stations échantillonnées ont été rejetées (56 %).

Par contre, deux des quatre stations retenues sont situées à l’embouchure et en aval de la conflu-ence de la rivière Saint-Louis (F1 et F2), ce qui permet d’évaluer l’impact de cet affluent sur la santé des communautés de poissons. Une autre station (F101) se trouve légèrement en amont de

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la rivière Saint-Louis et pourrait aussi permettre de mesurer son impact. En effet, Sérodes et Talbot (1980) ont observé de fortes teneurs en mercure dans la zone littorale en amont de cet affluent. Ils les ont attribuées aux sources de pollution industrielles situées en amont de la rivière Saint-Louis mais ont aussi indiqué la possibilité que par fort vent du nord-est, les eaux de surface de l’embouchure de la rivière soient repoussées en amont. Le segment 274S compte, pour sa part, cinq de ses 12 stations rejetées, soit 42 %. Il est probable qu’au moins trois des stations rejetées (F6, F9 et F12) soient situées dans le panache de la rivière. Parmi les stations retenues, au moins une (F5) toutefois serait localisée dans le panache de la rivière Saint-Louis et permettrait d’évaluer son influence sur la santé des communautés.

Les teneurs moyennes en mercure et en BPC dans les meuniers noirs capturés du côté sud des îles de la Paix en 1997 (segment 274S, stations F5 à F9) excédaient respectivement six et trois fois le critère pour la protection de la faune terrestre piscivore. Par ailleurs, les meuniers noirs provenant du côté sud des îles de la Paix montraient une concentration moyenne en BPC (399 mg/kg) supérieure à ceux provenant du côté nord (260 mg/kg). Il en est de même pour les teneurs moyennes en mercure dans la chair des grands brochets et des perchaudes qui sont 1,7 fois plus élevées au sud (Laliberté, en préparation). Nous n’avons pas traité séparément les stations situées de part et d’autre des îles de la Paix mais les forts pourcentages d’anomalies observés témoignent du niveau de contamination élevé de cette portion de la rive sud du lac Saint-Louis, ce que d’autres études ont aussi mis en évidence. Désy et al. (2000) y ont observé en 1992 et 1996 des concentrations en mercure dans les sédiments et en méthylmercure dans les gastéropodes significativement supérieures à celles d’autres secteurs du Saint-Laurent. Willsie et Costan (1996) ont constaté des valeurs significativement plus élevées de l’indice ICI-SL basé sur les communautés d’invertébrés

ben-thiques en amont qu’en aval de la confluence de la rivière Saint-Louis. Signalons également qu’au début des années 1990, des études ont montré que, par rapport à un groupement de perchaudes associé à la partie nord du lac Saint-Louis, moins exposé à la contamination chimique, celui du segment des îles de la Paix montre des déficits importants en termes d’abondance, de biomasse, de croissance, de fécondité et du taux de mortalité naturelle qui vont de pair avec des déficits au niveau de différents indices physiologiques de condition (K de Fulton, rapports hépato et gonadosomatiques, réserves lipidiques) et des dysfonctions de certains mécanismes de réponse au stress. Ces observations suggèrent un bilan énergétique inférieur au sein du groupement sud (Dumont 1996, Hontela et al. 1995). Notons qu’en 1997 nous avons observé que les PUE et la BUE des perchaudes aux segments 274 et 280 étaient environ deux fois plus élevées sur la rive nord que sur la rive sud (annexes 6 et 7), une observation similaire à celle de Dumont (1996).

Sur la rive nord de l’archipel du lac Saint-Pierre, les pourcentages de poissons affectés par des anomalies de type DELT demeurent aussi élevés qu’au lac Saint-Louis et diminuent légèrement de l’amont (35 %; 383N) vers l’aval (21 %; 396N) (figure 34a). Localisées dans la masse d’eau

« rivières de la rive nord - Grands Lacs », les stations de ce secteur subissent l’influence des rejets municipaux de Montréal et de Laval, lesquels sont perceptibles jusqu’aux environs de la rivière Champlain dans le secteur Gentilly-Batiscan (Hébert 1999). En bordure de la rive, à la hauteur de Berthierville (figure 3), la turbidité et les concentrations de phosphore et de coliformes fécaux étaient élevées aux étés 1993 et 1994 (Hébert 1999). Au moment de son étude, et de la nôtre (1995), les eaux usées de Montréal étaient traitées mais non désinfectées avant d’être rejetées au fleuve, ce qui explique la contamina-tion bactériologique importante. Des déborde-ments d’eaux usées non traitées surviennent toutefois par temps de pluie. En revanche, les eaux usées de Laval qui sont rejetées dans la

rivière des Prairies (267 000 personnes) n’étaient pas traitées au moment de l’étude. Elles le sont maintenant depuis décembre 1998, via la station de La Pinière, tandis que les équipements de désinfection aux rayons ultraviolets sont fonc-tionnels depuis mai 1999. Deux autres stations d’épuration assurent le traitement des eaux usées du nord de Laval [Fabreville (37 000 personnes) et Sainte-Rose/Auteuil (26 000 personnes)] et fonctionnent respectivement depuis novembre 1986 et mai 1993. La désinfection n’est toutefois opérationnelle que depuis l’automne 1999.

Sur la rive nord du lac Saint-Pierre, les pourcentages de DELT poursuivent la décrois-sance amorcée dans l’archipel jusqu’au segment 411N (figure 34a). Aux segments 401N et 411N, la proportion de DELT diminue même sous le seuil de 10 %, ce qui indique que la santé de la communauté est précaire plutôt que mauvaise.

Ces résultats concordent avec ceux de Hardy et al. (1991) qui n’ont décelé que de faibles teneurs en contaminants organiques et inorganiques dans les sédiments de la rive nord du lac Saint-Pierre en 1986. Cette rive reçoit les affluents qui déversent les plus faibles quantités de la majorité des polluants (Hardy et al. 1991), ce qui pourrait expliquer en partie les faibles teneurs de substances toxiques. Par ailleurs, la dilution graduelle de la pollution résiduelle de Montréal et de Laval contribue peut-être à la baisse observée dans les proportions de DELT. À partir du segment 416N, on constate toutefois une nouvelle hausse des pourcentages de DELT à des niveaux indicatifs d’une mauvaise santé des communau-tés. Le segment 427N doit cependant être exclu en raison de son effectif faible (n = 23) et du fait qu’il ne compte aucune station représentative de l’habitat lotique. Cette augmentation des pro-portions de DELT pourrait être liée à un changement dans la composition spécifique en faveur d’espèces susceptibles de développer des anomalies. Sur la rive nord du lac Saint-Pierre, le chevalier blanc et le meunier rouge apparaissent à partir du segment 416N (figure 11a). Au segment 421N, par exemple, 18 des 36 spécimens exa-minés de ces deux espèces sont atteints d’au

moins une anomalie DELT. Si ces espèces n’étaient pas présentes, le pourcentage de DELT de la communauté s’établirait à 28 % plutôt que 35 %, ce qui représente néanmoins un accrois-sement par rapport aux segments amont (401N à 411N). Ce résultat tend à démontrer que le milieu pourrait être plus dégradé qu’en amont.

Sur la rive sud du lac Saint-Pierre, les proportions de DELT fluctuent entre 8 % et 27 %, en excluant le segment 427S qui ne compte qu’une seule station d’échantillonnage (milieu lentique) et un effectif faible (n = 24) (figure 34b). Ces pour-centages reflètent une santé précaire ou mauvaise et sont pour la plupart, inférieurs à ceux de la rive sud du lac Saint-Louis. Les stations des segments à l’entrée du lac (401S et 406S) se trouvent dans les eaux de mélange des rivières de la rive sud et des Grands Lacs et sont toutes situées en milieu lentique, ce qui constitue un biais par rapport aux segments 411S à 421S. Les segments 401S et 406S sont probablement aussi affectés par la pollution résiduelle de la rivière Richelieu, qui se mélange aux eaux du fleuve à la hauteur de l’île de Grâce (Hardy et al. 1991), et des entreprises industrielles de Sorel-Tracy. L’influence des rivières Yamaska et Saint-François, dont la confluence se situe dans le segment 401S, se fait par contre probablement sentir à partir du segment 411S uniquement, étant donné que les stations des segment 401S et 406S sont localisées à l’extérieur du panache des rivières. Puisque nous n’avons pas échantillonné la rive sud de l’archipel du lac Saint-Pierre, le segment 401S est le premier segment soumis à la pollution rési-duelle de la rivière Richelieu et de la région industrielle de Sorel-Tracy (figure 3). C’est aussi le segment qui présente le plus fort pourcentage d’anomalies DELT (27 %). En raison toutefois du biais indiqué précédemment et l’absence de sta-tions d’échantillonnage sur la rive sud de l’archi-pel, ce résultat doit être interprété avec réserve.

Sur la rive nord du secteur Gentilly-Batiscan, le pourcentage de la communauté affecté par des anomalies DELT diminue graduellement de 18 % à 8 %, de l’ouest vers l’est (figure 34a).

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Les deux segments les plus à l’ouest sont situés dans la masse d’eau de la rivière Saint-Maurice et ont des proportions de DELT indicatives d’une mauvaise santé de la communauté. En revanche, le pourcentage de DELT du segment 473N signale une amélioration à un niveau jugé précaire. La diminution de la proportion d’ano-malies de ce segment, localisé dans les eaux de mélange des rivières de la rive nord et des Grands Lacs (figure 3), pourrait être due à la dilution de la pollution résiduelle des rejets municipaux de Montréal et de Laval (Hébert 1999), mais aussi de celle de la rivière Saint-Maurice et de Trois-Rivières–Cap-de-la-Madeleine. Hébert (1999) n’avait pas de station de mesure à la hauteur de Batiscan (473N) mais avait néanmoins observé une amélioration de l’indice de la qualité de l’eau d’un niveau jugé « douteux » à la sortie du lac Saint-Pierre à « satisfaisant » à l’entrée du secteur Gentilly-Batiscan (459N). Malgré cette amé-lioration, il attribuait l’absence d’une meilleure qualité d’eau au segment 459N à l’influence de la rivière Saint-Maurice qui reçoit les rejets de trois papetières. Les villes de Trois-Rivières et Cap-de-la-Madeleine comptent six entreprises indus-trielles polluantes, dont cinq dans le secteur des pâtes et papier (Jourdain et Bibeault 1998). Une station d’épuration située à Sainte-Marthe-du-Cap-de-la-Madeleine assure le traitement con-joint des eaux usées de Rivières, de Trois-Rivières-Ouest, du Cap-de-la-Madeleine et de Sainte-Marthe-du-Cap-de-la-Madeleine (Pelletier et Fortin 1998). Les eaux de la rivière Saint-Maurice longent la rive nord mais, les effluents urbains et industriels ne sont pas tous situés à proximité de la rive. Bien que les milieux len-tique et lolen-tique aient tous deux été échantillonnés, le pourcentage d’anomalies du segment 459N doit être interprété avec prudence en raison du faible effectif (n = 17).

La rive sud de Gentilly-Batiscan compte les pourcentages d’anomalies DELT parmi les plus faibles de ce côté du fleuve (5 % à 12 %) (figure 34b). Par ailleurs, entre les segments 459S et 468S, les taux d’incidence décroissent

graduellement d’un niveau indicatif d’une mau-vaise à une bonne santé. Les stations des segments 459S et 464S situées à proximité de la rive sont influencées par la masse des eaux de mélange des rivières de la rive sud et des Grands Lacs tandis que celles situées sur les battures le sont uniquement par la masse d’eau des Grands Lacs (figure 3). La diminution du pourcentage de DELT, de l’amont vers l’aval, pourrait correspondre à l’atténuation de la pollution résiduelle de la rivière Bécancour et du parc industriel de Bécancour, dont les sources sont localisées en amont du segment 459S. Peu importe qu’elles soient situées en bordure de rive ou sur les battures, les stations des segments 459S et 464S peuvent être affectées par cette pollution dont une partie est rabattue derrière le quai, le long de la rive, alors qu’une autre contourne le quai pour aboutir dans la masse des eaux de mélange rivières de la rive sud et Grands Lacs (figure 3b) (André Thibault, ministère de l’Environnement du Québec, comm. pers.). Il est aussi possible que le rejet d’eau chaude de la centrale nucléaire de Gentilly contribue à cette plus forte prévalence d’anomalies. La tempé-rature de l’eau influence fortement l’apparition et le développement de plusieurs anomalies, le système immunitaire de la majorité des espèces de poissons étant optimal autour de 15 °C (Svobodová et al. 1993). Un accroissement de la température de l’eau, aussi faible que 5 °C, rend les poissons plus susceptibles aux anomalies bactériennes (CCWHC 1996). Les bactéries peuvent notamment causer des déformations (Ohio EPA 1988b), des lésions (Eller 1975;

Gaines et Rogers 1975; Bursey 1987; Ohio EPA 1989) et agir à titre d’agents d’infection secondaires dans des cas d’érosions de nageoires (Mahoney et al. 1973; Ohio EPA 1989). Par ailleurs, les eaux chaudes sont reconnues pour abriter des bactéries, des protozoaires et des

Gaines et Rogers 1975; Bursey 1987; Ohio EPA 1989) et agir à titre d’agents d’infection secondaires dans des cas d’érosions de nageoires (Mahoney et al. 1973; Ohio EPA 1989). Par ailleurs, les eaux chaudes sont reconnues pour abriter des bactéries, des protozoaires et des