• Aucun résultat trouvé

DE BERNARD PALISSY

Dans le document MASTER NEGATIVE NO (Page 40-44)

Au

Procureur douzelivresdixsols;

Au

ReceveuretauGreffier pareille

somme

pour chacun;

A chacun

dessixGagers soixantesois et

un

habillement complet;

A

l'Avocat etau Procureur dela Villeen laCour du Par-lement de Bordeaux

deux

écusaussipour chacun.

De

tellesortequelesressourcesdutrésor

communal

étaient presquetoujours absorbées;et

quand

ilsurvenait

un

procès, lesÉchevinsétaientleplus souvent obligés de prendredes deniersdansleurbourse pour en payerlesfrais.

Je

me

suis

demandé

pourquoilesMunicipaux

n'ajoutèrent pas auchiflredeleursdépensesordinairesl'argent

employé

chaque année, suivant les bonnes coutumes, à acheterde l'hypocraslejourdelafêtedu Monsieur

S

aint-IIilaire.Quelle était l'originede cetusage?Jel'ignore

; mais, sansoûenser nossévères aïeux,n'est-il

par permis de supposer quetout u'étail pasreligieux et grave au grand jourdesélections, etqu'après avoirpieusement invoquéleslumièresde l'Esprit-Saint pourl'heureux accomplissement de l'œuvre munici-pale

, ils ne dédaignaient pas d'en sceller les résultatspar de joyeuseslibations?

I

LA MUWN ET L'ATELIER

DE BERNARD PALISSY

MÉMOIRE

LL-ALA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE SAINTES,DANSSA SÉANCEDlîiOFÉVRIER1843

On

a cru jusqu'à présent que, pendant son séjour à Saintes, Bernard Palissy

demeura

dans le faubourg des Roches, surlarivegauche de laCharente.

En

l'absence de

documents

écrits et detoute trace

ma-tériellede l'ateher

du

célèbre potier, cette opinion pouvait sesoutenir.

Ilétaiten effetraisonnablede supposer quePalissyavait choisile voisinage d'uneeau pure et abondante. Ensuite, lesfaïenceries actuelles desRoches, dontl'existence est in~

contestableraent très-ancienne,pouvaientbien, quoique ne donnantplusque desproduitsfortdégénérés,avoir continué l'humble étabhssement de celui qui, plustard,perfectionna l'artde fabriquerles

émaux.

Enfin, le quai qui conduitde

laplace Belairau faubourg des Roches a été appelé quai Palissy, N'est-cepas parce que le souvenir des travauxde

\'

\

I

58

Bernard s'esttransmis d'âge en âge,et latradition delieu n'a-t-ellepasdicté elle-mêmecette

commémoration

dugénie longtemps

malheureux

etignoré?

Sans doutecetteopinionavaitdelavraisemblance; mais aujourd'hui il n'estplus permis, ce

me

semble, d'y per-sévérer.

Au

mois de

mars

1576,

un

sieurde

Launay

rédigeaitla

«^^iipplique suivante :

u A nos Seigneursles Maire et Eschevins dela ville de

« XaiiilL^, liastiende

Launay

vous remonstre quepar

cy-<( devnîit vous auriez

donné

et arrenté audict de

Launay

(( une place ettoursiseprès lamaisonde maistre

Bernard

« Pallicis,pourleprixet

somme

decinqsoubz de renteque

« ledict suppliant a toujours

payé

despuisledict

arrente-((

ment

jusques à présent àlarecepte de ladicte Maison

«

Commune,

fors despuisquelque tems en ça qu'il auroit

« cesséde payer ladicte rente,

au moyen

de ce que ledict

(( maistre

Bernard

a occupé ladicteplaceettourpour

Cesten-(( due de sonœuvre

comme ung

chaiscungscayt et

ce-« pendant, etdevantlaquelle occupation par ledictmaistre

(( Bernardfaicte

comme

dictest,MonseigneurleSéneschal,

(( parprovision etjusqu'à ce que ledict

œuvre

fust enlevé

(( de ladicte ville et lieuoccupé, auroit bailléàicelui

sup-(( phant une aultre tour appelée vulgairement la tour

du

« Bourreau pourl'exercice et vacationde l'art dudict

sup-<( pliant,laquelle tourilauroitce

néanmoings

faict

racous-(( treràsespropres couslz etdespens, d'aultantque durant

« lestroubles elleestoit

tombée

en ruyne etd'aultant qu'à

« présent ladicte

œuvre

dudict maistre Bernardest

para-a chevée etque ladicte place

demeurera

inutile etde

(( laquelleaulcungn'enpayroytrente; ce considéré,ilvous

59

« plaisedevos grâcesetque lerevenu de ladicte ville ne

« soictdiminué, continuerledict suppliant à payerladicte

« rente, et ce faisant le restablir dans ladicte tour et

« place 6^. »

Ce précieux

document

établit clairement

deux

choses:

la première, quela maison dePalissyétait siseprès d'une tour primitivement arrentée àde

Launay;

la seconde, que cettetour était devenue l'atelierde l'artiste, ou, pour

me

servirdestermes delasupplique,qu'il l'avaitoccupée pour Vestendue de son œuvre.

Or,la tour'dont il s'agit ne pouvait être que l'une de celles comprises dans l'enceintemurale dela ville; caril

n'existait ailleursaucune autre constructionde ce genre, et la maison de Palissy devait être elle-même très-près des remparts,soiten dedans, soitendehors; car cenefutsans doute qu'à raison de cette proximité de la tour et dela

commodité

otlerteàsestravauxque le modeste ouvrier en terreenobtintlaconcessiondes magistratsde la cité.

Si donc l'atelier de Palissyétaitdans unedes tours des remparts, sisamaison était prèsde cette tour, ilsne pou-vaient pas être dans le faubourg des

Roches

bâti alors,

comme

aujourd'hui, à

une

distance éloignée des fortifica-tionsdelaville.

Mais vers quelle partie de ces fortifications doit-on les chercher?

Les

murs

de Saintes étaient flanqués de plus de vingt

68Ledernier cahierdu Bulletin de laSociétédel'histoiredu protestantisme français renfermecedocument avec son commentaire signéJ. L. Le

commen-taireest un abrégédu travail de M. Dangibaud et les initialessont cellesde M.l'abbéLacurie.(Avril etmai1863)

60

tours disposées sur une ligne quasi-circulaire, presque à égale distance entre elles, etfaisant corps avec cesmurs.

L*une deces tours avoisinant le terrain oùest maintenant laplace Belairnejustifierait-elle pas,

du

moins,la dénomi-nation

donnée

auquai Palissy?Non.

Le31

décembre

1575,M. delaChapelle, lieutenant pour

leRoiau pays de Sainton^çe,ré.i^lait par

une

ordonnancele servicepour la garde de la ville entre les habitantset les soldatsde la garnison. Aprèsavoir indiquéles postes

con-fiésàlasurveillance des bourgeois,ilcontinuaitainsi:

« Les trois capitainesdessoldats pouserontleurs gardes

« tous les soirs, savoir est :

ung

à la porte Esguière qui

« estcndra les sentinelles et les mettra depuis la tour de

« l'EspingoUe jusqu'àlatour quiestentrelecorpsde garde

« et labresche, appelée latour de maislreBernard.

« L'autre corps de gardeseraprèslaporte

du

Pont, qui

« mettrases sentinellesàlabrescheetàlaporteduChapitre.

« Etle tierscorpsde gardesera àlaporte Évesquo, qui

« se ferapareifiement parlesditssoldats qui mettront

sen-« tinelleàlatour

du

Cordieretàla

Marsaude

»>

J'admets

comme

horsdecontestationque/atourdemaistre Bernard^ mentionnée dans l'ordonnance de M. de la Cha-pelle, estbienla

même

que celledontparlelasuppliquede de Launay.Cette ordonnanceestaussiunenouvellepreuve quecette tour étaitattenanteaux remparts de la ville; au-trement, le lieutenant

du

Roi ne l'aurait pas indiquée

comme

devantrecevoirunesentinelle. D'ailleurs,ces expres-sions: latour qui est entre le corps degardeet labreschey

lèvent toute incertitude sur ce sujet.

Mais oùétaitdoncla tour entre ces

deux

points?

r

i

Cl

Je

remarque

d'abord que M. de la Chapelle embrasse dans lepremierparagraphe de son ordonnance tout

l'es-pace comprisentrelaporteEsguièreet celle

du

Pont, c'est-àvdire tout celuique nous parcouronsaujourd'hui, quand, partis

du

lieu

fut la première decesportes,nous parve-nons,en descendantle Coursroyal, à l'extrémité occiden-tale

du

vieux pont,oùs'élevait laseconde. C'estdonc dans cetespace etprès dela brèche queje dois chercherla tour de Pahssy.

Maintenantoùplacerai-je labrèche?

Quand, au moisd'août 1570,

René

de Pontivy vint assié-ger Saintesdéfendue par Jean de Beaufort, marquis de Canillacetcomte d'Alais, le chef des Calvinistes attaqua d'abordlatour

du

Bourreau, située à l'entrée

du

pont,

du

côtéde la ville; ellefut

promptement

démantelée par le

canon. Scipion Vergano, habileingénieur, fit dresser en-suiteunebatterie contrelapartie

du

rempart

démasquée

parlaruinedelatour,et lapremière décharge del'artillerie

y

pratiqua

une

ouverture d'environ quatre-vingts pas.

C'estdecette brèchequeparlenttousles

monuments

de l'époque.Ilenest questiondans

un

grand

nombre

de déli-bérations

du

Corps de Ville, et il n'est jamais parlé que d'uneseulebrèche. Il ne pouvait paseneffet

y

en avoir d'autre; car lors de ce siège de 1570, qui, sans l'édit de pacification publié peu de jours après, aurait peut-être soustrait pour longtemps la capitale de la Saintonge au pouvoircatholique,la villenefutattaquéeque

du

côté

du du

pont. Etsi,antérieurement,elle

tomba

quatrefoisaux mains desparties contraires, ce fut toujours par surprise oupar trahisonetpresque sanscoupférir.

Je ne crains donc pas d'affirmer quecette brèche était

^^

il

aussi celle désignée par M. de laChapelle cinq années seu-lementaprèsla capitulationde Saintes, alorsqueles

mal-heurs

du

tempset la misère publique n'avaientpas permis anxbourgeoisdereleverlapartiedeleursrempartscroulée sousle canon desCalvinistes.

Si doncces remparts furent battusvis-à-visla tour dé-mantelée

du

Bourreau, labrèchedevait être en face ou presque enface del'entrée occidentale du pont, défendue parcette tour, et il convientde la placer à l'endroit où s'élèventaujourd'huilesmaisons Coindreau; et

comme

la tourde Bernard était

/>m

dela brèche, elle ne pouvait pas

non

plusêtre très-éloignée

du

pont.

Il

me

resteàfaire

une

dernièreremarque.

D'après l'ordonnance de M. de la Chapelle, la tour de maître

Bernard

était entre lecorps de garde et la brèche;

en d'autrestermes,elle était, de toutesles tours, la plus rapprochée del'ouverturefaiteaux remparts par lecanon de 1570.

Or, sij'examine le plan de la ville telle qu'elle existait en 1560^9,je voisque l'enceinte muralesuivaituneligne droitedepuis la porte Aiguière jusqu'à l'endroitoùest ac-tuellementla maison Bonnain. Là, tournant

brusquement

à angledroit, elle continuaitsadirection vers laporte

du

pont. J'observe ensuite qu'entre cet angle,

marqué

sur le plan parune grosse tour danslaquelle étaitprobablement

le corpsde garde dontilestparlé, et la brèche, ou, pour

me

faire

mieux comprendre

de ceux qui n'ont pas vu le

i

^

#

69C'estl'estampesicurieusedelaTopographie de Braun:elleportele<7du livre: VRBIVM PRAECIPVAaVM MVNDI THEATRVM «VINTVM. AVCTORE GEORGIO BRAV.MOAl.RlPPINATE.

63

.

plan,entre lesmaisons Bonnain, d'unepart, et Coindreau, del'autre, iln'yavait qu'une seuletour bâtieà peu près versle

miheu

decetespace,environ à l'endroit

s'élève de nos joursle café delaCouronne, et j'en conclus que cettetourétait celle de Palissy. J'ajoute

que

lamaison

du

potierdevaitêtre versle

même

heu, puisque, suivant la suppliquede de Launay, elleétaitsiseprès dela tour.

J'ai pensé. Messieurs, que vous ne rechercheriez pas sansintérêt avec

moi

les

heux

témoins des veilles, des travaux et (pourquoi faut-il le dire aussi!) de la misère de Pahssy. Si la villedeSaintes ne futpas le berceau de cet

homme

célèbre, elle futlongtemps

du moins

sa

pa-trie adoptive. Pendant près de vingt ans il

donna

à nos pèresl'exemple de la persévérance dans les nobles entreprises, de la force d'âme dans l'adversité. Pourquoi une déplorable intolérance, source fatale de dissensions plusdéplorables encore,le força-t-elle à chercher ailleurs la protection due à son génie?

Son

art aurait peut-être créédans notrebelle Saintonge une de cesindustries vi-vaces etfécondesqui,bravantlesrévolutions

du

temps et des

hommes,

enrichissent ethonorent

un

pays pendant

une

longuesuitedesiècles.

Au

contraire,à notreterrequ'entre toutesilavait choisie, ilnereste delui pas

même

un

tom-beau

7^'; à peine

un

vague souvenir

du

grandetcourageux

"0Cen'estpas letombeau dePalissy,fictionderêveur! quimanqueàlaville deSaintes;c'estsastatue.Demandons-laàquelquegrandartistedenotreépoque.

Elleauraitsurtout inspiréDavid d'Angers;elle eninspirerait d'autres. Lafigure longueetimpassibledePalissy,d'après safiguline, tellequel'acompriselecrayon deDeveria,offre le type leplusparfait delarésignation... Impavidum ferient ruinae...LejourquePalissymodela sonvisage,ilsembles'êtrerappelé toutesles infortunesdesavie,touteslesdéceptionsdeseslabeurs,dontilnousalaisséun

siadmirabletableau.

64

artiste!...

Rendons du

moins à ce souvenir sa vérité, et qu'une inscription trompeuse n'égare plus celui qui, dans se?pieuses pensées,cherche encoreparfois les lieux qu'ha-bita Falissy.

Dans le document MASTER NEGATIVE NO (Page 40-44)

Documents relatifs