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dans les limites des offres des prestataires

En bibliothèque, les politiques d’acquisition sont aujourd'hui plus intégrées. Dans plusieurs sites étudiés, des complémentarités et une cohérence dans les acquisitions sont recherchées entre les ressources physiques et les ressources numériques : « Pour la tablette on peut réfléchir à du contenu

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Le ministère de la culture et de la communication soutient chaque année quelques « services numériques innovants », toutefois on constate que sur les projets sélectionnés en 2016 et 2017, un seul par an a été un projet de médiathèque (à Levallois en 2016 et à Lyon en 2017) : www.culturecommunication.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Resultats-de-l-appel-a- projets-Services-numeriques-innovants-2016

www.culturecommunication.gouv.fr/Thematiques/Innovation-numerique/Soutien-a-l-innovation/Laureats-de-l-appel-a- projets-Services-numeriques-innovants-2017

qui intéresse les jeunes mais il faut réfléchir au lien avec nos collections », dira une bibliothécaire spécialisée sur les adolescents dans une grande médiathèque (département B).

Dans un autre département étudié (département A), l’objectif est de « démultiplier la collection

physique par de la collection numérique. » Cette politique concerne tout particulièrement l’offre

destinée au public adolescent et conduit à la mise en place d’achats groupés de livres numériques car, ainsi que le dit une responsable, « l’idée, c’est d’accompagner un petit peu ce qui sort déjà beaucoup de nos rayons et les romans ados ont beaucoup de succès »

Toutefois, dans les phases de conception et de lancement de plateformes de prêt, les réseaux de bibliothèques doivent adapter leur projet à la réalité des offres existantes. Certains choisissent un seul fournisseur, d’autres plusieurs pour mobiliser une offre plus diversifiée. Dans les phases ultérieures, ils renégocient avec les prestataires des contenus et des fonctionnalités adaptés plus finement aux usages répertoriés dans les statistiques de fréquentation de la plateforme.

À l’image des collections physiques, les plateformes numériques que nous avons étudiées proposent

relativement peu de contenus aux adolescents. Des bibliothécaires remarquent que, d’une manière

générale, dans le domaine de l’édition numérique et de livres augmentés, l’offre à destination des adolescents demeure lacunaire par rapport à celle dédiée au public enfant. Les adolescents que nous avons interviewés souhaiteraient davantage de BD, une diversité plus grande de films et de séries, des jeux vidéo récents… Nombre de professionnels rencontrés rappellent que, du point de vue des goûts

et des pratiques des publics jeunes, ces plateformes se trouvent en concurrence directe avec les grandes plateformes payantes d’audiovisuel ou de musique (Netflix, Spotify, Deezer…).

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Le numérique utilisé pour attirer les publics jeunes dans la bibliothèque, avec des

risques

Lorsque l’on parle de numérique en bibliothèque, nombre de personnes pensent d’abord aux supports numériques (liseuses, tablettes, ordinateurs…). Souvent les animations et la communication numériques visent à « attirer les adolescents », mais le cœur de la relation bibliothèque/usager reste davantage situé dans le prêt, qu’il soit physique ou numérique. Par exemple, la wifi en bibliothèque attire de nouveaux usagers et beaucoup d’adolescents. Mais ceux-ci se trouvent alors dans des espaces qui ne sont pas conçus pour les pratiques numériques ni pour les publics jeunes et ils doivent s’adapter.

« Les jeunes garçons, fin de collège, début de lycée, demandent des jeux vidéo, on expérimente des choses, par exemple le wifi. Ils apportent leurs manettes et trouvent les espaces qui les intéressent. Ils adaptent leurs pratiques à l'espace qui leur est proposé. Il faut que ce soit des choses qui correspondent à leurs pratiques quotidiennes. Les ressources qu'on a, ça ne les intéresse pas. » (Directrice médiathèque département A.)

Ce qui ressemble parfois à une forme d’instrumentalisation du numérique peut avoir un effet contraire à celui recherché. On cite des cas, par exemple, où le numérique attire tellement les adolescents qu’il faut mettre des limites car « les ados font fuir les autres publics ».

« Proposer des activités numériques à ces ados n’a pas forcément résolu ce problème relationnel qui n’est pas propre aux bibliothèques mais propre aux ados. Après l’école on vient emmerder les bibliothécaires, c’est bien normal on va dire… Il y a des personnalités différentes dans les bibliothèques, il y a des gens qui vont attiser l’animosité et d’autres qui savent gérer. » (Responsable formation.)

2. Démarches et accompagnement pour relier le numérique

au physique

On rencontre tout un éventail de modes d’accompagnement mixtes, que ce soit sous forme de parcours de l’un à l’autre ou de synergies entre le physique et le numérique. Ces approches ont toutes en commun de mettre la relation au premier plan, avant la fourniture de la ressource.

Accompagner à la fois en ligne et en présence suppose de suivre non seulement les pratiques

numériques des adolescents mais aussi de tenir une veille sur le langage dans lequel ces pratiques sont formulées, de manière à ce que les représentations réciproques se clarifient, que les

professionnels soient entendus et compris des jeunes et qu’un dialogue créatif s’instaure. Il ne s’agit pas de chercher à répondre terme à terme à une demande explicitement formulée, (qui ne s’exprime d’ailleurs que très peu de leur part en bibliothèque, nous l’avons vu), mais bien de construire, à travers ces cheminements numérique/physique, des médiations qui leur correspondent tout en restant dans

la mission culturelle des bibliothèques.

Des démarches visant à rendre lisibles et à incarner l’offre et les