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d Les nouvelles missions du pharmacien, loi HPST

La loi « Hôpital, Patients, Santé et Territoires », du 21 juillet 2009, reconnait aux pharmaciens d’officine la possibilité d’exercer de nouvelles missions. Celles-ci impliquent l’acquisition de réflexes et une organisation différente au sein de l’officine.

Elle a instauré de profondes modifications du métier de pharmacien d’officine en consacrant l’exercice par ce dernier de nouvelles missions de service public [88]. Cette loi donne de nouvelles perspectives aux missions et au rôle du pharmacien d’officine qu’elle consacre comme un acteur à part entière du système de soins. Ces missions sont autant de domaines

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dans lesquels le pharmacien peut dorénavant s’impliquer, confirmant son rôle clé dans notre système de santé, pour une meilleure coordination des soins. S’approprier ces missions, offrir au patient le soin le plus personnalisé possible… Tels sont les objectifs à atteindre pour les pharmaciens.

C’est un projet d’organisation sanitaire qui doit, à terme, permettre de mettre en place une offre de soins gradués de qualité, accessible à tous, satisfaisant à l’ensemble des besoins de santé.

Avant cette loi, l’officine était uniquement définie comme « l’établissement affecté à la dispensation au détail des médicaments, produits et objets mentionnés à l’article L.4211-1 ainsi qu’à l’exécution des préparations magistrales (PM) ou officinales (PO) » (article L.5125-1 du CSP).

Or la mission quotidienne d’un pharmacien d’officine ne se limite pas uniquement à ces deux fonctions. C’est ainsi que la loi HPST a défini clairement 8 nouvelles missions pour les pharmaciens d’officine [89] qui vont entrainer une évolution significative de l’exercice. Parmi ces missions :

- « participer à la coopération entre professionnels de santé »

- « participer à l’éducation thérapeutique et aux actions d’accompagnement des patients » - « proposer des conseils et des prestations destinés à favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes

- « l’éducation pour la santé »

- « la dispensation des médicaments et des conseils pharmaceutiques »

- « la prévention, le dépistage, le diagnostic le traitement et le suivi des patients »

Le pharmacien, maillon essentiel dans le parcours de soins, dispose de nombreux atouts pour intervenir dans l’éducation pour la santé et l’éducation thérapeutique du patient [90]:

- Leur proximité géographique (22401 pharmacies sur l’ensemble du territoire, métropole et Outre-mer au 1er janvier 2015 [91]) ;

- Leur accessibilité et leur disponibilité sur de longues plages horaires ;

- Leur contact fréquent avec la population : 4 millions de personnes franchissent chaque jour les portes des officines ;

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historique médicamenteux, etc.) grâce à leur disponibilité et leur écoute reconnues par 93% des français [92]. Pour plus d’un français sur deux, le pharmacien est celui à qui l’on peut demander conseil [93].

- Une relation de confiance instaurée avec le patient (91% des français ont confiance en leur pharmacien [92])

- Leur crédibilité auprès du public en tant que professionnel de santé [94] ; - Leur formation à la fois scientifique et professionnelle.

L’éducation pour la santé est une obligation déontologique pour le pharmacien. L’article R. 4235-2 du CSP précise en effet que le pharmacien "doit contribuer à l’information et à l’éducation du public en matière sanitaire et sociale". A noter que l’acquisition des compétences nécessaires pour dispenser ou coordonner l'éducation thérapeutique du patient requiert une formation d’une durée minimale de quarante heures d’enseignements théoriques et pratiques [95].

III.3.C Entretien pharmaceutique : rôle du pharmacien d’officine

a. Principe

Les entretiens pharmaceutiques voient le jour quatre ans après la loi HPST et s’inscrivent ainsi dans les nouvelles missions du pharmacien. Il permet de valoriser l’engagement du pharmacien dans les missions de santé publique. L'avenant n° 1 à la convention nationale pharmaceutique a été signé entre l'Union Nationale des Caisses d'Assurance Maladie (UNCAM), les trois syndicats représentatifs des pharmaciens d'officine, ainsi que l'Union Nationale des Organismes Complémentaires d'Assurance Maladie (UNOCAM), le 10 janvier 2013, publié au Journal officiel le 27/06/2013 et rentré en vigueur le 28/06/2013.

Cet avenant fixe les modalités de mise en œuvre du dispositif d'accompagnement par le pharmacien des patients sous traitement chronique par AVK. On entend par patient chronique toute personne sous traitement AVK d’une durée consécutive, prévisible ou effective supérieure ou égale à 6 mois.

Nous l’avons vu précédemment, les AVK, médicaments à marge thérapeutique étroite, nécessitent une surveillance renforcée en raison du risque hémorragique ou thrombotique élevé qu'ils peuvent induire s'ils ne sont pas correctement utilisés. On estime que chaque

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année les accidents iatrogéniques liés à la consommation d'AVK sont responsables de 17 300 hospitalisations et de 4 000 décès. C’est un enjeu majeur de santé publique.

Il s’agit donc au travers de ces entretiens de diminuer l’incidence des accidents iatrogéniques chez les patients traités par AVK et d’améliorer leur observance. Plus d’un million de patients sont traités par AVK, leur moyenne d’âge est de 73 ans et 75% d’entre eux sont fidèles à une seule pharmacie [96].

L’accompagnement qui ne concernait jusque-là que la classe des AVK devrait s’étendre aux AOD : l’avenant n°8 à la convention nationale pharmaceutique du 4 avril 2012, en cours d’approbation ministérielle, prévoit la mise en place de l’accompagnement des patients sous AOD.

Les partenaires conventionnels sont partis du principe que « le bon usage du médicament est favorisé par la précision et la pertinence des informations et des recommandations qui sont dispensées aux malades ».

La convention définit la finalité de l'accompagnement du patient par le pharmacien comme étant « de garantir les meilleures conditions d'initiation, de suivi, d'observance et d'évaluation du traitement ».

Le but, basé sur une approche globale du patient, est avant tout :

- assurer une bonne compréhension des messages délivrés lors de l’entretien pour permettre au maximum la régression des accidents iatrogéniques

- assurer un meilleur confort de vie au patient

L’entretien représente une « réponse intelligente au DPC » et apporte une réponse concrète au vieillissement d’une population en attente de services.

La convention nationale prévoit que l'accompagnement des patients sous AVK passe par :

 un entretien à l'initiation du traitement ;

 la réalisation d'au moins deux entretiens pharmaceutiques annuels, au cours desquels le pharmacien informe et conseille le patient sur le bon usage des médicaments qui lui ont été prescrits dans le cadre de son traitement ;

 le contrôle de la réalisation de l'INR ;

 en cas de besoin, la prise de contact avec le prescripteur avec l'accord du patient

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b. Supports

L’ avenant n°1 à la convention nationale prévoit la mise à disposition de supports

d'accompagnement validés par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Haute Autorité de santé (HAS) :

 un guide d'accompagnement : support pédagogique élaboré à partir de documents de références établis par l’ANSM, à destination du pharmacien, qui constitue un référentiel pour mener à bien l'entretien et assurer un accompagnement optimal. Il reprend, avec des précisions d’ordre pharmaceutique et clinique, les axes du questionnaire de la fiche de suivi patient. De plus, il oriente le pharmacien vers une méthodologie de travail concernant l’organisation et le déroulement de l’entretien pharmaceutique.

 une fiche de suivi de l'entretien qui constitue un support d'échange avec le patient et permet d'assurer la traçabilité et le suivi de ces entretiens. Le pharmacien tient cette fiche à la disposition du service du contrôle médical.

Un autre support a été établi en 2004 par l’ANSM, le carnet de suivi « Vous et votre traitement anticoagulant par AVK ». Ce carnet permet au patient de noter ses résultats d’INR et les adaptations posologiques, de noter ses éventuels oublis. Il constitue par ailleurs un mémo concernant les aliments et médicaments autorisés ou non, les signes annonciateurs d’effets secondaires. Le carnet comprend, depuis septembre 2008, une carte détachable mentionnant le traitement par AVK et le médecin traitant que le patient peut conserver dans leur portefeuille. La dernière mise à jour de février 2013 compte une page supplémentaire informant le patient de la possibilité de réaliser des entretiens de suivi de traitement auprès du pharmacien. Ce carnet constitue également un lien entre les différents professionnels de santé.