• Aucun résultat trouvé

Le développement des ligneux

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 116-121)

5. L E MARAIS DE R IBAINS : ETUDE D ’ UNE TOURBIERE DE MAAR

5.2. L’analyse diachronique de l’évolution du marais de Ribains au cours des cinquante dernières années

5.2.3. Le développement des ligneux

Le principal changement visible sur les photographies aériennes est le développement des ligneux. Sur la photographie de 1956, les arbres sont pratiquement inexistants alors qu’actuellement plusieurs zones arborées se distinguent. Au delà des quelques arbres qui sont apparus ponctuellement sur la surface de la tourbière, trois secteurs s’individualisent clairement :

- La partie sud avec une colonisation de pins sylvestres (Pinus sylvestris).

- L’ouest de la tourbière, en bordure et à proximité de la fosse de tourbage avec l’apparition d’une saulaie inondable et d’un petit un îlot mésotrophe.

- Le long du fossé de drainage, avec le développement d’une ripisylve à Saule Marsault (Salix caprea), Peuplier tremble (Populus tremula) et Saule roux (Salix acuminata).

5.2.3.1. Le développement des pins sylvestres

Sur la partie Sud de la tourbière, on observe deux foyers de colonisation de pins sylvestres (Pinus sylvestris). Le premier foyer de colonisation (photographie 8, n°1) a commencé à apparaître vers le début des années 1950. Bouzigues & Favrot (1966) ont écrit à ce propos, qu’ « une vingtaine de pins ont poussé naturellement dans la zone partiellement exondée ». Ce premier îlot s’est ensuite développé rapidement au cours des années 1960-1970, puis a commencé à s’étendre vers l’intérieur de la tourbière. Actuellement il borde pratiquement la source des Empèzes. Approximativement à 150 mètres à l’Ouest, un deuxième noyau de colonisation commence à apparaître vers le milieu des années 1970 et s’affirme à partir des années 1980. Actuellement celui-ci forme un îlot dense, en bonne santé et bordé de jeunes pousses. De nombreux jeunes pins apparaissent encore, laissant présager la fermeture de cette partie de la tourbière. On distingue aujourd’hui nettement un stade pionnier arbustif éclaté et un stade plus âgé à plus grande densité d’arbres (Seytre 2003).

La principale source de dissémination, provient d’une large parcelle de pins qui surplombe directement la première zone de colonisation. Pour que ces pins n’aient pas colonisé plus précocement la tourbière, il a fallu que les conditions qu’elle offrait ne soient pas suffisament favorables. Il est possible que les pratiques agropastorales ou un niveau de nappe trop élevé aient contenu la progression des ligneux. Ainsi, la disparition des activités agropastorales aurait permis la progression rapide des pins sylvestres. D’un autre côté, l’abaissement brutal des conditions hydriques, en réponse probablement à un drainage plus efficace, aurait également pu avoir les mêmes conséquences. Rien n’exclut toutefois que ces deux explications se soient combinées. Néanmoins, la deuxième explication semble plus plausible, dans la mesure où les premiers pins ont commencé à se développer dans les zones partiellement exondées (Bouzigues & Favrot 1966).

Photographie 8 : Progression des résineux de la zone Sud entre 1956-2000

Au rythme actuel, il est possible d’envisager que les deux îlots se réunissent d’ici une cinquantaine d’années. Quoi qu’il en soit, cette progression n’a rien de comparable avec celle du Marais de Limagne dont la colonisation a été très rapide et a touché l’ensemble du site.

5.2.3.2. Les abords de la fosse de tourbage

Sur la partie Ouest de la tourbière une petite fosse d’extraction de tourbe d’environ 0,5 ha et d’une profondeur d’au moins 2 mètres, a été réalisée il y a une quarantaine d’années.

Aucune information plus précise n’est relatée dans les archives de la mairie de Landos, mais certains témoignages la dateraient de la moitié des années 1960. En 1970 il n’y avait aucun arbre sur cette partie de la tourbière. Or sur la photographie de 1987, les bords de la fosse et un petit îlot situé à une petite centaine de mètres plus au Nord ont déjà été colonisés (photographie 9). C’est donc en moins de dix ans que la végétation arbustive a colonisé cette zone.

Depuis, la petite saulaie inondable à Saule roux (Salix acuminata) qui longe la zone d’extraction, et le petit îlot mésotrophe à bouleau verruqueux (Betula pendula), peuplier tremble (Populus tremula) et saule roux (Salix acuminata) tendent à se rejoindre pour ne former qu’un ensemble. Déjà visible sur la photographie de 2000 (photographie 9), cette tendance s’affirme clairement. Depuis, ce boisement se densifie et beaucoup de jeunes arbres, en bonne santé se développent. Une dynamique similaire, très rapide, occasionnée par les modifications hydriques liées à l’exploitation de la tourbe, est observée sur la tourbière de la Sauvetat.

5.2.3.3. La ripisylve

La comparaison des photographies de 1987 et 2000 montre très bien la vitesse avec laquelle le boisement s’est développé le long du fossé de drainage. En revanche lorsque l’on tient compte du fait que le fossé a été creusé en 1982, on remarque, au même titre qu’aux abords de la fosse d’extraction de tourbe décrits précédemment, que la réponse de la végétation a été rapide mais pas instantanée. Il a fallu environ dix ans pour que ce boisement commence à se développer. Cette période correspondrait donc au temps d’ajustement de la végétation aux nouvelles conditions hydriques et pédologique. Dès lors, ce fourré rivulaire

composé de Saules Marsault (Salix caprea), de Peupliers tremble (Populus tremula) et plus discrètement de Saule Roux (Salix acuminata), s’est très rapidement développé. La dernière photographie prise de l’intérieur de la ripisylve en 2005 (photographie 10), témoigne parfaitement de l’aptitude de ces essences pionnières à se développer dans ces conditions. En effet, il n’a fallu que dix ans pour en arriver à ce stade.

Photographie 9 : Développement des ligneux à proximité de la fosse d’exploitation entre 1956-2000

Photographie 10 : Développement de la ripisylve le long du fossé de drainage en 1987, 2000 et 2005

Pour résumer, le développement des ligneux a débuté à la fin des années 1950. C’est donc un phénomène récent. On distingue deux formes de colonisation. La première, concerne la progression des pins sylvestres (Pinus sylvestris) dans la partie Sud. La deuxième est marquée par le développement, de fourrés humides, à proximité de la fosse d’exploitation, et d’une ripisylve le long du fossé de drainage.

Dans le premier cas, cette colonisation, amorcée à partir de zones topographiquement plus élevées, a tout l’air d’être semi-naturelle. Il est possible que les activités agro-pastorales, pratiquées jusque dans les années 1950 aient contenu cette évolution ou encore que les conditions hydriques aient été différentes. Le fait est que depuis, les pins n’ont pas cessé de s’étendre. Ce phénomène reste cependant secondaire lorsque l’on tient compte de l’évolution rapide de ces ligneux sur le Marais de Limagne.

Dans le deuxième cas, les fourrés humides comme la ripisylve traduisent une réponse directe à des perturbations d’origine anthropique, responsables d’une modification brutale des conditions hydriques.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 116-121)