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Le contexte hydro-géomorphologique du bassin-versant de la tourbière de Ribains

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 100-106)

5. L E MARAIS DE R IBAINS : ETUDE D ’ UNE TOURBIERE DE MAAR

5.1. Présentation générale de la tourbière de Ribains et de son bassin-versant

5.1.2. Le contexte hydro-géomorphologique du bassin-versant de la tourbière de Ribains

Sur ces plateaux basaltiques, il est très difficile de délimiter exactement les bassins versants. Pour plus de précision, celui de la tourbière de Ribains a été calculé à l’aide d’ArcGIS en prenant comme point d’exutoire le ruisseau des Empèzes à la sortie du cratère, soit au niveau du hameau de Ribains (figure 21). Compte tenu de la complexité des écoulements hydrogéologiques, notamment à proximité des cratères phréatomagmatiques de l’ampleur de ceux répartis sur la commune de Landos, et de la présence de nombreuses résurgences, il est évident qu’il s’agit du bassin-versant topographique (Cosandey &

Robinson 2000). Rien n’exclut que le bassin d’alimentation de la tourbière de Ribains soit plus grand que celui cartographié (figure 21). Cette surface est donc à prendre avec précaution. De même, les écoulements cartographiés sur le Modèle Numérique d’Altitude (MNA) représentent le réseau hydrographique théorique simplifié, calculé à partir des données numériques de terrain. Le réseau actuel diffère du réseau théorique du fait des nombreux aménagements (drains, talus, canalisations, routes…) effectués dans le secteur.

Malgré tout, le bassin-versant de la tourbière peut être divisé en trois sous-bassins versant distincts (figure 23) :

- le sous-bassin de Marsillac, le plus vaste avec 694 ha : situé au Nord de Landos et à l’Ouest des Amargiers il s’étend vers le Nord en direction du Bouchet-St-Nicolas, jusqu’à l’ancienne ferme de Marsillac,

- le sous-bassin de Charbonnier, 217 ha, c’est-à-dire la zone située à l’Est des Amargiers et dont la limite se situe approximativement à l’entrée Sud du hameau de Charbonnier,

- le sous-bassin du cratère de maar, 273 ha, qui comprend le marais de Ribains installé au cœur de la dépression, délimité très nettement par les versants du cratère.

Figure 23 : Cartographie des trois sous-bassins versant de la tourbière de Ribains

5.1.2.1. Le sous-bassin-versant de Marsillac

La dépression de Marsillac est une ancienne zone humide d’une centaine d’hectares, comprise entre 1155 et 1145 m d’altitude. Plus qu’une véritable dépression, il s’agit d’un grand replat (figure 24) sur lequel les écoulements naturels, à l’origine de la zone humide, s’évacuent difficilement. Cette zone est alimentée sur sa partie amont (en contrebas de l’ancienne ferme de Marsillac) par plusieurs petites résurgences nettement visibles sur la photographie aérienne de 1956 (photographie 4). Depuis, d’importants fossés de drainage ont permis d’assécher cette zone et d’étendre les surfaces agricoles (photographie 4). Avant d’être complètement canalisé par un large fossé, le ruisseau des Amargiers qui se forme à la sortie

de cette zone humide, était beaucoup plus large. Il s’écoulait sur environ 2,5 km pour atteindre, 70 mètres plus bas, la tourbière de Ribains (figure 24). Aujourd’hui, il ne suit plus son tracé naturel que dans sa partie la plus encaissée, entre la partie aval de la dépression de Marsillac et l’entrée du village de Landos. Avec le drainage, la dépression de Marsillac a perdu sa fonction épuratrice. En aval, le niveau trophique de l’eau a considérablement augmenté en raison des pollutions d’origine agricole doublées d’une partie des eaux usées provenant de la commune du Bouchet-Saint-Nicolas. Selon plusieurs témoignages, avant ces aménagements, il existait encore une bonne population de truites dans ce ruisseau, mais celles-ci ont depuis disparu. Il ne reste plus actuellement qu’un filet d’eau fortement eutrophisé, difficile à suivre dont une partie est canalisée sous la commune de Landos.

Photographie 4 : Photographies aériennes de la zone humide de Marsillac, 1956-1987

Figure 24 : Profil topographique longitudinal du sous-bassin de Marsillac

5.1.2.2. Le sous-bassin-versant de Charbonnier

La tête de versant de ce sous-bassin situé en contrebas du hameau de Charbonnier, est également marquée par la présence d’une zone humide, le Pâtural de Lachamp. Cette zone inscrite dans une petite dépression au pied d’une garde est drainée efficacement par plusieurs fossés. Le Pâtural de Lachamp, intégré dans le plan de restauration des zones humides du Devès engagé par le Conseil Général, fait l’objet d’un plan de gestion destiné à favoriser le maintien de la biodiversité. Pour ce faire, il est prévu d’installer un système de vannage à la jonction des fossés, en amont de l’exutoire, afin de maintenir au maximum une poche d’eau.

Il est également prévu de maintenir un pâturage, voire de la fauche, autour de la zone humide et de gérer le développement excessif des saules.

En aval, l’eau de cette zone humide alimente une petite retenue située en bordure de la D88, 1 km avant d’entrer dans le bourg de Landos. L’eau restante s’écoule en direction du maar, le long de la route départementale. Dans ce dernier tronçon, marqué par une rupture de pente (figure 25), on observe une incision plus forte dans laquelle s’encaissent les eaux du sous-bassin de Charbonnier. Tout comme les eaux venues de Marsillac, celles-ci sont canalisées sous la ville de Landos et terminent leur chemin à l’entrée du cratère.

Figure 25 : Profil topographique longitudinal du sous-bassin de Charbonnier

En plus de la modification des écoulements naturels du bassin-versant de la tourbière, il faut également souligner la présence de plusieurs captages qui soustraient également une partie de l’eau destinée à la tourbière. Aucune information chiffrée ne nous a permis d’évaluer le volume de ces prélèvements en eau.

5.1.2.3. Le sous-bassin-versant du cratère de maar

Le troisième sous-bassin-versant est délimité par les sommets du cratère. Il s’ouvre sur le flanc Nord-Est du maar, au contact du bourg de Landos. Il récupère ainsi les eaux des deux sous-bassins amont qui convergent à l’emplacement du bourg, trait d’union entre les trois sous-bassins. Ce cratère quasi-circulaire d’environ 273 ha présente une nette différence entre le versant Nord à la pente plus marquée (proche des 20 %) et l’ensemble des autres versants (entre 13 et 14 %) (figure 26). Ainsi le versant Nord, plus raide et donc plus sensible à l’érosion n’est pas cultivé sur sa moitié la plus haute.

Figure 26 : Profils en travers du cratère de maar de Ribains

Sur les versants du cratère, les traces d’anciens prismes littoraux signalent la présence de paléo-rivages. Ces derniers témoignent de l’existence d’un lac au cœur du cratère dont les hauteurs d’eau étaient nettement supérieures au niveau de l’actuelle tourbière. Ces paléoformes se traduisent sur les versants par la présence de légères ondulations horizontales et rectilignes. Ces formes sont nettes sur les flancs Sud et Sud-Ouest (figure 26) mais ont été effacées par l’érosion sur les pentes plus fortes du versant Nord.

Au-delà de sa partie amont, ce bassin est alimenté par des résurgences situées en périphérie, au contact entre le versant et la tourbière. La principale source du marais de Ribains suffit à elle seule à alimenter en eau la commune de Landos. Son débit est estimé à 7,5 litres/secondes (environ 27 m3/h). En contrebas du bourg de Landos, la source dite « du Lavoir », située environ 15 mètres plus haut que la précédente, possède quant à elle un débit avoisinant les 3 litres/secondes (Bout 1958). « En somme, l’explosion qui a donné naissance à ce cratère a tranché du même coup plusieurs assises de basaltes et de tufs et toute nappe aquifère présente dans ces couches a trouvé la possibilité de surgir en sources » (Bout 1958).

Ces multiples sources confirment l’idée selon laquelle le bassin-versant hydrogéologique (Cosandey & Robinson 2000) doit être plus complexe et très sûrement plus étendu que le bassin-versant topographique délimité sur la figure 21. L’origine de cette eau est de ce fait difficilement identifiable. Toutefois, son débit étant constant, elle doit être profonde. Bout souligne d’ailleurs qu’à l’extrémité Sud du plateau, entre Landos et Pradelles, la carapace discontinue de basalte laisse apparaître le socle granitique au contact duquel il est fréquent de voir apparaître des sources sous-basaltiques (Bout 1958). L’importance des débris du substrat cristallin (flanc Sud, photographie 5), mêlés aux projections volcaniques, témoigne de la proximité du socle et appuie l’idée selon laquelle le secteur doit être profondément fissuré.

L’origine de l’eau qui alimente le maar de Ribains pourrait donc être la même que celle des sources sous-basaltiques qui s’écoulent en bordure de plateau, à plus ou moins 5 kilomètres de Landos.

La comparaison de la coupe de la carrière de Ribains sur le versant Nord avec celle de Praclaux, sur le versant Sud, nous permet d’observer une différence dans la nature et la granulométrie des dépôts. Le flanc Nord est essentiellement composé de scories fines de couleur rouge alors que le flanc Sud, présente un matériel plus hétérométrique, plus grossier et plus riche en débris issus du substrat, ce qui lui confère une teinte grise (photographie 5).

Photographie 5 : Carrières inscrites dans les flancs Sud et Nord du cratère de maar de Ribains

L’essentiel des sources qui s’écoulent vers le cœur du maar est réparti sur les flancs Sud de la tourbière. La principale résurgence et les autres plus réduites alimentent principalement le ruisseau de la source des Empèzes qui traverse lentement, d’est en ouest, la tourbière de Ribains. Celui-ci rejoint le ruisseau des Empèzes à la sortie de la tourbière puis s’encaisse dans un goulet d’étranglement incisé dans les formations meubles du versant occidental du cratère. Quelques dizaines de mètres plus loin, il entaille directement le basalte pour atteindre 170 mètres plus bas, soit à 900 mètres d’altitude, la vallée du Haut-Allier distante de 5 à 6 kilomètres.

Depuis le début des années 1980, un profond fossé de drainage a été creusé (photographie 7) entre l’entrée du maar et son exutoire. Il recueille les eaux des deux sous-bassins amont auxquelles s’ajoutent les eaux usées de la ville de Landos. Celui-ci, on le verra, joue un rôle important dans le fonctionnement hydrologique actuel de la tourbière.

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