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Développement DU Droit et De lA JUstice

Clé de voûte de l’État de droit, le droit et la justice s’ins-crivent parmi les socles fondamentaux des démocraties : la primauté du droit, la reconnaissance et la protection des droits et des libertés, l’adhésion aux valeurs démo-cratiques étant désormais assurées dans leur principe, il revient à l’OIF, dans un contexte qui conforte la diversité juridique et le rôle du droit et de la justice au service du développement, d’appuyer ses États membres dans leur mission de protection de l’État de droit et de garantie à la mise en œuvre effective des principes qui le sous-tendent. En 2011-2012, la lutte contre l’impunité et la promotion d’une justice pénale internationale ont fait l’objet d’une attention particulière.

Le renforcement des capacités des institutions judiciaires et des praticiens du droit

L’objectif est de soutenir les institutions judiciaires des pays en sortie de crise ou en phase de réforme judiciaire et de renforcer les capacités des personnels judiciaires et des praticiens du droit tout en portant une attention

particulière sur la mise en réseau des responsables nationaux de la formation judiciaire. L’OIF a ainsi doté huit institutions en biens et équipements et organisé des activités de formation à l’intention de 500 professionnels du droit.

Dans le cadre de son plan d’appui à la modernisation de la justice, l’OIF a appuyé la Guinée et la République centrafricaine dans l’élaboration de leur plan d’action en faveur de la justice. Ainsi l’OIF a accompagné la RCA dans son processus d’élaboration d’un programme décennal de réforme de la justice, de l’organisation des états généraux de la justice jusqu’à la rédaction du programme décennal. En Guinée, l’OIF a soutenu et participé aux états généraux de la justice (Conakry, mars 2011) qui ont notamment permis de dresser un état des lieux des dysfonctionnements et carences, et de formuler les recommandations qui ont servi de base à l’élaboration d’un programme pluriannuel de moder-nisation de la justice.

Les actions entreprises ont aussi contribué au renforce-ment des capacités des professionnels bénéficiaires en

Le Secrétaire général a participé à la 37e session de l’APF à Kinshasa (juillet 2011) sur le thème « Paix, élection et démocratie », ainsi qu’à la 38e session à Bruxelles (juillet 2012) sur le thème « Médias et technologies de l’information et de la communication, vecteurs de la Francophonie dans le monde ».

© Diego Saez/APF

La Francophonie apporte son soutien aux activités de la Maison du droit vietnamo-fran-çaise depuis plus de dix ans, et l’a centré sur la diffusion du droit et les actions à voca-tion régionale avec les autres États membres de l’OIF en Asie du Sud-Est. Ainsi, un cycle quadriennal de formation régionale à destina-tion des praticiens du droit du Cambodge, du Laos, de la Thaïlande, du Vanuatu et du Viet-nam a été mis en place.

FOcus

mobilisant, notamment, l’expertise et le savoir-faire des partenaires de l’OIF. Parmi eux, les réseaux institutionnels de la Francophonie et en particulier l’Association africaine des hautes juridictions francophones (AAHJF) ont pour-suivi la mise en œuvre de leur plan de formation. Ainsi, une session régionale pour la spécialisation des compé-tences des magistrats des Cours suprêmes africaines (Cotonou, décembre  2010) et une formation sur la protection du droit d’auteur et des droits voisins à l’inten-tion des magistrats et des professionnels de la justice (Ouagadougou, avril 2011) ont été soutenues. Enfin, l’OIF a poursuivi son soutien au Centre international en Afrique de formation des avocats francophones (Cifaf), basé à Cotonou, pour la mise en œuvre de ses formations initiales et la création de formations continues et décen-tralisées dans l’espace africain francophone.

La 5e Conférence de l’Organisation internationale pour la formation judiciaire (Bordeaux, novembre  2011) a bénéficié du soutien de l’OIF à travers la présence et la participation de onze directeurs et responsables de structures nationales de formation judiciaire de pays francophones. Dans le prolongement, l’OIF a organisé à Paris une concertation sur le renforcement de l’offre francophone de formation judiciaire, à laquelle ont été associés des représentants des organisations interna-tionales partenaires et les réseaux institutionnels de la Francophonie intervenant dans les secteurs du droit et de la justice. Cette concertation a permis de contribuer à une meilleure connaissance et à une réflexion positive sur l’articulation des dispositifs nationaux, régionaux et francophones de formation judiciaire, ainsi que sur le développement de synergies entre ces structures. À cette occasion, la base de données de jurisprudence francophone en ligne créée par l’AHJUCAF a été officiel-lement dévoilée : www.ahjucaf.org.

L’appui à la diffusion et à l’harmonisation du droit

L’objectif pour l’OIF est de renforcer l’accessibilité aux sources francophones de droit et d’appuyer la moder-nisation et l’harmomoder-nisation des droits positifs nationaux des pays membres. La mise en œuvre du projet se traduit par : la gestion et l’animation du site portail http://droit.

francophonie.org ; l’appui aux initiatives de production et de diffusion de l’information juridique et judiciaire par différents vecteurs d’information de proximité ; le soutien apporté à l’élaboration et à la mise en œuvre des plans de modernisation de la justice. Et ce dans le cadre du partenariat noué avec l’Organisation pour l’harmonisa-tion en Afrique du droit des affaires (Ohada) et les autres organisations d’intégration sous-régionales que sont l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

Afin de promouvoir la diffusion du droit, l’OIF soutient les activités du Réseau francophone de diffusion du droit (RF2D) dans le but de favoriser la création de structures nationales de diffusion du droit dans les pays membres, principalement du Sud. Elle a ainsi contribué au renfor-cement des capacités d’intervention du Centre d’étude et de formation pour le développement (Cefod) du Tchad, du Centre national de documentation juridique (CNDJ) de la Côte d’Ivoire et du Centre international d’éducation aux droits humains (Equitas) d’Haïti. Les conclusions d’une étude commandée par l’OIF en 2012 permettront de mieux valoriser les actions de diffusion du droit dans l’espace francophone.

Dans le cadre de son partenariat avec l’Ohada, l’OIF a participé à la Conférence ministérielle de l’Ohada (Lomé, décembre 2010), aux différents conseils des ministres de l’organisation (Bissau, juin et décembre 2011) ainsi qu’à la passation de service désignant M. Dorothé Sossa au poste de Secrétaire permanent de l’Ohada (Yaoundé, mars 2011) à la suite de la révision du Traité de l’Ohada en marge du Sommet de la Francophonie de 2008. L’OIF a appuyé le Secrétariat permanent de l’Ohada dans sa

vers le 20e anniversaire de l’ohada

L’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires est un dispositif d’intégra-tion économique régional novateur et porteur de perspectives de développement pour le continent africain que l’OIF a encouragé et soutenu depuis ses débuts, en 1993, dans l’environnement du Sommet des chefs d’État et de gouvernement francophone à Port Louis (Maurice).

Les objectifs sont de renforcer l’adaptabilité, l’effectivité et l’attractivité du droit des affaires harmonisé et de faciliter son utilisation par les agents économiques opérant dans les seize États membres de l’Ohada. Il doit contribuer ainsi à garantir davantage la sécurité juridique et judiciaire des activités économiques et des transactions financières et à favoriser l’essor de celles-ci en encourageant l’investissement local et étranger.

L’année 2013 sera celle de la célébration du vingtième anniversaire du Traité de Port Louis (17 octobre 1993) relatif à l’harmonisation en Afrique du droit des affaires. Cette célébration devrait se tenir à Ouagadougou, le Burkina Faso assurant en effet la présidence tournante de la Conférence des chefs d’État et de gouver-nement et du Conseil des ministres de l’Ohada en 2013.

stratégie de collecte de l’ensemble de la jurisprudence nationale des pays membres et a soutenu trois sémi-naires thématiques sur  : «  Les risques de conflits de compétence » (Lomé, octobre 2010), « La dynamisation des commissions nationales Ohada  » (Bamako, juil-let 2011), et « La sensibilisation des autorités politiques et des opérateurs économiques guinéens à la dynamique du nouveau droit Ohada » (Conakry, septembre 2011).

La promotion de la diversité et le dialogue des cultures juridiques

Les dix dernières années ont vu la Déclaration de Bamako consacrer les principes de l’État de droit, puis la Conven-tion de l’Unesco donner une base juridique internaConven-tionale à la diversité des expressions culturelles. Au point de rencontre des objectifs fixés par ces deux textes, la promotion de la diversité des droits et des systèmes juridiques constitue un axe fort de l’intervention de la Francophonie dans les secteurs du droit et de la justice.

S’inscrivant dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de la IVe Conférence des ministres francophones de la Justice (2008), un document de réflexion et de stratégie sur les enjeux de la diversité des cultures juridiques a été élaboré et publié par l’OIF en 2012. Ce document, qui a bénéficié du concours de divers experts de l’espace francophone, expose la démarche et les stratégies d’action de la Francophonie en faveur de la promotion de la diversité des cultures juridiques. La richesse des droits de l’espace franco-phone et les valeurs que porte la Francophonie légiti-ment l’impulsion d’un élan de l’ensemble des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux du monde francophone. La stratégie vise à la fois à valoriser la présence et l’expertise francophones dans les enceintes et forums de discussion internationaux, les juridictions nationales ainsi qu’auprès des organisations interna-tionales ; mobiliser les réseaux institutionnels et les acteurs de la société civile ; soutenir le développement du droit Ohada et les processus d’harmonisation régio-nale et sectorielle ; encourager la diffusion du droit des pays francophones.

Les actions menées ont notamment contribué à la parti-cipation d’experts francophones du Sud ainsi qu’à la promotion des valeurs et positions francophones lors de conférences internationales (Union internationale du notariat latin, Marrakech, octobre  2010 ; Congrès mondial de l’AIPP, Séoul, juin 2011 ; Conférence annuelle de l’Organisation mondiale des structures de formation judiciaire, Bordeaux, octobre 2011).

Les soutiens apportés aux activités de concertation initiées par les réseaux juridiques et judiciaires de la Francophonie, en particulier l’AHJUCAF et la Conférence internationale des barreaux de tradition juridique commune (CIB), ont également permis de renforcer les capacités des praticiens du droit et de valoriser l’exper-tise francophone sur les enjeux, notamment, de la mise en œuvre du droit pénal international et de la promotion de la diversité des cultures juridiques. Il s’est agi à la fois de mettre en valeur l’expertise juridique francophone et son utilité pour répondre aux défis de la mondialisation et d’aider à faire entendre la voix de la spécificité franco-phone en matière de culture juridique.

le statut de rome, signé le 17 juillet 1998 et entré en vigueur le 1er juillet 2002, a créé la cour pénale internationale (cpi), auquel 121 états sont actuellement parties. la cpi est une cour indépendante permanente, devant laquelle sont jugées les personnes accusées des crimes les plus graves touchant l’ensemble de la communauté internationale. sa compétence s’exerce sur les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre.

Dans la mise en œuvre de son mandat de lutte contre l’impunité, le bureau du procureur mène des enquêtes dans le cadre des situations en ouganda, en république démocratique du congo, en république centrafricaine, au Darfour (soudan), au Kenya, en libye et en côte d’ivoire. Des examens préliminaires sont en cours dans des situations identifiées en Afghanistan, en colombie, en géorgie, au Honduras, au nigeria, en république de corée et en guinée. à ce jour, vingt mandats d’arrêt ont été délivrés (dont six personnes ont déjà été arrêtées) et neuf citations à comparaître ont été volontairement exécutées.

cinq personnes sont actuellement détenues (thomas lubanga Dyilo, germain Katanga, mathieu ngudjolo chui pour la république démocratique du congo ; Jean-pierre bemba gombo pour la république centrafricaine ; laurent gbagbo pour la côte d’ivoire) et onze suspects sont en fuite. en totalité, quinze affaires ont été ouvertes, dont six sont actuellement au stade de procès. malgré ces résultats, la cour semble critiquée en raison de certaines perceptions incorrectes sur son rôle et son fonctionnement.

Dans ce contexte, je souhaite souligner l’importance du partenariat noué depuis plusieurs années entre l’oif et la cpi, qui partagent une communauté de valeurs dans le cadre de la prévention et de la lutte contre l’impunité. la coopération entre nos deux organisations va dans le sens d’un renforcement de la protection des droits de l’Homme. et je me réjouis de la formalisation et la pérennisation de cette coopération par la signature cette année d’un accord de coopération entre nos deux organisations.

fatou bensouda

Procureur de la Cour pénale internationale

TÉMOIGNAGE

© DR

La lutte contre l’impunité et la promotion d’une justice pénale internationale

Depuis l’adoption du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI) en 1998, la Francophonie a, de manière constante, porté une attention particulière à la question de l’effectivité de la justice internationale.

L’OIF a réaffirmé à de multiples reprises l’importance de lutter contre l’impunité comme garantie de la paix, de la sécurité et du renforcement de l’État de droit.

Dans ce contexte, l’OIF continue à encourager ses États membres à ratifier le Statut de Rome, ce d’autant plus que l’actualité internationale en 2011-2012 (Guinée, Côte d’Ivoire, Tunisie, Égypte, Libye, Moyen-Orient) a mis particulièrement en exergue l’utilité et la nécessité d’un dispositif pénal de lutte contre l’impunité des crimes de guerre et de génocide.

La Francophonie a poursuivi sa coopération avec la CPI et a signé avec cette dernière un accord-cadre de coopération en 2012. L’appui de l’OIF s’est traduit par l’organisation de deux séminaires régionaux de sensibi-lisation et de formation au travail de la Cour en Afrique centrale (Yaoundé, 2010) et en Afrique du Nord et Moyen-Orient (Tunis, septembre 2011). L’OIF a, enfin, financé le premier séminaire conjoint de la CPI et de l’Union africaine sur « Les aspects techniques du Statut de Rome et la pratique de la CPI » (Addis-Abeba, juil-let 2011) à l’intention de représentants de la commission de l’Union africaine et des conseillers juridiques des délégations permanentes des États membres de l’Union africaine. Ces séminaires de formation ont visé à renfor-cer les capacités de juristes et décideurs des États parties à la Cour et à améliorer la coopération entre les professionnels du droit des États et la CPI.