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Chapitre 1. Incertitudes en analyse de cycle de vie des bâtiments

1.3. Analyse de cycle de vie des bâtiments et incertitudes associées

1.3.1. Démarche d’analyse de cycle de vie

Une analyse de cycle de vie est un processus itératif composé de plusieurs étapes : la définition des objectifs, la définition du champ de l’étude, l’analyse de l’inventaire, l’évaluation des impacts et

1.3. Analyse de cycle de vie des bâtiments et incertitudes associées l’interprétation. Les paragraphes suivants décrivent brièvement ces étapes qui sont présentées de manière plus détaillée en Annexe A.

Figure 1-4. Les étapes de l'analyse de cycle de vie, issu de EC-JRC (2010a)

1.3.1.1.

Définition des objectifs et du champ de l’étude

Les résultats d’une ACV dépendent directement des choix faits à ces étapes. Une bonne définition des objectifs et du champ de l’étude est nécessaire pour ne pas biaiser l’interprétation des résultats (Reap et al., 2008a). Pour des raisons de transparence et de clarté, il est important de bien mentionner le but de l’étude, son origine, le public visé, les auteurs de l’étude. Il faut également préciser les limites et les hypothèses retenues et le cadre de validité de l‘étude.

Le système à l’étude doit être décrit avec précision. Pour permettre une comparaison pertinente des variantes, une unité fonctionnelle est définie. Les impacts environnementaux calculés dans les phases suivantes seront ramenés à ce flux de référence (Jolliet et al., 2010). Pour cela, l’unité fonctionnelle doit faire mention d’une fonction (p. ex. logement, bureau…), d’une quantité de référence, mais aussi d’une qualité, d’un niveau de performance ou encore d’une durée.

1.3.1.2.

Inventaire du cycle de vie (ICV)

Lors de cette phase, toutes les substances extraites et émises, dans l’air, l’eau et le sol, pour la production, l’utilisation et le traitement de fin de vie du produit sont répertoriées. Pour déterminer

Chapitre 1. Incertitudes en analyse de cycle de vie des bâtiments

nombre de données, les plus fiables et complètes possibles. Dans la pratique, des bases de données environnementales peuvent regrouper ce type d’informations pour un grand nombre de systèmes.

De la qualité des données collectées dépendront les résultats d’ACV (Reap et al., 2008a). Certaines bases de données proposent de les noter en fonction de la fiabilité de leurs sources, du nombre de données collectées, ou encore de la validité temporelle, spatiale ou technologique de la donnée, comme par exemple la matrice de pedigree d’ecoinvent (Frischknecht et al., 2007a ; Weidema et al., 2013), basée sur les travaux de Funtowicz and Ravetz (1990) et Weidema et Wesnæs (1996).

1.3.1.3.

Évaluation des impacts

À cette étape, il s’agit d’établir un lien entre les substances émises ou extraites et les problèmes causés à l’environnement. Pour cela, des indicateurs environnementaux sont calculés ; ils sont issus du regroupement et de la pondération des flux de substances émises et consommées.

L’étape d’évaluation des impacts, qui permet de faciliter la compréhension des résultats, reste critique. Le choix des catégories d’impact, des indicateurs et de leurs méthodes de calcul a une influence considérable sur les résultats de l’ACV (Dreyer et al., 2003 ; Pant et al., 2004). Même si des recommandations sur le choix des méthodologies à employer sont disponibles, par exemple au travers de l’ILCD-Handbook (EC-JRC, 2011), il est préconisé d’étudier la sensibilité aux choix de celles-ci.

De plus, la connaissance réelle des impacts d’une substance ou d’un mélange de substances sur l’environnement est encore limitée (Reap et al., 2008b). Par ailleurs, les substances contribuant aux impacts et les réponses des écosystèmes, peuvent avoir des effets à différentes échelles spatiales et temporelles. Cela est encore rarement pris en compte, même si des développements récents permettent d’améliorer ces aspects avec l’utilisation d’inventaires et de facteurs de caractérisation dépendant du temps (Levasseur et al., 2010 ; Beloin-Saint-Pierre et al., 2016) ou de l’espace6

(Humbert et al., 2011 ; Beloin-Saint-Pierre, 2012).

1.3.1.4.

Interprétation

À la fin de chaque étape et après avoir obtenu les résultats d’ACV, ceux-ci doivent être interprétés pour détecter les éventuelles incohérences et affiner l’étude. Cette phase doit permettre de répondre aux questions posées en amont de l’ACV, d’apporter des conclusions ou de faire des recommandations.

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1.3. Analyse de cycle de vie des bâtiments et incertitudes associées Heijungs et Kleijn (2001) et Heijungs et al. (2005) ont proposé des méthodes pour faciliter l’interprétation des résultats :

- l’analyse de contribution permet de déterminer les éléments pour lesquels la contribution à une émission ou à un impact est la plus forte ;

- l’analyse de perturbation permet d’évaluer les facteurs auxquels les résultats d’ACV sont les plus sensibles en observant les conséquences de petites variations de ces facteurs ;

- l’analyse d’incertitude consiste à déterminer les facteurs incertains et à propager l’incertitude vers les sorties du modèle d’ACV ;

- l’analyse comparative a pour objectif de comparer plusieurs variantes correspondant à la même unité fonctionnelle ;

- l’analyse de discernabilité est une combinaison des analyses d’incertitude et comparative, elle correspond à une comparaison de variantes dans un contexte incertain ;

- l’analyse de l’importance du problème, aussi appelée analyse de sensibilité (Saltelli et al., 2000 ; Heijungs, 2010), est une combinaison des analyses d’incertitude et de contribution et vise à étudier l’influence d’un facteur incertain sur les résultats.

Les normes ISO 14040 (2006) et ISO 14044 (2006) préconisent également la réalisation d’analyses de contribution, de sensibilité et d’incertitude pour étudier la robustesse des résultats d’une étude et au besoin affiner les hypothèses prises. Les analyses de sensibilité et d’incertitude sont d’ailleurs requises dans le cadre d’études comparatives visant à être communiquées au public (ISO 14040, 2006 ; ISO 14044, 2006). Malgré cela, Jolliet et al. (2010) déplorent le recours encore trop peu fréquent à ces techniques.

1.3.1.5.

Limites de la démarche

Malgré l’utilisation fréquente de l’ACV et le cadre normatif encadrant son utilisation, des améliorations de la démarche sont nécessaires. Reap et al. (2008b ; 2008a) ont passé en revue et classé en fonction de l’étape de l’ACV correspondante, les problèmes encore non résolus en analyse de cycle de vie. Ces problèmes, dont certains ont aujourd’hui été traités, sont principalement liés à des hypothèses prises, à des choix méthodologiques, à la qualité des données ou encore à la manière d’interpréter et de prendre les décisions. Ils représentent donc des sources d’incertitude et de variabilité dans les résultats dont la robustesse peut être questionnée.