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Chapitre 1. Sites industriels ICPE confrontés aux aléas naturels (accidents Natech) : Contexte et

1.4 Accidents Natech : conjonction des risques naturels et industriels

1.4.1 Définitions

Si les études sur les accidents Natech ont commencé depuis 1994 avec Showalter et Myers (Cruz et al., 2004a), une définition spécifique et mondiale de ce terme n’existe toujours pas. Ceci fut une des premières remarques du discours d’Elizabeth Kraussman pendant son intervention à l’atelier de travail de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) portant sur la gestion du risque Natech qui a eu lieu à Dresde en Allemagne en Mai 2012 (Krausmann, 2012).

(Cruz et al., 2004a) définissent un accident Natech (Aléa naturel déclencheur de catastrophe technologique) comme une catastrophe technologique déclenchée par tout type de catastrophe naturelle. Ils ajoutent que la catastrophe technologique peut inclure les dommages aux installations industrielles contenant des substances dangereuses, à des grosses canalisations de gaz et de fuel, ou

40 encore à des systèmes vitaux, ayant des effets significatifs sur la santé, les propriétés des habitants et/ou l’environnement. Le terme Natech a été utilisé pour désigner un type d’accident ou aussi un type de risque. Aucune précision supplémentaire n’est donnée par rapport aux catastrophes technologiques prises en compte, aux catastrophes naturelles les déclenchant, ou bien à la nature des interactions entre ces deux évènements qui peuvent aboutir à un accident Natech.

Les études qui ont suivies, sur le thème des Natechs, apportent des précisions supplémentaires quant à sa définition.

Tout d’abord, l’interaction entre l’aléa naturel et l’installation industrielle devient plus claire : les aléas naturels sont capables de provoquer des dommages spécifiques aux installations industrielles. Ce sont les dommages pouvant déclencher des rejets de substances dangereuses qui sont intéressants, du fait que ces types de dommages sont capables de déclencher des accidents Natech (Cruz et Okada, 2008) (Steinberg et al., 2008) (Kon et al., 2010). Les accidents Natech sont en effet un type particulier d’accidents technologiques pour qui, la plupart du temps, des pertes de confinement de matières dangereuses sont observées.

Ainsi, (Steinberg et al., 2008) présentent directement l’accident Natech comme un type particulier d’accident technologique chimique. Selon ces auteurs “un accident chimique peut être dus à différentes causes primaires et secondaires tels que du matériel détérioré, une erreur humaine, une coupure du courant électrique. Cependant, une des causes des accidents chimiques commencent récemment à attirer l’attention ; il s’agit des aléas naturels déclenchant les accidents chimiques. Ce type d’accident est nommé Natech. Ce mot fut construit à partir de l’expression : catastrophe NAturelle déclenchant un accident TEchnologique ». Les auteurs ajoutent que le rejet de substances dangereuses peut se faire sous forme gazeuse ou liquide, ou sous forme d’incendie ou d’explosion. Ainsi, les types d’accidents technologiques que nous pouvons observer durant un accident Natech sont mentionnés. Ils ajoutent également que ce terme a été utilisé pour se référer à d’autres types d’accidents pouvant déclencher des accidents technologiques tel qu'une tempête hivernale responsable de la destruction d’une ligne d’électricité provoquant une coupure du courant électrique.

Egalement, Young et al. (2004) définissent directement les Natech comme les rejets de substances dangereuses causés par des défaillances technologiques déclenchés par des aléas naturels. Les dangers encourus par le voisinage de l’entreprise sont dus à l’exposition aux rejets de substances dangereuses ou des dangers secondaires tels que les incendies et les explosions résultant par exemple de l’ignition de substances inflammables rejetées. Ainsi, deux nouvelles notions sont prises en compte par cette définition : la notion d’exposition du voisinage de l’entreprise et celle de dangers secondaires (incendie et explosion résultant de l’ignition de substances inflammables rejetées). Aussi, une classification spécifique des rejets de substances dangereuses est effectuée :

- les rejets de substances dangereuses peuvent être directs et dépendent de la nature de l’aléa naturel comme par exemple: la dioxine dégagée suite aux feux de forêt. Aucune action de mitigation ne peut être entreprise permettant de prévenir de tels rejets.

- les rejets indirects ont lieu quand les circonstances technologiques en combinaison avec les évènements naturels déclenchent des rejets de substances dangereuses dans l’environnement. Les rejets indirects peuvent être divisé en intentionnels et non intentionnels.

41 · Les premiers sont effectués afin d’éviter des menaces plus graves de santé ; par

exemple les insecticides utilisés après les inondations.

· Les rejets indirects non intentionnels à leur tour ne sont pas planifiés. Ils sont

le résultat d’accidents technologiques déclenchés par les aléas naturels et relèvent des Natechs.

Ces accidents Natech qui peuvent avoir lieu à l’échelle industrielle sont les plus dangereux car ils peuvent provoquer une exposition humaine de masse et concernent généralement des matières dangereuses hautement toxiques. Aussi, (Young et al., 2004) mettent clairement en avant l’exposition du voisinage aux dangers des Natechs, permettant ainsi de distinguer trois composantes d’un accident Natech: l’aléa naturel, l’installation industrielle et son voisinage. En outre, les accidents Natechs, selon (Young et al., 2004) peuvent être prévenus au niveau du composant technologique où il est possible de proposer des mesures de prévention pour réduire ces rejets.

Le projet européen Integ-Risk (Kon et al., 2010), définit un accident Natech comme l’interaction entre des aléas naturels et les installations industrielles qui peuvent provoquer d’importants dommages aboutissant à d’importants rejets de substances dangereuses de contenants industriels, qui peuvent à leur tour induire des incendies, des explosions ou des dispersions toxiques. Ainsi, les accidents technologiques induits par les aléas naturels sont cités : il s’agit d’incendies, d’explosions et de dispersions toxiques.

Les différentes définitions montrent qu’un accident Natech est caractérisé par :

· Une interaction entre un aléa naturel et une installation industrielle : sous forme de dommages à l’installation industrielle. Les types de dommages concernés sont ceux qui sont responsables de rejets de substances dangereuses.

· Ces dommages peuvent provoquer des accidents technologiques : la pollution de l’environnent, les incendies et les explosions.

· Les conséquences des accidents technologiques peuvent porter atteinte à l’extérieur du site industrielle : aux habitants aux alentours, aux industries avoisinantes et à l’environnement.

Il est intéressant encore de citer la définition donnée par l’INERIS à un accident Natech (Aurélie Prévot, consulté le 17 janvier 2013) : « l’impact qu’une catastrophe naturelle peut engendrer sur tout ou partie d’une installation industrielle – impact susceptible de provoquer un accident, et dont les conséquences peuvent porter atteinte, à l’extérieur de l’emprise du site industriel, aux personnes, aux biens ou à l’environnement». Cette définition permet de distinguer entre différents types d’impacts causés par les aléas naturels en industrie et détaille le voisinage de l’installation industrielle touchée par l’aléa naturel : personnes, biens et environnement. Dans ce document, le risque relatif aux accidents Natech est désigné comme étant un risque conjointant deux catégories de risques, les risques naturels et les risques technologiques dont les dangers sont principalement liés au risque chimique.

42 Ainsi, dans ce mémoire, nous nous basons sur la définition suivante pour caractériser le risque Natech :

« Le risque Natech, résultat de l’interaction entre un aléa naturel et une installation industrielle, est l’impact que cet aléa naturel peut engendrer sur tout ou partie de l’installation – notamment sur les équipements industriels susceptible de provoquer un rejet de substances dangereuses et par la suite un accident technologique dont les conséquences peuvent porter atteinte, à l’extérieur de l’emprise du site industriel, aux personnes, aux biens ou à l’environnement ». Les accidents technologiques en question sont : les pollutions de l’environnement,

les incendies et les explosions.