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Définition de la psychanalyse 41

Pour donner une définition suffisante, il est important d’en parcourir plusieurs. Le choix s’est porté sur trois définitions, qui seront en mesure de nous donner une vision aussi globale que précise de cette science, de son champ d’étude ainsi que de ses outils d’investigation. La première étant celle donnée par le fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud. Cette définition est reprise par Jean LAPLANCHE et Jean-Bertrand PONTALIS (2004) dans Vocabulaire de la psychanalyse. Pour élaborer cette définition, les deux auteurs se basent sur celle de Sigmund Freud.

Plusieurs aspects très importants de la psychanalyse sont contenus dans cette définition rapportée par ces deux auteurs. Ils soulignent déjà la progression de l’apparition du terme psychanalyse. Ils rapportent dans leur ouvrage, que Freud commençait par utiliser les termes analyse, analyse psychique et analyse psychologique dans son premier article Les psychonévroses de défense qui date de 1894. C’est dans l’article intitulé Nouvelles observations des psychonévroses de défense, qui date de l’année 1896, que le terme psychoanalyse — en allemand — apparait pour la première fois. Ils retiennent la persistance du terme analyse dans cette évolution de l’appellation et l’importance de l’interprétation de ce terme dans la définition même de la psychanalyse :

« Discipline fondée par Freud et dans laquelle, avec lui, on peut distinguer trois niveaux :

A) Une méthode d’investigation consistant essentiellement dans la mise en évidence de la signification inconsciente de la parole, des actions, des productions imaginaires (rêves, fantasmes, délires) d’un sujet. Cette méthode se fonde principalement sur les libres associations du sujet qui sont le garant de la validité de l’interprétation. L’interprétation psychanalytique peut s’étendre à des productions humaines pour lesquelles on ne dispose pas de libres associations.

B) Une méthode psychothérapique fondée sur cette investigation et spécifiée par l’interprétation contrôlée de la résistance, du transfert et du désir. À ce sens se rattache l’emploi de psychanalyse comme synonyme de cure psychanalytique ; exemple : entreprendre une psychanalyse (ou : une analyse)

C) Un ensemble de théories psychologiques et psychopathologiques où sont systématisées les données apportées par la méthode psychanalytique d’investigation et de traitement. »21

Le terme Analyse évoque la décomposition et le fractionnement d’un corps en vue d’en connaitre ses différents constituants. Tout comme les substances naturelles sont fragmentées et fractionnées en leurs constituants les plus élémentaires pendant leur étude, la psychanalyse tend de décomposer les manifestations pathologiques afin de mieux les comprendre.

En effet, les manifestations pathologiques du patient sont de nature très composées. Ce sont des compositions dont les éléments sont des motifs et des motions pulsionnelles que le patient ignore, ou dont il n’est que très partiellement conscient. Le rôle de la psychanalyse est d’amener à la compréhension du patient, la composition hautement compliquée de ses formations psychiques. C’est à travers cette compréhension qu’il pourra établir le lien entre les symptômes qu’il présente, et dont il souffre, et les motions pulsionnelles qui les motivent. Il verra dans ses symptômes des motions pulsionnelles qu’il ignorait jusqu’alors. Il verra aussi que d’autres motions pulsionnelles sont intervenues dans la composition de son comportement.

En somme, les manifestations pathologiques sont dues à des causes inconnues ou très peu connues par le patient et c’est cette ignorance qui empêche ce dernier de les résoudre, de les dépasser. Par son travail, la psychanalyse va chercher à délier les liens entre la manifestation pathologique et ses causes inconnues par le patient. À la suite de cette opération de décomposition, le patient prenant conscience de ce qui motive ses propres réactions pathologiques sera en mesure de les affronter et d’y remédier :

« La psychanalyse est le travail par lequel nous amenons à la conscience du malade le psychique refoulé en lui. »22

Si nous pouvons admettre que la psychanalyse est une science qui tend à analyser la psyché, la question de l’outil qu’elle utilise à cette fin se pose immédiatement. Si l’analyse des éléments naturels par leur décomposition est accessible par des instruments de mesure, le caractère immatériel de la psyché imposerait d’envisager une façon de la saisir. En effet,

21- J. LAPLANCHE et J-B. PONTALIS, Vocabulaire de la psychanalyse, PUF, Paris, 2004, pp. 350-353 (nous soulignons) 22 - Ibid., p. 351

l’outil que la psychanalyse utilise est un autre point qui la distingue. Il s’agit de la libre association que nous aurons à développer dans le détail dans les sections suivantes. Pour l’instant, continuons à parcourir une deuxième définition de la psychanalyse, qui nous renseignera sur la conception que la psychanalyse se fait de la psyché.

Il s’agit de la définition que Bois nous donne dans « La découverte de soi-même », et où il soutient et illustre l’influence que l’inconscient a dans la détermination de notre comportement dit conscient. Une définition où l’on peut lire :

« L’idée fondamentale de la psychanalyse, c’est que notre comportement subit l’influence, non seulement des idées, des sentiments, des impressions et des tendances dont nous sommes conscients, mais aussi d’une masse beaucoup plus considérable de réminiscences et de poussées instinctives qui sont enfouies dans les ténèbres de notre sous- conscient. Stanley Hall compare la personnalité humaine à une banquise dont seulement un huitième est visible au-dessus des flots de la mer, tandis que sa masse principale plonge à des profondeurs étonnantes. Le vent et les courants ont beaucoup moins d’action sur la marche de cette montagne que les courants profonds qui poussent sur sa masse invisible. Ainsi la personnalité humaine obéit à des impulsions sous-conscientes, et son comportement est parfois en contradiction avec ce qu’elle dit et même ce qu’elle sent dans sa conscience claire. »23

Par cette définition, nous apprenons que l’effet de l’inconscient sur le comportement est plus présent que perçu. L’auteur lui donne même le premier rôle dans la définition des actes qui régissent le comportement. De part cette importante influence, l’inconscient devient une clé primordiale pour l’accès de l’homme à la connaissance de ses comportements. Cela nous amène à nous intéresser à chercher si et comment l’inconscient pourrait intervenir dans la création en général et dans la création architecturale plus précisément.

C’est en parcourant une troisième définition de la psychanalyse, celle d’Édith LECOURT, que nous trouverons un des premiers éléments de réponse pour ce qui est de la possibilité que la psychanalyse nous enseigne sur la création architecturale. Apparue dans « Découvrir la psychanalyse, de Freud à aujourd’hui », cette définition rejoint les deux premières pour ce qui est du sujet d’étude de la psychanalyse, à savoir le fonctionnement psychique qu’elle évoque sous le terme de réalité psychique et qu’elle oppose à la réalité

matérielle. Elle évoque aussi l’intérêt que la psychanalyse porte à l’inconscient pour résoudre les comportements pathologiques, ou pour expliquer les productions exclusivement humaines comme les productions culturelles.

Elle remet l’accent aussi sur l’importance de l’inconscient dans la définition du comportement quotidien ainsi que l’approche investie par la psychanalyse, la libre association, par laquelle la psychanalyse arrive à révéler et expliquer le comportement humain. Elle donne des exemples des supports qui servent ce dessein comme les rêves, les lapsus, etc. :

« La psychanalyse est une science humaine, science de la réalité psychique et du sens. On entend par réalité psychique — opposée à la réalité matérielle — ce qui concerne le désir, l’affect, le fantasme, l’imaginaire, la pensée. Son objet d’étude est le fonctionnement psychique, principalement, mais non exclusivement, dans ses aspects les moins conscients. Elle s’intéresse aux effets de l’inconscient dans la vie quotidienne comme dans les maladies mentales, dans les symptômes psychiques et somatiques, mais aussi plus largement, dans les productions culturelles de l’humanité. Les effets de l’inconscient se trouvent accessibles par les rêves, les lapsus, les actes manqués, les mots d’esprit, plus généralement, tout ce qui échappe à notre contrôle, au rationnel. »24