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La question suivante a été posée dans les cinq disciplines: « Pour toi qu’est-ce que comprendre en cours de … ? ». Pour un même élève la définition peut varier selon les matières. Je remarque très peu de réponses identiques et les variations sont aussi importantes au sein de chaque discipline. Au-delà des variations dans la signification du terme selon les disciplines, il est possible d’identifier des variations intra disciplinaires.

2.1 Quelques précisions méthodologiques

Quelques exemples ont été sélectionnés dans chaque discipline pour donner un aperçu de la grande diversité des définitions données35. Pour présenter cette diversité, deux types de définitions ont été retenues : quelques-unes sont plutôt partagées et d’autres plutôt rares36. Deux traitements ont été réalisés : un premier à l’aide du logiciel Sphinx qui a isolé des exemples de réponses plutôt développées ; un deuxième par la lecture des tableaux dans chaque discipline dans lesquels j’ai extrait différentes définitions37. Les deux traitements de cette question sont à prendre avec précaution pour différentes raisons. Le premier, par

35

Voir l’annexe 1.2.1.

36 Annexe 6.2.1

77 logiciel, réalise un comptage des termes utilisés mais ne permet pas de s’assurer sur le sens donné à ces termes. C’est un outil purement statistique qui autorise une comparaison rapide entre les termes présents dans telle ou telle discipline. Le deuxième traitement relève de mon interprétation, ce qui représente également un biais. S’il est vrai que je peux justifier chaque choix, ces interprétations n’ont pas été discutées avec les auteurs des propos pour m’assurer de ma bonne compréhension.

2.2 Quelques traits sont rattachés à des disciplines en particulier

Selon les élèves, comprendre en Français, c’est très souvent mémoriser, imprimer un savoir dans sa mémoire. C’est le cas aussi en Histoire-Géographie. Cette définition fait écho à la catégorisation des disciplines, par les élèves, en deux groupes : celles où l’on apprend comme le Français, ou l’Histoire-Géographie, des disciplines dites « littéraires », et celles où l’on comprend comme les Mathématiques et les SVT, des disciplines dites « scientifiques ». En Histoire-Géographie, les réponses en rapport avec le fonctionnement de l’enseignant sont bien plus présentes que dans les autres disciplines, en complément à la définition de comprendre. « le prof se mais dans la peau du personnage et ça nous permet de comprendre les cours » Bryan M. (100). Il faut suivre le professeur : « c'est apprendre et faire tous ce que le professeur a dit ce que tu doit faire » John S. (57).

Une dimension est plus évoquée en SVT que dans les autres disciplines : les relations aux questions que les élèves se posent : sur leur vie, leur corps. Deux éléments sont communs à l’Histoire-Géographie et aux SVT : une démarche extrascolaire personnelle pour s’informer, le fait de réaliser des recherches supplémentaires.

De manière générale, je note des variations importantes dans les définitions du processus de compréhension au sein d’une même discipline. La diversité des éléments et dimensions servant à cette définition permettent de les catégoriser.

2.3 Des variations au sein de chaque discipline

Pour chaque discipline je présente des exemples de propos, quelque peu reformulés, regroupant ces éléments de définition de ce qu’est comprendre pour les élèves dans telle ou telle matière et illustrant des variations. Pour éviter des répétitions, je ne m’attarderai pas sur les réponses concernant des définitions présentes dans toutes les disciplines comme par

78 exemple des attitudes relatives au métier d’élève (l’écoute en cours) traitées dans les points précédents. Les occurrences de celles-ci seront indiquées en note de bas de page.

2.3.1 Définition de « comprendre » en Education musicale38

En Education musicale, les non-réponses sont au nombre de 30.

Pour beaucoup d’élèves il n’y a « rien à comprendre » en Education musicale : Céline C. (6) : « Il n'y a rien à comprendre »

Beyo I. (78) : « pour moi il n'y a rien n'a comprendre » Paul L. (89) : « il n'y a rien à comprendre »

Melissa A. (139) : « il y a rien a comprendre » Célia G. (151) : « il n'y a rien à comprendre »

C’est la réponse la plus fréquente, elle est donnée par 37 élèves. Elle confirme les résultats obtenus lors de ma première recherche sur ce sujet. Deux cas sont présents : soit l’élève n’identifie pas de contenu devant être compris, soit il déclare qu’il est inutile de tenter de comprendre dans cette matière. Sofiane E. (15) déclare : « rien du tout cette matière est inutile ».

Les autres définitions se rapportent à divers éléments : L’écoute est présente en plus grand nombre, 23 fois. Parfois l’élève ne précise pas ce qu’il écoute, parfois il précise « écouter la musique ».39

Dans d’autres propos, revient un lien avec le domaine du monde auquel réfère la matière : comprendre en Education musicale, c’est comprendre la musique. Pour 13 élèves, comprendre c’est savoir chanter. Cette réponse est à creuser car je ne sais pas ce qu’elle peut sous-entendre, s’agit-il de chanter juste ? De pouvoir chanter un morceau déterminé ?

Une autre définition, partagée par neuf élèves, comporte le fait de pouvoir décrire, identifier les instruments et, pour sept d’entre eux, les compositeurs d’un morceau. Hélène B. (44)

38

Les occurrences des termes utilisés concernant la définition de « comprendre » dans cette discipline se trouvent en annexe 9.2.2.1

79 affirme : « comprendre en cours d'éducation musicale c'est déjà connaitre un peu la musique, les compositeurs, les instruments ». Corentin répond aussi en ce sens :

00:28:49 214 C ben en fait il y a- entre guillemets rien à comprendre en musique, c'est si- + si- si tu connais la personne ça va aller beaucoup mieux, si tu la connais pas parce que soit elle est déjà morte soit bentu n'as jamais entendu parler, c'est le prof à dire bence qu'il a fait dans la vie, c'était quoi son métier, c'est voilà, donc en musique il y a pas de compréhension

Corentin (annexe 12.2)

Dans cette discipline, comme en Français (les mots) et en Mathématiques (les chiffres), quelques définitions se rattachent au langage particulier de la discipline (les notes).

2.3.2 Définition de « comprendre » en Français40 Sur 152 réponses, il y a 27 non-réponses.

Les éléments servant à la définition de « comprendre » dans cette discipline sont tout aussi diversifiés. J’identifie des sous-disciplines ou sous-domaines qui aident à définir ce qu’est comprendre en Français. En premier lieu la conjugaison. Pour 31 élèves, comprendre en français est étroitement lié à la grammaire. Comprendre c’est « savoir conjuguer » Lori T., (65). En nombre plus réduit, un autre sous-domaine est mentionné : l’orthographe. « Comprendre en Français c'est connaître c'est accord c'est conjugaison, savoir ne pas faire de fautes d'orthographe » explique Margaux P. (155).

Dans l’ordre d’importance41

, suit un élément de définition récurrent : la mémorisation. Comprendre en Français, c’est imprimer un savoir dans sa mémoire. Angeline D. (98) mentionne : « comprendre en français nécessite de bien apprendre pour bien mémorisé ». Le domaine du monde auquel réfère la matière est évoqué par 11 élèves, « Pour moi comprendre en cours de français c'est en savoir plus sur ma langue » écrit Bastien J. (145). Pour le même nombre d’élèves, comprendre en Français, c’est savoir écrire ou rédiger, « pour

40 Les occurrences des termes utilisés concernant la définition de « comprendre » dans cette discipline se trouvent en annexe 9.2.2.2

41 A égalité avec l’effectuation de leur métier d’élève. Pour 18 élèves, la compréhension c’est la capacité à reproduire un apprentissage, pouvoir refaire les exercices.

80 moi c'est le fait de savoir rédiger des notes, faire des rédactions, savoir conjugué… » Hélène B. (44). L’évaluation apparait dans une moindre mesure42.

Pour résumer, en Français, la compréhension est définie comme l’acquisition d’une connaissance, l’appropriation d’un savoir. Je note une présence des sous-domaines plus importante que dans les autres disciplines. En comparaison avec l’Education musicale qui est désignée comme inutile, le Français est désigné comme important : Fractice A. (47) : « c'est bien car le français c'est important ». Liam L. (66) : « la moindre des choses c'est de comprendre notre langue ».

2.3.3 Définition de « comprendre » en Histoire –Géographie43

Sur 152 réponses, je note 27 non-réponses. C’est la discipline dans laquelle on retrouve le plus de variations entre les réponses.

Les définitions de la compréhension en Histoire-Géographie regroupent, comme dans les autres disciplines, des éléments se rapportant à quelques dimensions distinctes. 44 Dans cette discipline, en prévaut une en particulier : le domaine du monde auquel réfère la matière, mentionné 40 fois. Parmi ces élèves, 24 écrivent qu’il s’agit de comprendre « le passé » en Histoire et le « monde » en Géographie. Par exemple, Janik D. (32) écrit : « pour moi comprendre c'est savoir ce qui se passer dans le temps pour l'histoire et savoir comment est notre région en géographie ». Cette réponse est parfois complétée par quelques précisions : en Histoire, il s’agit de savoir les « dates » (pour 16 élèves), ainsi que les « évènements » liés à ces dates. Le terme « ancêtres » est utilisé: « en histoire : tout ce qui s'est passé dans le passé nos ancêtre, le guerre, les roi… en géo: le monde, l'environnement, les pays, les villes, les populations… » indique Sofiane E. (15).

42 Sous diverses formes : la capacité à reproduire un apprentissage, pouvoir refaire les exercices, les notes obtenues, le fait de répondre aux questions et le fait de répondre aux consignes.

43 Les occurrences des termes utilisés concernant la définition de « comprendre » dans cette discipline se trouvent en annexe 9.2.2.3

44 C’est une des disciplines dans lesquelles les réponses en relation avec le métier d’élève sont les plus nombreuses. Thomas C. (169) précise : « comprendre quelque chose en histoire géographie demande une énorme attention orale et un travail à la maison quotidien, il faut relire le cour mais aussi feuilleter le livre ». Ecouter le professeur est présent 28 fois.

81 Pour 26 élèves, comprendre en Histoire n’est pas possible car il n’y a pas de contenus à comprendre; c’est une discipline dans laquelle on apprend, on mémorise. Céline C. (6) écrit : « Il n'y a rien à comprendre il faut juste bien apprendre pour réussir », et David B. (64) : « pour moi en histoire-géographie il n'y a pas grand-chose à comprendre, c'est juste qu'il faut apprendre par cœur sa leçon ».

La signification portée par les contenus est présente, Gousri M. (73) écrit : « c'est comprendre et réussir à imaginer la vie avant nos jours. Comprendre comment fonctionne le monde dans lequel on vit ». Pour dix élèves, comprendre, c’est donner du sens aux évènements historiques, Lotu C. (52) mentionne : « histoire : comprendre les évènements et leur cause. Géo : comprendre les évolutions ».

L’évaluation est une dimension aussi identifiée. Elle est évoquée par dix élèves en faisant référence aux notes, aux devoirs sur table ou aux devoirs à la maison, Pour Loïc D. (42), la compréhension « c'est la réussite dans les notes ».

D’autres dimensions apparaissent avec moins de récurrence.45

2.3.4 Définition de « comprendre » en Mathématiques46 J’identifie 33 non-réponses parmi les 173 questionnaires.

Arrive en première place des occurrences, l’idée que comprendre en Mathématiques signifie pouvoir reproduire ou appliquer un savoir. Pour 37 élèves, la compréhension se valide de cette manière. Manon W. (165) déclare : « C'est refaire les exercices sans le cours ».47

Deux domaines sont cités par 14 élèves : les calculs (peut être en référence à l’arithmétique) et les formules (peut être en référence au calcul algébrique). L’usage de méthodes particulières inhérentes au fonctionnement de la discipline fait partie de la définition. Xavier

45 Comme l’identité de l’élève, Aline D. (131): « c'est bien parce que le prof quand il explique nous sommes tous attentif c'est comme une histoire qui nous apprend des choses que nos arrière parent nous auront jamais dit ».

46 Les occurrences des termes utilisés concernant la définition de « comprendre » dans cette discipline se trouvent en annexe 9.2.2.4

47 Les actions liées au métier d’élève arrivent en deuxième place. En Mathématiques, 23 élèves déclarent que comprendre, c’est écouter l’enseignant, attentivement.

82 X. (34) écrit : « c'est écouter, comprendre une formule, une figure… comprendre comment faire une opération, comment résoudre une équation ».

Pour 12 élèves, comprendre signifie saisir, donner du sens aux formules ou aux théorèmes utilisés, savoir ce qu’ils signifient et pourquoi on les utilise. Gousri M. (73) note : « comprendre les nouvelles formules, ce qu'elles représentent dans leur moindre détail, afin de plus tard, ne pas se retrouver avec des nombres qu'on ignore d'où ils viennent ». Nasreddine A. (29) déclare : « C'est de savoir ce que ça définit, reproduire la même chose, la même formule et réussir à remplacer ».

La mémorisation est évoquée par dix élèves. Pour eux, dans cette discipline, il s’agit de mémoriser les formules : « Apprendre les formules + leçon + essayer de les applique » écrit Kevin L. (14). Il est parfois difficile d’identifier ce que l’élève désigne par « apprendre » : c’est savoir par cœur ? Être capable d’utiliser une formule ? Etre capable d’identifier la procédure requise ?

D’autres éléments sont présents dans une moindre mesure48.

Je remarque l’idée d’une complexité supplémentaire à celle identifiée dans les autres disciplines. Dans toutes les disciplines, des contenus sont identifiés comme étant difficiles à comprendre, les élèves rattachent très souvent cette difficulté à leur propres capacités intellectuelles. La particularité en Mathématiques est que la difficulté semble être inhérente au contenu lui-même ou à la discipline dans sa globalité : les Mathématiques sont compliquées. Viviane A. (26) évoque : « Comprendre un cour de mathématique, c'est très dure. » Margot L. (30) écrit : « C'est très difficile pour moi le cas de mathématique ». J’ai identifié cette différenciation en isolant deux types de réponses. Les premières, du type : « je ne comprends rien » qui sont présentes dans toutes les disciplines et les réponses : « c’est difficile » qui ne me semblent pas se rapporter au même objet. La première relève du sujet élève et la deuxième de la discipline.

48

Une démarche de réflexion nécessaire à la compréhension ainsi que l’importance et l’utilité de comprendre : « les maths c'est une matière importante dans la vie. Comprendre c'est important surtout en maths » Laura M. (51).

83 Une dernière spécificité des Mathématiques est l’identification par les élèves d’une continuité, la nécessité de réinvestir les savoirs acquis les années précédentes.

2.3.5 Définition de « comprendre » en Sciences de la Vie et de la Terre49

Parmi les 173 réponses, on retrouve 44 non-réponses.

Les dimensions entrant dans la définition de comprendre en SVT sont diverses. La plus évoquée par les élèves est le domaine du monde auquel réfère la discipline (43 mentions).50 Il est désigné comme « la nature » 18 fois, comme « la vie » 15 fois. Pour 10 élèves, il s’agit de comprendre le corps humain. Ces éléments sont parfois évoqués isolément et parfois ensemble. Quelques élèves ajoutent des grands sous-thèmes, des précisions : « De comprendre la nature humaine, notre corps, mais aussi celle des animaux. De voir comment vit-on et de comprendre la nature (comment grandit-elle, comment mourra-t-elle, et quand) » Laetitia B. (25). Ces réponses font écho aux résultats sur la conscience disciplinaire des élèves en primaire : « les sciences scolaires répondent à des questions d’enfants ou, à l’inverse, que les contenus disciplinaires induisent chez les élèves un questionnement sur leur

quotidien » (Cohen-Azria, 2013, p.82), c’est une discipline en contact avec leur réalité.

Pour 12 élèves, il s’agit surtout de mémoriser ou d’apprendre en relisant les leçons travaillées, c’est ce que déclare Céline M. (10) : « Retenir les définitions et le cours ».

Pour un nombre réduit d’élèves, il s’agit plutôt d’une découverte. Par exemple Beyo I. (78) déclare : « pour moi je découvre plusieurs chose, le corps humain, la composition des végétaux, tout dans le domaine science, j'effectue la même méthode ». La découverte et l’expérimentation constituent des éléments présentant un poids important dans le vécu disciplinaire des élèves (Reuter, 2016c, p. 122.) et sont évoqués comme étant des aides à la compréhension. Ce sont des éléments désignés par les élèves comme étant constitutifs de la discipline SVT.

49 Les occurrences des termes utilisés concernant la définition de « comprendre » dans cette discipline se trouvent en annexe 9.2.2.5

50

Le métier d’élève constitue la deuxième dimension présente. Pour 15 élèves, comprendre est une démarche d’écoute et d’attention en classe. Pour le même nombre d’élèves, il s’agit d’une restitution du savoir, pouvoir répondre aux questions.

84 Une spécificité dans cette discipline est l’évocation de l’utilité extrascolaire des contenus

disciplinaires : « C'est s'approfondir sur mes connaissance de la vie affective, des risques et

des contraintes de la nature afin de s'adapter et d'utiliser les moyens nécessaires pour trouver refuge » Juliane R. (29).