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Découpages et organisation spatiale Rapports entre le bâti et les espaces verts

Dans le document DENSITÉS – DÉCOUPAGES - DÉPLACEMENTS (Page 121-127)

LA FORME URBAINE ?

C HAPITRE 6 O PÉRATIONS URBAINES :

4. Découpages et organisation spatiale Rapports entre le bâti et les espaces verts

Il est ressorti de l'analyse précédente que l'une des sources de différences dans les densités résidentielles résultait des choix dans le rapport entre les parties bâties et les espaces verts, qui sont très tranchés :

- A Malbosc, la répartition des densités est assez homogène à l'intérieur du périmètre de la ZAC parce qu'elle est contrebalancée par un immense parc, d'une surface équivalente, qui la jouxte. Ce parc est implanté sur le plateau qui domine la ZAC et qui la sépare de la vallée suivante, où s'étendent presque parallèlement, les grands ensembles de la Paillade.

Il est intéressant de comparer ce dessin, sorti de l'atelier de Fr. Kern, avec la vue aérienne de la page précédente : l'insistance ici est forte sur les interpénétrations entre le parc, au sud, et la ZAC, en contrebas, alors que la réalité bâtie est très tranchée.

A Bottière Chenaie, un parc linéaire est inclus dans le périmètre de la ZAC. Il remplit plusieurs offices : outre celui du paysage en reprenant le lit d'une petite vallée de ce territoire, qui était maraîcher, et celui de lien transversal entre quartiers, dont nous avons déjà souligné l'intérêt, il n'est pas relégué sur les bords mais constitue aussi un axe "attractif", vers lequel se tournent les opérations : les logements de Boscop orientent ses ouvertures vers le parc, des immeubles publics et collectifs de taille plus importante suivent son alignement, en face.

C'est aussi l'existence de ce parc, structurant toute la ZAC de part en part, qui a permis aux opérations d'être assez dense (cfr. point suivant sur l'échelle des lots), l'ouverture visuelle le compensant.

A Bordeaux, les espaces verts sont plus intimement mêlés au bâti, avec l'alternance des lanières. On s'écarte aussi, progressivement, de l'idée de parc ou de jardin public (mis à part l'aménagement des berges), puisque le jardin botanique est fermé, que les

percées visuelles entre les immeubles-villas sont de l'espace collectif mais non public, et que les autres axes végétaux sont les rues, publiques donc mais non pas des jardins.

A Euralille 2, enfin, si la promotion de l'opération insiste également sur la notion d'espace vert associé à l'habitat, ce n'est plus dans un rapport de juxtaposition plus ou moins fine mais bien, ici, de coïncidence complète : les mêmes hectares constituent à la fois "le bois" et "l'habité".

Et il n'y en a en effet pas d'autre parc prévu dans le périmètre de la ZAC (si ce n'est des espaces arborés pour le stationnement par exemple ou dans l'entre-deux des programmes importants). C'est donc un argumentaire particulier, très lié au logement et donc à l'échelle architecturale : on parle de "cabane dans les arbres" par exemple. Cela n'empêche pas l'aménageur de produire aussi certains plans visant aussi à mettre le plus possible en évidence la présence de "verdure" dans les environs de la ZAC.

Rapports intérieur/extérieur et usages de la centralité

La “continuité urbaine” est l'objectif affiché de l'aménagement urbain à Euralille et on comprend bien en ce sens, non seulement l'implantation de la ZAC, qui pousse l'urbanisation non plus jusqu'au boulevard Hoover mais jusqu'aux infrastructures lourdes (SNCF et voies rapides), mais aussi la desserte latérale tout le long du boulevard et la volonté de produire de la densité urbaine.

Néanmoins, il n'est pas si évident de créer de la “continuité urbaine” avec la ville adjacente dès lors que celle-ci, de l'autre coté du boulevard, est constituée d'immeubles-barres, en obliques par rapport à l'axe de la voirie et eux-mêmes disposés en objets dans un espace vert (curieusement non repris dans le plan précédent).

L'opération répond cependant assez bien, en terme d'échelle, aux gabarits de ces immeubles qui lui font face et peut donner ainsi une cohérence au boulevard. De même, les immeubles long et bas, non résidentiels, qui bordent l'autre coté fonctionnent assez bien avec les infrastructures à grande vitesse.

Dans ce contexte, le logement ainsi "protégé" trouve bien sa place en cœur d'opération. Mais des questions sans doute difficiles à résoudre concerne l'orientation des fonctions collectives ou publiques qui forment les bords : se tournent-elles vers la ville existante ou vers les nouveaux habitants ? En effet, on perçoit actuellement, des effets d'arrières d'immeubles assez durs, tournés vers le Bois Habité, et à l'inverse, des activités commerciales qui peinent à s'animer du coté du boulevard, en fait (encore) peu fréquenté.

L'opération Cœur de bastide, au contraire, n'a pas réellement de "cœur", ni attractif ni protégé, ni structurant. La disposition en lanière évoque plutôt l'idée de "ville passante"38, fluide et ouverte. Et la fluidité produite par ce plan mène en fait dans tous

les cas vers les berges du fleuve, aménagées pour la promenade, donc encore la circulation, même douce.

Par ailleurs, c'est un quartier presque "enclavé", par la boucle du fleuve, d'un coté, par la rupture d'échelle très contrastée que produisent les fonctions implantées parallèlement à l'avenue de Tiers, notamment le complexe de cinéma implanté dans l'ancienne gare et surtout, son parking, mais aussi l'ensemble de bureaux de l'îlot B (12.000 m² de SHON), le Centre national de la fonction publique territoriale d’Aquitaine, etc.

Par conséquent, la traversée de ce morceau de tissu urbain, même fluide, ne développe pas d'autres parcours urbains que ceux de la desserte immédiate des habitants du quartier, ce qui est finalement, une caractéristique assez commune des ZAC contemporaines ; dans le cas contraire, son échelle se parcourt, ou se contourne, encore globalement en voiture.

Bottière-Chenaie s'organise parallèlement à l'axe du mail qui traverse toute la ZAC et, avec l'autre axe croisé de la route de Sainte-Luce, celui-ci semble connecter au mieux, à cette échelle, les nouveaux tissus avec ceux adjacents.

Mais à une échelle plus fine, des discontinuités apparaissent : entre la rue de la Sécherie, par exemple, et les rues transversales des lotissements lui faisant face qui se

terminent en fait en cul de sac. Le bord de l'aile Ouest du "papillon" est encore moins net : en effet, il est perçu comme le fond des îlots, qui s'organisent parallèlement au mail principal mais produisent dès lors des triangles résiduels systématiques.

Pourtant, ce coté de la ZAC est en fait bordé par un axe qui pourrait devenir important et générateur de flux et lieu d'entrée dans la ZAC : c'est celui que parcourt le tramway. Cependant, c'est aussi l'axe SNCF qui monte au Nord, vers Rennes notamment et les possibilités pour le traverser ne sont que ponctuelles mais une ébauche de rue parallèle semble se dessiner.

A Montpellier, enfin, un regard plus général semble montrer des récurrences dans l'organisation de la plupart des ZACS récentes, même celles plus centrales que Malbosc.

On y observe en effet une tendance à structurer la ZAC comme une entité ayant le plus possible sa propre autonomie, à la fois de services de proximité, mais aussi spatiale, en se tournant par exemple vers un intérieur arboré, public et souvent piéton, où sont proposées les fonctions attractives. (cfr. porte-folio n°6 – feuille 2).

La conséquence est dure pour les bords de ZAC, qui ne montrent que des arrières, souvent non alignés, et pour le lien entre les ZACs adjacentes, constitué généralement d'un boulevard qui souffre d'une incohérence entre ses bords et qui peine du coup à se structurer visuellement, si ce n'est à grand renfort de mobilier urbain.

C'est ici, à l'inverse d'un tissu urbain qui se lit et se pratique à différentes échelles, du local à l'agglomération, une juxtaposition d'opérations de même échelle qui manquent d'articulations entre elles.

Cette logique d'organisation en autonomie autour d'une centralité intérieure se décline aussi, dans plusieurs cas, à des échelles emboîtées. Ainsi, la ZAC a sa centralité, autour de laquelle s'organise des lots qui ont eux même leur propre centralité, etc. Il est dans ces conditions très difficile à l'architecture de se comporter autrement qu'en "objet" et de proposer des lectures claires d'avant/arrière, d'entrées publiques ou de lieux d'appropriations. (cfr. porte-folio n°6 – feuille 3).

Malbosc n'échappe pas à cette perception, bien qu'elle soit d'échelle plus large et incluse dans une urbanisation existante déjà beaucoup plus lâche. Mais on y retrouve aussi la perception d'une entité, au périmètre très fermé, avec peu d'entrées, même si le "cœur" public et collectif de la ZAC se trouve en lien assez direct avec l'entrée principale ; toutes les opérations tournent le dos aux bords de la ZAC qui sont des voies rapides ; et plusieurs lots ont été conçus avec leur propre centralité intégrée. C'est ainsi que l'on a pu écrire que la procédure des ZACs favorisait le zonage, parfois malgré elle. Pour certaines d’entre elles, une affectation précise a été attribuée : ainsi Odysseum est un complexe ludico commercial, Le Millénaire est composé de bureaux et Hippocrate uniquement d’équipements de santé et de soins. Alors que la procédure ZAC permet de financer les équipements publics, ceux-ci se retrouvent généralement au cœur de l’opération plus que le long de flux, ce qui ne favorise pas leur accessibilité.

Dans le document DENSITÉS – DÉCOUPAGES - DÉPLACEMENTS (Page 121-127)