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De l’approche sectorielle à l’approche globale

S OMMAIRE DU CHAPITRE 1

III.2 Culture ou climat Qualité, Sécurité et Environnement

III.2.1 Perception de la qualité

Tarondeau dans [Tarondeau 02], fait remonter l’apparition du management de la qualité au début du siècle et au « scientific management » de Taylor : la qualité est effectuée par l’inspection qui amène le rejet ou la récupération des produits défectueux. Cette phase de son histoire fut suivie par celle du contrôle statistique dans une approche de réaction et des actions curatives.

L’approche fut, plus tard, améliorée pour passer à la prévention au travers d’analyses plus fines des statistiques et de leur exploitation.

La qualité pénètre les sphères du management et de la stratégie de l’entreprise avec les travaux de Deming [Deming 88]. L’approche de Deming allie l’utilisation des techniques statistiques et la mise en œuvre de modes de management (Roue de Deming, Cercle de progrès).

La culture qualité est intervenue dans les entreprises au travers des cercles qualité et à ce sujet, il a été rapporté à plus d’une occasion [Bosche et al 84] que les entreprises où les cercles de qualité se développaient efficacement avaient comme caractéristiques principales d’avoir des traits de culture marqués par un sens de la rigueur et une orientation vers le travail de groupe. Le fondement des normes de management qualité reprend avec force ce type de traits.

Cependant l’avènement de la normalisation et surtout de la certification a quelque peu freiné cet élan ; il y a, d’un côté, la motivation pour la qualité où simplement dominent l’amour du travail bien fait, le souci du client, le bon travail en équipe, l’esprit d’entreprise, la conscience professionnelle. De l’autre côté, il y a l’ardeur pour la certification dominée par l’adhésion à la règle, une formalisation rigoureuse et un certain nombre de dispositions imposées. Les entreprises vivent aujourd’hui une espèce de confusion et de tiraillement entre les réticences culturelles et la vision théorique des normes [Doucet 03].

Depuis plusieurs années, il est devenu important pour une entreprise d'appliquer des méthodes d'organisation régies par des normes. Dénommées normes de qualité, de sécurité ou d'environnement, toutes sont fondées sur des règles et procédures qu'il faudra appliquer à une organisation d'hommes déjà mise en place. Ces démarches de développement de concepts théoriques se heurtent souvent à la difficulté d'adaptation au terrain, car elles proposent une démarche rationnelle et cohérente de traitement de problèmes qui ne s’adapte pas toujours à la cohérence de l'organisation et de ses références. Il faut donc décrire précisément les problèmes en jeu, puis élaborer progressivement des références-clés pour encadrer l'action dans l'avenir. Une bonne connaissance de la culture d'entreprise s'impose, car ses références sont élaborées à partir de l'existant et non réinventées.

L'action de management ne doit donc pas se réduire et se borner à l'application pure et simple de règles ou de modèles, elle doit trouver des modes de réponses appropriées et spécifiques à l'entreprise dans les références de sa propre culture. Pour une meilleure efficacité dans l'élaboration de tels projets, toutes ces mesures

doivent s'adapter à l'entreprise et non l'inverse. Ce point est tout à fait crucial si l'on veut que cela devienne une véritable référence et non une simple déclaration d'intention.

Une enquête [Delaigue et al 04] menée dans des entreprises certifiées ou envisageant la certification montre que parmi les avantages de la normalisation il y a amélioration des résultats et la cohérence des objectifs et, parmi les inconvénients, la lourdeur dans l’animation, la compétence, la responsabilité et la difficulté d’intégration.

Considérant le fait que le mouvement de normalisation et de certification est allé assez loin dans une période relativement courte, depuis 1995, il est difficile de parler de culture qualité au sens évoqué plus haut ; il s’agit plutôt d’un climat qualité.

III.2.2

Perception de l’environnement

En matière d’environnement les choses sont arrivées très vite. L’environnement (écosystème) et les agressions qu’il subit suscitent aujourd’hui non seulement des propos et des écrits ; mais également et surtout une prise de conscience responsable en continu et en même temps des efforts considérables. Le processus a été relativement rapide (Conférence de Stockolm 1972 – Conférence de Rio 1992) et a fini par s’affirmer, et des progrès considérables ont été enregistrés [London 96].

L’opinion a largement été sensibilisée aux effets produits par ces agressions, qu’elles soient spectaculaires comme Tchernobyl ou ERIKA ou qu’elles le soient moins comme les diverses techniques d’élimination des déchets de notre société et notre façon d’exploiter les ressources naturelles.

Sur le terrain et depuis la Conférence de Rio, le processus autour du développement durable et de la protection de l’environnement a donné lieu à la mise en place de dispositions diverses et variées sur des entités de toutes dimensions (du ménage aux sociétés et entreprises industrielles en passant par les activités agroalimentaires). L’objectif est que chacun, à sa mesure, prenne en charge la protection de ce patrimoine universel qu’est l’environnement. Il y a là un appel à la responsabilité collective et surtout individuelle.

Le processus fut davantage accéléré par un certain nombre de phénomènes ou pressions liées à l’économie et aux assurances par exemple.

Enfin le phénomène étant pris en charge par la société au sens large, l’identification de l’individu avec les valeurs que la protection de l’environnement exige va rapidement et même sûrement transformer le climat environnemental en culture environnementale.

III.2.3

Perception de la sécurité

L’idée de protéger les ouvriers contre les accidents du travail et les maladies professionnelles n’est pas récente. En 1770, un médecin italien de Modène, Bernadin Ramazzini, publiait un traité sur les maladies des artisans. Cet ouvrage connut un certain succès et fut traduit en français en 1777. En 1822, Pâtissier, médecin français publiait un volume similaire plus général, portant sur 213 professions et concernant les diverses maladies professionnelles et les accidents du travail.

Mais c’est Engel Dolfuss qui intéresse les industriels français au problème de la prévention. En 1867 est créée à Mulhouse la première association pour prévenir les accidents de fabrique. En 1883 est fondée l’Association des industriels de France pour la prévention des accidents du travail. Enfin, en 1904, le Conservatoire des Arts et Métiers installe un musée de sécurité du travail.

Le sujet Santé-Sécurité au travail a traversé trois phases dans l’histoire ; la première pendant presque un siècle et la deuxième et la troisième depuis le milieu du XXème.

Première phase :

La prévention est dans les mains de l’homme d’expérience [Dos Santos 91]. Le

XIXème siècle et la moitié du XXème ont vécu sur le mythe du progrès : les techniques

devaient nécessairement amener le bonheur de l’humanité. Il en a résulté alors le développement des sciences de la matière et de la nature au détriment des

conditions de vie et de travail des individus. Les problèmes de sécurité se posèrent sur un registre moralisant et pour la sécurité : le bon sens suffit.

Deuxième phase : un référentiel de règles techniques et de réglementations

Même si les premières lois et l’institution des corps d’inspection du travail

remontent à la fin du XIXème siècle, ce n’est en réalité qu’après la deuxième guerre

mondiale que s’est accéléré le processus de production de réglementation sur les questions d’hygiène et de sécurité et c’est aussi depuis cette époque que les techniques de l’ingénieur ont produit le plus de solutions aux problèmes posés. Seulement aussi bien les techniques que les réglementations se sont adressées aux problèmes de façon thématique et parcellaire dans un raisonnement de réaction aux dysfonctionnements et aux accidents ; un raisonnement qui a cultivé la culture du droit à l’erreur et la culture de solutions par itération échec/modification.

Troisième phase : Cette phase se caractérise par un intérêt académique plus

fort. En effet, ce n’est qu’à la suite de l’accident de Tchernobyl que l’intérêt d’études et recherches sur le sujet de la culture sécurité s’est réellement manifesté [Booth 93]. Depuis, il existe une littérature relativement abondante. Ces études proposent des définitions du sujet et font clairement ressortir l’influence du management sur la culture sécurité [Gadd et al 02], comme le suggèrent les exemples de définitions suivants :

Définition produite par « International Atomic Energy Agency 1988 », à la suite de l’accident de Tchernobyl.

« Ensemble des caractéristiques dans une entreprise et des

comportements chez les individus qui font que c’est la signification qu’on donne à un risque donné qui influence l’importance qu’on lui accorde »

Définition produite par la « Confédération of British Industries 1990

« Ensemble de valeurs, attitudes et comportements qui confère à une entreprise ses caractéristiques particulières »

Définition du « Health and Safety Commission 1993 »

« Produit des valeurs, des attitudes et des compétences des individus et des groupes qui détermine l'engagement dans les programmes de sécurité ainsi que le style et le professionnalisme qui les accompagnent »

Au travers de cette définition nous comprenons qu’il s’agit, dans notre cas, d’arriver à ce produit par l’action du management sur les valeurs (sensibilisation à la responsabilité).