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I. Synthèse Bibliographique

I.4. Le Karité (Or des Femmes)

I.4.4. Culture

I.4.4.1. Les conditions de culture

Le karité est un arbre qui pousse exclusivement en Afrique dans les savanes arborées de la région sahélienne. Il n'a jamais pu faire l'objet d'une culture organisée à ce jour. Pour bien se développer, il a besoin de certaines conditions écologiques. Parmi celles-ci, on peut citer notamment une pluviométrie importante (1000 mm/an). C'est un facteur déterminant pour le niveau de rendement. L'existence de deux saisons, une sèche et une humide, bien distinctes au long de l'année constitue une condition nécessaire à sa croissance. Le karité est un arbre qui s'acclimate assez bien aux sols pauvres et aux environnements secs.

Il existe en fait deux variétés principales de karité. La première Vitellaria

paradoxa pousse principalement en Afrique de l'Ouest, alors que la seconde :

Vitellaria nilotica est essentiellement produite dans le nord de l'Ouganda et dans le sud du Soudan. Le karité demande un certain temps avant de commencer à produire. Les premiers fruits apparaissent lors de la quinzième année, mais la pleine maturité de l'arbre n'est atteinte qu'à partir de la vingt-cinquième année. Une fois cette date passée, l'arbre peut produire pendant près de deux siècles.

Une campagne commence par l'éclosion des fleurs, entre les mois de décembre et de mars. Ces fleurs sont de couleur brune et dégagent un parfum prononcé. Cinq mois plus tard apparaissent les premiers fruits. La récolte se fera pendant la période des pluies, entre les mois de juin et de septembre. Cette tâche est un travail essentiellement féminin qui demande beaucoup de rapidité, ainsi qu'une grande attention afin de ne pas risquer d'endommager les fruits (un terme plus approprié que celui de récolte serait d'ailleurs ramassage). En effet seuls les fruits tombés au sol sont recueillis car ils ont atteint leur pleine maturité et donneront, par conséquent, un taux plus élevé en graisse. Ce sont les femmes également qui préparent le beurre de karité à partir des noix ramassées. Elles les concassent, puis les cuisent dans l'eau bouillante et finalement les malaxent et les façonnent sous forme de boules (UNCTAD, 2006).

I.4.4.2. Les rendements

Traditionnellement, on estime qu'un arbre à karité donne entre douze et quinze kilos de noix sèches par an. Une fois traitées de manière artisanale ou

qui donneront après traitement entre un et deux kilos de beurre de karité. Cependant ces chiffres sont sujets à de très fortes variations suivant le lieu et l'année de production.

Actuellement, la production du karité est un marché de niche, notamment du fait de l'absence de culture à proprement parler. Toutefois, cela pourrait changer à l'avenir notamment sous l'effet :

1) de la Directive européenne "cacao et chocolat" adoptée le 3 août 2000 et qui autorise le recours à 5% de matières grasses végétales autres que le beurre de cacao,

2) de la recherche menée par quelques pays et organismes internationaux aussi bien publics que privés quant à la possibilité de développer la culture du karité.

Depuis 1961, le rendement mondial de noix de karité est resté stable avec une moyenne de 1,9 t/ha. Une étude plus poussée au niveau des pays producteurs permet de constater que près de 60% de la production mondiale est fournie par un seul pays, le Nigeria. Il s'agit pourtant du pays au rendement à l'hectare le plus faible mais il bénéficie de l'importance de la superficie des terres cultivées. En ce qui concerne les autres pays producteurs, leur rendement est plus important, en moyenne entre 2,5 t/ha. Cette productivité a connu une réelle stabilité durant ces quarante dernières années, sauf en ce qui concerne la Côte d'Ivoire. En effet, même si cette dernière annonce un taux de rendement moyen équivalent: 2,41 t/ha sur quarante ans, elle affiche de grandes fluctuations, en particulier depuis le milieu des années 1980, passant ainsi de 2,53 t/ha en 1985 à 2,02 t/ha en 1992, puis 4,03 t/ha en 1995 et finalement 2,18 t/ha en 2005 (UNCTAD, 2006).

I.4.5. Qualité

I.4.5.1. Critères de qualité au niveau mondial

Etant donné la petite taille du marché du karité et surtout son faible degré d'organisation, aucune norme n'a encore été définie à son sujet au niveau international. Par contre, une réglementation existe pour le chocolat et pour les ingrédients autorisés dans sa composition (Règlement CE 36/2000). En effet, 5% de graisse non issue du beurre de cacao sont maintenant autorisés dans la fabrication du chocolat et le beurre de karité qui possède une plage de fusion proche de celle du

cacao, subit une demande importante qui pourrait avoir une influence sur ce secteur à court terme.

I.4.5.2. Critères de qualité minimaux à l'importation

D'après une étude de mai 1999, menée par la société Fintrac Inc. Intitulée "market and technical survey : Shea nuts", il semblerait que des précisions soient apportées quant à la composition des noix de karité lors de leur importation. D'après cette enquête, la référence en la matière serait la suivante (en % par livre):

- Acides gras libres (FFA) = 6% - Teneur en humidité = 7% - Teneur en huile = 45% - Teneur en latex = 4% à 10%

La teneur en huile est l'élément qui prévaut dans l'analyse de la noix de karité du fait de son influence lors de la fabrication de beurre qui entre lui-même dans la production des "équivalents beurre de cacao (CBE)" pour le chocolat. Si l'analyse montre une teneur en huile plus élevée, ainsi qu'un niveau plus faible d'eau et d'acides gras libres, l'exportateur recevra une prime pour son karité. Les acheteurs de beurre de karité peuvent également recommander un certain indice d’iode directement relié à la saturation du beurre ainsi qu'une plage de fusion plus faible. Il est important que le produit soit, dans la mesure du possible, exempt de corps étrangers. Dans l'industrie des cosmétiques et de la pharmacologie, le produit doit avoir subi un niveau de raffinage très poussé impliquant un cahier des charges détaillé présentant les différents niveaux d'acides gras, d'indice de réfraction ainsi que d'indice de saponification.

I.4.6. Les secteurs d'utilisation

Dans les pays où il est produit, le karité sert principalement de graisse de cuisson pour les aliments. Dans deux des principaux pays producteurs: le Mali et le Burkina Faso, le karité est la première source de graisses alimentaires pour les populations rurales. Toutefois, il est également employé dans d'autres domaines tels que ceux de l'hygiène corporelle (fabrication de savons) ou de la cosmétique (pour le corps, le visage et les cheveux).

Les principaux débouchés des produits du karité à l'exportation sont la filière chocolatière, l'industrie de la cosmétique ainsi que de la pharmacologie (UNCTAD, 2006).

I.4.6.1. Le débouché chocolatier

Sachant que le beurre de cacao représente le cinquième du poids du chocolat et environ 10% de son coût de revient, un effet de substitution de produits avec le beurre de karité dont le coût est bien moindre existe. Cette substitution était déjà autorisée dans diverses régions du monde telles que les Etats-Unis (avec un maximum de 5% de graisses végétales dans le chocolat), le Japon (entre 5% et 8%) et l'Europe orientale (jusqu'à 15%).

A l'aube du nouveau millénaire, le débouché de la chocolaterie représente environ 95% des importations mondiales de noix et de beurre de karité. Dans ce cadre, les industriels de la branche s'intéressent aux caractéristiques de ce produit et en particulier à sa vocation à dégager des oléines et des stéarines lorsqu'il est fractionné. Le beurre de karité offre aux consommateurs l'avantage de ne pas fondre à température ambiante. Il est de ce fait très employé dans les opérations de nappage ou de couverture des barres chocolatées ou des confiseries à base de cacao par exemple.

I.4.6.2. La cosmétologie et la pharmacologie

La teneur très élevée du beurre de karité en insaponifiables lui procure des propriétés particulières très recherchées dans ces deux industries. Bien que ne représentant à l'heure actuelle que 5% des importations globales, ces deux débouchés devraient se développer à l'avenir notamment sous l'effet d'un retour au naturel et aux produits ethniques. En outre, ces utilisations requièrent la conservation des qualités physiques et chimiques du karité, ce qui ne peut être obtenue que par la voie du traitement traditionnel ou semi-industriel. Ainsi les pays producteurs devraient capturer une plus grande part de la valeur ajoutée du beurre de karité. Finalement, quelques grands groupes de cosmétiques à l'instar de "The body shop" ou "l'Occitane" ont décidé de sécuriser leurs approvisionnements en concluant des accords avec des groupements de femmes productrices dans certains pays fournisseurs de karité (Figure I.6).

Figure I.6 : Quelques produits du Karité

(Source: El Sheikha, 2009b)