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Cultivons la conscience de l’énergie qui motive nos actions

Dans le document Les mots sont des fenêtres (Page 87-90)

En relisant la phrase « Je choisis de… parce que je veux… » vous découvrirez peut-être – comme je l’ai fait pour la conduite des enfants à l’école – les valeurs importantes qui motivent vos choix. Je suis convaincu que lorsque nous avons clarifié les besoins servis par nos actions, nous pouvons vivre celles-ci comme un jeu, même si elles entraînent un travail acharné, des difficultés ou une frustration.

Pour certains des points sur votre liste, vous découvrirez peut-être une ou plusieurs des motivations suivantes :

Pour l’argent

L’argent est, dans notre société, une forme très importante de récompense extrinsèque. Les choix motivés par le désir d’une récompense sont coûteux : ils nous privent de la joie de vivre qui accompagne les actions fondées sur l’intention claire de contribuer à un besoin humain. L’argent n’est pas un « besoin » tel que nous le définissons en CNV ; il s’agit de l’une des innombrables stratégies que nous pouvons choisir pour s’occuper d’un besoin.

Pour l’approbation

Comme l’argent, l’approbation des autres est une forme de récompense extrinsèque. Notre culture nous a habitués à être avides d’approbation. Nous avons fréquenté des écoles où c’est par le biais de facteurs extrinsèques qu’on nous a motivés à étudier ; nous avons grandi dans des familles où nous étions récompensés d’être de petits enfants bien sages, et punis lorsque ceux qui s’occupaient de nous nous jugeaient autrement. C’est ainsi que, en tant qu’adultes, nous nous méprenons facilement en pensant que la vie consiste à faire des choses pour être récompensés ; nous sommes toujours en quête d’un sourire, d’un compliment, d’un jugement verbal nous qualifiant de « type bien », « bon parent », « bon citoyen », « bon travailleur », « bon copain », etc. Nous agissons pour nous faire aimer des autres et nous évitons ce qui pourrait les amener à ne pas nous apprécier ou à nous punir.

Je trouve dramatique que nous en fassions autant pour acheter l’amour des autres et que nous partions de l’idée que nous devons renoncer à nous-mêmes et agir pour les autres dans le but de nous faire aimer. En réalité, si nous agissons uniquement pour servir la vie, nous verrons que les autres nous apprécient.

Néanmoins, leur appréciation n’est qu’un mécanisme de retour confirmant que nos efforts ont eu l’effet désiré. Reconnaître que l’on a choisi de mettre ses forces au service de la vie et qu’on y est parvenu avec succès permet d’éprouver une joie sincère et un contentement de soi que l’approbation des autres ne peut pas nous procurer.

Pour échapper à la punition

Certains d’entre nous paient leurs impôts en premier lieu pour éviter d’être punis. Par voie de conséquence, ils risquent fort d’appréhender ce rituel annuel avec une certaine mauvaise volonté. Je me souviens pourtant que, lorsque j’étais enfant, mon père et mon grand-père avaient une tout autre approche vis-à-vis des impôts. Ils avaient immigré de Russie aux États-Unis et souhaitaient apporter leur soutien à un gouvernement qui, selon eux, protégeait les gens bien mieux que le tsar. En pensant aux nombreuses personnes qui bénéficiaient d’une assistance grâce à l’argent de leurs impôts, ils éprouvaient un véritable plaisir à envoyer leur chèque au gouvernement américain.

Pour éviter la honte

Il se peut que nous fassions certaines choses simplement pour éviter la honte. Nous savons que si nous ne les faisons pas, nous finirons par nous juger nous-mêmes très sévèrement, en entendant notre propre voix nous dire combien nous avons tort ou sommes stupides. Si nous agissons uniquement par souci d’éviter la honte, nous finirons généralement par détester ce que nous faisons.

Pour éviter la culpabilité

À d’autres moments, nous pensons peut-être « Si je ne fais pas telle chose, je vais décevoir ». Nous avons peur de finir par nous sentir coupables de ne pas avoir été à la hauteur des attentes des autres. Il y a un monde de différence entre faire quelque chose pour quelqu’un afin de ne pas se sentir coupable ou le faire en étant clairement conscient de son besoin de contribuer au bonheur de l’autre. Le premier monde est un monde plein de misère, le second un monde plein d’amusement.

Soyons conscients des choses que nous faisons par désir d’argent ou pour l’approbation des autres, par peur, par honte ou par culpabilité. Sachons ce qu’elles nous coûtent.

Par obligation

Lorsque nous employons un langage qui dénie le choix, par exemple lorsqu’il contient des termes tels que

« je dois », « il faut », « je suis obligé de », « je suis censé », « je ne peux pas faire autrement », etc., notre comportement est conditionné par une impression vague de culpabilité, de devoir ou d’obligation. Je considère que, parmi toutes les manières dont nous agissons lorsque nous sommes coupés de nos besoins, celle-là est la plus dangereuse pour notre société et la plus regrettable sur le plan personnel.

Au chapitre 2, nous avons vu comment le concept de l’Amtssprache a permis à Adolf Eichmann et à ses collaborateurs d’envoyer à la mort des dizaines de milliers de personnes sans qu’ils se sentent affectés émotionnellement ni responsables personnellement. Lorsque nous employons un langage qui nie le choix, nous laissons tomber l’énergie vitale en nous au profit d’une mentalité qui nous fait agir comme des automates et nous coupe de notre propre essence.

Le comportement le plus dangereux de tous consiste à faire des choses « parce qu’on est censé les faire ».

Après avoir analysé votre liste, vous déciderez peut-être d’abandonner certaines tâches, de la même manière que j’ai choisi de renoncer à la rédaction des rapports cliniques. Aussi radical que cela puisse paraître, il est possible de faire les choses uniquement par jeu. Je crois que la qualité de la bienveillance que nous nous manifestons à nous-mêmes est directement tributaire du plaisir que nous avons à nous investir instant après instant dans le jeu qui consiste à rendre la vie plus belle – si telle est bien notre unique motivation que d’embellir la vie.

Résumé

C’est peut-être dans la manière dont nous nous traitons nous-mêmes que la CNV joue son rôle le plus important. Lorsque nous commettons des erreurs, nous pouvons utiliser le processus du deuil en CNV et du pardon pour apprendre à grandir, au lieu de nous emprisonner dans les jugements moralisateurs envers

nous-mêmes. Si nous évaluons notre comportement sous l’angle de nos besoins insatisfaits, ce n’est pas la honte, la culpabilité, la colère ou la dépression qui nous pousse au changement, mais l’authentique désir de contribuer à notre bien-être et à celui des autres.

Nous cultivons également la compassion envers nous-mêmes en faisant le choix conscient, chaque jour de notre vie, d’agir uniquement au service de nos propres besoins et valeurs plutôt que par devoir, pour obtenir une récompense extrinsèque ou pour échapper à la honte, à la culpabilité et à la sanction. En revoyant toutes les choses que nous nous obligeons à faire sans la moindre joie et en traduisant les « je dois » en « je choisis de », nous découvrons davantage de jeu et d’intégrité dans notre vie.

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Dans le document Les mots sont des fenêtres (Page 87-90)