Critique de la théorie moderne
Après avoir ainsi exposé ces différentes possibilités d’organisation de la cognition linguistique, Jacobson argumente pour la thèse selon laquelle l’architecture proposée par la TM est la moins viable et la plus inutilement complexe de toutes. Il y a selon elle une complexification croissante entre la CDF et la TM. Les trois premiers paradigmes (CDF, CDA et CP) ont en commun de coupler syntaxe et sémantique dès le début. Une théorie aussi évidemment plus complexe que l’est la TM doit donner une bonne justification de sa complexité supplémentaire. Jacobson pense que Chomsky ne nous donne pas une telle justification et que nous devrions donc user du principe du rasoir d’Ockham et éliminer la TM. Pour Jacobson, un simple impératif de simplicité devrait nous inciter à préférer des théories dans lesquelles syntaxe et sémantique marchent de concert à celle dans laquelle il y a une disjonction entre ces deux aspects du langage et qui, de surcroît, ne nous fournit aucun indice sur la bonne théorie sémantique.
Elle pense également que si les traitements sémantiques se faisaient vraiment au terme de l’analyse syntaxique, l’on ne voit pas bien pourquoi elle s'occuperait d'attribuer du sens aux unités syntaxiques au lieu de prendre vraiment le résultat de la syntaxe comme objet. Le divorce Syntaxe/Sémantique introduit selon elle une redondance que Chomsky doit justifier.
On pourrait baptiser l’énigme de Jacobson la question suivante : si la TM est à ce point redondante et sans intérêt pour le sémanticien, comment expliquer qu’elle semble devenir le paradigme dominant en sémantique ? Jacobson elle‐même reconnait la domination de TM. Elle identifie deux causes possibles à cette situation qu’elle trouve paradoxale :
• D’abord ce que nous pourrions nommer l’effet mouton de panurge: selon Jacobson, la plupart des sémanticiens et des syntacticiens travaillent sur leur petit domaine de recherche et ne se posent pas de questions générales sur la structure globale de leur discipline. Ils penseraient que l'alternative est entre la TM et la CDF. Étant donné qu’ils croient savoir par ailleurs que la CDF a des caractéristiques inacceptables comme le fait d’avoir une syntaxe indépendante du contexte, ils considèrent naturellement que la TM est vraie. De plus poursuit Jacobson, la vulgate prétendant que QR résout tous les problèmes liés à la portée des quantificateurs et les travaux de Huang sur la langue chinoise confortent l'idée que la TM est empiriquement confirmée au delà de tout doute raisonnable. Jacobson considère cependant qu’aucune étude sérieuse de la manière dont les autres alternatives possibles, comme la CP, auraient expliqué les mêmes données n’a été faite. Puisque CP est une sémantique générative améliorée et que cette dernière, comme nous l’avons dit a beaucoup en commun avec la TM, Jacobson pense qu’elle au moins, devrait être prise au sérieux par ceux qui veulent une grammaire transformationnelle non redondante.
• La seconde explication selon Jacobson est l’effet alma mater: les manuels de sémantique les plus populaires dans tous les programmes de
182 linguistique formelle du monde sont le Chierchia & McConell‐Ginet (1990) Heim & Kratzer (1998). Or constate Jacobson, ces manuels posent le problème comme une opposition entre CPA et TM et proclament la TM vainqueur. Les sémanticiens sortiraient donc de l’université en ayant intégré que le seul cadre viable est la TM.
Jacobson considère que si l’on fait abstraction de ces deux raisons superficielles d’accepter la TM, il est possible d’en montrer l’inadéquation et elle donne un exemple censé illustrer l’idée que la prétention de la TM à savoir gérer les portées des quantificateurs dans des phrases à multiples GNQ est une imposture.
Cet exemple part de la phrase suivante :
Which agent was assigned to find out which woman memorized which book?
Supposons, nous dit Jacobson, que nous soyons dans le monde de Farenheit 451128, où des livres auraient été interdits et où des résistantes se seraient organisées pour mémoriser chacune une œuvre importante de la littérature universelle. A la suite de Baker (1968) qui est l’auteur de cet exemple, Jacobson soutient que cette phrase est potentiellement ambiguë mais n’a que deux interprétations possibles. Soit cette phrase porte sur l’identité de l’agent qui est chargé de s’occuper du dossier de tous les mémorisateurs ; soit elle porte sur l’appariement des agents et des livres. Dans le premier cas une réponse pourrait être : « C’est l’agent 007 qui s’en occupe. » Dans la seconde lecture, la réponse fournirait des couples agent/livre. La réponse serait du genre : « L’agent 007 doit identifier la personne qui mémorise Anna Karénine, l’agent 008, la dame qui mémorise Hamlet… » En revanche, estiment Jacobson et Baker, la lecture qui associerait les agents aux femmes est impossible. Une telle lecture correspondrait à l’application de l’opération de QR aux GNQ Which agent et Which woman et donnerait la formule en LF suivante :
[which agent1 [which woman2 [t1 was assigned to find out t2 memorized which book?]]]
Le problème souligne Jacobson, c’est que la TM n’a aucun moyen de rendre compte de cette impossibilité parce qu'aucune contrainte syntaxique n'explique le blocage de cette LF. Jacobson présente cette impossibilité comme une objection à la fois à la TM et à la CP. Il nous semble cependant qu’elle se trompe doublement :
• D’une part, la TM ne prétend pas donner la dérivation des conditions de vérité d’une phrase mais seulement les « aspects de la représentation sémantique qui sont strictement déterminés par la grammaire, abstraction faite des autres systèmes cognitifs. ». On ne peut pas reprocher au linguiste générativiste de ne pas fournir une analyse sémantique complète alors que tout ce qu’il se proposait de faire, c’était de fournir une théorie de la compétence et non une théorie de la performance. La dérivation effective d’une formule en LF plutôt que d’une autre ne dépend pas seulement de la
128 Rappelons que Farhenheit 451 est une dystopie de Ray Bradbury dans laquelle les humanités sont interdites et des escouades de pompiers sont chargées d’organiser les autodafés de toutes les œuvres écrites.
183 machinerie syntaxique mais aussi d’aspects non linguistiques de la cognition. En tant que théorie de la compétence linguistique, la syntaxe doit fournir toutes les LF possibles, que ces dernières soient effectivement dérivées ou non. L’impossibilité de la lecture que pointe Jacobson n’est pas une impossibilité syntaxique.
• D’autre part, on pourrait même soutenir qu’une telle lecture n’est pas sémantiquement impossible, contrairement à ce qu’affirme Jacobson.
Selon elle, un appariement bijectif des agents et des dames est impossible pourtant, elle continue en écrivant :
“A second possibility is that (14) is a question about pairing of agents and books; here an appropriate answer would be that Agent 007 was assigned to find out the memorizer of Crime and Punishment, Agent 008 was assigned to find out the memorizer of The Brothers Karamazov, etc…”
Jacobson (2002:620)
Mais si l’on y prête attention, elle réalise subrepticement ce qu’elle prétendait impossible. En effet, dans la description définie « Le mémorisateur des frères Karamazov » par exemple, il est bien fait référence à la dame qui est chargée de mémoriser ce chef d’œuvre. Donc choisir de dire que l’on associe un agent avec un livre plutôt qu’avec une dame est largement extralinguistique et dépend de facteurs pragmatiques plutôt que syntaxiques ou sémantiques. Pour preuve, il nous parait aisé de manipuler le contexte de sorte que soit saillant le liage entre les agents et les dames. Par exemple, considérons le scénario suivant. Nous sommes toujours dans l’univers à la Farenheit 451 mais, cette fois‐ci, les services de renseignement ont fait leur travail ; un certain nombre de suspectes ont été appréhendées et la liste des œuvres interdites est connue de tous.
Dans ce cas, la phrase : Which agent was assigned to find out which woman memorized which book? aurait une lecture dans laquelle, ce qui est saillant, c’est l’identification des dames ou à la rigueur, le couple agent/résistante. Cela montre bien que le phénomène de double ambigüité dont parlent Jacobson et Baker est un phénomène pragmatique plutôt que syntaxique. Étant donné que ceci est exactement conforme aux prédictions de la TM, il nous semble que nous pouvons considérer que les objections de Jacobson ne sont pas concluantes.
Jacobson s’oppose également à la TM pour des raisons de simplicité. Selon elle, l’architecture de TM dans laquelle nous avons d’abord la dérivation de formules en LF puis un module sémantique censé prendre en entrée ces formules est redondante. En effet, si l’on adopte le point de vue du linguiste, il est clair qu’en plus des règles syntaxiques, il faut un jeu de règles sémantiques qui nous fournissent les conditions de vérité des énoncés. De plus, étant donné que la dérivation de ces règles sémantiques se fait indépendamment et après celle des règles syntaxiques, il faut des règles de correspondance entre les constituants syntaxiques et les constituants sémantiques pour faire la jonction entre la syntaxe et la sémantique. Une réponse possible à cette critique est que compte tenu de tous les arguments donnés pour l’indépendance empirique de la syntaxe et de la sémantique dans nos langues naturelles, cette redondance est impossible à éviter. Puisque la linguistique est une science naturelle ayant pour objectif de caractériser des langues naturelles plutôt que des langages idéaux, elle doit nécessairement refléter l’indépendance de la syntaxe par rapport à la
184 sémantique. Dans ce qui suit, nous allons choisir une stratégie différente pour répondre à l’objection de Jacobson. Ce faisant, nous exposerons notre théorie de l’interface langage/pensée qui s’appuie sur les développements précédents pour proposer une théorie cognitivement plausible de l‘interaction syntaxe/sémantique.
À l’interface Langage/Pensée
Si l’on se penche désormais non plus sur l’interface syntaxe/sémantique mais sur l’interface langage/pensée, alors le tabou de la sémantique traductionnelle tombe. En effet, dans le système linguistique tel que révélé dans le paradigme générativiste, il n’y a pas de place pour des représentations encodant du sens. Il faut donc trouver le moyen de faire le lien entre les représentations syntaxiques et les représentations sémantiques. Nous avions proposé le schéma suivant pour résumer l’architecture cognitive posée dans le cadre minimaliste :
!
!"# !!! $%%$ !!! &'"$
$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$狁$
!
!
!
"#$%!&!
'()%*+*,)-.#(!
/,0-(.12%!
Dans cette architecture, les formules en LF étaient utilisées par le module sémantique pour fournir les conditions de vérité des énoncés. Du coup, on pouvait accepter l’indépendance de la syntaxe sans trop s’occuper de la nature ou de la question de la nécessité de la sémantique proposée par les tenants de la sémantique formelle. De ce fait, la nécessité d’une sémantique traductionnelle ne se voit pas dans l’architecture de la cognition linguistique proposée par les linguistes générativistes y compris les plus orthodoxe. Pour voir que la position conciliante consistant à dériver des formules en LF et à laisser le sémanticien formel faire la jonction est intenable, il suffit de se demander sur quoi s’appliqueraient les transformations qui mènent à la production de formules en LF. Une réponse possible aurait été que ce sont les représentations phonologiques qui sont traitées par la syntaxe avant d’être envoyées au module sémantique de l’esprit. Cette réponse est bien évidemment inacceptable pour au moins deux raisons. D’abord, dans cette architecture, nous voyons que ce sont des processus différents qui son responsables du passage de SS à PF et LF. Il y a certes un traitement générativiste de la phonologie (cf. par exemple Chomsky &
Halle 1968) mais justement, ce que ces travaux ont montré, c’est que les règles phonologiques sont indépendantes des règles grammaticales. Une seconde raison de ne pas faire des représentations phonologiques l’objet de la syntaxe est que certaines catégories syntaxiques sont phonologiquement inertes quoique perceptibles par le module syntaxique de notre esprit/cerveau. Ce qui se passe quand nous interprétons une phrase contenant des traces silencieuses, c’est que
185 nous tenons compte de ces traces sans en avoir conscience. Cela se voit par exemple quand nous respectons la contrainte ECP qui nous enjoint de veiller à ce que les traces que nous laissons soient proprement gouvernées lors même que nous n’avons pas connaissance de l’existence de cette contrainte. Pour voir cette contrainte à l’œuvre, il faut se demander pourquoi (b) est une phrase grammaticalement acceptable alors que (a) ne l’est pas. Si nous appliquons la règle de montée des quantificateurs (QR) nous nous rendons compte que le pronom personnel qui a dans la phrase (b) pour fonction de gouverner la trace t.
Dans (a) c’est notre incapacité à gouverner proprement cette trace qui fait que la phrase est agrammaticale.
(a) *Quel est l’homme a frappé à la porte ? (b) Quel est l’homme qui a frappé à la porte ?
(a’) [quel1 [l’homme2 [t1 est t2] [t a frappé à la porte]]]]
(b’) [quel1 [l’homme2 [t1 est t2] [qui2 [t2 a frappé à la porte]]]
Mais si le traitement syntaxique ne s’applique pas à des représentations phonologiques, s’applique‐t‐il pour autant à des représentations spécifiquement syntaxiques ? Pour répondre à cette question, il faut se demander ce que pourraient être des représentations mentales spécifiquement syntaxiques. Il y a deux possibilités : soit ce sont les règles syntaxiques qui sont mentalement représentées, soit ce sont les entités que manipulent ces règles qui sont représentées. Lors de notre discussion de l’objection de Devitt, nous avions vu qu’il n’était pas nécessaire de postuler que les règles syntaxiques sont représentées. Ces dernières sont réalisées à travers le fonctionnement de l’esprit/cerveau sans qu’on ait besoin de postuler un niveau de représentation supplémentaire qui encoderait les règles et donnerait des instructions sur leur suivi. Postuler un tel niveau, ce serait potentiellement ouvrir la voie à une régression infinie. Les règles syntaxiques sont des idéalisations posées par le linguiste pour rendre compte du fonctionnement de notre esprit/cerveau. Il n’est pas besoin pour cet esprit/cerveau de les représenter pour les suivre adéquatement.
Reste la possibilité maintenant que ce soient non pas les règles syntaxiques qui sont représentées par notre esprit/cerveau mais les objets sur lesquels s’appliquent ces règles de manipulation. Si l’on est physicaliste, il est inévitable de poser que ces règles manipulent effectivement des représentations mentales.
La question qui se pose est celle de la nature de ces représentations mentales.
Sont‐elles spécifiquement syntaxiques ? Pour le voir, considérons quelques exemples de règles syntaxiques. Dans le paradigme syntaxique actuel, nous avons par exemple les règles suivantes :
Wh‐Movement : Déplacer NP en tête de phrase en laissant une trace.
Principe A : Une anaphore doit être liée à l’intérieur de sa catégorie gouvernante
Principe B : un pronom ne doit pas être lié à l’intérieur de sa catégorie gouvernante
Principe C : une R‐expression (i.e. expression directement référentielle comme les noms) doit être libre
Ces règles s’appliquent clairement à des entités jouant un rôle syntaxique. Par exemple, les principes A et B s’appliquent à des anaphores et à des pronoms. Les R‐expressions quant à eux sont des mots du lexique qui ont été encodés pour
186 référer à des objets du monde. Cela signifie‐t‐il pour autant que nous encodons dans notre esprit des représentations mentales spécifiquement syntaxiques et qu’il y aurait d’abord une analyse syntaxique de ces représentations mentales pour fournir des formules en LF avant que ne se mettent en branle les procédures d’analyse sémantique ? A cette question, nous ne pouvons répondre sans l’aide la psycholinguistique voire des neurosciences cognitives. Edith Kaan et Tamara Swaab ont publié dans la revue Trends in Cognitive Science129 en 2002 un article dans lequel elles passent en revue nos connaissances actuelles sur la circuiterie cérébrale responsable du traitement syntaxique. Un autre article de Grodzinsky et Friederici130 (2006) s’intéresse à la neuro‐imagerie de la syntaxe et du traitement syntaxique. Nous allons nous appuyer sur ces deux articles de review pour répondre à la question de savoir si les représentations que manipulent les règles syntaxiques sont spécifiquement syntaxiques ou non.
Pendant longtemps, les recherches sur les aphasiques semblaient révéler que la réponse à cette question était positive. Il avait en effet été montré que les aires de Broca et de Wernicke du cerveau étaient spécialisées dans le traitement linguistique. Un accident vasculaire cérébral affectant l’aire de Wernicke laissait intacte la syntaxe que ce soit en production ou en compréhension mais affectait le traitement sémantique. A l’inverse, quand c’était l’aire de Broca qui était endommagée, les patients étaient asyntaxiques. De tels patients omettent « les inflexions et les mots ayant une fonction syntaxique comme ‘le’, ‘de’ ou ‘est’. De plus, ils sont handicapés quand ils doivent comprendre les phrases dites passives réversibles comme : ‘Le chien a été pourchassé par le chat’ que l’on ne peut interpréter correctement qu’en se fiant aux informations syntaxiques. » [Kaan et Swaab (2002 :351)] Cependant, des études plus soigneuses ont montré que l’aire de Broca n’est pas vraiment spécialisée sur le traitement syntaxique. En fait, tout semble indiquer que cette aire s’active plutôt quand il y a un traitement syntaxique complexe nécessitant une importante mémoire de travail (Fiebach and alii 2005) mais que plus généralement le traitement syntaxique est corrélé à l’activation d’autres aires cérébrales (Grodzinsky 2000 BBS N°23 :pp. 1‐21).
Selon Kaan et Swaab, il y a au moins quatre raisons de cesser de considérer que l’aire de Broca est une aire spécifique à la syntaxe. D’abord, les déficits morphosyntaxiques chez les aphasiques ne sont ni exclusivement, ni toujours corrélés à une atteinte à l’aire de Broca. Ensuite, les patients ayant une lésion de l’aire de Broca ne sont pas totalement asyntaxiques. S’ils ont des problèmes de traitement et de production de certaines phrases syntaxiquement complexes, ils arrivent cependant à en traiter correctement d’autres. De plus, chez les patients Broca des déficits sémantiques s’ajoutent aux déficits syntaxiques ce qui tendrait à confirmer que l’aire de Broca n’est pas spécifiquement syntaxique mais aurait un rôle dans tout traitement linguistique nécessitant une importante mémoire travail131. Enfin, d’après certains chercheurs, l’aphasie « pourrait ne pas être un
129 Vol 6 N° 8 Aout 2002 pp. 350‐356
130 Current Opinion in Neurobiology 2006, 16:240–246. Nous citerons l’article comme G&F (2006 : p. X)
131 Notons que si l’on admet notre thèse selon laquelle la différence entre les règles formelles classifiées comme syntaxiques et celles qui sont classifiées comme sémantiques n’est pas une différence de nature alors il n’est plus étonnant que le déficit d’une aire linguistique affecte tout à la fois le traitement syntaxique et le traitement sémantique.
187 déficit de connaissance mais un déficit de traitement. » Ils entendent par là que :
« les problèmes des aphasiques Broca avec la syntaxe sont le résultat d’un déficit de traitement temporel dans l’activation ou l’intégration de l’information, ou d’une limitation des ressources nécessaires pour ces processus. La zone du cerveau endommagée chez les aphasiques de Broca n’a pas besoin, par conséquent d’être l’aire où la connaissance syntaxique est stockée. » (K&S 2002 :352) Un tel constat est plutôt en phase avec notre idée selon laquelle il n’y a pas vraiment de connaissances syntaxiques qui seraient stockées mais uniquement un traitement syntaxique incorporant les règles syntaxiques découvertes par le linguiste. Ce traitement n’est pas seulement localisé dans les zones du cerveau qui étaient réputées contribuer au traitement linguistique.
Ainsi alors qu’il est généralement accepté qu’il y a une latéralisation du traitement linguistique qui serait effectué dans l’hémisphère gauche du cerveau, il a été montré que même l’hémisphère droit du cerveau est recruté lors la détection d’erreurs (cf. Indefrey et alii 2001) ou de la résolution de certaines
Ainsi alors qu’il est généralement accepté qu’il y a une latéralisation du traitement linguistique qui serait effectué dans l’hémisphère gauche du cerveau, il a été montré que même l’hémisphère droit du cerveau est recruté lors la détection d’erreurs (cf. Indefrey et alii 2001) ou de la résolution de certaines