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Critères écologiques des secteurs de reboisement

Dans le document Economie du bois en Algérie (Page 101-105)

Chapitre V : La forêt algérienne après l’indépendance

IV. La politique forestière adoptée en Algérie pour le développement du

IV.5. Le plan national de reboisement

IV.5.2. Identification et organisation de l’espace à reboiser

IV.5.2.1 Critères écologiques des secteurs de reboisement

planifications des reboisements pour au moins deux raisons :

• Le choix des espèces et des provenances ne peut être rationnel que s’il est effectué par rapport à des unités écologiques homogènes présentant des similitudes plus au moins grandes avec l’autoécologie des espèces retenues ;

• Le choix du type de plantation qui exploitera au mieux les possibilités offertes par le milieu (définition de classes de productivité) ne peut être effectif qu’en ayant une bonne connaissance de ce milieu.

IV.5.2.1 Critères écologiques des secteurs de reboisement

En planification des reboisements et parmi l’inventaire des ressources disponibles, le premier élément à prendre en compte est la caractérisation de l’espace géographique concerné. Un travail a été initié dans ce sens dès 1981 par la recherche forestière ; il représente essentiellement une synthèse de la carte de la subdivision phytogéographie de l’Algérie (Quézel & Santa, 1962-1963). L’aboutissement en a été l’élaboration d’une carte de zone de reboisement sur l’ensemble du territoire algérien qui se trouve ainsi subdivisé en dix (10) grands secteurs de reboisement. Ces secteurs de reboisement constituent la base du choix des espèces. Il reste bien entendu que si cette carte reste précieuse au niveau national, c’est-à-dire à un niveau de planification stratégique, il n’en demeure pas moins vrai qu’un travail d'élimination précise des terres à reboiser reste à faire aux deux échelons de planification régionale et locale. En outre une zonation géographique doit être réalisée au sein de chaque secteur de manière à la découper en sous-secteurs se distinguant par des facteurs importants tels le relief, la géologie et le bioclimat.

 Le secteur numidien (I)

Il s’agit des zones littorales et sublittorales s’étendant de Dellys à la frontière tunisienne. Ce secteur se caractérise par une diversité naturelle et une grande richesse

chaud et se distingue par une fréquence élevée de sols et de substrat siliceux (grès numidien). Les espèces forestière y sont relativement variées (chêne liège, zeen et afarès ;

pins d’Alep et maritime ; cèdre de l’Atlas ; sapin de Numidie, pin noir du Djurdjura à côté de diverses espèces feuillues (peupliers, tremble, érables, merisier, châtaignier,...).

Dans se secteur deux options peuvent se compléter voire se concurrencer dans certains zones : la reconstitution de la subéraie et le reboisement de production intensive voire la ligniculture. Option qui doit être prise au vu de considérations économiques (priorités régionales ou nationales) mais aussi écologiques (état des sols et des peuplements naturels). Le fort potentiel productif de se secteur peut être valorisé par l’usage d’espèces à croissance rapide.

 Secteur littoral centre ouest (II)

Il succède au secteur précédent le long des régions côtières et subcôtières de Dellys à Ténès et se situe entièrement dans l’étage bioclimatique subhumide doux à chaud avec quelque zones humides franches dans le Zaccar et l’Atlas blidéen. Les sols calcaires et argileux sont fréquents et la végétation forestière est dominée par les formations à base de pin d’Alep, chêne vert, Thuya et chêne liège dans une moindre mesure. Le Cèdre se rencontre dans des stations très localisées comme Chréa.

L’effort de reboisement dans ce secteur reste très important et le milieu naturel offre des potentialités assez appréciables pour l’utilisation d’espèces autochtones ou exotiques de bonne croissance (pin maritime, pin des Canaries, pin pignon et probablement pin radiata ainsi que diverses espèces d’eucalyptus).

 Secteur littoral ouest (III)

C’est la région oranaise littorale qui va de Ténès à la frontière marocaine. Le bioclimat semi-aride doux à chaud y est prédominant avec quelques enclaves subhumides (quelques stations dans la Dahra, et le Mt du murdjadjo) ou arides. Les sols et les substrats

calcaires ne sont pas rares ainsi que les terrains marneux soumis à l’érosion. Les terres asylvatiques y sont majoritaires et les espèces forestières d’intérêt économiques sont rares (pin d’Alep, chêne liège mais de surface limitée). Certaines espèces exotiques y montrent

une bonne adaptation (pin pignon, pin des canaries, pin maritime dans la région d’Oran, certains eucalyptus).

 Secteur de l’Atlas tellien (IV)

Il se constitue des montagnes de l’Atlas tellien depuis la frontière marocaine jusqu’à la frontière tunisienne. Les étages bioclimatiques sub-humides et surtout semi-aride supérieur y sont les plus rencontrés. Les sols et les terrains calcaires y occupent des espaces importants mais les terrains siliceux n’y sont pas absents. La végétation forestière autochtone est dominée par le chêne vert et le pin d’Alep. Le chêne liège se rencontre dans les régions de Guelma, Médéa, Théniet El Had et des monts de Tlemcen qui sont les plus forestières et les plus riches du secteur.

 Secteur de plaines oranaises intérieures (V)

Il se trouve intercalé entre les secteurs III au nord (littoral ouest) et IV (Atlas tellien) au sud. Il se situe presque entièrement dans l’étage bioclimatique semi-aride à froid avec quelques enclaves arides dans les régions de Témouchent et Mascara. Les terrains calcaires et marneux y sont fréquents. L’état de déboisement de se secteur est avancé et les quelques zones forestières que l’on trouve sont dominées par le pin d’Alep, le Thuya et accessoirement le chêne vert.

La mise en valeur forestière de ce secteur est possible par un choix judicieux d’espèces et de provenances adaptées.

Il s’agit d’un secteur presque entièrement asylvatique situé dans l’étage bioclimatique semi-aride froid à frais. La végétation naturelle se compose de quelques formations de pistachier de l’Atlas et de steppes à épineux comme le jujubier. On y rencontre également des formations d’alfa, d’armoise et d’halophytes. Une action de restauration des milieux forestiers y sera souvent un préalable nécessaire à l’utilisation d’espèces productives.

 Secteur des hautes plaines centre ouest (VII)

Cette région est entièrement le domaine de l’aride frais à froid. La pluviométrie annuelle y varie entre 200 et 300 mm mais se caractérise par une très grande irrégularité. La longueur de la saison sèche dépasse 6 mois. Les températures hivernales y sont rigoureuses.

 Secteur des Aurès-Némenchas (VIII)

Il englobe les monts du Hodna, le massif des Aurès, les monts des Némencha et de Tébessa c’est à dire la partie orientale de l’Atlas saharien. Du point de vue bioclimatique, le semi-aride frais à froid est le subhumide frais à froid (en altitude) se partagent le secteur. Les espèces forestières dominantes sont les pins d’Alep, le chêne vert et le cèdre de l’Atlas. Ce secteur recèle des possibilités de plantations artificielles d’importance économique.

 Secteur de l’Atlas saharien central et occidental (IX)

Il se constitue des monts de l’Atlas saharien d’Ain Sefra à Bou-Saada (Mts des Ksours, Djamour, Ouled Nail,...) et se situe totalement dans les étages bioclimatiques semi-aride et semi-aride frais à froid avec une pluviométrie annuelle moyenne de 250 à 300 mm. La végétation forestière est dominée par les formations de pin d’Alep, chêne vert genévrier de Phénicie.

Ce secteur, très vaste, comprend des milieux très différents les uns des autres aux plans physiques et biotiques. Les regs et les ergs sont des milieux asylvatiques, les vallées du Hoggar et du Tassili comportent des espèces sahariennes précieuses telles les acacias et le Cyprès du tassili, les contreforts et monts s’étendant d’Adrar à Bechar et Tindouf ainsi que les vallées s’y trouvant sont le domaine de l’arganier. Ces formations et espèces sont importantes et doivent être considérées comme un élément indissociable du patrimoine forestier national ; ils peuvent constituer la base d’une future « foresterie saharienne ».

IV.5.2.2 Le choix des espèces

Aussi bien dans la pratique de la planification forestière d’un pays que dans le cadre plus limité d’un projet de reboisement, le choix des espèces et des provenancesrevêt une importance majeure. D’un point de vue technique, la définition tant qualitative que quantitative d’un plan national de reboisement peut être perçu comme un acte intégré basé sur des critères économiques et écologiques.

L’affectation du matériel biologique disponible, espèces et provenances, en fonction de secteurs homogènes de reboisement est, sans doute, le critère de synthèse qui détermine directement l’impact économique (et écologique) du plan adopté. En tout état de cause, parce que les peuplements artificiels sont plus productifs et contribuent davantage pour une superficie plus réduite à la production forestière, une politique ambitieuse de reboisement ne peut se traduire que par des dividendes appréciables pour le pays.

Le choix des espèces doit tenir compte de considérations diverses à savoir les orientations politiques visant à la satisfaction des besoins nationaux et à l’amélioration de la balance commerciale des produits forestiers et dérivés ; les contraintes liées à l’espace et à la disponibilité des terres et les contraintes liées à la disponibilité de matériel végétal approprié et répondant aux objectifs fixés. Ce dernier point implique la disponibilité d’une gamme d’espèces de reboisement aussi bien autochtones qu’exotiques et l’approvisionnement facile et abondant en semences de qualité et d’origine certifiée pour chacun des secteurs définis.

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