• Aucun résultat trouvé

Une courte histoire des relations militaires du Canada et du Japon

par Hugues Canuel Le capitaine  Hugues Canuel de la MRC est l’attaché de

défense du Canada au Japon. Il est commandant du ravitailleur NCSM Preserver à Halifax, de 2009 à 2011, puis participe à la mission de formation de l’OTAN en Afghanistan à Kaboul, de 2011 à 2012, et sert au sein de l’état-major du Collège des Forces canadiennes à Toronto, de 2012 à 2017. Il détient un doctorat en études sur la guerre du Collège militaire royal du Canada et sa thèse, qui porte sur la chute et la remontée de la marine française de 1940 à 1963, sera publiée sous forme de livre par la Naval Institute Press en 2021.

L

a propagation de la COVID-19 à travers le monde aurait pu mettre fin de façon dramatique à l’effer-vescence d’initiatives militaires entre le Canada et le Japon qui avait fait irruption au cours de la décennie 2010, de l’opération NÉON – appuyant la mise en œuvre des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord – à la participation à des événements amicaux telle la Conférence internationale de cadets à l’Académie de défense nationale en banlieue de Tokyo1. Bien qu’un certain coup de frein fut ressenti au cours du printemps et de l’été 2020 avec l’interruption des échanges de personnel et déploiement d’unités

mois. La frégate Winnipeg et un avion à  long rayon d’action CP-140 étaient de retour dès l’automne pour patrouiller en mer de Chine orientale à partir de bases au Japon.2 Cet épisode, passé presque inaperçu dans les médias internationaux, nous rappelle combien compliquée mais peu connue est l’histoire des interactions entre les forces armées canadiennes et japonaises au cours de plus de cent ans jalonnés par méfiance, hostilité et collaboration. Le but de cet article est de combler ce fossé dans le narratif des relations canado-japonaises, depuis le début du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui.

Faits d’armes et grandes batailles n’y trouveront que peu de place alors que les épisodes de combat entre les forces armées des deux pays ont déjà fait l’objet d’études détaillées3. L’emphase sera plutôt placée sur l’évolution de leurs relations militaires en les plaçant dans le contexte de la géostratégie changeant sans cesse au cours des décennies et en tentant d’illuminer des épisodes largement ignorés d’interactions militaires passés et plus récents. Cette approche per-mettra au lecteur d’observer une dynamique particulière alors que les deux nations passèrent d’ennemis lointains dans l’entre-deux-guerres à partenaires aux intérêts communs au 21e siècle. Mais avant tout, il faut retourner au point de départ alors que la diplomatie britannique

Drapeaux du Canada et du Japon.

Aleks Taurus/Alamy Stock Photo

Alliés réticents

S

uivant près de deux cents ans de réclusion et la première intrusion de l’Américain Matthew Perry en 1854, le Japon s’ouvrit volontairement au monde à l’époque de la restauration de l’Empereur Meiji en 18684. À peine quelques années plus tard, le Canada acquit une porte sur le Pacifique alors que la Colombie-Britannique se joint au dominion en 18715. Il s’ensuivit le développement d’échanges avec la visite de mis-sionnaires canadiens au Japon en 1873 et l’arrivée d’un premier immigrant japonais au Canada en 18776. Huit milles de ses compatriotes le suivirent jusqu’au tournant du siècle, s’établis-sant pour la plupart dans la région de Vancouver malgré un « … sentiment anti-asiatique qui se développe alors depuis plusieurs années en Colombie-Britannique parmi la population d’origine anglo-saxonne »7. Ironiquement, c’est alors que croissait cette dénonciation du «  péril jaune  » en Amérique du Nord – une inquiétude partagée des deux côtés du 49e parallèle8 – que la Grande-Bretagne décida de nouer sa fortune avec celle de l’Empire du Soleil levant en concluant une première Alliance anglo-japonaise en 1902.

Londres – et le reste de l’Empire britannique – reconnaissait ainsi la primauté des intérêts japonais en Corée en échange du support de Tokyo pour contrer l’expansionnisme de la Russie en Extrême-Orient9. De mauvais augure pour ceux des Canadiens inquiets de la sécurité de la côte du Pacifique, l’accord avec le Japon signifiait aussi le retrait graduel de la Marine royale, forcée de concentrer ses forces dans les eaux européennes face aux ambitions du kaiser allemand. Dans l’entre-temps, jouissant de la neutralité bienveillante de la Grande-Bretagne, le Japon décida de contrer les avancées de la Russie en Corée et en Mandchourie, se lançant à l’attaque en février 190410. Précurseur des horreurs de la Première Guerre mondiale, le conflit russo-japonais souleva beaucoup d’intérêt outre-mer et les

deux protagonistes acceptèrent la présence d’obser-vateurs étrangers dans leurs rangs11.

E x p l o i t a n t le bon esprit de l’Alliance anglo-japonaise, la Grande-Bretagne obtint non seule-ment d’envoyer plusieurs observa-teurs britanniques mais également d’inclure des représentants des dominions, dont le Canada. Le capi-taine d’artillerie Herbert C. Thacker reçut donc l’ordre de se mettre en route vers le Japon quelques semaines après le début des hostilités12. Breveté major à cette occasion, il arriva à Tokyo le 27 mars 1904 pour se joindre au lieutenant-général William Nicholson de l’Armée britannique13. Celui-ci menait un groupe bigarré d’officiers britanniques, australiens, français, allemands, espagnols et américains qui devaient se joindre à la 2e armée japonaise, déjà débarquée sur la péninsule de Liaodong pour marcher vers le cœur de la Mandchourie. Toutefois, les attachés durent ronger leur frein avant de pouvoir observer une première grande bataille à Liaoyang le 26 août alors que la 2e armée remontait la péninsule afin de combiner ses forces avec la 1ère armée venant de la Corée14. Thacker était également présent lors de la bataille de la rivière Cha-Ho en Octobre mais sa campagne tirait déjà à sa fin. Il se trouva évacué vers le Japon quelques semaines plus tard pour raison médicale et il retourna au Canada à la fin de novembre.

Cette première affection d’un attaché canadien auprès des forces armées japonaises fut sans suite immédiate. Le major Thacker, confirmé dans son grade en mai 1905, écrivit quelques rapports rela-tant son expérience mais son tracé écourté lui fit manquer les deux batailles les plus prophétiques, le siège de Port Arthur et l’assaut contre Moukden15. Un bénéfice plus concret de la guerre russo- japonaise fut peut-être l’esprit d’affiliation à la couronne britannique apparent au sein de la communauté nippone au Canada. Vingt-quatre vétérans du conflit, après avoir émigré en Colombie-Britannique, purent mettre leur expérience à profit lorsqu’ils servirent avec le Corps expéditionnaire canadien pendant la Première Guerre mondiale16. Se joignant à eux, deux cents autres immigrants japonais combattirent aussi avec distinction sur le front de l’Ouest, cinquante-cinq y perdant leur vie et une quinzaine décorés pour actes de bravoure17. Mais c’est en mer que la nouvelle entente assuma le plus d’importance durant ce conflit.

Les termes de l’Alliance (renouvelée en 1905 et en 1911) ne forçaient pas le Japon à se joindre à la Grande-Bretagne dans le cas d’une guerre en Europe18. En fait, certains s’attendaient même à ce

ClassicStock/Alamy Stock Photo

Le commodore Matthew Perry rencontre des commissaires impériaux à Yokohama, au Japon, en 1854.

L’HISTOIRE

que Tokyo s’allie avec Berlin étant donné l’influence du modèle prussien au Japon, façonnant ses cadres politique et juridique ainsi que la structure de son armée de terre19. Une grande anxiété régnait à ce sujet au Canada, alors que Londres avait accepté de confier la sécurité de ses intérêts dans le Pacifique Nord à la Marine impé-riale japonaise. Dès 1905, la Marine royale avait aboli sa station du Pacifique, laissant des forces résiduelles en Chine et en Australie, alors que l’arsenal d’Esquimalt (sur l’île de Vancouver) se trouva transféré au gouvernement canadien bien que le dominion ne disposait même pas encore de sa propre marine20. Ce n’est qu’en 1910 que le « Service naval du Canada » vit le jour, renommer la « Marine royale canadienne » (MRC) l’année suivante, mais n’assemblant que de maigres ressources sur la côte du Pacifique en 1914: le croiseur léger Rainbow, basé à Esquimalt, et

deux compagnies de réservistes – l’une à Victoria et l’autre à Vancouver21.

Pourtant, Berlin disposait de forces importantes en Asie. Une puissance coloniale en expansion depuis les années 1880, l’Allemagne acquit un agrégat considérable dans le Pacifique central – les îles Mariannes, Marshall et Carolines, en plus de la Nouvelle-Guinée allemande, les Palaos, Bougainville et les Samoa allemandes – et prit le contrôle d’une large concession sur la péninsule de Shandong en Chine22. Ce territoire incluait une base navale abritant l’escadre d’Extrême-Orient, compo-sée en 1914 des croiseurs cuirassés Scharnhorst et Gneisenau, ainsi que trois croiseurs légers (Nürnberg, Leipzig et Emden). Inquiétant

japonaise, ces forces avaient pris la mer en juillet et leur position demeurait inconnue lorsque la Grande-Bretagne déclara la guerre à l’Allemagne le 4 août23. Après quelques hésitations, le Japon fit de même le 23 août24. La Marine impériale japonaise et les forces navales britanniques (et celles des dominions) se virent confiées une tâche urgente  : trouver les unités éparses de l’es-cadre allemande et neutraliser cette menace.

Londres et Tokyo croyaient que les croiseurs légers Nürnberg et Leipzig se trouvaient au large de la côte nord-américaine, prêts à livrer une guerre de course sans merci contre leur trafique marchand. Pendant quelques semaines, une certaine coopéra-tion exista donc entre les marines canadienne et japonaise (par le biais de l’Amirauté britannique) alors que le Rainbow fit cap au sud tandis que le croiseur cuirassé Izumo, se trouvant au large du Mexique, se dirigea vers le nord, un mouvement de tenaille qui aurait pu culminer en une bataille au large des côtes de la Californie. Mais, ne parvenant pas à détecter les Allemands, les deux navires firent éventuellement route vers Esquimalt afin de s’y réapprovisionner25. Cette présence du fanion de la marine japonaise en eaux canadiennes fut de courte durée car la menace allemande ne se concrétisera jamais au large de la Colombie-Britannique.

En fait, les croiseurs Nürnberg et Leipzig avaient été rappelés pour rejoindre l’escadre allemande qui se dirigeait alors vers l’Amé-rique du Sud, infligeant un revers sanglant à la Marine royale au large du Chili (le 1er novembre, à Coronel où périrent quatre aspirants

Niday Picture Library/Alamy Stock Photo

Attaque des Japonais contre Port Arthur, guerre russo-japonaise, 1904.

Sueddeutsche Zeitung Photo/Alamy Stock Photo

de marine canadiens à bord du croiseur cuirassé Good Hope). Les navires du Kaiser s’échappèrent par la suite dans l’Atlantique Sud mais la plupart furent anéantie lors de la bataille des îles Malouines le 8 décembre 191426. À ce moment, le drapeau de l’Empire allemand avait déjà été balayé du reste du Pacifique. Le seul autre navire de la Kaiserliche Marine, le croiseur léger Emden, avait été détaché dans l’océan Indien où il causa beaucoup de dommages mais il fut coulé le 9 novembre lors de la bataille des îles Cocos. Quant aux colonies allemandes, celles plus au sud tombèrent aux mains de forces britanniques, australiennes et néo-zélandaises, tandis que le Japon s’empara de la péninsule de Shandong ainsi que des îles Mariannes, Marshall et Carolines entre septembre et novembre 191427.

Par la suite, la marine japonaise continua de collaborer avec la flotte britannique dans l’océan Indien et en Méditerranée alors que le Canada concentra son effort militaire sur le front de l’Ouest et dans l’Atlantique28. À part quelques visites à Esquimalt par des navires japonais cherchant à se réapprovisionner et profiter de la seule cale sèche leur étant disponible en Amérique du Nord avant que les États-Unis ne se joignent aux hostilités en 1917, les forces canadiennes et nippones ne se retrouvèrent plus vraiment côtes à côtes pendant le reste du conflit mais se croisèrent à nouveau lors de l’expédition de Sibérie. Avant même que la défaite des empires centraux n’ait été achevée en Europe, les alliés de l’Entente, les États-Unis et le Japon avaient décidé au cours de 1918 d’intervenir dans la guerre civile en Russie en vue d’y soutenir les dernières « armées blanches » qui luttaient encore contre l’Armée rouge29. Le Japon prit l’initiative en Extrême-Orient alors que d’autres contingents se dirigeaient vers la Russie septentrional, la Crimée et le Caucase. Dès le mois d’août, les premières troupes japonaises débarquaient à Vladivostok et s’avancèrent rapidement vers l’intérieur, se rendant jusqu’au lac Baïkal et développant une zone d’occupation considérable avant d’être rejoint par d’autres contingents étrangers30.

Plus de 4 000 Canadiens prirent pied en Sibérie, un premier détachement arrivant en octobre 1918 et le reste au mois de janvier suivant, mais cette brigade ne joua qu’un rôle de soutien limité

dans le cadre de cette opération alliée31. La majorité de la force canadienne demeura dans la région de Vladivostok alors qu’un contingent de cinquante-cinq sol-dats se rendit jusqu’à Omsk afin d’y ser-virent comme troupes d’état-major au sein d’une force britan-nique32. Toutefois, les hostilités ayant déjà tiré à leur fin en Europe, cette interven-tion ne bénéficiait que de peu de support au Canada33. Les troupes commencèrent leur rembarquement vers le Canada en avril 1919 et le gros de la brigade se trouva éva-cuée en juin, laissant seize morts en Sibérie, le résultat de maladies et d’un suicide34. Cet effort réticent montrait un certain parallèle avec celui des autres par-tenaires occidentaux, tous fatigués de la guerre, mais contrastait avec celui du Japon qui avait investi des forces considérables dans cette opération alors même que l’Alliance anglo-japonaise tirait à sa fin.

Ennemis lointains

L

’échelle de l’effort japonais en Sibérie préoccupait tant Londres que Washington. 70 000 troupes impériales se déployèrent dans la région, alors que les pays de l’Entente et les États-Unis ne purent dépêcher qu’un peu plus de 20 000 hommes pour se joindre à une légion de Tchécoslovaques déjà présents en Russie au début de l’intervention. Tout aussi inquiétant dans la perspective occidentale, le Japon se maintint en Sibérie après le départ des autres forces qui abandonnèrent progressivement l’opération en 1919 et 192035. Tokyo semblait décidé à contrôler une zone étendue sur le continent, d’où le gouvernement japonais pourrait exercer une prépondérance politique et militaire, non seulement en Sibérie mais dans la Mandchourie voisine. Cette situation ne pouvait qu’alimenter les soupçons de ceux accusant le Japon de poursuivre une politique “rapace” depuis son entrée en guerre aux côtés de l’Entente, ayant déjà consolidé sa main-mise sur les colonies allemandes dans le Pacifique centrale ainsi que la péninsule de Shandong. Tokyo avait également adressé une liste de vingt-et-une demandes impérieuses à Pékin en 1915, causant un outrage considérable aux États-Unis, où cette initiative fut perçue comme une enfreinte directe à la souveraineté de la Chine et une menace pour les intérêts occidentaux36.

Les relations entre les puissances de l’Entente et les États-Unis, d’une part, et le Japon d’autre part ne firent que s’envenimer dans l’après-guerre immédiat. Les représentants nippons purent s’asseoir aux côtés des vainqueurs à Versailles et le Japon fut invité à se joindre à la Société des Nations (SDN), se voyant confier un mandat pour

« l’administration » des îles du Pacifique centrale37. Toutefois, la consolidation de la présence japonaise sur la péninsule de Shandong

Chronicle/Alamy Stock Photo

Attaque du HMAS Sydney contre le croiseur léger allemand SMS Emden, le 9 novembre 1914, lors du combat des îles Cocos.

L’HISTOIRE

ne put être résolue, due à l’opposition de la Chine et des États-Unis (face à l’accord de principe de l’Angleterre et de la France), alors que les dirigeants occidentaux s’entendirent pour refuser la proposition de Tokyo d’inscrire le principe de « l’égalité des races » dans le pacte de la SDN38. Et ces désagréments se trouvaient accompagnés d’une course aux armements navale ruineuse pour les trois grandes puissances de l’après-guerre39. Particulièrement troublé par ce dernier sujet mais cherchant également à régler l’ensemble des problèmes laissés en suspens à Versailles quant à l’Extrême-Orient, le président Warren Harding invita tous les pays ayant un intérêt dans ces ques-tions à une grande assemblée aux États-Unis.

La conférence de Washington de 1921-22 donna le coup d’envoi à un effort de contrôle des armements sans précédent tout à s’attaquant à une série de différends diplomatiques, résultant par la signature de plusieurs accords40. Le plus fameux de ceux-ci demeure celui des cinq puissances (ou traité naval de Washington), limitant pour la première fois dans l’histoire les flottes de guerre des signataires.

Le traité des neuf puissances affirmait quant-à-lui le respect de ces pays pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine. Le Japon renonça dans ce cadre à occuper la péninsule de Shandong mais parvint à y conserver ses intérêts ferroviaires et économiques (comme en Mandchourie). Et, en signant le traité des quatre puis-sances, Washington, Londres, Paris et Tokyo s’engageaient à respecter les démarcations territoriales déjà en place dans le Pacifique. Sans le mentionner spécifiquement, cet accord endossait le mandat accordé par la SDN au Japon mais mettait fin à l’Alliance anglo-japonaise, formellement abandonnée en 192341.

L’abrogation de ce pacte fut bien accueillie au Canada42. L’instauration d’un régime de neutralité dans le Pacifique au lieu d’une alliance décriée par les Américains représentait un gain réel pour le gouvernement canadien. Une autre avancée pour le Canada fut la déclaration de Balfour en 1926 qui accordait aux dominions le contrôle de leur politique étrangère43. Le Canada prit peu de temps pour accroître sa présence sur la scène internationale, incluant l’établissement de relations diplomatiques avec le Japon en 1928.

L’ouverture d’une légation nippone à Ottawa cette même année et d’une mission canadienne à Tokyo en 1929 pouvaient paraître de bon augure pour leurs relations futures44. L’évacuation des troupes japonaises de la Sibérie (1922), de la péninsule de Shandong (1923) et du nord de l’île de Sakhaline (1925) semblait marquer la mise en échec des tendances expansionnistes au sein d’une Armée impériale confrontée par une classe politique plus modérée45. Et pourtant, les militaristes japonais reprirent l’initiative tout au long de la décennie suivante. Le Japon s’accapara une sphère d’influence grandissante en Chine, abandonna son siège à la Société des Nations et se retira du système de contrôle des armements navals, le tout alors que le régime démocratique s’éteint peu à peu à Tokyo46. Dans l’entre-temps, la question de l’immigration japonaise et le traitement de ces nouveaux arrivants dans le climat d’animosité raciale régnant toujours en Colombie-Britannique continuaient de miner les échanges diplomatiques entre les deux pays47.

L’Armée impériale envoya un premier attaché à Ottawa en 1931 (le major Tadamichi Kuribayashi, futur commandant de la défense désespérée à Iwo Jima en 1945) et la marine suivit le pas l’année suivante mais le Canada n’en fit pas acte réciproque48. Tout potentiel de collaboration militaire entre les deux pays se trouvait mort-né alors que Tokyo poursuivait une politique expansionniste en Asie49. Le Japon établit un gouvernement fantoche en Mandchourie en 1932 et s’avança au sud de la muraille de Chine en 1937 tout en

l’exemple américain en imposant des sanctions économiques contre le Japon à partir de l’été 1940. Des voix impérieuses s’élevèrent pour dénoncer la présence d’une « cinquième colonne » au sein de la communauté japonaise en Colombie-Britannique tandis que des foules hostiles attaquaient des établissements missionnaires et entreprises commerciales canadiennes au Japon. D’autres, installées en Chine, furent endommagées dans les combats opposant troupes

l’exemple américain en imposant des sanctions économiques contre le Japon à partir de l’été 1940. Des voix impérieuses s’élevèrent pour dénoncer la présence d’une « cinquième colonne » au sein de la communauté japonaise en Colombie-Britannique tandis que des foules hostiles attaquaient des établissements missionnaires et entreprises commerciales canadiennes au Japon. D’autres, installées en Chine, furent endommagées dans les combats opposant troupes

Documents relatifs