A l’aide du code développé, l’objectif du circuit est de faire une première approximation du
coefficient de réflexion de l’antenne spirale d’Archimède couplée à des anneaux empilés
résonants. Pour cela, nous devons modéliser l’impédance de la spirale et extraire le circuit
électrique équivalent du couplage entre notre circuit modélisant les anneaux et le modèle de la
spirale.
IV.1.Modélisation de la spirale
En 2007, Ming Lee et al. [II-4] sont les premiers à proposer une modélisation de
l’impédance de la spirale d’Archimède à l’aide de la théorie des lignes de transmission. Ils
découpent la modélisation de la spirale en deux parties : le comportement en rayonnement et le
comportement en propagation. Pour le comportement en rayonnement, ils modélisent la spirale
comme une suite continue d’antennes boucles de tailles différentes. La résistance en
rayonnement des antennes boucles est bien connue. Pour le comportement en propagation, il
propose de modéliser l’antenne comme une ligne de transmission en forme de spirale. La
publication montre que ce principe permet un très bon accord entre le modèle utilisé et la
simulation. Toutefois la publication ne donne que les grands principes de la modélisation sans
préciser le calcul détaillé des éléments de la ligne de transmission.
Plus récemment, en 2014, Teng-Kai Chen et al. [II-5] ont détaillé les calculs. Pour simplifier
l’analyse de la structure de l’antenne, ils proposent de « dérouler » les bras de la spirale afin
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d’analyser une ligne de transmission droite. Les symétries de la spirale permettent de placer un
mur magnétique perpendiculaire au plan de la spirale (Figure II-30 (a)). L’utilisation de cette
symétrie permet d’étudier la spirale comme une ligne couplée qui est modélisée comme une
ligne de transmission à 3 ports (Figure II-30 (b)).
a) b)
Figure II-30:a) Vue d’une antenne spirale avec deux murs magnétiques perpendiculaires placés au milieu des brins de la spirale b) Modèle utilisée de la spirale déroulée.
La structure proposée en Figure II-30 b) avec les conditions de mur magnétiques peut être
vue comme la moitié d’un guide d’onde coplanaire excité par un mode pair. En considérant
cela, il est possible d’évaluer la capacité et l’inductance linéique de l’antenne spirale à l’aide
des équations (II-64) et (II-65).
𝐶 = 2𝜀
0𝐾(𝑘
𝑎)
𝐾(𝑘
𝑎′) (II-64)
𝐿 = 2
𝜇
0𝐾(𝑘
𝑎′)
𝐾(𝑘
𝑎) (II-65)
où
{
𝑘
𝑎′= √1 − 𝑘
𝑎2𝑘
𝑎= 𝑡𝑎𝑛
2(𝜋
4𝜒)
𝜒 = 𝑊
𝑊 + 𝑆
(II-66)
avec : K l’intégrale complète de première espèce
W la largeur du métal de la spirale
S la largeur de la fente de la spirale
Les pertes par rayonnement de l’antenne sont celles d’une antenne boucle à courant
uniforme. La résistance de rayonnement d’une antenne boucle est bien connue et son expression
peut être trouvée dans [I-1] :
𝑅
𝑅𝑎𝑑= 𝜋(𝑟
𝑛𝜔𝜇
0)
22𝑍
0∫ 𝐽
1 2(𝑘𝑟
𝑛sin(𝜃)) sin(𝜃) 𝑑𝜃
𝜋 0(II-67)
avec: J
1la fonction de Bessel de premier espèce et du premier ordre
r
nle rayon de la spirale où est calculé la résistance de rayonnement
k le nombre d’onde
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La résistance linéique s’obtient en normalisant par le périmètre de la boucle associée à la
résistance calculée en (II-68)
𝑅
𝑅𝑎𝑑𝑛=𝑅
𝑅𝑎𝑑2𝜋𝑟
𝑛(II-68)
Figure II-31: Modèle de la ligne de transmission de la spirale [II-5]
L’impédance de l’antenne s’obtient en calculant le produit des matrices chaînes de N
segments de longueur dx
n(équation (II-70)). La longueur des N segments est égale à celle des
bras de la spirale. Chaque segment est caractérisé par son impédance caractéristique Z
0net sa
constante de propagation γ
n.
[𝑉
𝑖𝑛𝐼
𝑖𝑛] = [
𝐴
1𝐵
1𝐶
1𝐷
1] ⋯ [
𝐴
𝑛𝐵
𝑛𝐶
𝑛𝐷
𝑛] ⋯ [
𝐴
𝑁𝐵
𝑁𝐶
𝑁𝐷
𝑁] [
1
0] (II-69)
[𝐴
𝑛𝐵
𝑛𝐶
𝑛𝐷
𝑛] = [
𝑐ℎ(𝛾
0𝑛𝑑𝑥
𝑛) 𝑍
0𝑛𝑠ℎ(𝛾
0𝑛𝑑𝑥
𝑛)
𝑌
0𝑛𝑠ℎ(𝛾
0𝑛𝑑𝑥
𝑛) 𝑐ℎ(𝛾
0𝑛𝑑𝑥
𝑛) ] (II-70)
Avec : 𝑍
0𝑛= √
𝑅𝑅𝑎𝑑𝑛+𝑗𝐿𝜔 𝐺+𝑗𝐶𝜔𝛾
0𝑛= √(𝑅
𝑅𝑎𝑑𝑛+ 𝑗𝐿𝜔)(𝐺 + 𝑗𝐶𝜔) et 𝑑𝑥
𝑛= 𝑟
𝑛𝑑𝜃
Le calcul de l’impédance est donc obtenu par discrétisation le long de l’anneau. La taille
des cellules élémentaires dx
nde la ligne de transmission dépend du rayon. La taille de ces
cellules augmente avec le rayon r
n. Pour que le calcul reste valable il faut s’assurer que la
longueur dx
nest très petite devant la longueur d’onde de la fréquence minimum calculée,
typiquement dx
n<< λ/10 (λ longueur d’onde associée à la fréquence minimum que l’on souhaite
calculer). En tenant compte de cela, nous pouvons fixer un critère sur le nombre de segments
pour lequel la discrétisation est suffisante.
𝑁
𝑠𝑒𝑔𝑚𝑒𝑛𝑡≫10
λ ×2𝜋×𝑅
𝑚𝑎𝑥×𝑁
𝑡𝑜𝑢𝑟(II-71)
Avec R
maxle rayon extérieur de la spirale et N
tourle nombre de tours de la spirale.
Toutefois, les contraintes géométriques sont plus importantes que ce critère. En effet, les
brins de la spirale ne devant pas se chevaucher, il est nécessaire de discrétiser environ 5 fois
plus que ce que le critère propose.
La Figure II-32 présente les parties réelle et imaginaire de l’impédance d’entrée d’une
spirale d’Archimède. La spirale a un rayon de 8cm et 10 tours. La bande de fréquence sur
laquelle est calculée la réponse de l’antenne est [0.8GHz ; 3GHz]. Son impédance est comparée
à celle calculée par FEKO.
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a) b)
Figure II-32: Partie réelle a) et partie imaginaire b) de l'impédance d'entrée de la spirale calculée à l'aide de la théorie des lignes de transmissions (bleu) et de la simulation FEKO (orange)
Le calcul de l’impédance d’entrée de la spirale à l’aide du modèle proposée par [II-5] est
très proche de celle obtenue par la simulation FEKO. Le modèle proposé est donc un bon choix
pour le couplage avec le circuit électrique équivalent utilisé pour les anneaux. L’erreur sur la
partie réelle est d’environ 5% lorsque l’impédance d’entrée de l’antenne est stable en fréquence,
c’est-à-dire pour des fréquences supérieures à 2 GHz.
IV.2. Circuit électrique équivalent du couplage anneaux-spirale
Les travaux visant à élaborer le circuit électrique équivalent d’une antenne spirale chargée
par de multiples anneaux résonnants n’ont pas abouti. Ils devraient permettre de réduire
considérablement les temps de calcul pour simuler et concevoir des antennes spirales chargées
par des anneaux résonnants couplés.
Cependant, comme nous le verrons dans le Chapitre III, une méthodologie originale de
conception basée uniquement sur le circuit électrique équivalent présenté dans la section III du
présent chapitre semble permettre la conception et l’optimisation d’une antenne spirale chargée
par des anneaux résonnants couplés et à motifs.
Dans le document
Miniaturisation d'antennes très large bande pour applications spatiales
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