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5.3. F ORÇAGE ORBITAL DANS LE DEVELOPPEMENT ET LA DISTRIBUTION DES PALEOSOLS

5.3.6. Corrélation des paléosols avec l’index de pédogénèse

Pour chaque environnement, l’occurrence et le développement des paléosols sont comparés à l’IPed de l’intervalle de temps considéré. Cette comparaison est effectuée au sein

de chaque environnement séparément, puisqu’ils correspondent chacun à des conditions locales (taux de sédimentation, élévation de la nappe) relativement fixes (Fig. 5.18).

Au sein de ces intervalles environnementaux, nous avons corrélé un à un les paléosols aux minima d’insolation, en tenant compte, au premier chef, du degré de maturité des paléosols ainsi que des contraintes temporelles indiquées par la stratigraphie isotopique. Une attention particulière a été portée sur les paléosols cumulatifs et les calcaires palustres. Les premiers sont supposés comprendre au moins deux phases de pédogénèse, ils ont donc été associés à des IPed consécutifs, quelque soit leur variation. Les seconds se sont développés sur

un substrat déjà carbonaté, leur conférant un ICa proche de 100%, bien qu’ils ne puissent pas

être associés à une longue période de pédogénèse. Ces paléosols ont été associé à la valeur d’IPed qui satisfaisait le plus les conditions stratigraphiques.

5.3.6.1. Coupe de Beynes

Aucun âge n’étant disponible pour la base de la coupe, l’intervalle 0-8 m sera discuté sur la base des interprétations effectuées sur son homologue (intervalle 34-42 m). Le premier intervalle pour lequel nous avons une contrainte stratigraphique (8-24 m), interprété comme un lac peu profond/marécage, montre un nombre de paléosols proche de celui de minima d’insolation. L’intervalle suivant (24-34 m), correspondant à un environnement de transition entre palustre et alluvial, affiche un nombre de paléosols moitié moindre que celui de minima d’insolation. Le troisième intervalle (34-42 m), environnement de cône alluvial, est caractérisé par 60% de minima d’insolation enregistrés. Le quatrième intervalle (42-57 m), à nouveau un environnement de transition, montre un enregistrement presque complet des minima d’insolation. Le cinquième intervalle (57-90 m), similaire au premier dans le domaine palustre/lacustre, semble également indiquer un enregistrement complet des cycles d’insolation. L’intervalle suivant (90-107 m), attribué à la ceinture de chenaux, montre un ratio de 1/3 minimum enregistré. La transition (107-122 m) vers la plaine d’inondation distale et cette dernière (122-150 m) indiquent un enregistrement de 60% des minima d’insolation.

5.3.6.2. Coupe du Saule Mort

Bien que la description de la coupe et la mesure des index sédimentologiques concernent l’ensemble de la section, nous ne décrivons ici, par souci de comparabilité, que l’intervalle de temps corrélé à la coupe de Beynes (Fig. 5.19).

Le premier intervalle corrélé (48-55 m) correspond aux dépôts lacustres/palustres et montre un enregistrement complet de l’insolation. Le deuxième intervalle (55-86 m), correspondant à la plaine d’inondation distale, affiche 60% des minima enregistrés. Le troisième intervalle (86-102 m), attribué à nouveau au lac peu profond/marécage, l’enregistrement de l’insolation est complet. Cependant, dans sa seconde moitié (96-102 m), les paléosols cumulatifs du Calcaire Palustre Majeur semblent avoir cumulé deux à trois périodes de pédogénèse. Le dernier intervalle (102-122 m), correspondant à un retour à la plaine d’inondation distale, présente un nombre de paléosols de moitié celui de minima d’insolation.

Fig. 5.18. Corrélations des paléosols à l’index de pédogénèse IPed au sein de chaque environnement de la coupe de Beynes. L’appairage des deux index met en évidence des seuils (traits verticaux rouges). Les points de l’IPed entourés correspondent à des anomalies (discutées dans le texte), les losanges entourant les points de l’ICa indiquent les paléosols cumulatifs. La distribution des paléosols fait ressortir les liens entre environnement et cycles orbitaux enregistrés.

Fig. 5.19. Corrélations des paléosols à l’index de pédogénèse IPed au sein de chaque environnement de la coupe du Saule Mort. Les résultats sont comparables à ceux de Beynes pour un même environnement. Se reporter à la

5.3.6.3. Estimation des seuils d’IPed pour l’enregistrement de la

pédogenèse

La comparaison des résultats obtenus sur les deux coupes montre une très bonne cohérence pour un même environnement : presque 100% de recouvrement du signal d’insolation dans les milieux palustres/lacustres et autour de 60% pour la plaine d’inondation distale. L’absence de ceinture de chenaux dans la coupe du Saule Mort ne permet pas de confirmer les résultats de la coupe de Beynes. Le domaine alluvial est en dehors de l’intervalle corrélé sur le Saule Mort. Il semblerait que l’enregistrement soit presque complet, un résultat bien différent de celui de la coupe de Beynes (~30%). Cependant, étant donné la proportion de fines, il s’agit probablement d’une zone plus distale du cône.

Les pourcentages de recouvrement du signal d’insolation mettent en évidence, pour chaque environnement, un seuil dans les valeurs de l’index de pédogénèse (Fig. 5.18 & 5.19). Cette valeur seuil signifie qu’en deçà d’une certaine période de temps de pédogénèse (la valeur IPed, Fig. 5.10), les conditions locales de l’environnement considéré ne permettent pas

la formation/préservation d’un sol. Rappelons que, parce que le seuil défini sur la figure 5.10 nous est a priori inconnu nous avons défini les valeurs IPed entre le maxima de l’insolation,

ces valeurs seuils que l’on observe après corrélation de tous les paléosols sont naturellement surestimées.

Les valeurs seuils les plus basses sont associées aux environnements lacustres/palustres, où un enregistrement (quasi) complet donne un seuil autour de 15-16 ka. A l’opposé, une valeur seuil maximale de 40 ka est observée pour la ceinture de chenaux. Des valeurs intermédiaires, allant de 21 à 27 ka sont observées pour les cônes alluviaux, celui de la base du Saule Mort étant de 17 ka. La plaine d’inondation distale montre un seuil autour de 20 ka. Il est intéressant de noter l’indépendance des valeurs d’une coupe à l’autre malgré des taux de sédimentations moyens assez différents (dans un rapport de 3/2 en faveur de Beynes), bien que restant toujours faibles.

Les valeurs seuil sont donc étroitement liées aux environnements, en relation avec le pédofaciès, c'est-à-dire la distance au chenal principal, et la topographie (catena) (Fig. 5.20). Les faibles valeurs seuil pour l’environnement lacustre/palustre sont en dessous de la valeur du cycle de précession, indiquant par là que l’enregistrement sera complet ; les valeurs intermédiaires caractérisant le cône alluvial et la plaine d’inondation distale montrent que les cycles de précession seront peu ou pas enregistrés. Enfin, la valeur seuil de la ceinture de chenaux suggère que les cycles de précession mais possiblement ceux de l’obliquité peuvent être oblitérés.