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La coopération régionale instrument des échanges Nord-Sud dans un monde réticulaire

L’INDUSTRIALISATION PAR LES ZONES FRANCHES

Chapitre 2 : Les invariants favorables à l’émergence des zones franches

5- La coopération régionale instrument des échanges Nord-Sud dans un monde réticulaire

Parler de la coopération régionale implique un changement d’échelle (Taglioni F., 2005). La région ici prend deux sens. Le premier est l’espace océanique constitué essentiellement d’îles et le second est l’espace régional élargi aux pays continentaux proches.

5.1 – La coopération entre les îles : Caricom et COI

Notons le faible rôle de la coopération régionale dans l’industrialisation. Nous prenons l’exemple du Caricom (Caribbean Commun Market)31 et de la Commission de l’Océan Indien (COI)32. Même si les échanges intrarégionaux du Caricom ont tendance à augmenter33, les accords commerciaux avec les Etats-Unis et l’Union Européenne (CBI, AGOA34 et ACP) dissipent les forces régionales (Taglioni F., 1995, p. 98-101).

De plus, les gouvernements, malgré une volonté certaine de coopérer, se sont lancés

30 Voir Glossaire.

31 Voir Glossaire.

32 Voir Glossaire.

33 La valeur totale des échanges intra-régionaux a augmenté depuis 1990. A l’importation elle est passée de 1,35 million de dollars Est caribéen en 1990 à 2,78 millions de dollars Est caribéen en 2000. A l’exportation, elle est passée de 1,37 million de dollars Est caribéen en 1990 à 3,37 millions de dollars Est caribéen en 2000 (Source : Caribbean Community (Caricom), 2002).

34 Voir Glossaire.

dans les mêmes voies de développement (cf. tableau 5). La complémentarité des économies, base de la coopération, voire à terme de l’intégration régionale, est pratiquement inexistante. Les divergences orientent les regards vers l’extérieur. Seuls trois produits de bases sont échangés : les carburants/lubrifiants (40 % des échanges totaux en 2004), les produits manufacturés et les animaux. Les bases économiques insulaires sont presque semblables même s’il existe de nombreuses nuances.

Tableau 4 : Les États membres du Caricom et de la Commission de l’Océan Indien

États membres du Caricom États membres de la COI Antigua et Barbuda

Tableau 5 : Exemples de productions des États du Caricom destinées à l’exportation

Primaire Secondaire Tertiaire

Sainte-Lucie Banane, Noix de coco, Copra, Cacao, Agrumes

Huile de coco, confection Tourisme Barbade Canne à sucre Rhum, Raffinage de pétrole.

Industries légères : assemblage de composants électriques et

Canne à sucre, coton Industries légères : confection, assemblage de composants

Canne à sucre Industries légères : confection, composants électroniques

Tourisme Trinidad et

Tobago

Canne à sucre Industries légères : assemblage de composants électriques et électroniques, textile-habillement.

Industrie lourde :

Tourisme

Jamaïque Bauxite

Industries légères : assemblage de composants électriques et électroniques, textile-habillement

Tourisme

Source : CARICOM, 2006.

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Selon les statistiques et les publications antérieures (Taglioni F., 1995 ; Paulin E., 1997) les balances commerciales des pays du Caricom et de la COI sont toujours déficitaires.

Les pays de ces deux organisations importent plus qu’ils exportent. Cette structure des balances commerciales est une constance historique. Prenons l’exemple du CARICOM où il est possible de disposer des chiffres du commerce grâce au site internet caricomstats (cf. tableau 6).

Tableau 6 : Valeurs des échanges commerciaux avec le reste du monde des membres du Caricom en 2004

Importations en US $ Exportations en US $

** Pays d’Asie : Chine, Hong-Kong, Inde, Singapour, Corée du Sud, Taïwan et Thaïlande.

L’organisation des flux est classique : les Etats-Unis et l’Union Européenne sont les principaux débouchés et fournisseurs. De nouveaux partenaires latino-américains et asiatiques entrent en scène, avec notamment l’augmentation des importations en provenance de Chine.

Dans le sud-ouest de l’océan Indien, les relations commerciales privilégient l’Union européenne avec une préférence pour les anciennes puissances coloniales (France et Royaume Uni).

Tableau 7 : Comparaison des échanges entre le niveau mondial et le niveau intrarégional en 2004

(en US $)

Source : www.caricomstats.org Échange monde Îles du Caricom (intrarégional)

Importations 13 020 444 605 892 644 178

Exportations 8 830 852 574 1 022 643 559

Total des échanges 21 851 297 179 1 915 287 737

Valeur en % 100 8,76

Par conséquent, les échanges intrarégionaux faibles représentent que 8,7 % pour le Caricom insulaire (cf. tableau 7) et 1 % pour la COI35.

Les échanges intrarégionaux du Caricom sont marqués par une supériorité de la valeur des importations sur celle des exportations (cf. tableau 8). La Barbade est le premier importateur du Caricom. Son haut niveau de vie justifie l’intensité des échanges. Seule Trinidad est excédentaire avec ses exportations de pétrole vers toutes les îles.

Tableau 8 : Échanges intrarégionaux de la Caraïbe insulaire, membres du Caricom (en 2004)

Importations (en US $) Exportations (en US $)

Barbade 349 218 687 89 784 823

Jamaïque 185 098 403 43 532 373

Trinidad et Tobago 91 186 580 824 606 646

OECS

Antigua et Barbuda Non disponible Non disponible

Dominique 42 814 789 24 289 547

Grenade Non disponible Non disponible

Montserrat 3 176 796 119

Ces chiffres bruts témoignent en rien d’une dynamique économique régionale.

Dans le cadre du Caricom, des îles se placent comme des relais des échanges nord-sud.

Dans les échanges de biens, Trinidad, La Barbade et la Jamaïque, grâce à leur industrialisation par captation des capitaux étrangers, sont devenues des relais régionaux. Ces pays relais s’occupent essentiellement de l’assemblage et de la transformation, pour ensuite les exporter au niveau régional. Ce système a fait naître un véritable réseau vers les îles moins dotées en produits industriels comme les biens manufacturés, les produits chimiques, les machines et les équipements.

Dans le domaine industriel, la coopération régionale a du mal à établir des projets communs. Seule la construction et la mise en œuvre de la Cimenterie Arawak à La Barbade avec la participation des gouvernements de La Barbade et de Trinidad et

35 En 1998, les échanges régionaux de la COI étaient de 0,3%. Le Programme Régional Intégré de Développement des échanges entrée en application en 1989 vise à renforcer les échanges de biens et de services entres les membres (Source : COI, 2002).

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Tobago illustre la réalisation d’un projet commun. L’insuccès le plus flagrant est la tentative de «Joint-Venture» entre les gouvernements de la Jamaïque, de Guyana et de Trinidad et Tobago pour la mise en œuvre d’une usine d’aluminium lorsque le gouvernement jamaïquain décide de se retirer du projet pour conclure un accord semblable avec le Mexique contre du pétrole (Célimène F. et Watson P., 1991, p. 131).

La République dominicaine occupe une position particulière. Absente du Caricom, ses relations privilégiées au niveau régional s’effectuent avec Puerto-Rico.

5.2 - L’élargissement continental de la coopération régionale

La coopération régionale s’établit également avec les pays continentaux proches.

Dans le sud-ouest de l’océan Indien, deux blocs régionaux, le COMESA36 et la SADC37 représentent des nouveaux marchés pour le textile et habilement mauricien. Au centre des relations commerciales nord-sud et sud-sud, cette position confère à l’île Maurice une position relais. À titre d’exemple, le projet de la zone industrielle de Tianli (Projet MTET) au nord de Port-Louis est l’une des trois têtes de pont identifiées par le gouvernement chinois en 2006 (lors du Premier Sommet Chine-Afrique) pour pénétrer le continent africain. Parmi les arguments évoqués pour la réalisation du projet, les accès préférentiels aux blocs régionaux du COMESA et de la SADC sont mis en avant38.