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4. ÉVALUATION DE LA RENTABILITÉ DU SCÉNARIO D’IMPLANTATION

4.4. Principaux bénéfices découlant du projet pour le Québec

4.4.2. Contribution positive à la balance commerciale

La réduction de la consommation de produits pétroliers issue de l’électrification des transports routiers, en plus de contribuer à l’amélioration du bilan GES de la province, devrait permettre au Québec de générer des gains significatifs au niveau de sa balance commerciale par la diminution de ses importations d’hydrocarbures. Seulement en 2012, la province importait du pétrole brut étranger pour une valeur totale de 13,7 milliards de dollars, contribuant massivement à son déficit commercial qui s’est chiffré à 20,8 milliards de dollars (MRN, 2013a). Le secteur des transports à lui seul contribue pour près de 72,9 % de la consommation provinciale de produits pétroliers (MRN, 2013b). Il est à noter que les bénéfices considérés dans la présente section tiennent uniquement compte de l’impact final sur la balance commerciale québécoise. Ce choix est justifié du fait que le prix moyen affiché à la pompe se décompose essentiellement en cinq composantes : le prix du pétrole brut, la marge de raffinage, les coûts de transport, les taxations provinciale et fédérale ainsi que la marge de détail (Régie de l’Énergie, 2013a). Si les importations de pétrole, déterminées par

le prix du brut, représentent des sorties de fonds québécois nettes, le raffinage, le transport et la distribution sont des activités qui, lorsque réalisées par des firmes de propriété étrangère (par exemple, les deux raffineries actuellement en opération au Québec sont de propriété albertaine et californienne), contribuent tout de même à la création d’activité économique dans la province. Les taxes fédérales, pour leur part, sont susceptibles d’être réinvesties au Québec dans la prestation de services gouvernementaux, alors que les taxes provinciales constituent un transfert monétaire entre agents économiques québécois. Pour toutes ces raisons, les répercussions sur l’industrie de la transformation, du transport et de la distribution des hydrocarbures, de même que les transferts sous forme de taxes fédérales et provinciales sur les carburants, ne sont pas analysés.

Afin d’évaluer l’impact de chaque substitution d’un VCI par un VÉB sur la balance commerciale de la province, il convient d’abord de déterminer combien de litres de carburant consomme annuellement un VCI au Québec. D’après les résultats de la section précédente, les 3,426 tonnes d’éq. CO2 émises annuellement par un VCI moyen équivalent à une consommation de 1490 litres d’essence par un véhicule léger selon les facteurs d’émissions de GES qui y sont associés dans le RIN (Environnement Canada, 2012). Ce résultat semble plausible au regard des estimations émises dans le PAVE (voir tableau 1.1), à savoir que 300 000 véhicules électriques au Québec en 2020 permettraient de générer des réductions de 384 millions de litres de pétrole, ou encore que 1,2 millions de véhicules électriques en 2030 contribueraient à une diminution de 1500 millions de litres d’essence, soit respectivement 1280 et 1250 litres par véhicule (MRNF, 2011a). Encore une fois, malgré que l’efficacité énergétique des moteurs à combustion interne et l’essor des biocarburants risquent fort probablement d’exercer des pressions à la baisse sur la consommation moyenne de produits pétroliers par les VCI, l’hypothèse est posée qu’un tel véhicule consomme annuellement l’équivalent énergétique de 1490 litres d’essence pendant toute sa durée de vie.

De 2002 à 2008, le prix du baril de pétrole a quintuplé (MRN, 2013a). Depuis la fin de 2010, le prix du baril de Brent, qui détermine le coût des importations québécoises, oscille autour de 100 $, du jamais vu sur une aussi longue période. En date du 2 janvier 2014, sa valeur était de 107,94 USD (Index Mundi, 2013), soit l’équivalent de 115,20 $ en utilisant le taux de change à la même date (Banque du Canada, 2014). Puisqu’un baril de pétrole contient 159 litres (MRN, 2013a), la valeur d’un litre de Brent s’élève à 0,725 $. Appliquée aux 1490 litres d’essence consommés chaque année par un VCI moyen au Québec, on obtient une réduction des importations annuelles de 1079,62 $ pour chaque substitution marginale d’un VCI par un VÉB dans la province. Les anticipations à la hausse de l’évolution du prix du baril, dû notamment à une raréfaction de la ressource, devraient contribuer à accroître l’effet bénéfique de la croissance du marché des véhicules électriques sur la balance commerciale du Québec au cours des prochaines années.

La réduction de la consommation de produits pétroliers engendrée par l’essor du stock de VÉB comporte un double avantage économique pour la province, car en plus d’empêcher la sortie de fonds locaux vers les pays exportateurs de pétrole, une partie de ces ressources financières est investie dans une source hydroélectrique peu coûteuse, propre, renouvelable et surtout produite au Québec, permettant ainsi à la province de tendre vers une plus grande indépendance énergétique. Qui plus est, l’hydroélectricité est la filière de production d’énergie qui offre le meilleur rendement énergétique (rapport entre la quantité d’énergie nécessaire pour produire une quantité d’énergie donnée), étant trois fois plus efficiente que celle du pétrole (MRN, 2013a), et Hydro-Québec tente actuellement de mettre ses surplus au profit de l’électrification des transports (MCE, 2013).

Selon le Guide de consommation de carburant 2013 élaboré par Ressources naturelles Canada, un litre d’essence contient l’équivalent en énergie de 8,9 kWh (Ressources naturelles Canada, 2013b). Parallèlement, Nissan stipule que la LEAF consomme l’équivalent de 1,8 litre d’essence aux 100 km (Nissan, 2013a), soit 16 kWh pour cette même distance. Hydro-Québec évalue aussi la consommation d’un VÉB à 16 kWh aux 100 km, alors que celle d’un VCI moyen (le modèle de référence est une Honda Civic 2009) est estimée à 8,2 litres (Hydro-Québec, 2013a). Selon ces données, les 1490 litres d’essence consommés annuellement par un VCI au Québec équivalent à une consommation énergétique de 2905 kWh pour un VÉB similaire, soit une facture électrique de 229,20 $ en appliquant un tarif actuel de 0,0789 $ par kWh (idem). Avec un coût à la pompe de 1,38 $ par litre d’essence, soit la moyenne pondérée du prix de l’essence dans les 17 régions administratives du Québec dans la semaine du 30 décembre 2013 (Régie de l’Énergie, 2013b), la consommation d’un VCI moyen représente un coût de 2056 $ par année. Le détenteur d’un VÉB économise donc près de 1830 $ par année, en plus que sa dépense en électricité de 229,20$ soit injectée dans l’économie québécoise. Si, tel que stipulé dans la Stratégie d’électrification des transports, 80 % des besoins de recharge sont effectués à la maison ou au travail, les besoins en recharge publique s’élèveraient annuellement pour un VÉB à 581 kWh, pour une valeur de 45,84 $. Toutefois, comme ces valeurs représentent des transferts monétaires entre utilisateurs de VÉB et Hydro-Québec, deux agents compris dans le point de vue de l’étude, elles ne seront pas tenues en compte dans le calcul de l’analyse coûts-bénéfices québécoise.