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La contradiction prévisible entre l’ouverture et les zones fragiles : sous-rentabilité, financiarisation et conflit armé

Les conséquences prévisibles de l’ouverture de l’économie colombienne : l’irrationalité de la décision

Section 2. L’accentuation prévisible des fragilités spatiales par l’ouverture

2.2. La contradiction prévisible entre l’ouverture et les zones fragiles : sous-rentabilité, financiarisation et conflit armé

Il s’agit de montrer que les facteurs de fragilités impliquent, de manière générale, une sous-rentabilité des investissements dans les zones fragiles. Excepté les activités d’extraction minière et d’hydrocarbures, il était ainsi prévisible que ces zones seraient exclues des flux entrants de capitaux, en sorte d’être encore plus fragilisées suite à l’ouverture.

Comprendre la sous-rentabilité des investissements commence par les migrations internes

générées par le sous-développement constitutif des zones fragiles. Ces dernières se caractérisent par la tendance de la population à migrer vers le Centre-Orient et l’Occident. Ces migrations internes vers les régions les plus développées – l’essentiel des migrations – sont motivées par les avantages locaux existant dans ce territoire : les écarts de salaires à travail et conditions de travail identiques, le manque d’opportunités d’emploi, l’insuffisance des structures éducatives (collèges, lycées, universités) et des structures sanitaires (réseaux d’eau potable, dispensaires, hôpitaux, etc.) (Galvis, 2002 ; Zuleta Arango, 2007).

Aux débuts des années 1990 et même avant 1973, même si les régions Amazonie et Orénoque occupent 58% du territoire colombien, environ trois quarts de la population habitent les régions Centre-Orient et Occident, plus de 95% si l’on ajoute la région Côte Atlantique (cf. graphiques 1.16 et 1.17). Pour des densités de population de 60 hab/km², 67 hab/km² et 96 hab/km² respectivement pour la Côte Atlantique, l’Occident et le Centre-Orient, les mêmes chiffres s’élèvent à 2,5 hab/km² et 3,3 hab/km² respectivement pour l’Amazonie et l’Orénoque (cf. tableau 1.6).

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Graphique 1.16 : Répartition régionale de la population, Colombie, 1973 (en %)

Source : DANE, Fédération Nationale des Départements Colombiens (FEDES), calculs de l’auteur.

Graphique 1.17 : Répartition régionale de la population, Colombie, 1990 (en %)

Source : DANE, FEDES, calculs de l’auteur.

Or, la faible population empêche la réalisation de rendements d’échelle, en sorte de

pénaliser la rentabilité des investissements. C’est sans compter sur la complémentarité des investissements entre eux, au sens où un investissement A accroît la rentabilité d’une série d’investissement B1, B2, …, Bn. Les investissements en infrastructures de transport sont particulièrement importants. En leur absence, ils augmentent le coût de transport, augmentant subséquemment le coût de production. La perte subséquente de profitabilité décourage la production dans les régions sous-développées (Pérez, 2005). Les investissements en structures

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sanitaires et éducatives sont également importants, car permettant d’augmenter la productivité des facteurs. En leur absence, la productivité reste faible, décourageant de nouveau la profitabilité de la production dans les régions sous-développées (Garcia, 1999 ; Barón Rivera & Meisel Roca, 2003 ; Meisel Roca & Romero, 2007). La complémentarité des investissements contribue pourtant à la formation d’un système productif, c’est-à-dire « l’ensemble des activités présentes sur un espace et articulées entre elles de sorte qu’elles dégagent un excédent dont l’utilisation productive permet le développement de l’ensemble » (De Bernis, 1988, p. 36). Précisément, les zones fragiles se caractérisent par le manque de cohérence, en sorte de générer une sous-rentabilité des investissements.

La sous-rentabilité est incompatible avec les normes de rentabilité véhiculées par la

financiarisation et régissant les flux entrants de capitaux étrangers. De manière générale, la financiarisation est le processus de structuration croissante des décisions économiques par les marchés financiers, à partir des années 1970, dans le cadre des mesures de libéralisation en général et de libéralisation financière en particulier (Epstein, 2005 ; Öranghazi, 2008 ; Palley, 2008). La structuration se traduit notamment par l’existence d’un cycle économique « financier », généré par les dynamiques spéculatives sur les actifs, en résonnance avec une fragilisation endogène du système financier (Aglietta, 2008). La structuration se traduit également par les possibilités d’endettement accru pour les ménages, dans le cadre d’innovations financières sous forme de produits dérivés et alimentant la consommation à des niveaux sans précédents durant la phase haussière du cycle financier (Stellian, 2010). Ou encore, la structuration se traduit par des normes accrues de rentabilité, véhiculées par les nouveaux acteurs que sont les investisseurs institutionnels, afin de maximiser le dividende par action. Ainsi les entreprises sont-elles incitées à minimiser autant que possible leurs dépenses – y compris les salaires – afin de générer les profits nécessaires à la distribution de dividendes ; ainsi les profits eux-mêmes sont-ils prioritairement utilisés pour distribuer des dividendes, quitte à réduire la part des profits consacrés à l’autofinancement, de manière à pousser les entreprises à l’endettement ; d’une stratégie retain and reinvest, les entreprises passent à une stratégie downsize and distribute (Lazonick & O’Sullivan, 2000).

Or, en raison de leur sous- rentabilité, les zones fragiles ne satisfont généralement pas les normes de rentabilité issues de la financiarisation. Au moment de l’ouverture, on pouvait s’attendre à ce que les flux entrants de capitaux privilégient les zones développées où les possibilités de rentabilité sont bien plus importantes. Par conséquent, on pouvait s’attendre à ce que la concentration de la plupart des flux en dehors des zones fragiles accentue encore

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plus les inégalités spatiales au sein de la Colombie. C’est pourquoi il est bien question d’une

contradiction entre l’ouverture et l’existence des zones fragiles19.

Certes, les zones fragiles se caractérisent par les possibilités abondantes d’extraction minière et d’hydrocarbures. Le gouvernement de l’époque pouvait donc s’attendre, au moment de l’ouverture, à ce que des flux entrants de capitaux se dirigent en partie vers les zones fragiles, même s’il ne s’agit pas de la plupart des flux. Néanmoins, les investissements servent d’abord et avant tout les besoins de l’économie d’origine en général et des firmes transnationales de l’économie d’origine en particulier. Il n’existe pas de volonté des investisseurs étrangers de vouloir développer les zones fragiles. Ils sont motivés par les profits susceptibles d’être réalisés à partir de leurs investissements, dans le cadre d’une stratégie d’entreprise établie à l’échelle transnationale. Comme le dit De Bernis, « ce qui définit une économie sous-développée, c’est de n’avoir jamais constitué un système productif, du fait de son intégration à l’espace des systèmes nationaux des économies dominantes : l’accumulation du capital y est définie de l’extérieur, la cohérence des activités ne se réalise qu’à l’échelle du système qui l’intègre ; le taux de profit qui est réalisé sert à alimenter le procès d’accumulation du système productif dominant (…) » (1998, p. 230).

Par conséquent, le gouvernement pouvait s’attendre à ce que même les quelques flux entrants de capitaux étrangers dans les zones fragiles n’allaient pas favoriser le développement de ces dernières. Une conception mécaniciste du développement des zones fragiles, selon laquelle celui-ci est automatiquement généré par l’accumulation de capital dans les industries d’extraction, est fallacieuse. « Ces industries – toujours selon De Bernis – ne peuvent être implantées et mises au service des besoins des peuples que si elles le sont par un Etat lui-même contrôlé par des forces sociales qui n’excluent ni les masses de paysans, ni les ouvriers, et dans le cadre d’un véritable processus de planification » (ibid., p. 232). Pourtant, l’expérience du XIXe siècle montrait déjà la nécessité d’un pilotage étatique du développement des peuples, lequel ne doit pas être confondu avec le développement du capital, celui-ci pouvant très bien contredire celui-là s’il est laissé aux seules initiatives privées motivées par le profit.

19 Contrairement à Krugman (1991a , 1991b), dans le cas de la Colombie, les régions les moins développées ne se caractérisent pas par des coûts de production moins élevés à productivité identique des facteurs de production. Par conséquent, il n’existe pas une différence de coûts incitant la production à se rediriger depuis le centre vers la périphérie, pour in fine générer une homogénéisation des régions et une convergence économique des régions de la périphérie vers les régions du centre. Cf. également Tabuchi (1998), Duranton (1999) et Catin (2000).

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En outre, la sous-rentabilité est auto-entretenue avec le sous-développement lui-même, à l’instar d’un cercle vicieux du sous-développement à la Nurkse (1953). Ce cercle vicieux de la sous-rentabilité pénalise définitivement les zones fragiles via l’ouverture. Le sous-développement conduit à la sous-rentabilité à travers l’insuffisance des rendements d’échelle et de complémentarité entre différents types d’investissement, dans le cadre de migrations internes vers les zones plus développées (cf. supra). En retour, la sous-rentabilité conduit au sous-développement. L’absence d’investissements, faute de rentabilité suffisante, génère par voie de conséquence l’absence d’effets d’entraînement des investissements sur l’activité économique d’une zone donnée : création d’emplois à partir des investissements, consommation à partir des salaires issus des emplois créés, nouveaux investissements dans le cadre d’une consommation accrue, transferts de technologies par des investissements accroissant la rentabilité d’autres investissements, etc. (De Bernis, 1991). Tous ces effets conduisent au développement.

C’est sans compter sur la politique économique. Cette dernière a toujours eu tendance à « sacrifier » les zones fragiles, pour ainsi ne pas donner les possibilités de casser le cercle vicieux. Comme l’Etat n’a jamais mesuré l’importance de l’agriculture, il l’a laissé aux décisions privées. L’agriculture des zones les plus développés provient des antécédents historiques en termes de production de café (cf. supra). En revanche, l’agriculture des zones fragiles reste structurée autour des grandes propriétés foncières, les latifundios (quand il ne s’agit pas d’une agriculture de subsistance). Sous-mécanisées et sous-exploitées, ces propriétés constituent une entrave au développement de l’agriculture et, partant, au développement des zones fragiles. Comme suggéré précédemment, l’Etat n’a jamais entrepris une véritable réforme agraire. En conséquence, l’Etat n’a pas permis de lever l’entrave au développement générée par les latifundios, bien que les régions sous-développés disposaient – et disposent toujours – d’un potentiel agricole et minier important susceptible d’être mobilisé pour un processus d’accumulation piloté à l’échelle nationale.

Lorsque l’Etat chercha à développer l’industrialisation, il choisit de financer l’industrie et les infrastructures des zones ayant déjà une industrie naissante, c’est-à-dire uniquement dans les départements producteurs de café (y compris et surtout Antioquia) à l’exclusion des autres départements (cf. annexe 1.2). Durant la première moitié du XXe siècle, l’industrialisation commence dans ces départements20. Le surplus issu de l’exportation de café (principalement

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aux Etats-Unis) et à la disposition des propriétaires fonciers est notamment réinvesti par ces derniers pour créer une industrie. Le processus est laissé aux initiatives privées (Torres Garcia, 1999). L’Etat cherche alors à développer cette industrie naissante21 mais ne cherche pas à créer des industries dans les zones où elles sont quasi-inexistantes (Garcia, 1999 ; Barón Rivera & Meisel Roca, 2003 ; Meisel Roca et Romero, 2007). Certes, une exploitation plus poussée de l’agriculture aurait généré un surplus susceptible de financer (et générer des effets d’entraînement sur) l’industrie dans ces régions. C’est ignorer l’« oubli » de l’agriculture par l’Etat, qui d’ailleurs a fini par être dans l’incapacité de financer le développement agricole (et industriel), car devenant en situation de surendettement auprès des Etats-Unis (cf. supra). Les gouvernements successifs se sont toujours contentés de mesures marginales en faveur des zones fragiles (Pérez Correa & Pérez Martinez, 2002) (cf. schéma 1.3).

Schéma 1.3 : La politique économique colombienne à effets d’exclusion spatiale

Initiatives privées de production de café et d'industrialisation au « Centre »

Première moitié du 20e siècle

Politique économique focalisée sur l'industrie du « Centre », Partenariats public-privé d'industrialisation

Seconde moitié du 20e siècle jusqu'à l'ouverture

Sous-développement de la Périphérie

Poursuite des initiatives privées de production agricole

Développement, concentration économique et

démographique au Centre

Source : fait par l’auteur.

21 En l’absence d’une véritable coordination entre les propriétaires fonciers et l’Etat, l’industrie a pris du retard en comparaison d’autres pays de l’Amérique du Sud, ne représentant que 10% du PNB (Bejarano 1987). L’intervention de l’Etat devait pourtant combler ce retard.

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Enfin, le cercle vicieux est également accentué par le conflit armé caractérisant la Colombie depuis l’après-Seconde Guerre Mondiale. Bien que le conflit a une dimension politique

évidente, l’introduire dans une analyse n’est en aucun cas une digression, à partir du moment où l’accent est mis sur les répercussions économiques du conflit en termes d’inégalités spatiales de développement. Comme le souligne Gilpin (2001, p. 9), « l’Etat et les processus politiques associés influencent (…) la localisation des activités économiques et les coûts et les bénéfices de ces activités » (traduit par nous).

Au fur et à mesure que les zones fragiles apparaissent, les populations de ces zones s’appuient initialement sur les institutions politiques « classiques » de la démocratie – formation de partis politiques d’opposition, participation aux élections, etc. – afin d’obtenir du gouvernement une politique économique réduisant les inégalités spatiales de développement. Comme souligné

supra, cette politique n’a jamais eu lieu. Au début de la seconde moitié du 20e siècle, le chef du parti politique libéral de l’époque, fondateur de l’Union Révolutionnaire de Gauche et ancien Ministre du travail, Jorge Eliecer Gaitán, se positionne comme le représentant du peuple en général et des « oubliés » des zones fragiles en particulier. Il promet le renversement du gouvernement alors en place, jugé comme oligarchique. S’inspirant notamment du communisme (dans le cadre de ses relations avec Fidel Castro et les dirigeants de l’URSS), il promet une réorganisation politique, économique et sociale de la Colombie à l’occasion de sa campagne pour l’élection présidentielle de 1950. Les réformes agraires qu’ils proposent (restructuration de la propriété foncière, législation du travail des ouvriers agricoles) sont particulièrement approuvées par les populations des zones « oubliées ». Ces dernières trouvent chez Gaitán leur représentant de l’époque et tendent à partager ces idées d’inspiration communiste (Gomez Aristizabal, 1998).

L’assassinat de Gaitán en 1949 – attribué au gouvernement en place et aux autorités américaines, dans le cadre de leur politique d’élimination du communisme (cf. Robinson 1976 ; Umaña Luna, 1999) – déclenche une guerre civile. Cette dernière part de Bogotá – le premier jour de la guerre civile étant connu comme le « Bogotázo » – et se propage rapidement aux zones « oubliées ». L’insurrection débouche sur la multiplication des petites armées de paysans favorables à la « socialisation » de l’économie en général et de l’agriculture en particulier. Les petites armées se coordonnent progressivement, pour ainsi former une série de groupes armés tels l’Armée de Libération Nationale (ELN), le Mouvement Agraire d’Auto-Défense, le M-19, ou encore le plus connu d’entre eux, les Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC). Les guérillas prennent naissance. Le conflit armé s’est toujours concentré principalement dans les régions Orénoque et Amazonie (Sánchez & Chacón, 2005 ; Cadena Montenegro, 2007, 2008) (cf. carte 1.3).

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Carte 1.3 : Zones de présence des FARC sur le territoire colombien, 1985 et 1990

Source : Sánchez & Chacón (2005).

Le conflit armé prend encore plus d’importance lorsque les autorités colombiennes mettent en œuvre une politique d’éradication des guérillas sous la direction (du Pentagone) des États-Unis pour empêcher l’expansion du communisme (Agencia Bolivariana de prensa, 2009) – y compris la répression du Mouvement Agraire d’Auto-Défense en 1964, mais dont l’un des survivants, Pedro Marin alias Manuel Marulanda « Tiro Fijo », fondera plus tard les FARC. Une escalade de la violence s’ensuit. Face à la répression, les groupes armés privilégient le rançonnage pour disposer des fonds indispensables à l’accroissement de leurs équipements (armes, moyens de transport, moyens de communication, etc.). Selon la même logique, ils favorisent également les activités liées à la drogue et, ce faisant, alimentent la violence inhérente à ces activités (Pérez Correa & Pérez Martinez, 2002). Face au rançonage, au développement du narcotrafic ainsi qu’à d’autres actions « radicales » comme les attentats, des membres du gouvernement colombien ont financé de manière officieuse la création de groupes paramilitaires d’extrême-droite durant les années 1980. Ces groupes prirent l’habitude de s’allier parfois aux cartels de la drogue, les premiers recherchant des financements, les seconds recherchant un moyen de se protéger des guérillas et des militaires. Toutefois, ces alliances étaient fragiles et alimentaient le conflit armé.

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Au final, le conflit armé prend une ampleur sans précédent, impliquant les guérillas, l’armée, les cartels de la drogue et les paramilitaires. Au milieu de ce conflit, la première victime est la population non-désireuse de s’intégrer dans l’un de ces groupes. Elle est forcée au déplacement pour un impératif de survie (Caro & Sarmiento, 1997 ; Osorio, 1997, 2007, 2010). Ces déplacements sont d’autant plus fréquents que les guérillas entreprennent des « nettoyages » : soit expulser les habitants d’une zone, soit les enrôler de force dans les groupes armés, afin de contrôler cette zone (Sánchez & Chacón, 2005). Dans ces conditions, les déplacements forcés ont accentué le dépeuplement des zones fragiles. On retrouve alors les effets négatifs du dépeuplement en termes de sous-développement : insuffisante rentabilité des investissements en l’absence de rendements croissants, insuffisance des complémentarités, etc. Pire, avec l’accentuation de la fragilité des zones, on pouvait s’attendre à ce que le conflit armé prenne de l’ampleur, au lieu de voir dans les investissements étrangers un moyen de pacifier les zones.

Le schéma 1.4 donne une vue d’ensemble des facteurs à l’origine de la contradiction entre zones fragiles et ouverture. Ces facteurs font intervenir aussi bien des facteurs internes – politique économique, conflit armé – que des facteurs externes – stratégie d’accumulation en fonction des investisseurs étrangers et non en fonction du développement, financiarisation et normes de rentabilité. Ainsi, on retrouve le même schéma se retrouve que dans le cas des déterminants de la compétitivité.

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Schéma 1.4 : Sous-développement, sous-rentabilité et ouverture

Exclusion générale des zones fragiles par les flux entrants de capitaux

Politique économique à effets d'exclusion spatiale

Conflit armé

Non-exclusion dans le cas particulier de l'extraction minière et d'hydrocarbures

Absence de correspondance entre Le développement du capital

et

Le développement des zones fragiles

Financiarisation

Normes accrues de rentabilité

Accroissement des fragilités spatiales Intensification du conflit armé

Contradiction entre l'ouverture et l'existence des zones fragiles en Colombie Sous-développement

des zones fragiles

Sous-rentabilité des investissements dans les

zones fragiles Dépeuplement (migrations internes) Absence d'effets d'entraînement des investissements

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* *

Au lieu de procéder à l’ouverture, l’économie colombienne avait toutes les raisons pour au contraire « conquérir aussi vite que possible l’autonomie de son procès d’accumulation (…), ce qui implique une reconsidération profonde des relations avec l’extérieur. Cette leçon est d’autant plus importante qu’au moment où se sont développées l’internationalisation des marchés et la transnationalisation du capital, il ne manque pas de voix pour appeler les peuples du tiers monde à se fondre dans le magma d’un marché mondial animé par les seules firmes transnationales, comme si le rôle économique de l’Etat n’avait été qu’un accident de l’histoire » (De Bernis, 1998, pp. 230-231). Sachant les conséquences prévisibles de l’ouverture sur le système économique colombien, prendre la décision de l’ouvrir n’était pas rationnel du point de vue du système lui-même. Par conséquent, comment fonder la rationalité de cette décision ? Tel est l’enjeu du chapitre 2, où les facteurs politiques ont une importance décisive.

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CHAPITRE 2