• Aucun résultat trouvé

« La région de l’Amérique Latine et des Caraïbes (ALC) se caractérise par un grand potentiel en ressources naturelles (…) » (Ovalles, 2006, p. 1, notre traduction). L’ALC dispose de 11% des réserves mondiales de pétrole (dont la durée de vie est calculée à 33 ans, contre 10 ans pour les réserves américaines), 6% des réserves mondiales en gaz naturel et des réserves de charbon pour environ 288 ans d’exploitation35.

L’ALC est aussi très riche en ressources hydriques36. Elle possède 25 bassins hydrographiques (cf. carte 2.6)37 et environ un tiers des ressources hydriques renouvelables du monde constitués par les eaux superficielles et les nappes phréatiques (AQUASTAT, 2011). De même, l’ALC dispose de la surface de terres cultivables la plus grande au niveau mondial, estimée à environ 576 millions d’hectares (Gómez & Gallopín 1995). L’ALC dispose de la plus grande réserve en terres potentiellement cultivables par rapport à sa population (Ovalles, 2006).

35 www.deslinde.org.co/Estados-Unidos-tras-los-recursos.html (consulté en août 2011).

36 www.espacioagua.org.ar/el_agua/el_agua_en_america_latina.html (consulté en août 2011).

37 A eux sseuls les bassins de l’Amazonie, de l’Orénoque, de San Francisco, du Paraná, du Paraguay et du Magdalena transportent environ 30% de l’eau mondiale superficielle.

82

Carte 2.6 : Les bassins de l’Amérique du Sud

Source : à partir de FAO et AQUASTAT.

Au contraire, un examen des ressources naturelles américaines montre que les Etats-Unis sont dépendants des combustibles fossiles, principalement le pétrole38. Ils consomment environ 25% du combustible mondial mais ne disposent que de 2,5% des réserves pétrolières du monde39. L’ALC représente donc pour les Etats-Unis une « pierre précieuse » (Garcia, 2004). En plus d’être richement dotée en hydrocarbures, l’ALC a des réserves qui souffrent moins de l’instabilité politique que le Moyen Orient (principal fournisseur de pétrole des Etats-Unis), le bassin de la mer caspienne ou l’Afrique Occidentale (Colmenares Mejia, 2011). Pour « ne pas souffrir une crise énergétique dans les vingt prochaines années », selon les termes du Secrétaire de l’énergie Spencer Abraham, les Etats-Unis cherchent à sécuriser leurs approvisionnements énergétiques depuis le sous-continent avec des accords bilatéraux (Garcia, 2004)40. L’enjeu est de pouvoir assurer le fonctionnement des secteurs c1és de leur économie et la consommation de leur population. De même, les Etats-Unis ne disposent pas d’autant de ressources hydriques que l’ALC.

38 http://naturales.org/?p=120 (consulté en juin 2011)

39 www.deslinde.org.co/Estados-Unidos-tras-los-recursos.html (consulté en août 2011)

83

Bien que l’ALC dispose de plus de terres potentiellement cultivables, les Etats-Unis possèdent déjà environ de 186 millions d’hectares de zones arables, c’est-à-dire, environ 20% de son territoire (Banque Mondiale, 2011), ainsi qu’une agro-industrie plus développée et compétitive (cf. chapitre I). Le territoire agricole ne fait donc pas partie des intérêts des Etats-Unis. Ces derniers s’intéressent davantage aux ressources hydriques et aux hydrocarbures de l’Amérique Latine. La Colombie représentait alors, au moment de l’ouverture, un intérêt particulier. Elle possédait un stock de ressources naturelles beaucoup plus important et diversifié que celui d’autres pays de l’ALC. La Colombie occupe le quatrième rang dans le monde pour l'abondance d'eau potable. Les bassins de l’Amazonie, de la côte Pacifique, de la côte Caraïbe et de l’Orénoque se situent en partie en Colombie tandis que celui du Magdalena s’y situe entièrement (cf. carte 2.6). La Colombie dispose donc de cinq bassins41, lesquels permettent l’autosuffisance en eau. C’est tout le contraire pour les Etats-Unis. Au moment de s’ouvrir, les ressources en eau per capita de la Colombie étaient de 68 178 m3/an, contre 12 476 pour les Etats-Unis, soit 5,4 fois plus. De même, les Etats-Unis étaient environ 8 fois plus dépendants en eau que la Colombie qui ne l’est quasiment pas42.

De même, la Colombie est aussi l’un des pays latino-américains les plus riches en ressources naturelles non renouvelables au moment de l’ouverture. Un examen de la production et des réserves existantes en 1990 témoigne de l’abondance d’émeraudes (premier producteur du monde), d’or (quatrième producteur de l’hémisphère ouest), de platine (quatrième producteur au monde), de nickel (existence de réserves), de charbon (plus grandes réserves de charbon au monde et premier producteur de l’Amérique latine en 1990), de pétrole (troisième producteur de l’Amérique du sud) et de gaz naturel (quatrième producteur de l’Amérique latine) sur le sol colombien (cf. tableaux 2.1).

41 La Colombie ne posséde pas de zones arides comme d’autres pays sud-américains dont le Mexique, le Brésil, l’Argentine, le Chili, la Bolivie et le Pérou. L’existence de grandes zones arides à l’intérieur de ces pays fait que les deux tiers de la région latino-américaine sont classifiés comme arides et semi-arides. www.espacioagua.org.ar/el_agua/el_agua_en_america_latina.html (consulté en juillet 2011).

84

Tableau 2.1 : Ressources naturelles de la Colombie en 1990 Emeraudes

(6.200.000 carats)

Avec une production de 6.200.000 carats en 1990, la Colombie extrait de son sol environ 60% de la production mondiale d’émeraudes, suivi de la Zambie (15%), du Brésil (12%), de la Russie (4%) et du Zimbabwe (3%). « 90% de la production d’émeraudes serait exportée et seulement 10% vendue en Colombie » (Torres, 2003, p.83) étant donné leur excellente qualité.

Or (29,35 tonnes)

En 1990, la production d’or en Colombie (1,3% de la production mondiale) n’était pas très significative en comparaison de la production de l’Afrique du sud (26,4% de la production mondiale)43. Toutefois, la Colombie occupe la quatrième place dans la production totale d’or de l’hémisphère ouest, après les Etats-Unis, le Canada et le Brésil (Ensminger, 1990, p.147).

Platine

(42.317 onces)

Avec une production de 42.317 onces en 1990, la Colombie était la quatrième productrice de platine au monde (Mobbs, 1991). Néanmoins, la participation de la Colombie dans la production mondial de platine n’est que de 1% (Rabchevsky, 1992, 1994).

Nickel

(766.841 tonnes)

La Colombie produit seulement 2% de la production mondiale, c’est-à-dire, 766.841 tonnes en 1990. Toutefois, « la durée de vie des gisements colombiens est estimée à 20 années » (Ensminger, 1990, p.149, notre traduction). De même, la mine colombienne de « Cerro Motoso » à Montelibano, Cordoba est reconnu comme l’une de plus grandes productrices de ferronickel dans le monde44.

Charbon

(20,5 millions de tonnes)

En 1990, « La Colombie possède les plus grandes réserves de charbon au monde » (Ensminger, 1990, p.150, notre traduction). Avec une production de 20,5 millions de tonnes, la Colombie est la troisième productrice de charbon dans l’hémisphère ouest, après les Etats-Unis et le Canada. Néanmoins, en tenant compte que de la production de l’Amérique latine (Amérique centrale plus Amérique du sud), la Colombie produit 68,8% de la production et a la place de première productrice.

Pétrole (2,3 millions de

tonnes)

La Colombie a toujours été la quatrième productrice de pétrole en Amérique du Sud. Néanmoins, la Colombie obtient la troisième place si la production des pays latino-américains membres de l’OPEP (Venezuela et l’Equateur) n’est pas prise en compte lors des calculs.

Gaz naturel (4,1 milliards de

m3)

En 1990, la Colombie a occupé la quatrième place en ce qui concerne la production de gaz naturel en Amérique Latine

Source : fait par l’auteur

Si en plus de s’approprier une partie des ressources naturelles colombiennes, les Etats-Unis veulent la réussite de leur « stratégie d’intégration énergétique de l’hémisphère », ils doivent défendre les réserves d’hydrocarbures des pays voisins, menacées par les groupes armés colombiens (cf. carte 2.7).

43www.goldsheetlinks.com/production.htm (consulté en août 2011).

44 La mine colombienne de « Cerro Motoso » a été ouverte en 1982. Toutefois, elle ne devient rentable qu’en 1991 (Mobbs, 1991), c’est-à-dire après l’ouverture de la Colombie.

85

Carte 2.7 : Géopolitique de ressources naturelles colombiennes et frontalières

Source: à partir de Ensminger (1990), Salazar (2005), Sánchez et Chacón (2005),

http://mineriavscolombia.wordpress.com et http://www.oilwatchsudamerica.org (consulté en août 2011).

L’ouverture n’est autre que le moyen, pour les Etats-Unis, d’avoir accès aux ressources naturelles de la Colombie. Ils peuvent ainsi procéder à la sécurisation de leurs approvisionnements énergétiques, du moins une partie d’entre eux. L’ouverture offre, de manière plus générale, des matières premières à leurs industries. Il s’agit d’une stratégie

86

b. Débouchés et placements des liquidités dans un contexte de