• Aucun résultat trouvé

4. Présentation des résultats

4.1 Contexte

Avant de répondre plus spécifiquement aux objectifs de l’étude, il importe à de bien situer le contexte dans lequel s’inscrit le cas, c’est-à-dire de bien décrire l’équipe soignante et le milieu dans lequel elle gravite. Une description de l’urgence et plus particulièrement du secteur spécifique d’observation de clientèle admise à l’urgence, ainsi que de la composition de l’équipe soignante et du rôle attendu de ces différents acteurs à travers l’organisation des soins qui prévaut dans l’organisation sera faite.

4.1.1 Description de l’urgence

L’étude a été menée dans une urgence secondaire dont les services médicaux sont assurés par une équipe d’omnipraticiens soutenue par une équipe de consultants spécialistes. Cette urgence est située à même un centre hospitalier offrant des soins spécialisés en ophtalmologie et en cancérologie, ainsi que des soins généraux à une clientèle diversifiée principalement adulte et gériatrique4. Les clients devant être admis

afin d’être observés au sein de cette urgence doivent présenter de l’instabilité clinique, un risque de morbidité ou de mortalité accrue ou toute autre condition nécessitant une surveillance étroite (AQESSS, 2006). Lors de la collecte de données, la plupart des clients admis semblaient bien répondre à ces critères. La philosophie de cette urgence s’inscrit dans les valeurs organisationnelles de l’établissement et en cohérence avec celles véhiculées provincialement, soit : la primauté du patient, la satisfaction des besoins du patient, le constant souci de la qualité des soins et une approche rigoureuse en ce qui a trait à la gestion (AQESSS, 2006, p. 17).

À partir de données administratives issues de tableaux de bord, il est possible d’extraire quelques informations liées à l’achalandage et à la performance de l’urgence comparativement aux autres urgences de la région, soit un taux d’occupation moyen des civières de 31 % par rapport à 25 % régionalement et une

46

durée moyenne de séjour (DMS) globale de 24,6 h par rapport 23,3 h régionalement. Afin d’avoir un portrait du taux d’occupation des civières lors de la collecte de données, des données statistiques ont été extraites du logiciel SIURGE et montrent un taux variant entre 22,3 et 115 % spécifiquement durant les périodes d’observation allant du 16 au 28 septembre 2010.

Tel que mentionné dans le chapitre précédent, l’urgence étudiée comporte généralement 30 civières consacrées à l’observation de clientèle admise à l’urgence, soit 22 en santé physique et 8 en santé mentale. Au moment de l’étude, le secteur de l’urgence psychiatrique était fermé de façon temporaire depuis plusieurs mois. Ainsi, la gestion de la clientèle psychiatrique s’effectuait, durant cette période, à même les civières de santé physique. Parmi les civières de santé physique, 14 sont regroupées autour du poste des infirmières (notamment une salle d’isolement) et bénéficient d’une surveillance à l’aide d’un système de monitorage central alors que les 8 autres sont situées dans un corridor. Il y a également 2 salles de réanimation et une pharmacie près du poste des infirmières ainsi que les utilités (propre et souillée) et une cuisinette qui sont facilement accessibles.

4.1.2 Description de l’équipe soignante

L’équipe soignante œuvrant dans le secteur assurant l’observation des patients admis à l’urgence inclut des infirmières, des infirmières auxiliaires et des préposés aux bénéficiaires. Elle comporte, selon le plan d’effectif prévu dans le secteur d’observation, un bassin de personnel composé de 24 infirmières, de 3 infirmières auxiliaires et de 7 préposés aux bénéficiaires par 24 h répartis de la façon suivante :

Tableau 8 : Plan d'effectif prévu par quart de travail

Nuit Jour Soir

Infirmières 6 9 9

Infirmières auxiliaires 1 1 1

Préposés aux bénéficiaires 2 3 2

Afin de respecter ce plan d’effectif en ce qui concerne les infirmières, on retrouve selon le quart de travail de 54 à 59 % de postes à temps complet (9 ou 10 jours/14) alors que le reste représente des postes variant de 4 à 8 jours par quinzaine. Bien qu’il n’y ait que 3 postes vacants dans cette unité, le taux d’absentéisme5 est

relativement élevé au moment de l’étude, représentant globalement près de la moitié du personnel infirmier (48 %) et touchant de façon très importante le quart de soir (76 %), dont notamment 10 absences à long terme uniquement sur ce quart, ce qui témoigne de la précarité touchant ces équipes.

5 Le taux d’absentéisme inclut les éléments suivants : absences à long terme (p. ex. invalidité, maternité, études, etc.),

Le centre hospitalier à l’étude a implanté au cours de l’année précédant l’étude un nouveau mode d’organisation des soins dans la majorité des départements basée sur le travail collaboratif entre l’infirmière et l’infirmière auxiliaire jumelées en dyades pour la prise en charge conjointe d’une équipe de patients. Par contre, ce modèle a été modulé afin de répondre à la réalité spécifique de l’urgence. L’infirmière prend donc seule à sa charge une équipe de 5 patients (ou civières) en soins globaux alors que l’infirmière auxiliaire, tout comme le préposé aux bénéficiaires, intervient auprès de l’ensemble des patients en collaboration avec toutes les infirmières du secteur.

Le rôle attendu de chacun des membres de l’équipe soignante est encadré par l’organisation, par les activités professionnelles reconnues par la loi et par certaines exigences spécifiques à l’établissement. Tous les patients admis doivent être obligatoirement sous la supervision directe d’une infirmière qui assure l’évaluation et la surveillance requise selon leur condition clinique. L’infirmière auxiliaire agit en collaboration avec l’infirmière et vient la soutenir dans la réalisation de différentes tâches « techniques » telles que les prélèvements sanguins par ponction veineuse, l’installation de soluté sans additif ou la réalisation de cathétérisme urinaire. L’étude a été conduite après à la modification réglementaire des activités de l’infirmière auxiliaire en 2008 qui a élargi leur champ de pratique, notamment par la contribution à la thérapie intraveineuse, ce qui a été perçu comme un élément facilitant pour leur intégration dans cette urgence dès son entrée en vigueur . Le préposé aux bénéficiaires joue, quant à lui, plusieurs rôles simultanément : assistance à l’infirmière dans les soins de base aux patients tels que la mobilisation, l’élimination et l’alimentation, gestion et entretien du matériel, mise en place des contentions selon les directives de l’infirmière, massage cardiaque, etc. En plus de ces responsabilités, le préposé aux bénéficiaires est appelé à quitter régulièrement le département afin d’assurer le transport des patients, le transport des prélèvements et de réaliser d’autres tâches hors du département. Finalement, son rôle a également été élargi spécifiquement à l’urgence suite à une formation qui lui permet désormais d’installer les électrodes cardiaques et de réaliser un électrocardiogramme. L’infirmière auxiliaire et le préposé aux bénéficiaires sont également appelés à contribuer à l’évaluation et à la surveillance infirmière en partageant les observations qu’ils ont faites auprès des patients.

4.2 Description du cas : la mise en œuvre de la compétence