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Un contexte institutionnel et universitaire favorable à l’innovation et au développement industriel

Résumé – Introduction de la Partie

1.2. Un contexte institutionnel et universitaire favorable à l’innovation et au développement industriel

Dans le contexte industriel précédent, divers laboratoires en Sciences de l’ingénieur se sont développés. Ils ont souvent trouvé leur origine en lien avec l’horlogerie, puis la mécanique et la micromécanique, et sont aujourd’hui associés au CNRS. Le fait que ces laboratoires soient actifs dans le domaine des sciences de l’ingénieur, par nature plus tournées vers des applications, constitue un atout pour le développement économique de la région. C’est un élément capital dans la possibilité, pour les industriels, de travailler en coopération avec la recherche.

1.2.1. Recherche et transfert : un potentiel d’innovation important

a) Des capacités de recherche développées

Des laboratoires de recherche importants, affiliés aux sciences de l’ingénieur

Dans les années 1990, 6 laboratoires de recherche (soit 300 personnes environ) étaient actifs, pour partie et dans des proportions variables, dans ce qui commença alors à être identifié, dans le monde de la recherche, comme le champ des microtechniques : le LMARC (Laboratoire de Mécanique Appliquée Raymont Chaléat), le LAB (laboratoire d’Automatique de Besançon), le LPMO

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(Laboratoire de Physique et Métrologie des Oscillateurs), le LCEP (Laboratoire de Chronométrie, Electronique et Piézoélectricité), le LOPMD (Laboratoire d’Optique Pierre-Michel Duffieux), le CREST (Centre de Recherche sur les Ecoulements de Surface et Transferts).

En 1990, en lien à l’émergence des « microsystèmes » (« MEMS » aux USA ou « micromachines » au Japon), fut créé l’IMFC (Institut des Microtechniques de Franche-Comté), fédération de ces 6 laboratoires.58 Cette fédération n’avait pas pour vocation à rassembler au sens fort toutes les activités de ces 6 laboratoires : elle ne s’occupait que de gérer, en lien avec les laboratoires eux-mêmes, restés indépendants, la part d’activité de ces laboratoires liée aux microtechniques. Cette création exprimait donc « la volonté d’explorer le domaine (…) des microtechniques basées sur les procédés de fabrication de la micro-électronique ».59

L’environnement scientifique et technologique de la Franche Comté

A ses moyens de recherche propres, la Franche-Comté ajoute alors deux atouts : la proximité à Grenoble et à la microélectronique grenobloise ; la proximité à la Suisse et à l’Allemagne (Thuringe) qui ont des activités proches et potentiellement complémentaires en microtechniques.

b) Des structures favorables au développement des liens entre recherche et industrie

Un début d’orientation plus marquée de l’université vers l’industrie

L’orientation de l’UFC (Université de Franche-Comté) en direction de l’industrie était plus ou moins inscrite dans ses gènes, puisque on y enseigne et développe des recherches essentiellement dans les sciences de l’ingénieur.

Toutefois, à partir de 1997 au moins, les deux présidents successifs de l’UFC (le troisième ayant été nommé récemment, en 2006) se sont montrés désireux d’ouvrir plus activement l’université sur son environnement socio-économique. Cela s’est traduit notamment, en 1997, par la création du service de valorisation de l’UFC et du SIAC (Service des Activités Industrielles et Commerciales de l’université). Tous deux comptent aujourd’hui, réunis, 10 personnes.

L’existence de centres de transfert complémentaires, relais entre recherche et industrie

Dans les années 1990, de nombreux centres techniques ou centres de transfert existaient déjà en Franche-Comté, avec pour vocation, notamment, de diffuser technologies et savoir-faire auprès des industriels, voire de les accompagner sur des projets. Ces centres de transfert avaient, de façon intéressante, des champs de compétence assez complémentaires.

Parmi les principaux centres, on comptait :

- le CETEHOR (CEntre Technique de l’industrie HORlogère), le plus ancien, créé après- guerre ; ce centre, d’abord dédié aux activités d’horlogerie au sens large (incluant bijouterie, joaillerie et orfèvrerie), étendît progressivement le champ de ses compétences et proposait, à la fin des années 90, un appui technique dans les domaines de microtechniques et des traitements de surface, deux domaines qui allaient s’autonomiser, avec la création du CTM (Centre de

58 Un des artisans de cette création semble avoir été Jean-Jacques Gagnepain, actuel Directeur de la Technologie,

qui était à l’époque directeur du LPMO, l’un des 6 laboratoires cités.

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Transfert en Microtechniques) et celle de l’ITSFC (Institut des Traitements de Surface de Franche-Comté) ;

- le CETIM (CEntre Technique des Industries Mécaniques), créé en 1965, qui a une antenne à Besançon et dont les activités de découpage-emboutissage, basées elles à Senlis, intéressent beaucoup la Franche-Comté ;

- l’IP (Institut de Productique), créé en 1984, dont les compétences, tournées au départ vers les équipements de production et les systèmes d’assemblage dans une logique d’aide à l’investissement manufacturier, se sont étendues ensuite à l’optimatisation des processus et à des questions de gestion (gestion de production, qualité, environnement, etc.) ;

- l’ADEFI (Agir pour le Développement de l’EFficience et de l’Innovation), le plus récent de ceux listés, dont la vocation, plus soft, est d’accompagner les entreprises sur des questions liées à l’organisation de leurs activités, aux systèmes d’information et à la conception de produits.

Micronora, le grand salon international des microtechniques

L’association Micronora, qui regroupe des chercheurs et des industriels (800 adhérents en tout, dont 350 de Franche-Comté), a pour vocation au départ d’assurer la promotion de la micromécanique (Micron) et des techniques horlogères (Hora). Dans les années 1980, après s’être spécialisée dans les techniques de précision et parce que la microélectronique se développait soudain très fortement, Micronora s’est fait le promoteur d’une appellation alors nouvelle, les « microtechniques » (micromécanique, microélectronique, microoptique, etc.).

Depuis, Micronora tient tous les deux ans à Besançon un salon professionnel international à visages multiples (rencontre des professionnels avec de grands donneurs d’ordre, exposition et cycle de conférences sur un thème, congrès scientifique), qui est la référence mondiale dans le domaine des microtechniques. Micronora participe ainsi à renforcer les liens entre recherche et industrie dans les microtechniques. L’association publie également une revue trimestrielle d’information et de vulgarisation, éditée à 15 000 exemplaires.

1.2.2. La richesse des dispositifs institutionnels régionaux de soutien à l’innovation

Les dispositifs institutionnels régionaux de soutien à l’innovation, très riches, sont un autre des éléments qui contribuaient, à la fin des années 90, au potentiel de développement comtois des microtechniques. Comme on le verra plus loin, les institutions joueront d’ailleurs, dans la période suivante (1999-2004), un rôle déterminant dans la mobilisation des entreprises et la structuration de la recherche et du transfert autour des microtechniques.

Parmi ces dispositifs institutionnels, figuraient bien sûr une grande multitude de dispositifs, notamment financiers, d’aide à la création d’entreprises ou d’accompagnement des entreprises.60

L’ANVAR et l’ARIST (Agence Régionale d’Information Stratégique et technologique), qu’on retrouverait dans n’importe quelle région de France, se mobilisèrent en Franche-Comté de façon plus spécifique autour des microtechniques à la fin des années 90 en créant, à partir de 1998, des

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Renforcement en fonds propres par prêts d’honneur, aide à l’investissement en matériel, aide à l’immobilier d’entreprise, aide à l’aménagement de terrains, prime d’aménagement du territoire, exonérations fiscales et sociales selon la localisation, etc.

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Rencontres technologiques européennes sur le thème des micro et nanotechnologies, au cours desquelles étaient favorisés les échanges confidentiels entre un nombre restreint de partenaires industriels potentiels. A chaque édition, quelques partenariats technologiques privés étaient ainsi signés.

Le dispositif le plus original est peut-être celui des Contrats de Progrès Professionnels, présente comme unique en France à l’époque dans la réponse à l’appel à projets Pôles de Compétitivité. Ces contrats de progrès triennaux, signés entre l’Etat, la Région et un Syndicat professionnel, avaient pour objectif d’aider les entreprises d’un secteur à formaliser des axes de progrès et de les accompagner dans leur réalisation. Par leur intermédiaire, des actions collectives ou de mutualisation, des coopérations inter-entreprises ou des actions de transfert technologique pouvaient se voir promues, anticipant ainsi, en quelque manière, sur le type d’actions engagées dans le cadre des SPL (et, plus tard, des Pôle de Compétitivité ). Ces Contrats de Progrès Professionnels, initiés en 1986 avec le Syndicat des Lunettiers, furent reconduits tous les 3 ans avec cette profession.

Plus tard, dans la période d’essor des microtechniques comme objet de développement économique territorial, ce serait au tour du découpage-emboutissage (en 2001) puis de la plasturgie (en 2003) d’en bénéficier. C’est notamment dans le cadre de ce dernier Contrat de Progrès que le fameux regroupement d’entreprises comtoises de la plasturgie automobile, Plastic Solutions Automotive61, un

cas exemplaire ayant inspiré certaines des orientations du futur Pôle des microtechniques, verrait le jour.

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