• Aucun résultat trouvé

Les caractéristiques personnelles des traducteurs, telles que nous les avons perçues lors d’entretiens (ou par réputation), ne sont pas anodines Nous classerons ces traducteurs en trois

catégories : “acteurs-institutions”, consultants, dirigeants ayant des positions institutionnelles.

2.2.1 - des “acteurs-institutions”

Les acteurs que nous appellerons ici “acteurs institutions” ont une double légitimité : celle que leur confère leur appartenance institutionnelle, et le fait d’être porte-parole de ces institutions, mais aussi une légitimité personnelle lié à leur passé et à leur profil.

M. Syvain COMPAGNON, de l’Agence départementale DÉVELOPPEMENT 25, est typiquement l’un d’eux et nous lui consacrerons ce paragraphe, non seulement pour évoquer ses caractéristiques personnelles, mais pour donner à voir une opération de traduction.

Présent dans les moments-clés qui jalonnent l’histoire récente, M. COMPAGNON se définit lui-même comme un porte parole qui met en scène les opportunités de la mutualisation face aux menaces de l’isolement des PME.

Ingénieur de l’ENSMM, responsable du Développement Technologique et des Relations Internationales à Développement 25, il est “quasi-formellement” mis à disposition du Pôle des Micro- Techniques, dont on lui a d’ailleurs proposé la direction, ce qu’il a décliné, car il a également dans sa besace le Pôle tout proche “Véhicules du Futur”. Il est présent de longue date dans les évènements des dernières années. Il a participé avec Bruno FAVIER, et Daniel TARTONNE à l’étude d’intelligence économique menée dans le cadre du SPL, auprès de 50 entreprises, laquelle préconise déjà le soutien au renforcement des capacités d’innovation des PME-PMI, le renforcement des liens entreprises- enseignement-recherche-formation, avance l’idée d’EDDF (Engagements de Développement De la Formation) collectifs, la création des diplômes tel qu’un BTS Maintenance Salle Blanche), la promotion des savoir-faire de la filière, et de ce qui sera l’embryon de la Maison des MCTk, qui verra le jour en 2005.

Lorsqu’une demande de candidature officielle est déposée à la DATAR fin 2004, M. COMPAGNON est pressenti pour mettre en oeuvre la démarche et accepte, avec pour mission de s’attaquer à la réintegration des PMI traditionnelles ainsi qu’au désenclavement de la recherche. Il souligne que la démarche est alors risquée.

S’il pense que le Pôle a un avenir, c’est parce qu’à « l’oppression mondiale née de l’émergence des pays asiatiques, qui mettent ici en péril les industriels qui avaient amorcé la diversification de l’industrie horlogère, est venue s’ajouter une angoisse française liée à l’exposition des industries manufacturières à la concurrence des Pays de l’Est ».

Si, pressenti fin 2004 pour animer le réseau des microtechniques, il accepte ce défi, ce n’est pas que les problèmes sont simples : “comment je réintègre les PME-PMI ? comment je rattrape la recherche ? … crise économique et délitement du tissu, crise dans la recherche qui fonctionne dans son coin … le contexte est difficile … mais si, pour cette raison même, il était porteur d’opportunités ?”

Au sein de ce tissu, nous dit-il, on perçoit que les entreprises qui s’en sortent sont “multi-quelque chose” : multitechno (transformation du métal et du plastique, électronique), multimarchés (automobile, électronique, télécommunications, défense, médical), ainsi que des entreprises qui s’intègrent en amont : “avant c’était le donneur d’ordres qui organisait les métiers maintenant c’est le fournisseur qui doit apprendre à être ensemblier”

60 boulevard Saint Michel, F- 75272 Paris Cedex 06

168

2.2.2 - une traduction sous forme de tableaux

Nourri de l’analyse que l’on vient d’évoquer le propos de M. COMPAGNON va prendre une forme objectivée, détachée de sa personne, bref une traduction, à travers des tableaux qui résument l’évolution de longue période de l’organisation des entreprises comtoises.

La périodisation opérée distingue trois périodes : 1820-1970; 1975-1995; 1975-2000.

Dans la première période, une organisation en filière prévaut autour de deux produits : l’horloge, la lunette. Chacune des pièces composant ces produits fait appel à des techniques précises : les platines au découpage-emboutissage, les axes au décolletage, les roues à l’usinage, les aiguilles à la photochimie, etc. En outre, la filière génère des activités amont et aval de la fabrication : en amont, la conception du produit et de ses outillages ; en aval de la fabrication des pièces, les finitions, les assemblages; en aval de la production enfin, les marques et la distribution.

Dans la seconde période, les entreprises de la filière horlogère sont confrontées à la concurrence asiatique : leur survie est en jeu, ce qui les amène à rechercher des marchés diversifiés susceptibles d’utiliser les techniques qu’elles maîtrisent : ces techniques se définissent par elles –mêmes (découpage-emboutissage, décolletage, usinage) – et par une application: elles sont mises au service de la précision et de la miniaturisation. Une reconversion se produit alors vers des éléments correspondants à différents marchés utilisateurs de ces techniques et de cette compétence : automobile, informatique, téléphonie, connectique, etc.

Dans la troisième période, actuelle, le pôle des compétences microtechniques se caractérise par un tableau croisé : en colonnes, les techniques outillages, conception, micro-fabrications, assemblages et finitions ; en lignes, les marchés sectoriels

Cette schématisation nous paraît essentielle. Elle suggère que l’industrie franc-comtoise d’aujourd’hui n’est pas seulement le résidu de la décomposition consécutive à la crise de la filière horlogère, mais qu’elle est d’ores et déjà l’émergence d’une recomposition qui la place au premier plan des territoires spécialisés sur le « petit » et le « précis ». Au lieu de la fin d’une histoire, elle suggère une résurgence possible de l’attractivité du territoire.

Equipé de ce diagnostic qui “traduit” le tissu industriel comtois en un tissu d’avenir, M. COMPAGNON résume ainsi son action : “aller porter la bonne parole, faire savoir que telle entreprise locale fabrique 80 % des petits moteurs venus dans le monde entier, telle autre 25 % des transistors sur cette même échelle”, et donc plaider la diversification, en lien avec la formation et la recherche.

L’enjeu du Pôle est donc, selon lui, de permettre aux PMI sous-traitantes de passer de simples sous- traitants atomisés et fragilisés par la concurrence des pays de l’Est ou asiatiques, à des offres plus complètes. L’actuel Président du Pôle après sa labellisation, Président de l’UIMM de Franche-Comté, reprendra cette idée en parlant de

“passer de la pièce qu’on découpe à un produit fini, intégrant plusieurs pièces, ce qui est le moyen d’éviter des délocalisations et de garder notre avance sur la concurrence asiatique”. “Aller porter la bonne parole”, démontrer par l’exemple, faire valoir les “bonnes pratiques” : nous reviendrons plus loin sur l’importance de ces mises en scène de messages, de cette forme de communication, dans les apprentissages de la mutualisation.

60 boulevard Saint Michel, F- 75272 Paris Cedex 06

169

2.2.3 - des consultants

Des consultants jouent également, nous semble-t-il, un rôle essentiel dans l’affirmation et la concrétisation de l’idée microtechnique. A la différence des acteurs-institutions, leur mandat est indirect, en ce sens qu’ils ne représentent pas une institution, même si leur légitimité découle partiellement de la mission qui leur est confiée : les consultants que nous avons rencontrés ont en effet toujours, au départ de leur intervention auprès des entreprises, un mandat ou un financement institutionnel.

Une société de consultants, ECA, joue un rôle important dans la constitution de réseaux et de regroupements entre les PMI franc-comtoises. Lors d’interventions financées par le Contrat de Progrès de la plasturgie (et celui-ci à travers le contrat de plan Etat Région et la DRIRE), et à 50 % par les partenaires désireux de s’engager dans une dynamique de réseau, elle a rassemblé une quarantaine d’entreprises entre lesquelles des alliances ont pu se nouer.

ECA a notamment été présent dans le rapprochement entre les cinq entreprises engagées dans Plastic Solution Automotive (P.S.A), exemple sur lequel nous reviendrons. C’est à partir de là qu’une S.A.S a vu le jour à partir de un bureau d’études, de deux outilleurs et moulistes et de deux injecteurs fabricants de pièces, dont WORDPLAS.

De ce cabinet, il nous a été dit : “il fait du profiling du caractère des personnes pour les

Outline

Documents relatifs