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Construction de scénarios

Dans le document Louvain School of Management (Page 61-64)

2. Environnement stratégique & défis des constructeurs automobiles

2.3. Construction de scénarios

Pour envisager les stratégies futures des constructeurs automobiles, il est important d’envisager plusieurs possibilités en ce qui concerne l’évolution du marché et de l’environnement. Il est intéressant, pour ce faire, de recourir à la construction de scénarios sur base des « méga tendances » retenues. Un scénario est une « représentation plausible de différents futurs envisageables » (Johnson at al., 2014, p.40). Des quatre leviers technologiques pour un changement de mobilité, nous avons donc décidé d’en retenir trois – c’est-à-dire la propriété du véhicule, le contrôle du véhicule et le taux d’électrification de la flotte des véhicules. Le degré de pénétration de ces variables déterminera dans quelle mesure notre système de mobilité se transformera. Nous l’avons vu, que l’on parle de partage, d’automatisation ou d’électrification, les préférences des consommateurs changent et notre modèle de mobilité pourrait être à l’aube d’une transformation majeure qui bouleverserait la structure de l’industrie et ses dynamiques.

Le changement de mobilité dépendra de plusieurs facteurs influençant nos variables ; il ne sera pas le même ni aussi rapide et perturbant selon la densité de population et le profil économique spécifiques des villes (Deloitte University Press, 2015). En effet, les besoins de mobilité et, dès lors, les préférences des utilisateurs diffèrent entre zone urbaine et zone rurale ou périurbaine. Néanmoins, nous avons décidé de nous concentrer sur les zones urbaines à forte densité et au profil économique fort – c’est-à-dire au PIB par habitant (PPA) important – qui caractérisent la majorité des villes européennes (Eurostat, 2015a ; Eurostat, 2015b) et où les enjeux écologiques sont plus prononcés (congestion des routes, pollution de l’air, etc.).

Les variables pivots que nous avons sélectionnées prennent donc tout leur sens. Le changement sera évidemment progressif, selon le taux de pénétration des différentes technologies par les utilisateurs et plusieurs « états » ou « scénarios » pourraient coexister (Deloitte University Press, 2015).

Finalement, nous avons construit les différents scénarios selon le degré de possession du véhicule et son niveau d’autonomie. Cela suit la même construction de scénarios que celle de Deloitte University Press (2015). Le taux d’électrification de la flotte de véhicules se verra, lui, partiellement influencé par les différents scénarios, comme l’avons développé au travers de la section [2.2.5] du même chapitre (voir Figure 15) (BNEF & McKinsey&Company, 2016).

Figure 15 – Construction de scénarios pour le futur de la mobilité (Sources: Deloitte University Press, 2015 ; BNEF & McKinsey&Company, 2016)

2.3.2. Changement incrémental

Le premier scénario dessine la vision du futur de la mobilité la plus conservatrice. Le modèle d’affaires des constructeurs automobiles, tout comme le modèle de mobilité, resterait

le même que celui qui prédomine actuellement, à savoir la vente ponctuelle de véhicules privés. Les consommateurs préféreraient détenir la propriété de leur voiture. Les constructeurs continueraient alors à tirer tous leurs profits de la vente de véhicules : « one-time car sales ».

Les seuls changements auxquels on pourrait s’attendre seraient de types incrémentaux, dans la mesure où ils concerneront par exemple, l’utilisation de matériaux plus légers, plus performants ; l’amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules (réduction des consommations de carburants fossiles) ; l’électrification totale ou partielle des véhicules ; etc.

Dans ce scénario, les solutions alternatives émergentes ne pénétreraient donc pas le marché, faute de facteurs d’influence positifs. (Deloitte University Press, 2015)

2.3.3. Un monde de mobilité partagée

Ce scénario suppose une continuité de la croissance que connaît le phénomène de « car sharing » depuis ces dernières années, accélérée par une convergence des préférences des consommateurs vers la voiture partagée, mais aussi un phénomène rendu possible grâce au support des plateformes technologiques adaptées au partage de véhicules à grande échelle. En revanche, il s’agit d’une mobilité partagée avec comme véhicule prédominant le véhicule traditionnel qui n’est pas totalement autonome. (Deloitte University Press, 2015)

Ce scénario entend donc que les consommateurs considéreraient cette solution comme plus économique en termes de coût au km (un défi majeur actuel pour ces plateformes), plus pratique, car atténuerait les problèmes liés aux places de parking disponibles, et plus durable pour leurs déplacements quotidiens. Le « car sharing » diminuerait dès lors le nombre de voitures sur les routes, la congestion, les problèmes d’occupation du territoire, et d’autres problèmes encore. (Deloitte University Press, 2015)

Dans ce cas-ci, les constructeurs seraient amenés à adapter leurs modèles d’affaires car, alors qu’ils tiraient la majorité de leurs revenus sur les ventes ponctuelles de véhicules privés (McKinsey&Company, 2016), une partie grandissante de revenus plus récurrents viendront de l’utilisation des flottes de véhicules partagés mis à disposition dans les zones urbaines.

2.3.4. Un monde de mobilité autonome

Ce scénario pourrait être considéré comme « l’avènement du VA ». Ce dernier répondrait ainsi à tous les challenges pour pénétrer le marché de masse. En revanche, le

modèle resterait celui de la possession d’un véhicule personnel. Les utilisateurs retrouveraient donc dans ce cas les mêmes avantages que ceux qu’ils connaissent dans le modèle actuel, auxquels viendraient s’ajouter les nouveaux avantages de la conduite autonome. Le VA serait donc considéré comme une alternative beaucoup plus sûre, permettant d’allouer le temps passé sur la route à d’autres activités. Dans ce type de scénario, les constructeurs ont tout intérêt à mettre en place les capacités technologiques nécessaires afin de répondre à une demande future potentiellement forte et ainsi ne pas « rater le coche ». (Deloitte University Press, 2015)

2.3.5. Un monde de mobilité partagée autonome

Ce scénario envisage la possibilité d’utiliser comme véhicule partagé un VA, ouvrant ainsi la porte à un modèle de mobilité totalement différent de celui que nous connaissons actuellement. Une vaste flotte de voitures automatisées serait ainsi mise à la disposition des utilisateurs urbains qui ne posséderaient plus leur propre véhicule, mais utiliseraient ce système lorsqu’ils éprouveraient un besoin de mobilité à satisfaire. Il serait ainsi possible de commander une voiture qui arriverait alors de manière autonome pour charger son ou ses passager(s), et effectuer le trajet d’une manière totalement sécurisée, efficace et peu coûteuse.

(Deloitte University Press, 2015)

En ce qui concerne les constructeurs automobiles, les limites de l’industrie automobile telle que nous la connaissons seraient complètement modifiées. Il serait envisageable de voir de nouveaux entrants high-tech prendre en charge l’entièreté du processus, de la production du véhicule à la gestion du réseau et à la conception d’une plateforme de car-sharing adaptée.

Dans le document Louvain School of Management (Page 61-64)