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Après ce détour historique, revenons au temps présent pour répondre à notre problématique relative à l’expérience de la reconversion professionnelle. Nous allons commencer par établir un état de l’art sur ce que signifie la « reconversion professionnelle » aujourd’hui et comment cette notion est abordée dans la littérature. Nous avons intitulé cette partie « constellation conceptuelle », expression empruntée chez Caroline Dayer (2013), pour développer différentes dimensions faisant partie intégrante de l’expérience de la reconversion professionnelle et qui nous permettront une vue d’ensemble de notre objet de recherche. En effet, on ne peut analyser la reconversion professionnelle sans travailler certains thèmes, dont ceux de l’identité, du changement, de la temporalité, de la notion de projet et d’épreuve par exemple. Nous développons également les propositions théoriques de Catherine Négroni qui a beaucoup travaillé sur la reconversion professionnelle volontaire.

Avant d’entrer dans ces différentes dimensions, nous présenterons quelques constats empiriques sur la signification de ce terme dans le « public », sur le terrain. Puis nous analyserons la notion de reconversion professionnelle dans une perspective étymologique et sémantique.

C’est par la suite, dans un deuxième temps, que nous approfondirons l’analyse théorique avec une revue de la littérature selon divers apports disciplinaires et différents auteurs.

À

LA CONQUETE DE NOTRE OBJET DE RECHERCHE

Avant de chercher des définitions « savantes », nous avons commencé par prospecter le terrain, et ce de deux manières différentes : la première en interrogeant différentes personnes (actives, étudiantes, à la retraite, mais aucune en reconversion professionnelle) sur ce qu’elles entendaient par « reconversion professionnelle » et sur ce que cela signifiait pour elles. Huit personnes ont répondu à notre demande par e-mail. La seconde manière de découvrir notre objet s’est faite par des premiers entretiens exploratoires auprès de personnes en cours de reconversion professionnelle ou ayant vécu cette expérience.

En analysant les huit réponses obtenues par e-mail sur la signification de ce terme, il en

ressort tout d’abord que ce terme n’était pas clair ou complètement (re)connu de tous. Une minorité

a admis ne pas (re)connaître ce terme. Malgré cet inconnu, nous retrouvons dans les huit avis

exprimés l’idée du changement, même chez la personne qui ne reconnaissait pas ce terme. Que la

reconversion soit imposée ou choisie, nous retrouvons dans ces opinions l’idée d’un passage entre

un avant (l’ancien métier ou l’ancien poste de travail) et un après (le nouveau métier ou le nouveau

poste). Une personne (qui étudie dans le milieu académique) a même nommé la reconversion

professionnelle de tournant dans la vie professionnelle.

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Nous constatons également dans la majorité de ces expressions la présence de la notion d’effort ou de difficulté dans ce que représente l’expérience de la reconversion professionnelle. À cause de l’investissement personnel et de l’adaptation au changement, la reconversion exigerait, comme l’une des personnes interviewée l’a souligné, de l’énergie.

Concernant les deux entretiens pré-exploratoires, pour l’une des personnes interrogées qui a vécu cette expérience de reconversion professionnelle, il est intéressant de constater que ce terme n’était pas (re)connu. Nous avons, en effet, eu l’occasion d’interviewer une personne qui a changé de métier en passant par une longue formation en alternance, mais qui ne connaissait pas ce terme.

Plus que cela, ce terme ne représentait rien d’important dans le sens où l’urgence pour cette personne était de trouver un emploi stable. Cette première expérience de confrontation avec le sens donné au terme de reconversion professionnelle nous donne une piste sur sa provenance. En effet, nous nous posons la question, à savoir si ce terme n’a pas été créé par des instances sociales ou politiques (tel que le chômage par exemple) pour décrire ce phénomène. C’est-à-dire que ce terme n’est pas né des utilisateurs de la langue, des personnes, mais plutôt d’entités qui travaillent en lien avec le monde du travail.

Nous reviendrons plus tard sur l’analyse de ces entretiens exploratoires.

Q

UE DISENT LES DICTIONNAIRES

?

Après ces quelques premiers constats tirés du « sens commun », analysons à présent plus profondément le terme de reconversion professionnelle.

Une version imprimée du Larousse de 1986 définit le verbe reconvertir ainsi : « Adapter (une industrie, une main-d’œuvre, quelqu’un) à une production, un métier différent : Reconvertir

une usine d’horlogerie en usine de matériel électronique. Il s’est reconverti dans l’hôtellerie ».

Cette première définition intègre l’idée du changement, tout comme l’idée d’un avant et d’un après. Mais puisque nous nous intéressons à la reconversion professionnelle de personnes, nous pouvons lire, dans la version électronique du Larousse sur Internet, une séparation entre la reconversion d’une entreprise et celle d’une personne. En effet, la définition donnée à propos des reconversions d’entreprise porte une différence avec la définition donnée à propos des reconversions des personnes, c’est-à-dire des reconversions professionnelles (« Affecter quelqu'un à un nouvel emploi, lui donner une nouvelle formation ») (Dictionnaire Larousse).

Cette deuxième définition concernant le sujet indique une passivité de l’acteur (affecter

quelqu’un à un nouvel emploi). Or nous savons qu’actuellement, beaucoup de personnes

choisissent de changer de métier et l’exemple de la première définition prise dans la version du

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Larousse de 1986 en tient compte (« il s’est reconverti dans l’hôtellerie ») par le verbe, à forme pronominale (« se reconvertir »). Mais que la reconversion soit choisie ou subie, dans les deux cas, nous parlerons avec l’utilisation de la forme pronominale, comme cela est le cas dans l’exemple d’un changement d’emploi forcé : « l’entreprise a forcé certains employés à se reconvertir ».

Aussi, quelle différence y a-t-il entre « reconvertir » et « convertir » ? Le préfixe « re » signifie « la répétition, le recommencement

6

». Dans le syntagme reconversion professionnelle, cette notion de répétition désigne le fait de recommencer un apprentissage, de se former pour un nouvel emploi. Ce n’est donc pas le fait de travailler, mais le fait de prendre un nouvel emploi et tout ce que cette nouveauté apporte qui est répétée. Le verbe « convertir » signifie, toujours selon Larousse, le fait de « changer, de transformer une chose en une chose différente », et il ne concerne donc pas directement l’individu. De là l’intervention du pronom réfléchi pour signifier le fait de

changer quelque chose dans l’individu, c’est-à-dire dans son parcours professionnel.

Après ces premiers éléments, nous retenons que la définition de l’expression reconversion professionnelle signifie un changement professionnel qui passe par une formation.

Il est difficile d’imaginer changer de métier ou d’activité professionnelle sans formation, mais pour éviter toute confusion, nous intégrons dans la définition du terme de reconversion professionnelle pour ce travail, l’ingrédient de la formation. Cet aspect de la formation ne concerne pas le métier de la personne, mais le processus de reconversion professionnelle. C’est-à-dire qu’une personne non qualifiée (un métier sans formation) qui se forme (avec une formation pour se reconvertir professionnellement) dans le but de changer d’activité est également concernée par notre problématique.

La présence de la formation dans l’expression reconversion professionnelle se perçoit également si l’on se tourne vers les langues étrangères. En effet, l’allemand traduit reconversion professionnelle par « Umschulung » : « um » préfixe équivalent au « re », et « Schulung » signifiant la formation. En anglais, le même constat s’impose, malgré plusieurs traductions possibles. Nous retenons celle de « retraining » avec la même idée précitée qu’en allemand. Ainsi, l’anglais et l’allemand indiquent linguistiquement la présence de la formation. C’est pourquoi nous retenons cet aspect dans la définition de la reconversion professionnelle, et puisque cette formation concerne le stade de la vie active et du monde professionnel, il s’agit de formation continue.

Cette formation continue peut être formelle aussi bien que non formelle. Les différences entre ces deux catégories se lisent dans la Loi fédérale sur la formation continue. La formation formelle est « réglementée par l’État et […] dispensée dans le cadre de la scolarité obligatoire »

6 Propos tirés du site Internet http://www.synapse-fr.com/manuels/PREFIXE.htm

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(Loi fédérale sur la formation continue, article 3). Tandis que la formation non formelle signifie la

« formation structurée en dehors de la formation formelle » (idem). À relever que nous ne prenons pas en compte la formation continue informelle, c’est-à-dire tout ce que l’on apprend dans la vie quotidienne sans structure ni organisation (avec la famille, sur le lieu de travail, etc.), car ce type de formation, bien qu’il soit important, est difficilement analysable. Ce type de formation informelle est toutefois aisément imaginable si l’on considère des personnes « déplacées » d’un poste de travail à un autre au sein d’une entreprise qui doivent « apprendre sur le tas » une nouvelle activité. Nous choisissons de limiter notre travail à la reconversion professionnelle intégrant une formation formelle et/ou non formelle.

Aussi et comme nous le verrons par la suite, nous retrouvons également dans les propos de Négroni (2005 a et b) cette idée du changement lorsqu’elle définit la reconversion professionnelle - volontaire toutefois.

Avant de développer notre revue de la littérature, il reste encore un point à clarifier sur l’utilisation de la notion de reconversion professionnelle : de quoi parle-t-on ? D’un changement de métier ou de profession ? De poste de travail ? D’activité ? Négroni parle dans sa définition

« d’activité, de secteur ou de profession » (Négroni 2005a, p. 313). Nous intégrons également ces trois termes pour désigner la reconversion professionnelle, bien que tout au long de ce travail, nous utiliserons le terme principal d’activité.

Après ce premier développement sur notre objet de travail, une première synthèse semble appropriée. Ainsi, nous définissons la reconversion professionnelle par un changement d’activité

professionnelle que subit ou choisit une personne dans son parcours professionnel, en passant par une formation continue formelle ou non formelle.

À présent, observons comment est traitée la notion de reconversion professionnelle selon

certaines de ses composantes ou de ses thématiques, et chez différents auteurs.

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L

A DIMENSION DU CHANGEMENT

Le chapitre historique a clairement mis en évidence combien le changement devait être évité, notamment dans les parcours professionnels, au début du 19

e

siècle. Aujourd’hui, nous vivons dans l’omniprésence du changement qui est intégré dans différents domaines (social, économique, environnemental, etc.) et à différents niveaux (individuel et collectif). Diverses causes amènent des situations fluctuantes, dont notamment les instabilités économiques et/ou politiques, l’évolution démographique, l’arrivée des nouvelles technologies requérant une constante adaptation et de nouveaux apprentissages. Beaucoup d’autres causes pourraient encore être évoquées.

Concernant le monde du travail, l’adage actuel de « l’apprentissage tout au long de la vie », qui signifie que la formation ne concerne plus uniquement une tranche d’âge mais doit évoluer tout au long de la vie des individus, rend saillant le besoin des individus de s’adapter et de répondre à différents besoins de la société (économiques, sociaux, etc.). Aussi, nous comprenons à la lecture critique de Bauman (Bauman, 2006) que cet adage, qui fait partie des recommandations de l’Union européenne, vient accentuer la notion de responsabilité individuelle, tout comme la Loi sur la formation continue. En effet, chacun est à présent responsable de son niveau de formation, de son

« adaptation » au monde du travail et à ses besoins. Or, l’accès à la formation n’est pas le même pour tous et la relation biographique que chacun porte envers l’école amène des conceptions très différentes d’un individu à l’autre concernant l’apprentissage et la formation.

Comme le relève Bauman (2006), la formule de l’apprentissage tout au long de la vie entend responsabiliser, mais il suppose des compétences dans un « jeu conçu par d’autres » (Bauman, 2006, p. 198). Pour lui, « « l’incertitude fabriquée » constitue le principal instrument de domination » (Bauman, 2006, p. 197) et il critique fortement le marché qu’est devenu la formation continue. Nous avons souhaité mentionner cette critique car elle permet une distanciation avec l’objet de la formation ainsi que par rapport à notre futur rôle de formateur d’adultes.

Finalement, qu’elle soit forcée ou choisie, la reconversion professionnelle implique un changement. Or celui-ci « n’est pas naturel » comme le soulèvent Pourtois et Demonty (2004, p.

154), et ce malgré son omniprésence dans notre société. Cela est visible lorsque nous observons les ateliers de bilans de compétence, les cours proposés par le chômage pour saisir des opportunités, ou le rôle des formateurs d’adultes qui doivent « accompagner le changement », etc.

Nous allons à présent décortiquer le concept de changement selon qu’il soit choisi ou désiré par la

personne, ou au contraire subi.

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Commençons dans l’optique d’un changement désiré par la personne. Dans beaucoup de cas, un changement de métier est désiré par des personnes qui se remettent en question. Mais selon un article sur le changement paru dans la revue « Sciences humaines » en 2009, peu de personnes passeraient à l’acte pour effectivement changer de profession. Et les statistiques manquent à ce sujet.

QUELQUES DONNEES STATISTIQUES

Que sait-on officiellement sur la reconversion professionnelle ? Il n’est pas facile de rassembler des données précises sur le sujet tant la diversité des parcours possibles est foisonnante.

Mais aussi parce que surviennent des difficultés de définitions.

En effet, selon la revue Panorama (2008) qui a tenté de traiter le sujet : « ce n’est pas une personne sur deux qui change de métier, ni une personne sur trois, c’est une question de définition

7

» (Fleischmann, 2008, p. 3). En effet, il est peu évident de connaître le nombre exact de personnes qui se sont reconverties professionnellement tant les découpages des métiers mais également des statuts et des positions hiérarchiques (employés devenant responsables de service) ne sont pas évidents à saisir.

Pour illustrer cela, prenons l’exemple des différentes professions qui sont recensées par la Confédération depuis 1900. Plus récemment, et de manière beaucoup plus détaillée, l’office fédéral de la statistique tient à jour une nomenclature suisse des professions appelée « NSP 2000 ».

Cette dernière contient actuellement environ 19'000 professions classifiées « selon un ordre semblable à celui des domaines d’activité économique » (site Internet OFAS, 2015). Les professions sont réparties parmi neuf catégories (par exemple 1-Professions de l’agriculture, de l’économie forestière et de l’élevage. 2-Professions de l’industrie et des arts et métiers, etc.).

Comme le relève Daniel Fleischmann, si on entend par reconversion professionnelle une personne qui passe d’une de ces catégories à une autre après avoir changé de métier, alors le taux serait de quatre personnes sur dix (Fleischmann, 2008, p. 3). Toutefois, une reconversion professionnelle peut également avoir lieu même si une personne change de métier sans pour autant changer de catégories parmi les neuf existantes. L’exemple repris de Fleischmann est celui d’une personne qui travaille d’abord en tant que mécanicien électronique et qui ensuite devient ébéniste : malgré le net changement d’activité, la catégorie 2 de la NSP 2000 (Professions de l’industrie et des arts et métiers) reste la même. Il semblerait que dans ce cas concernant le « type » de métier qui change, le taux passe à six personnes sur dix.

7 Traduit de l’allemand par nos soins.

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Aussi, le terme de profession peut poser des questions « selon qu’il s’agisse de métiers (coiffeur ou relieur), de formations (germaniste ou philosophe), de types d’emploi (personnel du département ou employé municipal) ou encore selon les positions occupées (fonctionnaire habilité ou chef de rayon) »

8

(Fleischmann, 2008, p.3). Tout ceci rend les analyses statistiques complexes.

Il apparaît toutefois clairement que le nombre de personnes qui changent de métier a augmenté de manière significative ces trente, voire quarante dernières années.

Il y a ensuite les personnes qui souhaitent changer de métier (huit sur dix pour la France selon Lhérété, 2013, p.40) mais qui ne le font pas. Là aussi, il est difficile d’établir des données statistiques selon que les personnes expriment ou non leur volonté de changer de métier, voire également selon les demandes de reconversion professionnelle refusées par des institutions d’aide (l’Assurance invalidité) ou des directeurs d’entreprise qui ne voient pas d’intérêt à accorder du temps ou de l’investissement dans les reconversions professionnelles de leurs employés, c’est-à-dire à l’interne de l’entreprise. Au niveau de la mobilité professionnelle, changer de métier, de manière libre ou de manière forcée, implique de lourdes responsabilités et un engagement important. La mobilité est aussi un effet de la précarité (Corrèges, 2013, p. 44). Comme Corrèges le souligne, « environ un tiers des chômeurs qui retrouvent un emploi changent de métier et de qualification » (Corrèges, 2013, p. 44).

Dans l’optique d’un changement initié par la personne, nous apprenons à la lecture de cette revue que changer (volontairement) de profession signifie « passer du rêve à l’action ». Il y a donc quelque chose de l’ordre de la transformation, d’une quête de sa personnalité, de ses aspirations telles que décrites par Boltanski & Thévenot (1991) concernant le « monde de l’inspiration ».

Certains sociologues admettent aujourd’hui que la transformation de soi relève d’une « dynamique profonde de la modernité » (Sciences humaines n°205/2009). Nous nous posons toutefois la question, à savoir dans quelle mesure un changement involontaire de profession peut également amener vers une telle transformation. En effet, une reconversion forcée peut-elle également devenir ou contenir une part de quête d’aspirations ? Nous reprendrons cette hypothèse lors de l’analyse des données empiriques.

Revenons à présent sur le cas des reconversions choisies et arrêtons-nous un instant sur Négroni qui a activement travaillé sur la reconversion professionnelle (RP ci-après) volontaire.

8 Traduit par nos soins.

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NEGRONI ET LA RECONVERSION PROFESSIONNELLE VOLONTAIRE

Maître de conférence en sociologie au Centre Lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (CLERSé), Catherine Négroni a rédigé plusieurs ouvrages, ainsi que des articles concernant la reconversion professionnelle, dont notamment la reconversion professionnelle volontaire.

Malgré le fait que nous avons fait le choix de ne pas nous arrêter à une catégorie de RP dans notre mémoire, les apports que peut nous apporter Négroni (2005 a et b, 2009 a et b) sont pertinents. Tout d’abord, la RP volontaire est une expérience qui survient de façon majoritaire lorsqu’on interroge les personnes autour de soi. Les personnes concernées en parlent également plus facilement que les personnes qui ont été forcées de changer de métier. Ensuite, nous avons eu de la difficulté à trouver des articles ou des ouvrages traitant de la RP forcée, d’où, notamment, notre volonté de ne pas séparer ces deux catégories. En effet, nous faisons l’hypothèse que les frontières entre ces catégories (RP forcée ou choisie) peuvent être mouvantes, et sont donc à discuter.

Pour commencer, Négroni (2009a) décline quatre profils-type de reconversion professionnelle : - la RP-promotion signifiant le besoin de reconnaissance ou le désir d’apprendre et de

progresser.

- La RP-équilibre signifiant le besoin d’harmoniser la vie privée à la vie professionnelle.

- La RP-passion signifiant le besoin de revenir à sa vocation, à ses premiers désirs professionnels.

- Et enfin, la RP-stabilisation signifiant le besoin de stabilisation et de sécurité financière notamment.

Dans tous ces profils qu’elle a pu construire grâce à une analyse portée sur de nombreux entretiens, elle repère également un même scénario pour toutes les personnes qui ont traversé cette expérience.

Ce scénario serait divisé en cinq actes successifs qui sont :

1. La vocation contrée, c’est-à-dire que son emploi actuel ne donne plus satisfaction.

2. Le désengagement dans le travail actuel.

3. Une période de latence, c’est-à-dire de pertes de repères, comprenant des doutes et incertitudes.

4. La bifurcation, c’est-à-dire une étape de prise de décision ou d’opportunités.

5. Et enfin, le réengagement dans la nouvelle vie professionnelle (Négroni, 2009a, p. 40).

Nous pouvons ainsi relever à partir de l’article de Négroni (2005a, p. 313) que la RP

volontaire se définit comme un « changement d’activité, de secteur, ou de profession opéré de

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manière volontaire ». Pour interpréter le sens de cette expérience auprès des acteurs, Négroni

observe le travail d’interprétation du sens de l’évènement déclencheur. Elle a ainsi effectué des

entretiens en sélectionnant les personnes concernées au préalable sur la base de quatre critères :

une « rupture avec l’emploi précédent » ; la « notion de changement », c’est-à-dire une « volonté

de rompre » ; de l’ancienneté dans l’emploi avant la RP (la personne doit avoir travaillé au

manière volontaire ». Pour interpréter le sens de cette expérience auprès des acteurs, Négroni

observe le travail d’interprétation du sens de l’évènement déclencheur. Elle a ainsi effectué des

entretiens en sélectionnant les personnes concernées au préalable sur la base de quatre critères :

une « rupture avec l’emploi précédent » ; la « notion de changement », c’est-à-dire une « volonté

de rompre » ; de l’ancienneté dans l’emploi avant la RP (la personne doit avoir travaillé au

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