• Aucun résultat trouvé

2.1 A NALYSE DES DONNEES DISPONIBLES ET EVALUATION DES CONSOMMATIONS D ’ ESPACE

2.1.5 Consommations d’espace et santé économique : quels liens ?

Pour les besoins de la projection de la demande à l’horizon 2015, la recherche d’un indicateur lié à la consommation d’espace était nécessaire. En effet, notre projection pouvait s’opérer de deux manières :

- soit par simple projection linéaire ;

- soit, plus finement, à l’aide de données économiques liées à la consommation d’espace, et pour lesquelles on dispose de prévisions à long terme.

Différents indicateurs économiques, a priori liés à la consommation d’espace pour les activités économiques, nous sont apparus potentiellement utilisables dans le cadre de nos projections des besoins en terrains pour 2015 :

- l’évolution du revenu des ménages ; - l’évolution du PIB ;

- les investissements des entreprises,…

Afin d’opérer le meilleur choix, plusieurs questions devaient être posées et quelques

Répartition par affectation des superficies vendues avant 1993 dans les parcs gérés par les

intercommunales

non bâti 2G, 2H, 2I, 2JK, 2Q autres

Répartition par affectation des superficies vendues après 1993 dans les parcs gérés par les

intercommunales

- Tout d’abord, l’indicateur est-il effectivement et significativement lié aux consommations spatiales et à quelle échelle ?

- Ensuite, dispose-t-on de prévisions à long terme (2015) de cet indicateur ?

- Et enfin, les chiffres sont-ils disponibles en séries uniformes sur la période choisie (1985- 2000) et à l’échelle adéquate (Belgique, Région wallonne) ?

Ce sont les résultats de ces investigations que nous présentons ici.

a) Le revenu des ménages

Différentes recherches, notamment dans le cadre de la CPDT6, ont clairement lié les revenus des ménages aux consommations d’espace pour le logement. Nous avons vérifié ce lien dans le cas des terrains consommés par les activités économiques.

Les données utilisées proviennent des statistiques fiscales du Ministère des Finances (INS, Annuaire des Statistiques régionales 1999, 2000 et INS, Niveau de vie, Statistique fiscale des revenus – Exercice 2000 – a. Distribution économique par classe de revenu, 2001). Elles sont disponibles pour l’ensemble du pays comme à l’échelle des Régions.

Comme l’indique la figure 17 ci-dessous, chiffres cadastraux et revenus, en Région wallonne, évoluent clairement de concert sur la période considérée. Ainsi, si des estimations existent, les seconds peuvent être utilisés pour la projection des premiers.

L’avantage du revenu des ménages est leur disponibilité à échelle spatiale plus fine. On peut ainsi vérifier la corrélation entre les deux données au niveau des arrondissements, comme l’indique la figure 18.

Figures E17 et E18 (Source : INS, Annuaire des statistiques régionales et INS, Statistiques d’occupation du sol)

Evolutions comparées du revenu total des ménages en Wallonie

et de la consommation d'espace par les activités économiques

5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 5000 10000 15000 20000 25000 Superficie (ha)

b) Le PIB et la croissance

Si l’on constate une corrélation entre l’évolution du revenu des ménages et celle des terrains consommés par les activités économiques, il paraît plus probable encore que le même type de lien se marque entre espace et PIB. Ce dernier est calculé annuellement par la Banque Nationale (www.nbb.be) et l’Institut des Comptes Nationaux (voir notamment Comptes Nationaux, Comptes détaillés et tableaux 2000 ; Comptes Régionaux, Croissance économique des régions, provinces et arrondissements, Période 1975-1997 ; Comptes Régionaux, Salaires et valeur ajoutée 1995-1998). Ces chiffres sont repris par le Bureau du Plan (www.plan.be) pour établir des prévisions de croissance à long terme, ainsi que par le SES de la Région wallonne, entre autres dans le but de prévoir les évolutions à court terme du PRB (voir notamment sa publication bisannuelle Tendances économiques, Analyses et prévisions conjoncturelles).

L’utilisation du PIB pose toutefois certains problèmes. Tout d’abord, en raison d’un changement méthodologique (SEC79 à SEC95), il n’existe pas de séries homogènes sur toute la période. Ensuite et pour les mêmes raisons, l’information n’est régionalisée qu’à partir de 95. En effet, des estimations du PIB régional wallon (PRB) ont été calculées suivant la nouvelle méthodologie SEC95 et avant cela, l'Institut des Comptes Nationaux ne calculait, de manière séparée pour chaque région, que la valeur ajoutée. En résumé, nous pouvons disposer :

- du PIB national de 1985 à 2000, avec une rupture de série en 1995 ; - du PIB régional (PRB) calculé de 1995 à 2000.

On peut noter sur la figure 19 que les consommations de terrains pour les activités économiques suivent les évolutions du PIB. La figure 18 nous indique que ce parallélisme existe également si l’on utilise le PRB.

Les PIB et PRB peuvent, en conséquence, être utilisés pour estimer la future demande ; cependant, notre étude nécessitant des analyses sur de longues périodes, nous préférerons utiliser le PIB national.

Corrélation taux d'évolution des revenus / taux d'évolution de l'espace consommé par les activités économiques (85-98)

par arrondissement 0 20 40 60 80 100 120 0 20 40 60 80 100 120

taux activités économiques

taux revenus

Figures E19 et E20 (Sources : INS, Statistiques de l’occupation du sol et Banque Nationale)

c) Les autres possibilités

D’autres données, comme les investissements des entreprises ou encore la valeur ajoutée, devraient convenir également. Cependant ces autres possibilités ont été écartées. Le calcul

Evolutions comparées du PIB et de la consommation

d'espace pour les activités économiques en Wallonie

0 50 100 150 200 250 198 5 198 6 198 7 198 8 198 9 199 0 199 1 199 2 199 3 199 4 199 5 199 6 199 7 199 8 199 9 200 0

Année

PIB ( m ia euro cst ) 0 5000 10000 15000 20000 25000

superficie (ha)

PIB espace consommé

Evolutions comparées du PRB et de la consommation d'espace pour les activités économiques

49 50 51 52 53 54 55 56 57 1995 1996 1997 1998 1999 Année PRB (mia euros cst) 19000 19500 20000 20500 21000 21500 22000 superficie (ha) PRB espace consommé

d) Les prévisions disponibles

Le critère final de sélection a résidé dans l’existence ou non, pour chaque type de donnée, d’extrapolations à long terme. Vu la périodicité des révisions des plans de secteur, cette condition nous est apparue essentielle.

Les possibilités consistent en :

- les prévisions du SES : elles concernent le PRB et le montant des investissements des entreprises, mais ne sont calculées qu’à très court terme (un ou deux ans) ;

- les prévisions du Bureau de Plan (www.plan.be) auxquelles nous avons déjà fait référence : elles concernent notamment le PIB, le revenu des ménages et les investissements des entreprises et sont calculées jusqu’en 2006 ;

- les prévisions du Bureau du plan, étendues dans le cadre d’une étude sur les rejets de CO27: elles sont calculées jusqu’en 2012, mais seules les extrapolations de croissance économique (PIB) correspondent à un des indicateurs que nous avons choisis et étudiés ci-dessus.

e) Le choix final

Tableau E22 : Données potentiellement utilisables à la projection des consommations d’espace pour les activités économiques

Sources Période couverte Echelle Prévisions Statistiques Prévisions Revenus des ménages 1985-2000 Belgique / Région wallonne

Jusqu’en 2006 INS, Ministère des Finances

Bureau du Plan

PIB 1985-2000 Belgique Jusqu’en 2006 et 2012

ICN, BNB Bureau du Plan

PRB 1995-2000 Région wallonne Jusqu’en 2002 BNB, SES SES

Investissements des entreprises (1995-1999 pas encore disponible) Belgique / Région wallonne Jusqu’en 2002 et 2006 INS, Ministère des Finances, CESRW Bureau du Plan, SES

Notre choix s’est opéré sur base de l’existence des prévisions les plus étendues dans le temps, et donc sur le PIB. Les critiques formulables à son égard sont de deux ordres : tout d’abord, son caractère national – et non régional – peut mettre en doute sa pertinence ; mais les figures 19 et 20 réfutent cette éventualité. Deuxièmement et de manière plus générale, la fiabilité de prévisions à long terme pose question. Les chiffres présentés ci-dessous ont été calculés avant les attentats du 11 septembre et ne prennent pas en compte leurs conséquences sur la santé économique mondiale. Cependant, il s’agit de tout ce dont nous disposons à l’heure actuelle. D’autre part, ces chiffres ne vont constituer qu’une des hypothèses de travail, comme nous le verrons dans le chapitre 2.2.2.

Tableau E23 : Chiffres de croissance du PIB retenus pour la prévision tendancielle dans le cadre de la projection des besoins en espace pour les activités économiques à l’horizon 2015 en Région wallonne

2002 2003 2004 2005 2006 2007-2013

2.9 2.7 2.6 2.8 2.6 2.48

7

Bureau du Plan, Évaluation de l’impact des mesures fiscales et non fiscales sur les émissions de CO2, Working

2.1.5.2 Croissance et consommation d’espace : quels liens ?

Nous avons constaté un certain parallélisme entre la croissance économique et la consommation d’espace pour les activités économiques. Voyons à présent comment nous pouvons caractériser plus exactement ce lien, à l’échelle régionale mais aussi à celle des « secteurs » dans le sens de catégorie cadastrale. Cette analyse plus poussée servira directement à la réalisation des projections.

Au niveau de la Région, l’on peut établir, à partir de l’évolution du PIB et de la consommation d’espace, l’élasticité de cette dernière vis-à-vis de la première (voir figure 19). Elle est dans ce cas de 0,51. En d’autres termes, lorsque le PIB progresse d’1 %, cela entraîne une consommation d’espace de 0,51 %.

Nous avons procédé de même séparément pour chaque catégories cadastrales. En voici les résultats :

Tableau E24

Elasticité vis-à-vis du PIB 2G (bâtiments industriels) 0,28

2H (bâtiments de stockage) 0,96 2I (immeubles de bureaux) 1,14 2JK (bâtiments commerciaux) 0,50 2Q (bâtiments de sports et loisirs) 0,65

Total 0,51

Source : calculs Lepur

Ces chiffres indiquent que la progression des surfaces de chaque rubrique cadastrale est proportionnelle à la croissance économique, mais n’y réagit pas dans des proportions identiques. Ainsi, les bâtiments industriels semblent relativement peu gourmands en surface : pour chaque évolution de 1% du PIB, les surfaces cadastrées « 2G » augmentent de 0,28 %. Afin de rendre compte de cette valeur relativement faible, un élément méthodologique important correspond à la génération de friches industrielles. Il est en effet probable que cela s’explique par le transfert de superficie d’anciens bâtiments industriels au sein d’autres rubriques cadastrales.

Comparativement avec les bâtiments industriels, l’élasticité est plus forte pour les bâtiments de stockage (0,96) et pour les immeubles de bureaux (1,14). Comme l’indiquent les figures 21 et 22, la pente générale de la courbe afférente est, en effet, plus raide. C’est ainsi que 1,14 % de surface supplémentaire sont utilisés en bureaux pour chaque pourcent de croissance économique. Toutefois, les surfaces dévolues aux bureaux restent très faibles en valeur absolue par rapport aux autres catégories. Les bâtiments commerciaux et de sports et loisirs présentent des situations intermédiaires.

Figures E21 et E22

Sources : Bureau du plan, INS