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La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec

Chapitre 2 État du champ universitaire et du champ des bibliothèques à l’aube de la

2.6 La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec

Dans l’esprit de cette période de petits et grands changements, c’est en 1963 que la CREPUQ est fondée. Il s’agit d’un organisme privé à but non lucratif et à participation

volontaire qui se veut un « forum d’échange et de concertation, un coordonnateur et un gestionnaire de services »215. Plus précisément, la CREPUQ a pour mission de :

a) œuvrer dans le domaine de l’enseignement supérieur à la précision des objectifs généraux qui reflètent les aspirations et les besoins de la société québécoise, objectifs qui guideraient tous les responsables de l’enseignement supérieur dans l’utilisation des ressources de l’éducation ; b) veiller à la promotion des valeurs fondamentales qui président à la vie universitaire en affirmant le rôle de l’université comme lieu de libre activité intellectuelle et en s’opposant à toute forme d’intolérance idéologique et d’ingérence politique ; c) affirmer la responsabilité et les prérogatives des universités concernant la politique d’admission des étudiants, l’engagement et le statut du personnel enseignant, la définition, le choix et la qualité des programmes d’enseignement et de recherche, les modes de répartition et d’utilisation des moyens financiers mis à leur disposition et tout autre matière jugée pertinente ; d) s’appliquer à créer entre le gouvernement, la société et les universités québécois un climat de confiance mutuelle ; e) voir à ce qu’elle soit représentée adéquatement au sein des organismes publics et de tout autre organisme jugé utile à ses fins ; f) éviter les dédoublements de fonctions en poursuivant les objectifs ci-haut mentionnés en étroite collaboration avec la Direction générale de l’enseignement supérieur et le Conseil des universités du Québec.216

Concrètement, la CREPUQ a donc des fonctions de lobbyiste, d’analyste et de coordonnateur de la coopération entre ses membres. On remarque d’ailleurs, dans les missions citées plus haut, la volonté de la CREPUQ de préserver l’autonomie de ses membres vis-à-vis du gouvernement par l’établissement d’une sorte de front commun217. Pour ce faire, elle doit créer un climat de confiance entre ceux-ci. Dans ce contexte, l’élaboration de politiques communes vise l’optimisation des ressources, mais sert également d’instrument au développement d’une communauté.

Rapidement, les universités prennent conscience des avantages de la mise en commun de leurs ressources. La CREPUQ, entre 1963 et 1966, est par ailleurs un interlocuteur privilégié du Conseil supérieur de l’éducation, qui la consulte concernant le développement des disciplines en sciences pures et appliquées, en médecine, en sciences sociales et en sciences de l’éducation, entre autres218. Après une trentaine de réunions, la CREPUQ est

215 BCI, « Mandat : La CREPUQ : Ce qu’elle est », en ligne.

216 Dupuis, « La conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec et la coordination des

bibliothèques (CREPUQ) », en ligne.

217 Ibid. 218 Ibid.

constituée juridiquement en 1967. À ce moment, ses missions sont légèrement modifiées et se lisent comme suit, dans ses lettres patentes :

1. Favoriser par tous moyens appropriés l’enseignement et la recherche dans les universités ; 2. Exercer toute activité de nature à assurer la réalisation des objectifs de la Corporation et notamment : a) étudier les problèmes relatifs aux conditions d’admission, à la durée des cours et de l’année universitaire, à la classification du personnel enseignant, aux exigences pour les diplômes, aux budgets annuels de fonctionnement et d’investissement, tant du point de vue individuel que collectif, en vue notamment d’assurer la coordination entre les universités ; b) favoriser le développement des méthodes de sélection et d’orientation des étudiants ; c) favoriser la coordination des activités de recherche dans les universités ; d) étudier les problèmes relatifs au développement universitaire en ce qui a trait notamment à l’enseignement et au personnel ; e) favoriser la coordination des projets d’investissement des universités et des appels de fonds faits au public ; f) faciliter les échanges d’idées et d’expériences entre les universités ; g) regrouper les membres de la Corporation auprès des autorités civiles et autres organismes ou personnes ; h) faire connaître au public le rôle et l’importance des universités.219

On note déjà quelques modifications par rapport aux objectifs originaux. Déjà, la volonté de refléter les « aspirations et les besoins de la société québécoise »220 disparaît, tout

comme celle de créer un climat de confiance entre les universités, la société et le gouvernement. À l’exception des collectes de fonds, de la promotion des universités et de la représentation auprès du gouvernement, la CREPUQ recentre ses missions autour de l’analyse et de la coordination des activités de ses membres. Les aspects de cette coordination sont également ciblés avec plus de précision.

Pour atteindre ces objectifs, la CREPUQ s’est dotée d’un organigramme qui a varié au fil des ans, modelant en grande partie la structure administrative universitaire. Au moment de sa transformation en BCI le 10 janvier 2014, la CREPUQ était divisée en quatre comités, en plus du comité exécutif et du conseil d’administration221. Le sous-comité des bibliothèques222,

responsable des questions relatives aux bibliothèques, était quant à lui sous la responsabilité du comité des affaires académiques. De ce fait, le sous-comité doit soumettre à son comité

219 Ibid. 220 Ibid.

221 CREPUQ, « Organigramme », en ligne.

d’attache tout travail destiné à une organisation externe à la CREPUQ223. À cette exception

près, il jouit toutefois d’une certaine liberté dans la conduite de ses activités. Sa dynamique est par ailleurs distincte de celle de la CREPUQ. Si les recteurs sont en compétition, les bibliothécaires auraient, selon Juvé, un état d’esprit axé sur la coopération224. Les décisions

étant prises par consensus, les travaux demandent toujours de nombreuses discussions et sont entrepris avec prudence.