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3.   Venir habiter un LUP à la Tambourine

3.1.   Conditions d’accès aux logements du programme LUP

3. Venir habiter un LUP à la Tambourine

La composition des habitants des LUP ne doit rien au hasard. Pour l’étudier, il s’agit de prendre en compte les mécanismes sociaux par lesquels les différentes catégories se sont trouvées rapprochées comme le proposaient déjà Chamboredon & Lemaire en 1972 à propos du peuplement des grands ensembles. Dans le cas des immeubles LUP, il faut nous pencher à la fois sur les conditions formelles et informelles qui ouvrent l’accès au logement social, le taux de vacance des logements dans le canton qui détermine le potentiel de choix des locataires, ainsi que les différents parcours résidentiels des nouveaux habitants.

3.1. Conditions d’accès aux logements du programme LUP

L’accès à un logement LUP est formellement conditionné par un taux d’effort et un taux d’occupation. Ces deux conditions vont déterminer la diversité des revenus des locataires et les types de ménages appelés à occuper les logements de la Tambourine.

Revenus des ménages

Les personnes interviewées étaient invitées à évaluer leur niveau de revenu en réponse à la question : « Dans quelle tranche situeriez-vous le revenu annuel brut de votre ménage? ». Cet indicateur subjectif des ressources fournit la répartition suivante :

Ménages interviewés, selon le revenu annuel brut estimé du ménage :

N (100%) = 110 ménages

Cette répartition est marquée par une dispersion importante entre des revenus très modestes et des revenus moyens.

Selon les données fournies par la régie, le revenu annuel brut par ménage10 a une moyenne de 60'202 francs. Le revenu médian se situe à 56'479 francs. A titre de comparaison, le revenu médian des contribuables genevois s’élève à 69'254 francs. Seuls 30% des locataires ont un revenu supérieur au revenu médian cantonal.

10

En 2008

HETS-Genève : opération pilote HBM 199 Tambourine sur la mixité sociale, rapport intermédiaire I, juin 2009.

36 Les personnes interviewées étaient invitées à évaluer leur niveau de revenu en réponse à la question : « Dans quelle tranche situeriez-vous le revenu annuel brut de votre ménage ? ». Cet indicateur subjectif des ressources fournit la répartition suivante :

Ménages interviewés, selon le revenu annuel brut estimé du ménage 20,9% 27,3% 18,2% 10,9% 11,8% 10,9% moins de 35'000 CHF de 35'000 CHF à 50'000 CHF de 50'000 CHF à 65'000 CHF de 65'000 CHF à 80'000 CHF plus de 80'000 CHF Non réponses N(100%) = 110 ménages

Un ménage sur trois déclare en outre bénéficier d’un soutien financier lié à l’une des aides sociales énumérées dans le questionnaire :

- Rente AI, - Rente OCPA,

Si l’on considère le revenu d’équivalence brut qui est un revenu pondéré en fonction de la taille du ménage11, l’on constate que celui des habitants des LUP qui est en moyenne de 38'910 francs se situe largement en dessous du revenu d’équivalence brut suisse qui s’élève à 69'900 francs. La taille des familles influence donc fortement les ressources à disposition des habitants des LUP. A noter encore qu’un quart des ménages est en dessous de 27'556 francs et que le quart des ménages les plus aisés se situe à 47'070 francs ce qui est encore largement en dessous de la moyenne suisse.

Types de ménages

Un peu plus de 2/3 du parc des appartements est composé de logements de 4 à 6 pièces, ce qui concoure à faciliter l’installation de familles. Les familles avec un ou plusieurs enfants sont donc clairement majoritaires (70% des ménages interviewés).

Elles présentent trois configurations principales :

§ couples avec enfant(s) : 40%, § familles monoparentales : 25%,

§ autres situations (familles à 3 générations ou incluant un enfant majeur) : 5% Un peu plus de la moitié des familles avec enfant(s) ne comptent qu’un seul enfant.

Quant aux « grandes » familles (3 enfants et plus), elles représentent environ un septième des familles avec enfant(s) et un dixième du total des ménages.

L’effet étage

Dans le cadre du programme LUP Tambourine, la volonté de produire une mixité des revenus plus importante que dans les pratiques habituelles d’attribution des fondations immobilières de droit public (FIDP) se traduit par l’application d’une pondération plus forte des loyers. Cette pondération a été effectuée pour les 124 logements subventionnés en corrélation avec un « effet étage » : « -40% au rez-de-chaussée à + 45% au 6ème étage. Ceci alors que 16 logements situés en attique sont non subventionnés et proposés en loyer libre.

11 Source : Niveaux de revenus d’équivalence, en 2008 des ménages suisses, Office fédéral de la statistique (calculé conformément à l’échelle d’équivalence modifiée de l’OCDE)

35 Etages Niveau de

loyers

Loyer mensuel moyen

au m2 (1) interviewés Ménages interviewés Locataires

N % N % Rez Moyen inférieur 13 14 12.7 18 11.2 1er et 2ème Inférieur 10 25 22.7 31 19.3 3ème et 4ème Moyen 14 28 25.4 44 27.3 5ème et 6ème Supérieur 17 28 25.4 46 28.6 Attique Très supérieur > 20 15 13.6 22 13.7 Total 14 110 100.0 161 100.0

(1) Moyenne indicative, en CHF arrondis à l’entier. Les loyers réels restent proches de cette moyenne, mais peuvent varier, notamment en fonction du nombre de pièces

Des critères informels

Outre ces critères formels d’attribution liés aux revenus et au potentiel d’occupation d’un logement par les ménages, la commission d’attribution des logements et le secrétariat des FIDP mobilisent d’autres critères de la mixité sociale, mais, sur un mode plus informel. Tissot (2005) a montré comment les bailleurs sociaux de la région parisienne mobilisaient plus ou moins implicitement diverses catégories sociodémographiques de la population des demandeurs pour équilibrer ce qu’ils considéraient comme étant une « bonne mixité ». Dans le cas des LUP, les acteurs chargés de l’attribution déclarent aussi être attentifs à produire « la mixité souhaitée » en tenant compte de « l’origine des ménages, du soutien social et de l’âge des locataires »

Dans le cas des immeubles de la Tambourine, la mise en œuvre de ces critères informels concourt à produire les répartitions suivantes :

La quasi-totalité des locataires indique une seule nationalité. Moins de 5% en signalent une deuxième.

En comparaison avec le canton et sur la base de la tranche d’âge considérée, l’on constate que le rapport entre Suisses et étrangers est similaire.

La répartition des nationalités influence aussi les langues parlées par les habitants

La question des langues parlées habituellement à la maison fait apparaître le français comme première langue pour deux locataires sur trois.

Mais elle révèle surtout une légère majorité de contextes familiaux plurilingues. Seuls 44% des interviewés n’indiquent qu’une langue, alors que 48% en mentionnent deux et 8% trois.

Concernant le soutien social, un ménage sur trois déclare en outre bénéficier d’un soutien financier lié à l’une des aides sociales énumérées dans le questionnaire :

§ Rente AI

§ Prestation complémentaire

§ Aide d'un service social (Hospice général, service communal, Caritas, CSP)

A noter que la commune de Carouge est l’une des communes genevoises qui compte un fort taux de bénéficiaires de l’aide sociale au sens large.

Au-delà de la question du soutien social, les questions du type d’emploi et du niveau de formation doivent être aussi considérées :

Moins de la moitié des adultes a une activité professionnelle, souvent à temps partiel. La proportion de personnes au chômage est relativement élevée

Situation professionnelle actuelle des locataires interviewés :

N (100%) = 158 NR = 3 à son compte! 4%! employé à plein temps! 29%! à temps partiel! 19%! à la retraite! 6%! en invalidité! 6%! au chômage! 14%! mère/ père au foyer! 12%! autre! 10%!

37 Sur la base d’une comparaison rapide avec les données du recensement 2000, la répartition des différents niveaux de formation entre les habitants des LUP est très proche de la répartition au plan cantonal.

Formation la plus avancée suivie par les locataires interviewés :

N (100%) = 161

Les classes d’âge des locataires interviewés nous montrent que l’offre d’appartements récents destinés aux familles contribue à former une population composée en majorité de personnes jeunes.

Classes d’âge des locataires interviewés :

Si l’on considère plus globalement la population des deux immeubles LUP et qu’on la compare à celle de la Ville de Carouge dans son ensemble, nous pouvons constater une nette surreprésentation des enfants de moins de 10 ans et des adultes de 25-29 ans, et dans le même temps, une nette sous-représentation des personnes de plus de 40 ans qui s’accentue avec l’âge.

Ecole obligatoire! 25%! Ecole professionnelle / apprentissage! 44%! Maturité! 11%! Haute école (HES, Université)! 14%! non précisée! 6%!

HETS-Genève : opération pilote HBM 199 Tambourine sur la mixité sociale, rapport intermédiaire I, juin 2009.

37

3.2.2. Caractéristiques des locataires interviewés Locataires interviewés par genre

Hommes 42% Femmes

58%

Classe d'âge des locataires interviewés

13.2% 23.0% 16.4% 17.1% 10.5% 9.2% 10.5% Moins de 25 ans

25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50 ans et plus

Etat civil des locataires interviewés

Séparé-e 13% Célibataire 23% Veuf/veuve 3% Divorcé-e 11% Marié-e 50% N (100%) = 160 / NR = 1