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La campagne banale concentre un faisceau d’activités (agriculture, pêche, chasse…) dont certaines trouvent leurs sources il y a plusieurs millénaires. Parmi celles-ci, les pratiques cynégétiques peuvent rythmer la vie des ruraux une majeure partie de l’année. La chasse peut être définie comme l’action de poursuivre des animaux dans le but de les attraper ou les tuer, mais cette définition est à nuancer selon le contexte historique. Si elle eût d’abord une fonction nourricière primordiale pour les chasseurs-cueilleurs, l’élargissement de la gamme des ressources alimentaires (par l’élevage ou l’agriculture) ou encore la modernisation des techniques cynégétiques (par exemple l’amélioration des armes ou des munitions) ont modifié les objectifs recherchés par les chasseurs. Au fil du temps, le concept de chasse s’est transformé. De la chasse-cueillette originelle, la pratique a évolué vers une forme de chasse-loisirs

dont l’encadrement est devenu nécessaire à partir du milieu du XIXème siècle (Bourrieau, 2011 ;

Estève, 2004). Les années 50 marquent le début d’une prise de conscience relative à la raréfaction des ressources, engendrant l’avènement d’une chasse-gestion concernant les milieux comme les espèces (Ginelli, 2012). Les années 80 voient émerger le concept de « chasse écologique », qui bien qu’issu d’une logique politique visant à limiter le discours anti-chasse (Darbon, 1997), conduit le anti-chasseur à s’interroge sur sa pratique, voire se présenter comme « écologiste » (Dalla Bernardina, 1989). Ginelli (2012) identifie ainsi le passage de la chasse-gestion à la chasse-écologie, pour laquelle la gestion des habitats compte autant que

celles des espèces. En parallèle, intervient aussi « le passage d’une gestion centrée sur les

espèces chassables à une gestion de la nature ordinaire dans son ensemble » (ib.).

Ces évolutions conduisent à l’émergence de dispositifs globaux de gestion de la faune sauvage qu’illustrent les ORGFH (Orientations Régionales de Gestion et de conservation de la Faune sauvage et de ses Habitats), qui planifient les mesures à prendre au niveau régional pour la faune sauvage et ses habitats, dans une perspective de chasse durable (Fortier et Alphandéry,

2012 ; Wencel, 2006). Ce concept marque une forme de convergence entre « une volonté de

moralisation de la pratique cynégétique » et « l’invocation d’un impératif de durabilité écologique » (Ginelli, 2012). Ces évolutions laissent penser qu’une partie des chasseurs sont susceptibles de s’intéresser de manière large à la faune et aux milieux qui les entourent. Ils seraient alors de potentiels détenteurs de savoirs et savoir-faire relatifs à la faune sauvage.

Le cas des chasseurs de gibier d’eau peut constituer un exemple intéressant. Leur répartition géographique les conduit en effet à s’organiser en noyaux de pratiquants centrés sur les plans d’eau, donc potentiels observateurs privilégiés et fixes des zones humides comme de l’avifaune qui les fréquente. Pour mesurer la richesse potentielle des informations dont ils pourraient s’avérer détenteurs, il convient d’examiner d’abord les modalités de capture des espèces chassées. Puis, de remonter aux connaissances que ce processus exige, avant de discuter jusqu’où elles peuvent a priori s’étendre, de manière évidemment différenciée selon les individus.

106 1. HISTOIRE D’UNE PRATIQUE : LA CHASSE (DE NUIT) AU GIBIER D’EAU

Définitions et controverses sur la nature du gibier d’eau

Pour le néophyte, le gibier d’eau est perçu comme tout animal pouvant être chassé et fréquentant des milieux aquatiques, comprenez des zones humides. Estève (2006) évoque l’année 1860, où la cour de Colmar définissait le gibier d’eau comme « un animal vivant dans l’eau, au bord, et y trouvant sa nourriture ». Le « gibier d’eau » était alors distingué des « oiseaux de passage », distinction qui dans la pratique créait la confusion.

De nos jours, il désigne en fait les oiseaux d’eau chassables, qu’ils soient anatidés, limicoles ou autres rallidés, migrateurs ou sédentaires. Mais il s’agit ici d’une définition européenne voire française, les américains le traduisant « waterfowl », terme correspondant au français "sauvagine", ensemble des anatidés chassables. Nous considèrerons pour notre part le gibier d’eau tel qu’il est défini en France (l’ensemble des oiseaux d’eau chassables).

Entamer une description des pratiques de chasse au gibier d’eau ne peut se faire sans un minimum de recul historique, destiné à montrer comment les savoirs qu’elles nécessitent ont évolué au fil du temps, mais aussi que nombre de problèmes et débats qu’elle soulève possèdent un caractère intemporel.

La chasse au gibier d’eau est à l’image de la chasse dans sa globalité : très ancienne et corrélée à l’histoire de la maîtrise des outils par l’Homme. Deux ouvrages de référence, « La Chasse des Oiseaux d’eau en France » de Pierre Mouchon (1931) et « La chasse des canards » du Dr. Christian Rocher (1952), relativement rares, constituent les premières synthèses, œuvres avant tout de passionnés. Plus récent, l’excellent travail de Christian Estève (2006) décrit avec

beaucoup de détails la chasse au gibier d’eau au XIXème siècle. Sur la base de ces trois sources,

un portrait rapide de l’histoire de la chasse au gibier d’eau en France peut être dressé.

1.1. De la préhistoire au XVIIIème siècle : évolution des techniques et pratiques.

La synthèse effectuée par Mouchon et commentée par le Dr. Rocher propose une peinture relativement complète de ce que fut la chasse au gibier d’eau du Paléolithique jusqu’à

la fin du XVIIIème siècle (annexe 1). Il souligne que la chasse à la sauvagine a été très tôt prisée,

par des techniques rudimentaires puis de plus en sophistiquées comme la création des premiers

postes fixes (affûts puis huttes44). Des appelants45 sont signalés dès le XVème siècle, et sans

doute d’usage plus ancien. Comme dans la plupart des autres chasses, on considère donc que l’efficacité de la capture s’accroît avec la qualité des armes, une rupture majeure constituant

évidemment l’apparition des armes à feu à l’époque moderne. Vers la fin du XVIIIème siècle, la

44 Nom de la cabane de chasse au gibier d’eau, construise sur terrain dur et non soumise aux marées (Rocher, 1952).

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chasse au gibier d’eau à poste fixe est bien installée, la pratique des tirs de nuit étant déjà courante.

1.2. Le tournant du XIXème siècle.

La période qui suit voit intervenir d’une réduction drastique de la superficie des zones humides (urbanisation, usages agricoles…), qui sans compromettre la pratique de la chasse au gibier d’eau, la restreint spatialement. Louis Ternier évoque ainsi la civilisation comme « l’ennemie du chasseur et du naturaliste » (Estève, 2006). La législation devient elle aussi plus complexe : permis de chasse, autorisation sur certains territoires (marais, lacs, étangs, rivières…), dates d’ouverture et de fermeture. Malgré ces contraintes accrues, la pratique de la chasse au gibier d’eau, au départ assez marginale, voit le nombre de pratiquants augmenter, notamment en direction des classes sociales les plus aisées (ibid.). Accroître le nombre de pratiquants sur des surfaces toujours plus restreintes n’est possible qu’au prix d’une artificialisation croissante des milieux chassés.

Les mares artificielles se multiplient comme le nombre d’appelants. Les huttes autrefois rustiques et rudimentaires, sont de plus en plus modernes et équipées : « la hutte des 400

coups », construite au début du XXème siècle, équipée d’une douche et de chambres (Estève,

2006) et ainsi devenue mythique pour tous les chasseurs de France (Rocher, 1952). Ternier et Massé (1908) ne sont guère favorables à ce confort, quand d’autres le revendiquent. Des dissensions internes sur la pratique même de la chasse de nuit apparaissent donc, elles opposent les partisans de la conservation de son côté « sauvage » et authentique, aux amateurs plus "modernes", soucieux de confort et d’efficacité.

1.3. XXème siècle : de l’âge d’or à une remise à plat.

Au XXème siècle, l’accroissement du temps libre qu’engendrent l’apparition des congés

payés (1936), puis la diffusion de l’automobile, démocratisent la chasse populaire et augmentent encore la pression de chasse. Dès 1952, le Dr Ch. Rocher pointe déjà l’accumulation des risques :

« Depuis quelques années, ce qu’il est convenu d’appeler « Notre civilisation » a bouleversé les conditions dans lesquelles nous devons pratiquer notre sport favori, car la nature (et en conséquences les anatidés) est de plus en plus menacée à tous les moments et en tous lieux.

Elle est menacée par la hausse immodérée de la pression chasse, corolaire de l’élévation croissante du niveau de vie de l’humanité.

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Elle est menacée par les assèchements inconsidérés et la pollution sévère de tous les lieux où les anatidés trouvaient jadis refuge et nourriture. »

Le cercle vicieux de la réduction des zones humides conjugué à l’augmentation du nombre de huttes et de pratiquants fait que la pression de chasse se concentre désormais sur des espaces de plus en plus restreints. 200 000 chasseurs de gibier d’eau exercent en effet leur passion sur 600 000 ha de zones humides, sur une période allant de fin juillet à mi-mars (Raffin et Lefeuvre, 1982).

Une situation de crise prend naissance dans les années 70 quand, une série d’hivers froids ayant entraîné d’importants prélèvements, l’opinion publique et les scientifiques s’inquiètent. Des mesures de réduction progressive des périodes de chasse (en particulier du

mois de mars) et de la protection de certaines espèces (la Bernache cravant Branta bernicla par

exemple en 1981) sont aussi décidées. Le débat se déplace sur le terrain du législateur et du scientifique. En conséquence, les années 1990 voient également une réduction encore accrue de la période de chasse (les mois de juillet et février deviennent interdits), les raisons invoquées étant respectivement une période de reproduction non terminée et une migration prénuptiale des espèces chassables déjà entamée.

1.4. La chasse de nuit au XXIème siècle, entre restrictions et évolution scientifique.

L’année 2000 marque un nouveau tournant pour les chasseurs de gibier d’eau. La loi chasse portée par la ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire, Mme Dominique Voynet, légalise en effet la chasse de nuit tout en mettant en place un certain nombre de mesures qui la limite à 27 départements. Les installations de chasse de nuit (identifiées « Postes fixes à gibier d’eau ») sont désormais répertoriées et numérotées, un nombre maximum étant fixé pour chaque département. La période de chasse se voit encore raccourcie avec la fin des chasses d’août, tandis que les prélèvements des chasseurs de gibier d’eau doivent désormais être recensés au travers des premiers carnets de prélèvement, obligatoirement remplis par chaque installation à partir de 2006. La même année, l’usage de projectiles au plomb devient interdit dans les zones humides. Le nombre d’appelants par installation est plafonné à 50 sauvagines et 50 colverts. Perçues par nombre de chasseurs comme des persécutions visant à éteindre cette chasse, elles sont justifiées par les politiques comme des mesures visant à réduire une pression de chasse jugée excessive.

Dans ce contexte de tensions croissantes entre les tenants d’une réduction de la pression de chasse et ceux qui veulent sauvegarder cette pratique, la ligne de défense de ces derniers s’adosse de plus en plus à des travaux scientifiques. Il s’agit de défendre les acquis ou de regagner les privilèges perdus, tout en valorisant les actions d’aménagements cynégétiques (voire par exemple la synthèse de Fouque & Schricke, 2008 ; ou Péré, 2008). En 2004, c’est

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de dossiers soumis au GEOC46 se multiplient (en Gironde, en Brenne ou dans l’Hérault), dont

certains débouchent sur des ouvertures anticipées (la Gironde en 2013 au 1er samedi d’Août

pour les marais intérieurs, l’Hérault et les étangs littoraux au 15 Août). Des études sont également menées et parfois financées directement par les chasseurs sur des questions comme la migration prénuptiale des Oies cendrées (équipements de balises ARGOS).

Si le contexte écologique, culturel et sociétal a largement évolué depuis le XIXème siècle,

le débat politique porte encore souvent sur les mêmes sujets. Le chasseur s’inquiétait à l’époque d’une date de fermeture en avril, le débat est aujourd’hui identique pour février. Quand le nombre des appelants par installation marquait la différence entre les classes aisées et populaires, il constitue toujours un critère de différenciation majeur entre les plus riches et les autres. De même, le contraste entre les grandes installations de chasse, dénoncées comme des « usines », parfois louées, que l'on oppose celles plus rudimentaires et donc "traditionnelles", entretient l’idée d’une chasse à deux vitesses. Enfin, concernant les superficies chassables, à la réduction des zones humides motivée par le souci d’étendu d’espace agricole ou urbain, est venue s’ajouter l’obligation de « mettre en réserve » une part croissante de ces milieux à la biodiversité originale.

Si les motifs des évolutions se modifient donc progressivement, la concentration des installations sur des étendues toujours plus restreintes conduit, pour le sujet qui nous occupe, à constater que le nombre d’observations rassemblées autour des plans d’eau chassables ne cesse d’augmenter. La densité des observateurs potentiels s’en trouve accrue. Elle justifie donc que l’on s’interroge sur les connaissances auxquelles leur pratique est susceptible de leur donner accès.

46 Groupe d’Experts sur les Oiseaux et leur Chasse, instance créée en 2009 qui fournit un avis scientifique au ministère sur la base de dossiers scientifiques.

110 2. LA CHASSE DE NUIT AU GIBIER D’EAU : DEROULEMENT CLASSIQUE ET CONTENUS D’UNE « NUIT A LA TONNE ».

D’un point de vue terminologique, la « chasse de nuit au gibier d’eau » désigne une pratique fondée sur une installation de chasse nocturne, fixe la plupart du temps, que l’on désigne suivant les régions sous les vocables de « hutte », de « tonne », de « gabion », ou de « hutteau ». La « hutte » est le terme le plus courant en France, utilisé de longue date dans les départements aux mœurs très cynégétiques du nord de la France (Nord, Pas-de-Calais, Somme…). Le terme « gabion », plutôt propre au littoral normand, désigne lui une installation située sur la côte qui, soumise à l’influence des marées, s’élèvera en fonction du niveau de l’eau. On y trouve aussi le « hutteau » ou « cercueil », nom dû à la forme souvent caractéristique de l’affût, de petite taille et mobile (donc déplaçable sur le lieu de chasse).

Dans le Sud-Ouest de la France, c’est le terme de « tonne » qui prévaut, issu du fait qu’au début du siècle dernier, les chasseurs se cachaient dans des tonnelles rembourrées de paille. Au-delà de cette diversité terminologique, un principe de base réunit tous les utilisateurs de ces abris : le chasseur y passe la nuit, souvent à proximité d’un plan d’eau (mares, lacs, étangs, baies…) (photo 5), pour chasser le gibier d’eau. Notre zone d’étude se situant en Gironde, on parlera dans la suite de ce travail de « chasse à la tonne ».

Photo 5 : Deux tonnes dans des contextes différents, à proximité d’une mare (en haut) ou au milieu d’un étang (à gauche) (Crédit photo : S. Farau).

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Pour faciliter la compréhension du lecteur, un premier aperçu de ce qu’est une « nuit de tonne » est nécessaire. Chacune d’elle est différente, unique diront les puristes, mais une description générale de son déroulement « standard » permet de mieux en saisir les tenants et aboutissants. Passer une nuit à la tonne ne s’improvise pas et nécessite un temps de préparation préalable. Celle-ci commence avant la tombée de la nuit pour se terminer après le lever du jour. En hiver, les journées étant courtes, la « nuit » de tonne est donc susceptible de démarrer dans l’après-midi pour se terminer le lendemain en milieu de matinée. La description des différentes étapes organisant l’une des nombreuses nuits passées auprès de nos enquêtés doit permettre au lecteur de saisir la logique de son déroulement, et d’identifier les connaissances que mobilisent le pratiquant à cette occasion, ou les informations qu’ils recueillent.

2.1. La préparation et l’installation pour une « nuit de tonne ».

Nous sommes le 29 novembre 2012. J’ai rendez-vous à 16h00 à La Teste, commune au sud du Bassin d’Arcachon, chez Daniel, 73 ans, chasseur de gibier d’eau passionné et président

de l’association de chasse maritime locale (ACMBA47). Il est déjà en train de charger les

affaires sur une remorque… à l’arrière de son quad ! « Mon fils m’a dit d’acheter ça. En fait,

je chasse juste à côté, aux prés salés de La Teste, anciennement le Domaine de Rocher. Là c’est plus pratique pour moi et ça passe souvent mieux qu’en voiture ». Un couple d’oies cendrées

et un autre d’oies rieuses sont en liberté dans le jardin, « elles tondent bien la pelouse », où sont

également installées deux cours à canards. Il s’agit de parcs aménagés où les chasseurs conservent leurs appelants. Ces derniers sont des canards de souche naturelle qui seront utilisés afin d’attirer leurs congénères sauvages. Les colverts et sauvagines (sarcelles d’hiver, canards siffleurs) ont été attrapés. Les oies le sont également après avoir été isolées. Elles sont même plutôt dociles, excepté la femelle d’oie cendrée. Les sacs embarqués, Daniel me laisse monter derrière lui. Nous voilà parti en quad pour les prés salés Ouest de La Teste. Nous sortons de la zone urbanisée pour rentrer dans un milieu de marais, juste derrière une lisière d’arbres. La

transition est saisissante : « Nous venons d’entretenir car tout est en train de se fermer. C’est

un terrain du conservatoire du littoral qui est censé être géré par les chasseurs, la LPO, etc. Au final, si tu n’as pas les chasseurs, il ne se passe rien ».

Daniel m’informe qu’il y a en tout six tonnes sur ce qui fut le Domaine de Rocher. Il s’agit en fait d’un des anciens hauts lieux de chasse au gibier d’eau, fréquenté par l’emblématique Dr Rocher, rédacteur des célèbres ouvrages sur la chasse du gibier d’eau. Daniel occupe celle qu'utilisait le docteur. Nous arrivons à la tonne après avoir cheminé dans

le marais et traversé quelques pantes à alouettes48, dont celle de Daniel. Une mare d’à peine un

hectare se trouve devant la tonne, en ciment et camouflée. Concernant la mare, Daniel ne l’a

que peu aménagé : « Je ne l’ai pas modifié. J’ai souhaité la laisser telle qu’elle. Je pense qu’en

47 Association de Chasse Maritime du Bassin d’Arcachon.

48 Une pante est un système de filets, plaqués au sol, qui se déclenche à distance lorsque des alouettes se posent sur une parcelle aménagée.

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termes d’aménagements, pour ce milieu, il vaut mieux rouvrir par endroit sur l’ensemble des prés salés pour accueillir des limicoles, comme les bécassines, ou des canards comme la sarcelle. L’entretien de la mare est important pour ne pas laisser les mauvaises herbes s’y développer ». Il n’existe plus d’installations faites de tonneaux comme au début du siècle. A l’ouest et au sud, l’urbanisation se rapproche des prés salés, comme un symbole de la diminution des zones humides.

Nous déchargeons le matériel. Un vol d’oies cendrées est entendu. Je l’aperçois, très

haut, qui rentre dans une trouée des nuages. « Ça sent bon ce soir, tout le monde en a vu hier

en plus. J’ai fait deux sarcelles et j’ai fait poser un vol de dix-huit en plus, mais j’ai loupé ! J’ai été mauvais. Mais on va se rattraper cette nuit certainement ». On ressent la passion dans le discours de Daniel. Quand il parle de faire « poser » les oiseaux, il s'agit de les attirer afin qu’ils

viennent directement sur la mare. En effet, il s’attaque ensuite à la phase de « tente »49, qu’il va

faire avec des cordeaux. Je lui demande pourquoi : « C’est plus pratique plutôt que d’aller dans

le lac systématiquement. Après, il y a d’autres installations où ils utilisent des taoulettes50 et des tendeurs (photo 6). Je ne pense pas que ça change beaucoup de choses pour faire venir les canards, c’est juste technique ».

Il n’y a presque pas de canards en plastiques dans son lac, des « appeaux » ou

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