• Aucun résultat trouvé

Un bilan énergétique complet sur une année entière (2013-14) a été réalisé sur le système énergé-tique comprenant les réseaux CADIOM et CADSIG. Le but de ce suivi était de mettre en évidence les enjeux liés à l’interconnexion, en 2012, des deux réseaux thermiques.

Durant cette année caractérisée par un hiver particulièrement doux, la chaleur fournie aux réseaux thermiques CADIOM et CADSIG s’est élevée à 155, respectivement 244 GWh. Au total, 222 GWh de chaleur ont été fournis par l’UVTD, qui a incinéré environ 230’000 tonnes de déchets. Cette chaleur a ainsi représenté 56% de la chaleur fournie à l’ensemble du réseau (CADIOM+CADSIG). Sans la connexion, cette part aurait été de 36%.

D’un point de vue technique, la connexion des deux réseaux a bien fonctionné, permettant d’aug-menter de 77 GWh la récupération de chaleur fatale de l’UVTD dont le rendement annuel global s’est établi à 49%. Cette chaleur, transférée du réseau CADIOM vers le réseau CADSIG principalement en été et mi-saison, a permis d’importantes économies de gaz.

Dans l’autre sens, la connexion a permis d’acheminer 10 GWh produits par du gaz vers CADIOM lors de pics de consommation (en hiver) ou de pannes à l’UVTD (mois de mai), contribuant ainsi à améliorer la sécurité d’approvisionnement de ce réseau et de substituer du mazout par du gaz. Sur l’année entière, la connexion a ainsi permis d’éviter localement l’émission de 17.7 ktCO2.

En contrepartie, l’augmentation de la récupération de chaleur fatale a impliqué une baisse de la production électrique de l’UVTD. L’analyse horaire du fonctionnement de l’usine a montré que la récupération d’un mégawatt thermique impliquait une perte de production électrique de 200 kW. De ce fait, la production électrique brute de l’usine s’est chiffrée à 111 GWh, alors qu’elle aurait été d’environ 127 GWh sans la connexion.

Une analyse a montré qu’il restait encore un potentiel d’optimisation intéressant pour récupérer un maximum de chaleur fatale. En comparant la chaleur fatale disponible à l’UVTD et la demande des réseaux, on a pu montrer que 35 GWh supplémentaires auraient effectivement pu être valorisés dans les réseaux thermiques.

L’analyse détaillée des caractéristiques de la demande des réseaux a permis de montrer que les niveaux de température étaient encore relativement élevés, particulièrement en ce qui concerne les températures de retour. Les enjeux concernent principalement l’intégration de futures ressources à basses températures et l’optimisation des différences de température aller-retour pour garantir les capacités de transport sur les conduites.

Enfin, l’analyse partielle des données de fonctionnement du système sur l’année 2014-15 − éga-lement caractérisée par des conditions météorologiques particulièrement douces −indique que la station d’échange a fonctionné de façon très similaire à l’année 2013-14, puisque que 78 GWh de chaleur fatale ont été fournis au réseau CADSIG, alors que 11 GWh ont été importés sur le réseau CADIOM.

CHAPITRE 3

Analyse économique

3.1 Introduction

L’analyse économique réalisée dans cette étude a pour but de mettre en avant les enjeux technico-économiques liés au système énergétique étudié. Celui-ci est constitué de plusieurs acteurs dont les intérêts peuvent être divergents. Les principaux acteurs directement influencés par le fonctionnement technique du système et les prix de l’énergie sont les suivants :

• Les Services Industriels de Genève (SIG)

Propriétaire et exploitant de l’usine d’incinération (activité "Déchets" du pôle "Environne-ment" des SIG)

Propriétaire et exploitant des chaufferies gaz du Lignon et des chaufferies décentralisées (activité "Thermique" du pôle "Energies" des SIG)

Propriétaire et exploitant du réseau CADSIG ainsi que de la station d’échange (activité

"Thermique" du pôle "Energies" des SIG)

• CADIOM SA (société anonyme détenue majoritairement par les SIG à 51%)

Propriétaire et responsable de l’exploitation du réseau CADIOM (pendant la durée de la concession accordée par l’Etat de Genève, soit de 2002 à 2032)

• Les clients raccordées sur les réseaux CADIOM ou CADSIG

Les inter-relations économiques entre ces différents acteurs, inscrites dans un cadre contractuel relativement complexe (cf. figure 1.4, p.15), ont été fortement influencées par deux éléments conco-mitants : d’une part par la connexion des deux réseaux thermiques (fin 2012), d’autre part par la dé-cision politique d’augmenter le tarif de vente de la chaleur produite par l’UVTD de 1.5 à 3.5 cts/kWh dès juillet 2013 (République et canton de Genève, 2013a) .

Cette modification du contrat de cession de la chaleur entre l’UVTD et le réseau CADIOM, qui n’est pas directement liée à la connexion des deux réseaux, a été justifiée par le besoin de rééquilibrer les comptes de l’usine d’incinération. Cette décision a notamment permis de limiter la hausse du tarif de l’incinération payée par tous les citoyens du canton via les impôts. D’autre part, la hausse du prix de la chaleur fatale a permis d’inverser le rapport des ratios énergétique (quantité d’électricité sacrifiée/quantité de chaleur récupérée) et économique (prix de vente de la chaleur fatale/prix de vente de l’électricité) liés à la valorisation énergétique des déchets. Avant l’augmentation, ce rapport était défavorable à la valorisation thermique des déchets d’un point de vue économique pour l’UVTD, puisque que la baisse des recettes sur la production électrique (vendue à 10.5 cts/kWh) n’était pas compensée par la vente de chaleur.

L’analyse effectuée dans ce chapitre repose sur une évaluation de la rentabilité de la connexion des réseaux et de ses impacts sur les flux monétaires entre les acteurs, en intégrant des études de sensibilité concernant le prix des énergies et le fonctionnement technique de la station d’échange (cf. section 3.4, p.109). D’autre part, l’influence de la modification du contrat de cession (hausse du prix de la chaleur fatale) sur les flux économiques entre acteurs est mise en évidence.

Pour réaliser cette analyse, une première partie détaille les systèmes de tarification de la chaleur sur les réseaux (cf. section 3.2, p.101) ainsi que les investissements mobilisés pour la réalisation de la connexion (cf. section 3.3, p.108).

Parallèlement, une étude plus spécifique a été menée sur l’évolution des coûts de la chaleur complets pour un ensemble d’immeubles récemment raccordés au réseau CADSIG, en comparant la situation avant/après raccordement (cf. section 3.5, p.124).