• Aucun résultat trouvé

Caractérisation du risque routier vis à vis de l’infrastructure

4. Conclusions et perspectives

conducteur, mais si l’on considère un conducteur plus âgé, comme le permet un des facteurs correcteurs du modèle d’Adrian, on constate que sur des sections où le RL dépasse 10 mcd.m-2.lx

-1, il pourrait être surpris face à la présence d’un objet sombre qu’il ne détecterait que tardivement.

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

0 1000 2000 3000 4000 5000

Abscisse curviligne (m)

RL (mcd.m-2.lx-1) .

RD36+ RD36- RD116

RD372+

RD372-Feux de route 50

75 100 125 150

0 1000 2000 3000 4000 5000

Abscisse curviligne (m)

Distance de visibilité (m) RD36+ RD36- RD116

RD372+

RD372-Figure 7 – Exemples de profils de RL de chaussée mesurés avec l’appareil ECODYN (à gauche), et profils de distance de visibilité nocturne calculés pour une circulation en feux de route (à droite).

25 50 75 100 125 150

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 Abscisse curviligne (m)

Distance de visibilité (m)

Feux de route Feux de croisement

Feux de croisement avec éblouissement Distance de sécurité (2 s à 90 km/h)

25 50 75 100 125 150

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 Abscisse curviligne (m)

Distance de visibili (m)

Conducteur de 25 ans Conducteur de 45 ans Conducteur de 65 ans

Distance de sécurité (2 s à 90 km/h)

Figure 8 – Effets des conditions de circulation (à gauche) et de l’âge du conducteur (à droite) sur le profil de visibilité nocturne le long de la section de route présentée dans la Figure 6.

L’analyse des images de la scène n’est pas entièrement automatique, et nécessite encore l’intervention d’un expert, ce qui constitue un obstacle au déploiement de l’outil. Mais le principal problème est lié au système d’acquisition des images en luminance, qui exige actuellement plusieurs prises de vue avec différents temps d’exposition pour capturer toute la dynamique lumineuse de la scène routière. Cette contrainte impose des conditions d’éclairage et d’observation statiques difficilement compatibles avec une mise en œuvre opérationnelle.

Toutefois, des solutions techniques commencent à émerger pour pallier ce problème, ouvrant des perspectives pour l’utilisation de systèmes embarqués tels que le dispositif Cyclope du LRPC d’Angers (Fournela et al., 2006).

L’outil de mesure de la visibilité nocturne est destiné à aider les gestionnaires routiers à localiser les zones de leurs réseaux sur lesquelles les usagers circulant de nuit risquent de ne pas pouvoir détecter un obstacle sur la chaussée à temps pour l’éviter, particulièrement lorsqu’ils sont gênés par les phares des véhicules en sens inverse. Avant d’envisager une mise en œuvre opérationnelle, cet outil doit être qualifié. Pour ce faire, nous proposons de sélectionner et d’étudier une ou plusieurs sections d’itinéraire non éclairées sur lesquelles le gestionnaire a observé des sur-accidents de nuit, de relever le profil de visibilité nocturne sur ces sections, et d’analyser les résultats en collaboration avec un expert en sécurité routière. Cela permettrait de démontrer le bien-fondé de l’indicateur de visibilité proposé, et de le calibrer en fixant un seuil pertinent. Dans un second temps, l’outil pourra être amélioré en tenant compte de la géométrie du tracé (pente, rayon) dans la méthode de calcul. Enfin, au-delà de leur intérêt pour le diagnostic de qualité de la route, les données relevées pourront être utilisées par les futurs systèmes coopératifs pour la sécurité, comme paramètre d’entrée des systèmes d’aide à la conduite ou des systèmes d’éclairage adaptatif des véhicules.

Une fois qualifiés, les deux outils pourront être utilisés de manière complémentaire. En effet, le profil de visibilité nocturne permettra d’abord de cibler les points d’un itinéraire où l’éblouissement par les phares constitue un risque potentiel pour les conducteurs, et qui nécessitent une analyse plus précise. Le niveau d’éblouissement permettra ensuite de vérifier l’importance du problème et, dans le cas où le gestionnaire installe des contre-mesures telles que les écrans anti-éblouissement ou l’éclairage public (Mace et al., 2001), d’évaluer leur efficacité.

Remerciements

L’outil de mesure de l’éblouissement a été développé dans le cadre d’un projet financé par le California PATH (TO #6603). L’outil de mesure de la visibilité nocturne a été développé dans le cadre du projet VIZIR de l’action fédérative SARI, avec un financement du PREDIT (DA n°05MT6039). La complémentarité entre les deux outils a été étudiée dans le cadre de la collaboration CalFrance entre le département des transports californien et le ministère des transports français. Les auteurs remercient Joseph E. Barton, Christina Chow, Hicham Choukour et Yannick Guillard pour leur contribution aux travaux présentés.

Références

Adrian, W. (1989), “Visibility of Targets: Model for Calculation, Lighting Research and Technology”, 21(4), 181-188.

AFE (2002), « Recommandations relatives à l’éclairage des voies publiques », Lux, Paris.

Baer, R. (2006), Beleuchtungstechnik: Grundlagen, Huss-Medien, Berlin.

Blackwell, H.R. (1946), “Contrast Threshold of the Human Eye”, Journal of the Optical Society of America, 36(11), 624-643.

Brémond, R., Choukour, H., Dumont, E. and Guillard, Y. (2007), “A Night-time Visibility Index for the Diagnosis of Rural Road Networks”, Proceedings of the 26th Session of the CIE, CIE, Vienne, D4:104-107.

Christianson, K.B., Greenhouse, D.S., Barton, J.E. and Chow, C. (2009), “Methods to Address Headlight Glare”, University of California Berkeley, final report.

CIE (1993), “Road Lighting as an Accident Countermeasure”, CIE, Vienne, publication No 93-1993.

CIE (2002), CIE Equations for Disability Glare, CIE, Vienne, publication No 146-2002.

COST 331 (1999), Requirements for Horizontal Road Marking, European Commission, Luxembourg, final report.

Dumont, E. (2007), « Photométrie des chaussées et éclairage public », LCPC, Paris, rapport n°

CR45.

Dumont, E., Brémond, R., Choukour, H. and Guillard, Y. (2009), “A Nighttime Visibility Meter for Secondary Roads”, LCPC, Paris, rapport technique.

Fournela, F. and Greffier, F. (2006), « La perception visuelle de l'environnement par les usagers de la route », Actes des 4e Journées des Sciences de l’Ingénieur, LCPC, Paris, 48-53.

Hubert, R. et Canestrelli, M. (1985), « Mesures de rétroréflexion sur chaussées sèches et mouillées », LCPC, Paris, rapport technique.

IESNA (2005), “Roadway Lighting”, IESNA, New York, No RP-8-00.

Mace, D., Garvey P., Porter, R.J., Schwab, R. and Adrian, W. (2001), “Countermeasures for Reducing the Effects of Headlight Glare”, AAA Foundation for Traffic Safety, Washington D.C., final report.

Olson, P.L., Aoki, T., Battle, D.S. and Flannagan, M.J. (1990), “Development of a Headlight System Performance Evaluation Tool”, UMTRI, Ann Arbor, Report No 90-41.

ONISR (2008), « La sécurité routière en France : bilan de l’année 2008 », La documentation française, Paris.

SETRA (1994), Aménagement des routes principales (ARP), Guide technique, SETRA, Bagneux.

Schoettle, B., Sivak, M. and Flannagan, M.J. (2001), “High-Beam and Low-Beam Headlighting Patterns in the U.S. and Europe at the Turn of the Millennium”, UMTRI, Ann Arbor, report No 2001-19.

Sivak, M. (1996), “The information that drivers use: is it indeed 90% visual ?”, Perception, 25(9), 1081-1089.

Vos, J.J (2003), “On the cause of disability glare and its dependence on glare angle, age and ocular pigmentation”, Clinical and Experimental Optometry, 86(6), 363-370.

Wanvik, P.O. (2009), “Effects of road lighting: An analysis based on Dutch accident statistics 1987-2006”, Accident Analysis and Prevention, 41, 123-128.

SUR LE DIAGNOSTIC DE LA VISIBILITE DE LA ROUTE

Ingénieur ESSI (Université de Nice Sophia Antipolis) en 1991, docteur en sciences pour l’ingénieur de l’Université de Nice Sophia Antipolis (1994). Depuis 2005, responsable de l’ERA27 au Laboratoire Régional de Strasbourg.

Ingénieur civil des ponts et chaussées (ENPC 1991), docteur en mathématiques appliquées à l'université Paris Dauphine (1996).

Depuis 2004, chercheur au Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC) à Paris.

Pierre CHARBONNIER ERA 27, LCPC CETE de l’Est

Strasbourg, France

Jean-Philippe TAREL LEPSIS, INRETS-LCPC

Paris, France Résumé

La distance de visibilité de la route joue un rôle important pour la sécurité routière et en particulier, a un impact évident sur le choix des limites de vitesse. Alors que les critères de visibilité sont systématiquement pris en compte lors de la conception des routes, seuls quelques systèmes existent actuellement pour estimer la distance de visibilité sur un réseau routier existant.

Pour la plupart, les systèmes opérationnels comportent un véhicule cible suivi à distance constante par un véhicule d'observation. De tels procédés permettent seulement de vérifier si une distance de visibilité fixe est disponible. Nous proposons deux nouvelles approches qui permettent d'estimer la distance de visibilité disponible, à partir d'un seul véhicule et fondées sur différentes technologies de capteurs, à savoir la stéréovision binoculaire et un capteur 3D laser (LIDAR). Ces approches ont été développées dans le cadre du projet SARI-VIZIR du PREDIT.

Les deux approches sont décrites, évaluées et comparées. Leurs avantages et inconvénients par rapport au système avec véhicule suiveur sont également discutés.

Mots-clés: Sécurité routière, inspection de la route, véhicule d'inspection, distance de visibilité, stéréovision, Lidar.

Abstract

Visibility distance on the road pathway plays a significant role in road safety and in particular, has a clear impact on the choice of speed limits. While visibility distance criteria are routinely taken into account in road design, only a few systems exist for estimating it on existing road networks. Most existing systems comprise a target vehicle followed at a constant distance by an observer vehicle, which only allows checking if a fixed visibility distance is available. We propose two new approaches that allow estimating the available visibility distance, involving only one vehicle and based on different sensor technologies, namely binocular stereovision and 3D range sensing (LIDAR). These approaches were developed in the context of the SARI-VIZIR PREDIT project. Both approaches are described, evaluated and compared. Their pros and cons with respect to vehicle following systems are also discussed.

Keywords: Road Safety, Road inspection, Inspection vehicle, Visibility distance, Stereovision, Lidar.

1. Introduction

Nous abordons le problème de l'évaluation de la distance de visibilité le long d'une route existante. Parmi les nombreuses définitions de la distance de visibilité existantes, nous considérons le scénario d’arrêt sur obstacle. Plus précisément, on définit la distance de visibilité requise comme celle nécessaire à un conducteur pour réagir à la présence d'un obstacle sur la chaussée et pour arrêter son véhicule. Cette distance dépend clairement de facteurs tels que le temps de réaction du conducteur et le coefficient d'adhérence de la route. Ces facteurs peuvent être choisis à une valeur conventionnelle correspondant au pire des cas. Ainsi, la valeur du temps de réaction est ici fixée à 2 secondes. Le coefficient d'adhérence est réglé sur une valeur correspondant à une route mouillée. La distance requise dépend aussi, naturellement, de la vitesse du véhicule, dont la valeur conventionnelle peut être choisie comme la V85, c'est-à-dire au 85ème centile de la distribution des vitesses. Naturellement, les statistiques des vitesses ne sont pas disponibles sur tout un parcours. Toutefois, nous pouvons utiliser les mêmes lois, issues d’études statistiques, (SETRA 2000, SETRA 1994), que pour la conception des routes et moduler une valeur fixe V85 conventionnelle (qui dépend du type d’itinéraire considéré) en fonction des caractéristiques géométriques de la route, à savoir la courbure et la pente.

Figure 1 – Le véhicule expérimental (photos CECP) et un couple d'images stéréo.

La distance de visibilité requise doit être comparée à la distance de visibilité disponible, qui est la distance maximale à laquelle un objet peut être vu sur la route en fonction de la géométrie de l'environnement routier. Nous proposons deux approches pour estimer avec précision la distance de visibilité disponible sur un trajet existant en tenant donc compte des sources d’occultations réelles comme les bâtiments et la végétation.

Figure 2 – Le véhicule expérimental LARA-3D du CAOR (Photo Mines ParisTech) avec un exemple de nuage de points 3D obtenu puis maillé.

Ces estimations sont donc différentes des distances de visibilité qui peuvent être calculées lors de la conception d’une route en utilisant des logiciels de conception de tracé routier comme Piste ou Macao. En effet, ce type de calculs est réalisé en supposant une occultation par un masque conventionnel placé à distance constante de la chaussée, tout le long de la route. Au contraire, nous prenons en compte les masquages réels rencontrés le long de l’itinéraire.

Comme l'évaluation de la visibilité de la route par les conducteurs est essentiellement une tâche visuelle, la première approche que nous proposons exploite les images acquises par des caméras montées sur un véhicule d'inspection (Figure 1). L'utilisation d'une seule caméra permettant seulement des mesures 2D, deux caméras sont nécessaires pour prendre en compte, grâce aux techniques de stéréovision, la forme 3D de la route lors de l'estimation de la distance de visibilité.

Le système d'acquisition étant réduit à deux caméras couleur et un ordinateur, son coût est assez faible. Des paires stéréo (Figure 1) sont acquises tous les 5 mètres le long du parcours, le véhicule roulant à une allure normale, de façon à s’intégrer dans la circulation. Notons que, dans de telles

conditions (éclairement non contrôlé et présence de trafic), la reconstruction 3D demeure une tâche difficile.

Comme alternative, nous avons également étudié l'utilisation des données 3D fournies par un système LIDAR de cartographie mobile terrestre, appelé LARA-3D. Ce prototype est développé par le CAOR (Mines ParisTech) depuis plusieurs années, (Goulette et al., 2006). Son adaptation à la création de modèles 3D de route pour le calcul de la visibilité a été débutée au cours du projet SARI-VIZIR. Lorsque le véhicule se déplace, les points 3D échantillonnés le long de la route sont agglomérés (Figure 2). Le nuage de point ainsi généré est positionné dans un système de référence absolue grâce à l'utilisation de capteurs proprioceptifs (INS) et GPS. Plusieurs algorithmes ont été mis en œuvre afin de générer des modèles 3D comprenant un nombre aussi restreint que possible de facettes triangulaires, à partir des points. Pour supprimer les artefacts de mesure dus à la présence de véhicules, les informations de position du véhicule sur la route et la position approximative des frontières de la route sont utilisées. Pour réduire le nombre de facettes du modèle, un traitement en trois étapes est réalisé : une étape de décimation sur chaque profil scanné, puis une approche basée sur une croissance de région de zones planes obtenues par RANSAC, suivie d'une triangulation BPA, (Bernardini et al., 1999). Ces traitements conduisent à une réduction suffisamment importante du nombre de triangles (facteur 10 ou plus) pour que le modèle 3D puisse être utilisé ultérieurement pour le calcul de la distance de visibilité. Un exemple de modèle de l'environnement de la route est présenté (Figure 2).

Bien que le système d'acquisition soit plus complexe - et, par conséquent, plus coûteux - que dans l'approche par stéréovision, son avantage est que les données 3D sont directement capturées, avec une grande précision.