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10. PERFORMANCES GLOBALES des systèmes d’élevage ovin intégrant l’agroforesterie

10.2. Etude des performances fourragères réelles et potentielles : Cas de Lamartine

10.2.4. Conclusions

Lors de ce travail d’agrégation des résultats issus des actions préalables de PARASOL, un enseignement global a été tiré ; il s’agit même plus, d’une condition sine qua none pour la bonne conduite des bilans fourragers et de productivité réalisée ici : Rien n’est possible sans la mise à disposition, donc la construction standardisée préalable, de calendriers annuels précis des évolutions zootechniques, des performances de chacun des animaux suivis, des modes de logement comme de rationnement. Mais encore, rien n’est possible sans que production herbagère et quantification des biomasses arborées ne soient réalisées respectivement le plus fréquemment et le plus finement possible. Nous profitons de cette remarque générale, pour remercier ici, chacun de ceux qui auront contribué à la construction et à l’échange des jeux de données nécessaires à ces fins.

10.2.4.1. Compétition interspécifique

Le suivi, puis la modélisation journalière, de la disponibilité herbagère parallèlement aux conditions climatiques rencontrées, confirme que la compétition interspécifique entre les herbacées et les arbres au sein de systèmes sylvopastoraux est différente selon l’époque de l’année, mais aussi selon le type d’année climatique rencontrée. Ainsi, 2016, année atypique du fait d’une pousse d’herbe retardée mais très forte au printemps aura permis de constituer un stock fourrager très important, riche, qui a permis une alimentation optimale des brebis allaitantes et de leurs portées en fin de printemps. A l’inverse, 2017, année plus chaude et moins pluvieuse entre mars et juin apparaît moins productive. Cependant, en été, au moment où les brebis taries sont remises à l’herbe, un stress hydrique continu sur 2 mois en 2016 aura eu raison très rapidement de ce stock fourrager et obligé un retour en bergerie prématuré des brebis en août, alors qu’elles n’y sont retournées qu’en septembre en 2017. En effet, des pluies régulières, y compris d’été et une pluviométrie annuelle moyenne ont fait de 2017 une année de référence, sans contrainte hydrique inhabituelle, facilitant d’autant la comparaison entre une année thermiquement stressante (2016) à une année de référence (2017).

Forts de ce constat, à Lamartine et La Vigérale (63), nous pouvons considérer les autres résultats comme représentatifs et d’intérêt.

En compléments, des suivis de l’humidité du sol et la constitution de bilan hydriques locaux auraient permis de confirmer cela.

La mesure régulière à l’herbomètre stick sur les deux années 2016 et 2017 et à une fréquence régulière aura été un avantage certain, permettant une quantification au plus juste des stocks fourragers en présence. Mais plus important encore, il aura permis de modéliser l’évolution assez précise des stocks fourragers des parcelles et de confirmer la nécessité de sortie des animaux des pâtures en fonction de ces derniers. Les sorties 2016 auront bel et bien été conditionnées par la disponibilité fourragère, disponibilité, qui du fait d’une compétition forte pour l’eau à cette époque entre arbres et herbages, a

situation A+, et de 70 jours par rapport au témoin A0. En 2017, les dates de retour en bergerie ont été quasi identiques, à 15 jours près, quel que soit la densité d’arbres considérée !

Si la présence d’arbres (à forte densité) est un atout sur bien des plans, elle occasionne cependant, en situation climatique limitante, des modifications importantes des modes de conduites du troupeau et des pratiques alimentaires potentiellement plus compliquées, coûteuses.

En complément, le suivi des doses et compositions des rations quotidiennes apportées (au pré ou en bergerie) serait un élément d’importance pour une éventuelle analyse coûts-avantages de systèmes sylvopastoraux à densité d’arbres variable.

10.2.4.2. Déficits fourrager et scenarii d’exploitation de la biomasse foliaire arborée

La construction et l’organisation des données « besoins alimentaires » des troupeaux et « disponibilité fourragère » pour chacune des situations, en opposant 2016 à 2017, année de référence climatique, aura permis d’identifier les journées déficitaires et de quantifier les besoins de complémentation par la biomasse foliaire arborée. Selon la densité d’arbres des parcelles, le déficit alimentaire permettant de maintenir les troupeaux au pré jusqu’aux dates 2017, était acceptable pour A+ (60 arbres/ha) mais multiplié par 6-7 dès lors que la densité d’arbres passait à 150 arbres par hectare. Il va de soi qu’en ces conditions, plus aucun stock ni pousse nouvelle d’herbe n’était possible, précipitant la sortie des animaux.

Face à cela, nous avons choisi de quantifier selon des scenarios de taille d’arbres variés (fréquence de retour de taille sur un arbre versus nombre de branches prélevées) et pour une gamme réaliste d’arbres (50, 100 et 150 arbres/ha) les quantités exploitables de manière raisonnée en feuillages pour affouragement, et indirectement, la production résiduelle de plaquettes. Quelle que soit la densité d’arbres, il est, pour une année comme 2016 illusoire de compter sur le feuillage de frêne pour satisfaire les besoins alimentaires du troupeau. Ce dernier ne parvenant, à un régime raisonné, à satisfaire tout au plus que 20% des besoins en situation A+ et pas plus de 8% en situation A++ (à surface arborée et chargement ovin constants). De fait, pour y parvenir, toujours en conditions raisonnée d’exploitation, il faudrait multiplier par 4 la surface arborée A+ et par 15 celle A++ afin de disposer d’une biomasse foliaire suffisante. A la vue de ces coefficients multiplicateurs, il est clair ici, pour le cas de Lamartine- La Vigérale, que des densités d’arbres comprises entre 30 et 60 arbres/ha seraient plus favorables à la pousse d’herbe et à la fenaison le cas échéant, en proposant une disponibilité fourragère arborée de près de 15-20% des besoins estivaux en cas de sécheresse, donc potentiellement suffisante pour éviter la rentrée en bergerie et les coûts associés.

En complément, il apparaît ici nécessaire de statuer sur la valeur alimentaire des feuilles de frênes, celle-ci n’ayant été que partiellement obtenue ici ; en outre, l’étude des effets sur la croissance et l’état sanitaire des ovins d’un rationnement unique de fourrages issus de feuillages serait à entreprendre.

10.2.4.3. Productivité complémentaire de plaquettes

En complément du recours au feuillage arboré, nous avons aussi estimé la quantité de bois qui, après ingestion des feuilles, serait laissée sur la parcelle et possiblement valorisable sous forme de plaquettes. Cette quantification est issue de modèles allométriques développés à partir de la population de frênes locaux ; elle souffre donc du fait que cette population est restreinte, uni-site et que les ressources disponibles étaient trop limitées aux vues du nombre de site, d’espèces considérées au sein du réseau PARASOL. Quoiqu’il en soit, cette productivité plaquette est non négligeable puisque pouvant représenter annuellement près de 250 à 1050 kg/ha selon la densité d’arbres en présence. Si cette dernière à l’hectare reste limitée, la présence de 25 ha de pâture arborés pourrait permettre, en conduite haute-tige, de produire quelque 6 à 25 tonnes de plaquettes fraîches annuellement, valorisables en atelier d’élevage (paillage) ou en BRF voire énergie.

Ici, il semble d’intérêt d’évaluer les potentiels de productivité foliaire et plaquettes de systèmes sylvopastoraux conduits non pas en haute-tige, mais par recépage régulier (TCR, trogne, émondes…). Les références qu’ils permettraient pourraient alors aussi concerner le potentiel de production d’herbe et la capacité des systèmes à être résilients.

10.3.

Performances

technico-économiques

et