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L’objectif de ce chapitre était de construire un « réceptacle » de connaissances pour formaliser et exploiter la connaissance relative à une crise routière. Parmi les systèmes à base de connaissances existants, notre choix s’est porté sur les ontologies notamment grâce à leur capacité à fournir une connaissance partagée et consensuelle. La construction de notre ontologie s’est faite en couche : d’un noyau collaboratif (contribution collective) vers une couche crise (héritage des travaux de [Truptil, 2011]) et une extension finale vers une couche dédiée crise routière. Un des points forts de cette structuration est l’héritage existant entre les concepts des différentes couches, mais aussi des règles d’ex- ploitation. Par ailleurs, l’exécution des règles présentées permet l’enrichissement de la base de connaissance puis la mise en place de processus collaboratifs. Dans le cadre spé- cifique lié aux crises routières, il s’agit de déduire les bonnes mesures de gestion de trafic à mettre en place.

Ce chapitre s’inscrit donc comme une réponse à la problématique de construction d’une dynamique collaborative de réponse à une situation de crise. Il s’agit uniquement de la partie de conception d’une réponse couvrante et exhaustive. Cette réponse doit alors être exécutée et pilotée par la cellule de crise. Deux modes de pilotage complémentaires peuvent être mis en œuvre : réactif (la cellule de crise traite les problèmes lorsqu’ils sont survenus) ou proactif (la cellule de crise anticipe les problèmes potentiels). La suite du manuscrit illustre ainsi ces modes de pilotage.

Chapitre III

Pilotage réactif d’une situation de

crise routière : implémentation et

illustration

La méthodologie exposée dans le chapitre précédent propose des éléments de concep- tion d’un système d’information d’aide à la décision pour le pilotage des crises routières. En effet, l’objectif du chapitre II a été de définir une ontologie de crise routière pour la construction d’une réponse à une situation de crise. Cette solution doit ensuite être mise en œuvre et exécutée pour être effective. Se pose alors la question du déploiement et du mode de pilotage de cette réponse. Dans le chapitre I, nous avons défini deux modes de pilotage complémentaires pour la réponse à une situation de crise routière : réactif et anticipatif. Nous nous intéressons dans ce chapitre à l’implémentation de la boucle de pilotage réactif identifiée sur la figure III.1.

Cycle  de  vie  de     Réponse  à  la  crise  

Niveau  de  pilotage  

CONCEPTION  

EXÉCUTION  

A  PRIORI   A  POSTERIORI  

Boucle  de   pilotage  

réac%f

 

Figure III.1 – Positionnement de la boucle de pilotage réactif dans le cadre de travail

Cette problématique a déjà fait l’objet de développements au sein de l’axe Inter- opérabilité des Organisations du centre Génie Industriel de l’École des Mines d’Albi ( [Truptil, 2011], [Boissel-Dallier, 2012], [Mu, 2012], [Barthe, 2013]). Notre démarche a alors consisté à reprendre tous ces développements, à y adjoindre nos contributions pour en faire une intégration à notre cas d’étude. Dans la pratique, cette implémentation s’est faite en deux étapes. Tout d’abord, un premier démonstrateur a été réalisé dans le cadre du projet SIM-PeTra, puis un prototype « industriel » a été déployé chez les décideurs. L’objectif de ce chapitre est de présenter le démonstrateur développé dans le cadre de ces travaux puis de montrer son utilisation sur un cas permettant d’illustrer l’ensemble des étapes de la méthode. Celui-ci s’organise en quatre parties : la première, introductive, propose une grille de lecture pour la présentation des outils développés en deuxième partie, la troisième partie illustre l’utilisation de ces outils sur un cas concret de crise routière, enfin la dernière partie discute les limites et perspectives de notre outil.

III.1

Grille de Lecture

Cette section propose de positionner les éléments et modules développés lors de la réalisation du démonstrateur dans une grille de lecture. Celle-ci est construite à partir des deux constats initiaux suivants :

1. La numérisation croissante du monde physique oblige les organisations à devoir traiter une quantité importante de données et à se doter de systèmes d’information fiables et capables de les exploiter.

2. La mise en place d’une collaboration éphémère et la coordination d’acteurs hété- rogènes sont deux volets importants de la gestion de crise.

Ces deux constats nous amènent à réfléchir quant à l’utilisation des données à dispo- sition des décideurs pour les aider à supporter la collaboration induite par la réponse à une situation de crise. Cette collaboration peut être appréhendée à trois niveaux de son cycle de vie :

• La définition de la collaboration correspond à la conception de la dynamique collaborative. L’enjeu est ici d’alimenter facilement et rapidement les différentes couches de notre ontologie de crise développée dans le chapitre II puis d’y appli- quer les règles de déduction de processus collaboratifs.

• La réalisation de la collaboration correspond à l’exécution de la dynamique définie lors de l’étape précédente. L’enjeu est ici d’assurer la coordination et l’exécution des différents processus collaboratifs dans l’écosystème d’applications déjà exis- tantes,tant au niveau du pilotage par le PIZO que dans la réponse opérationnelle avec la mise en œuvre des mesures de gestion de trafic.

• Le maintien de la collaboration propose de s’assurer que la dynamique collabora- tive en cours de réalisation est toujours pertinente dans le contexte dans lequel elle évolue. L’enjeu est ici de mettre en œuvre l’agilité de la réponse à la situation de crise en permettant de détecter les changements de situation, de les prendre en compte et de fournir une réponse adaptée.

Chapitre III. Pilotage réactif d’une situation de crise routière : implémentation et illustration

Comme nous l’avons rappelé dans le chapitre II, le spectre du savoir peut être vu comme un continuum entre données, informations et connaissances [Nonaka, 1994]. Dès lors, il est possible de positionner notre système d’information autour des trois objectifs de :

• Recueil des données ;

• Interprétation des informations ; • Exploitation des connaissances.

Chacun de ces objectifs intervient alors dans chacune des étapes du cycle de vie de la collaboration (définition, réalisation et maintien). En effet, pour définir la collaboration, il faut collecter les données puis modéliser les informations et en faire une exploitation pour en déduire un processus. Ensuite, pour réaliser la collaboration, sur la base des connaissances dont il dispose, le décideur valide des choix dans les processus déduits. Ces derniers sont alors informatisés sous la forme de workflows, lesquels sont ensuite or-

chestrés. Au cours de la réalisation de la collaboration, et afin d’en assurer son maintien,

les données sont observées puis les informations des modèles sont mises à jour afin de pouvoir détecter d’éventuels problèmes ou incohérences dans la dynamique collaborative et s’y adapter. La figure III.2 reprend ces éléments et propose une grille de lecture qui va être suivie pour l’ensemble du chapitre.

Définir  

Orchestrer  

Maintenir  

Connaissances  

Déduc&on  

Valida&on  

Détec&on  /  Adapta&on  

Informa5ons  

Modélisa&on  

Informa&sa&on  

Mise  à  jour  

Données  

Collecte  

Orchestra&on  

Observa&on  

Cycle  de  vie  de     la  collabora&on   Etat  du  savoir  

Figure III.2 – Grille de lecture pour le pilotage en mode réactif