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Nous allons, d’abord, mettre en évidences les apports de la première partie, puis nous justifierons l’objet de nos travaux empiriques en nous resituant dans la perspective d’ensemble de la thèse.

1) Les apports de la première partie.

Cette première partie nous a permis de proposer une interprétation personnelle du recours actuel à la formalisation éthique. Notre démarche s’est déroulée selon un niveau d’abstraction croissant : nous sommes partis d’une observation de la formalisation de l’éthique pour rechercher les fondements des logiques d’action qu’elle suscite dans les entreprises.

Dans le chapitre I, nous avons mis en évidence ce concept central autour duquel s’orientent nos travaux en présentant les enjeux d’une telle démarche et en recensant les études existantes sur le domaine.

Cette analyse de la littérature permet d’organiser nos recherches empiriques en nous fournissant un guide d’analyse des facteurs explicatifs de la formalisation et des thèmes abordés.

De plus, la synthèse des données suggère l’existence de différences culturelles dans la manière d’aborder la formalisation dans les pays développés.

Nous avons donc mis en avant ces différences en opposant trois conceptions principales : la vision anglo-saxonne empreinte de philosophie utilitariste, la vision plus communautaire inspirée de la philosophie orientale et la vision française. Cette dernière est influencée, à la fois, par les deux précédents courants (influence américaine et succès des méthodes de management japonaises), et par une tradition philosophique extrêmement riche. Ces spécificités montrent l’existence d’un terrain d’études extrêmement riche et nous conduisent à recourir à la philosophie pour fonder les débats portant sur la formalisation éthique.

Dans le chapitre II, nous avons donc présenté le cadre philosophique de la formalisation comme réponse aux exigences éthiques actuelles.

Ainsi, après avoir mis en évidence ces exigences, nous avons étudié les bouleversements qu’elles impliquent dans les interprétations de l’éthique.

Puis, nous avons voulu montrer comment la littérature en gestion intègre le concept de formalisation éthique. La formalisation repose, dans le cadre de la relation individu-

organisation, sur une logique spécifique de contrôle : un contrôle informel qui s’appuie sur la substitution du principe de responsabilité au principe d’obéissance dans les entreprises. Ainsi, la formalisation précise le contrat psychologique (passé entre l’entreprise et l’individu) et influence les comportements en accroissant l’implication organisationnelle.

2) La justification de nos travaux empiriques.

Dans notre première partie, nous avons montré la richesse des débats philosophiques que suscite le recours à la formalisation éthique en France. Cela contraste avec le faible nombre de recherches centrées sur ce thème dans les entreprises. Nous souhaitons donc appliquer la grille d’interprétation développée précédemment aux entreprises opérant en France. En effet, on peut se demander si les spécificités françaises dans la manière d’aborder le thème de la formalisation se retrouvent dans les politiques mises en place par les entreprises pour répondre aux exigences éthiques.

C’est ce que nous souhaitons aborder dans notre deuxième partie.

A ce stade de l’analyse, dont nous tenons à souligner le caractère exploratoire, nous ne sommes pas en mesure de formuler d’hypothèses précises. C'est la volonté d’appliquer notre analyse au contexte français qui va orienter nos travaux empiriques.

Ainsi, il serait souhaitable de disposer d’une base de données permettant de mesurer le degré de développement de la formalisation. Il convient donc d’aller chercher l’information significative grâce à des entretiens dans les entreprises qui opèrent en France.

Afin de nous guider dans ces travaux, il convient de souligner que les politiques éthiques peuvent être analysées à plusieurs niveaux :

- l’étude de la décision de formaliser l’éthique (les facteurs explicatifs). Nous ne disposons, pour l’instant, que d’indications relatives à un contexte anglo-saxon. A partir de ces pistes, nous pouvons suggérer que la décision de formaliser ou non l'éthique varie selon la taille des entreprises et le système de préférences des dirigeants.

D’une part, les entreprises qui ont déjà formalisé leur éthique sont, pour le moment, surtout des grandes entreprises, alors que les petites semblent croire que de telles formalisations ne sont que de peu d'utilité pour elles.

D’autre part, la création d'une éthique d'entreprise est souvent le fait de l'entrepreneur- fondateur. Ces éléments d'éthique personnelle s'enracinent dans l'histoire de l'organisation et perdurent dans son système de valeurs ;

- l’étude du processus de formalisation (élaboration et diffusion du document) et de l’utilisation du document. La première partie a permis, à plusieurs reprises, de mettre en évidence l’importance de la participation de tous dans l’élaboration de la politique éthique. La réflexion éthique semble donc être une démarche extrêmement exigeante. Il s’agit de savo ir si les démarches de formalisation prennent en compte cette exigence participative ;

-l’étude du document lui- même (thèmes et contenu). On peut s’interroger sur les types de documents que les spécificités françaises ont pu engendrer. En outre, un effort de clarification doit être mené pour affiner les caractéristiques contenues dans le terme «document éthique». En effet, ce terme recouvre des réalités fort différentes : code éthique, charte, règles de conduite, mais aussi principes d'action, projet d'entreprise, etc. La diversité de ces types de documents correspond donc à des réalités multiples qu'il convient d'étudier.

Ces trois pistes de recherche vont être abordées dans notre deuxième partie.