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La loi du 11 Février 2005 a été pour les familles d’enfants handicapés une véritable bouffée d’oxygène. Ces parents ont désormais un texte de loi pour s’appuyer et se battre pour que leur enfant ait les moyens d’être scolarisé.

Elle a également permis aux établissements scolaires d’évoluer dans un changement dans leurs méthodes d’organisation et d’enseignement afin de pouvoir accueillir ces élèves qui ont désormais un droit d’égalité. Les collectivités locales, les établissements recevant du public s’adaptent progressivement pour faciliter le déplacement des personnes handicapées et les accueillir.

Depuis 2006, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire a plus que doublé (source Ministère de l’Éducation nationale) en partie grâce aux efforts réalisés pour améliorer la scolarisation en milieu ordinaire des élèves en situation de handicap.

On peut donc aisément supposer que tous les enseignants depuis février 2005 sont susceptibles d’inclure un élève en situation de handicap dans leur classe. Cette situation de travail si elle se présente n’est cependant pas à ce jour ordinaire pour le professeur qui va devoir se poser les bonnes questions concernant la mise en pratique de sa pédagogie à l’égard de l’élève handicapé. Malheureusement peu de chercheurs scientifiques se sont penchés sur ce sujet à ce jour. On peut toutefois citer Frédéric Grimaud (2012 p 11) qui a réalisé des travaux de recherche durant trois ans avec deux professeurs des écoles de l’Académie de Marseille. L’analyse de ses travaux de recherches font apparaître deux résultats :

▪ La préoccupation majeure des enseignants accueillant des élèves en situation de handicap dans leur classe est leur inconfort personnel en lien à leur difficulté à maintenir la classe au travail. Ce n’est uniquement lorsqu’ils ont réussi à organiser leur cadre de travail, maintien de l’ordre, du calme, à l’aménagement nécessaire au plan de compensation et de l’accueil de l’élève handicapé (fauteuil roulant, ordinateur…) qu’ils s’intéressent à l’apprentissage des élèves.

▪ « Les situations de classes ordinaires dans lesquelles un élève en situation de handicap est scolarisé créent un effet loupe sur les pratiques des enseignants. » En effet si par exemple la salle de cours est de taille moyenne ou petite et qu’elle accueille une classe nombreuse, la présence d’un élève assis sur un fauteuil roulant, avec un ordinateur et une AVS va montrer et accentuer des difficultés relatives à la gestion de l’espace et sur les pratiques enseignantes.

Les travaux de Frédéric Grimaud et Frédéric Saujat (2011 p11), soulignent également que l’inclusion d’élèves handicapés en classe ordinaire augmente la problématique de l’inclusion du point de vue du métier de l’enseignant. Ils se sont interrogés sur la posture de ces enseignants qui en classe ordinaire accueillent un élève handicapé. Il en ressort que ces enseignants sont régulièrement confrontés à un dilemme :

- en traitant l’élève en situation de handicap comme un autre élève de la classe, ils risquent ainsi de sous-estimer le besoin de gestes professionnels en direction de cet élève ;

- ou au contraire en adaptant constamment leur posture et leurs gestes en direction de cet élève, le risque est d’en faire un élève qui n’est pas tout à fait comme les autres.

Leur étude a démontré que ces mesures doivent permettre l’amélioration de l’accueil et la professionnalisation des accompagnants, et doivent participer à l’inclusion scolaire afin d’aider les élèves en situation de handicap qui souhaitent poursuivre leur formation en lycée d’enseignement général ou professionnel. Or les changements des pratiques professionnelles des enseignants sont sans aucun doute indispensables pour que le lycée soit davantage inclusif.

Le chemin est encore long et ce pour deux principales raisons :

- la structure des locaux de nombreux établissements scolaires n’est toujours pas adaptée pour accueillir ces élèves ;

- mais certainement le plus gros challenge réside dans la volonté de l’équipe pédagogique d’accueillir ces élèves en situation de handicap.

En complément des problématiques liées à l’accessibilité de ces établissements, une question essentielle se pose : les enseignants (non spécialisés) se trouvent désormais face à de nouvelles interrogations sur les manières à adapter leurs pratiques pédagogiques aux élèves à besoins éducatifs particuliers. Comment les enseignants et plus particulièrement ceux exerçant en lycée hôtelier adaptent-ils leur enseignement face à l’inclusion ?

Introduction

vant d’envisager les principaux résultats de cette recherche, il convient dans un premier temps de faire état du cadre méthodologique de l’étude que nous détaillerons dans le chapitre 1.

L’étude que nous présentons ici a été réalisée dans un lycée polyvalent d’une grande métropole du sud-ouest et en deux phases :

Un questionnaire exploratoire a été diffusé à l’ensemble du corps enseignant du lycée soit 124 personnes sur la période de novembre et décembre 2017.

Quarante-six enseignants de matière générale ou professionnelle ont répondu favorablement à ce questionnaire exploratoire que nous détaillerons dans le chapitre 2.

L’étude de ce questionnaire et des répondants a permis de cibler quatre professeurs volontaires ayant répondu favorablement à une demande d’entretien.

Quatre entretiens semi directifs ont donc été réalisés avec des professeurs ayant des élèves en situation de handicap dans leur classe : 2 professeurs d’enseignement général et 2 professeurs d’enseignement professionnel) durant les mois de janvier et février 2018 que nous détaillerons dans le chapitre 2.

Nous conclurons ce chapitre par une discussion des résultats de ces entretiens.

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