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En introduction, nous avions évoqué la difficulté de trouver un sujet d’étude pour notre mémoire, notre penchant pour la traduction visuelle, la découverte du nadsat par le biais du film Orange mécanique de Stanley Kubrick, notre ignorance de l’existence du roman d’une part, et de son auteur d’autre part. Pour être franc, nous nous sommes engagé dans l’aventure par manque d’idée et avons espéré que le sujet nous intéresse assez pour remplir un nombre suffisant de pages et bâcler le travail au plus vite…

Une fois le sujet défini avec notre directeur et l’ébauche d’un plan approuvé, nous avons parcouru les bibliothèques à la recherche d’informations sur Anthony Burgess, puisque cet inconnu était, apparemment, l’auteur du roman duquel était tiré le film de Kubrick.

Dommage ! Nous répétions-nous, Kubrick nous semblait être un personnage passionnant et nous aurions préféré en savoir davantage sur cet être mystérieux que sur un écrivain mystérieusement inconnu (de nous)…

Et voilà que nous avons découvert non pas un, mais deux « pavés » écrits par cet auteur britannique,Petit Wilson et Dieu le PèreetSi mon temps m’était compté, respectivement le tome 1 et 2 de ses confessions. Que pouvait-il bien avoir à dire, ce monsieur, dans ces 800 ou 900 pages, avait-il un égo démesuré, ou une théorie sur l’existence à partager avec les plus courageux qui liront ses deux tomes ? Ces livres ont pris la poussière quelques temps avant que nous daignâmes les lire… Une fois ouverts, nous les avons dévorés !

Nous avons fait la connaissance d’un être passionnant, d’un écrivain qui a tout donné, qui a œuvré pour la littérature britannique qu’il considérait en déclin, mais un auteur qui n’a jamais rien reçu en retour (de son vivant), un homme qui écrivait pour subvenir à ses besoins, pour acheter l’alcool nécessaire à provoquer l’inspiration, un être malheureux qui

a vécu une vie encore plus riche en couleur que les héros qu’il mettait en scène dans ses romans et qui nécessitait bien les quelque 800 pages de ses confessions.

Bien plus que les anecdotes d’une vie, nous avons découvert la manière dont un écrivain concevait un roman. Nous avons mentionné le fait qu’il s’inspirait d’éléments de son existence pour écrire ses histoires : le passage de la réalité à la fiction a été passionnant à suivre. D’ailleurs, nous nous sommes déjà empressé d’acquérir d’autres de ces livres.

Toutefois, notre mémoire ne se limite pas à Burgess. Au fur et à mesure que notre travail prenait forme, nous avons également pu compter sur les précieux conseils de notre directeur, notamment pour les questions d’ordre traductologique. Sur son conseil, nous avons luPour une critique des traductions, d’Antoine Berman. Il est étonnant de constater la dimension que prend la lecture lorsque nous apprenons que le livre que nous avons entre les mains est le dernier ouvrage d’un auteur et, qui plus est, qu’il a été écrit sur son lit de mort. Nous sommes entré en contact avec un être passionné par sa profession de traducteur et il nous a conforté davantage dans notre choix d’avoir entrepris des études dans ce domaine, bien que nous nous orientions davantage du côté de la traduction juridique et économique que de celui de la traduction littéraire. Néanmoins, ce que Berman dit est juste : le traducteur est libre de faire ce qu’il lui plaît, tant qu’il argumente et justifie ses choix. Là réside la clé de notre réussite future.

Pourtant, au-delà de la découverte d’un écrivain et d’un traductologue, notre plus grande satisfaction est celle que nous éprouvons à présent, en constatant que nous sommes parvenu à mener et à achever un travail d’une telle envergure tout en prenant du plaisir et en enrichissant notre culture générale. Ce dernier point est important, car l’apprentissage continuel est également l’une des raisons qui nous a incité à entreprendre des études à

l’ETI, car le traducteur doit sans cesse renouveler ses connaissances dès qu’il s’attaque à un texte nouveau.

Par notre travail, nous espérons avoir percé le mystère de la création du nadsat et mis en lumière la façon dont il convenait de traduire ce néo-vocabulaire, à savoir se détacher de la lettre pour se concentrer sur la méthodologie. Nous avons également souligné qu’il était toujours aisé de critiquer des choix isolés, mais que cela n’apportait rien si le critique ne prenait pas en compte l’ensemble de la traduction, s’il ne la recadrait pas dans son contexte de publication, s’il ne prenait pas en considération le délai accordé au traducteur pour accomplir sa tâche, tant de contraintes souvent occultées, mais qui expliquent souvent qu’une traduction puisse paraître déficiente. Berman préconisait la retraduction, car, à son avis, toute première traduction est forcément mauvaise. En revanche, nous pensons que ce soient davantage les conditions accordées au traducteur qui doivent être repensées. Mais aujourd’hui, avec la mondialisation et la concurrence acharnée que se livrent les traducteurs du monde entier, il est difficile de revenir en arrière et accorder des délais raisonnables. Certes, « le temps, c’est de l’argent », mais en traduction, comme dans maints autres domaines, le temps est vecteur de qualité. Bien plus qu’un travail sur la traduction de la créativité lexicale, notre mémoire s’est révélé être une présentation du métier de la traduction, plus particulièrement de celui de traducteur littéraire. Cela nous a permis de découvrir une facette inconnue de notre profession, car, malheureusement, elle n’est enseignée qu’indirectement à l’ETI (les cours étant dispensé à l’université de Lausanne, mais reconnus par l’École), et notre combinaison linguistique, qui comprend l’anglais et l’italien, ne nous autorisait pas à suivre ces cours (seul l’allemand permettait de le faire). La traduction est tellement vaste, riche, etc. le traducteur est un peu le

« généraliste » de la langue. Cinq années durant, nous avons étudié cette matière, pourtant,

nous sommes loin de l’avoir explorée et nous ne pouvons pas nous reposer sur nos acquis universitaires.

Pour notre part, ce mémoire représente notre ultime travail théorique avant d’entrer dans le monde du travail et avant de pouvoir appliquer tout ce que nous avons acquis au cours de ces cinq dernières années. Nous nous réjouissons vivement de passer de la théorie à la pratique…

Bibliographie

Œuvres étudiées

BURGESS, Anthony,A Clockwork Orange, Penguin Books, London, 1962.

BURGESS, Anthony, L’Orange mécanique, traduit de l’anglais par Georges Belmont et Hortense Chabrier, Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 1972.

Ouvrages Français

ALBANI, Paolo et BERLINGHIERO, Buonarroti, Dictionnaire des langues imaginaires, Les Belles Lettres, Paris, 2001.l

BELMONT, Georges,Souvenirs d’outre-monde, histoire d’une naissance, Calmann-Lévy, Paris, 2001.

BERMAN, Antoine, Pour une critique des traductions : John Donne, Éditions Gallimard, 1995.

BERMAN, Antoine,La Traduction et la lettre ou l’Auberge du lointain, Éditions du Seuil, Paris, 1999.

BURGESS, Anthony, Petit Wilson et Dieu le Père, Les confessions d’Anthony Burgess, Tome 1, traduit de l’anglais par Dominique Goy-Blanquet, Bernard Grasset, Paris, 1996.

BURGESS, Anthony, Si mon temps m’était compté, Les confessions, Tome 2, traduit de l’anglais par Bernard Turle, Bernard Grasset, Paris, 2000.

BURGESS, Anthony, La Folle Semence, traduite de l’anglais par Georges Belmont et Hortense Chabrier, Éditions du Rocher/Privat/Le Serpent à Plumes/Motifs, Paris, 2005.

GUILBERT, Louis,La créativité lexicale, Librairie Larousse, Paris, 1975.

LAVAUR, Jean-Marc et SERBAN, Adriana, La traduction audiovisuelle – approche interdisciplinaire du sous-titrage, Traducto, Groupe De Boek, Bruxelles, 2008.

MARRONE, Gianfranco, Le Traitement Ludovico – corps et musique dans Orange mécanique, traduit de l’italien par Philippe Tisseyre, Collection Nouveaux Actes Sémiotiques, Presses Universitaires de Limoges, Limoges, 2006.

PEETERS, Jean, La médiation de l’étranger – une sociolinguistique de la traduction, Artois Presse Université, Arras, 1999.

ROYER, Jean, Écrivains contemporains, Entretiens, Tome 4, 1981-1986, Les Éditions de l’Hexagone, Montréal, 1991.

Anglais

BLOOM, Harold, Anthony Burgess, Chelsea House Publishers, New York, New Haven, Philadelphia, 1987.

VENUTI, Lawrence, The translator’s invisibility – a history of translation, Routledge, London and New York, 1995.

Articles et contributions

NOËL, Claude, « Onomatopées et traduction », inBabel, 1970, Vol. 16, n° 2, pp.67-73.

Enregistrement vidéo

Anthony Burgess (1917-1993): la mécanique de l’orange, Un siècle d’écrivain 126, France 3 : ADR Productions, Londres : BBC, 1997

Dictionnaires

Dictionnaire russe-français : vocabulaire de base [PDF]. Consulté le 24 août 2010, http://www.sitac-russe.fr/IMG/pdf/lexiqueOKNO1.pdf.

Le Nouveau Petit Robert, texte remanié et amplifié sous la direction de Josette Rey-Debove et Alain Rey, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1996.

DALZELL, Tom et VICTOR, Terry,The Concise New Partridge Dictionary of Slang and Unconventional English, Routledge, Taylor & Francis Group, London and New York, 2006.

LEE-JAHNKE, Hannelore et CORMIER, Monique C.,Terminologie de la traduction, sous la direction de Jean Delisles, CIUTI, John Benjamins publishing company, Amsterdam/Philadelphia, 1999.

POL, Didier,Dictionnaire encyclopédique des drogues, Ellipses, Paris, 2002.

Sites internet

A Clockwork Orange – Script, in Indeliblelink. Consulté le 24 août 2010, http://www.indelibleinc.com/kubrick/films/clockwork/coscript.html.

Baby talk, in Wikipedia – The Free Encyclopedia. Consulté le 24 août 2010, http://en.wikipedia.org/wiki/Baby_talk.

Concordance : A Clockwork Orange, in Wiktionary. Consulté le 24 août 2010, http://en.wiktionary.org/wiki/Concordance:A_Clockwork_Orange.

Table des matières

-Uneœuvre empreinte d’une vie ... 14

-Thématique centrale de sonœuvre : sa vision du monde... 18

-2. A CLOCKWORKORANGE... 20

Résumé ... 20

Thèmes ... 22

Réception de l’œuvre... 23

Adaptation cinématographique de Stanley Kubrick... 24

-3. LES TRADUCTEURS... 25

Georges Belmont... 25

Hortense Chabrier ... 26

-4. PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODE DANALYSE... 27

Le nadsat ou la mise en pratique des techniques de pénétration subliminale ... 27

La traduction du nadsat ... 29

CHAPITRE 2 ... 31

-2.1 MANIFESTE POUR«UNE CRITIQUE DES TRADUCTIONS»... 31

-2.2. MÉTHODE PRÉCONISÉE PARBERMAN ET SON APPLICATION ÀA CLOCKWORKORANGE... 36

2.2.1 Lecture et relecture de la traduction... 36

2.2.2 Les lectures de l’original ... 45

2.2.3. À la recherche du traducteur ... 51

2.2.4. L’analyse de la traduction ... 56

CHAPITRE 3 ... 59

-3.1. LE NADSAT VERSIONANTHONYBURGESS... 60

3.1.1. Le vocabulaire « russifiant » ... 62

3.1.2. Les néologismes ... 69

3.1.3. Les jeux de mots ... 73

3.1.4. Le langage enfantin... 77

3.1.5. Le slang... 78

3.1.6. L’anglais shakespearien ... 79

3.1.7. Désambiguïsation du nadsat ... 81

-3.2. LE NADSAT VERSIONHORTENSECHABRIER ETGEORGESBELMONT... 82

3.2.1. Le vocabulaire russifiant ... 83

3.2.2. Les néologismes ... 92

3.2.3. Les jeux de mots ... 98

3.2.4. Le langage enfantin... 101

3.2.5. Le slang... 102

3.2.6. L’anglais shakespearien ... 103

3.2.7. Désambiguïsation du nadsat ... 104

-3.3. LES SOUS-TITRES FRANÇAIS D’ORANGE MÉCANIQUE,DESTANLEYKUBRICK... 105

3.3.1. Le nadsat dans les soustitres d’Orange mécanique... 107

3.3.2. Traduction et soustitrage... 112

CHAPITRE 4 ... 114

-4.1. LA CRÉATION LEXICALE... 114

-4.2. CRÉATION LEXICALE ET TRADUCTION... 116

-4.3. CRÉATION LEXICALE:MÉTHODE DE TRADUCTION... 120

4.3.1. À la rencontre de l’auteur ... 120

4.3.2. Délimitation de la création linguistique par rapport à la langue standard ... 121

4.3.3. Les dessous de la création lexicale ... 122

4.3.4. Traduction de la méthode ... 123

4.3.5. Relecture et lisibilité ... 124

5. CONCLUSION ... 128

BIBLIOGRAPHIE ... 132

TABLE DES MATIÈRES ... 135

ANNEXES... 137

-A.1. NADSAT ANGLAIS... 137

-A.2. GLOSSAIRE DEL’ORANGE MÉCANIQUE... 142

-Annexes