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Concertation Intégrative de Justice Réparatrice

Dans le document MAÎTRISE EN TRAVAIL SOCIAL (Page 32-36)

2- Cadre théorique

2.2. La justice réparatrice

2.2.2. Concertation Intégrative de Justice Réparatrice

À partir des forces identifiées stratégiquement dans chacune de ces trois approches, nous suggérons un modèle réparateur qui s’articule autour d’un processus clair avec des étapes prédéterminées selon un cadre théorique rigoureux en plus d’insister sur le rôle des jeunes qu’onveutvoirêtrecentraldansceprocessus insistantsurlaréintégrationsocialeetscolairede l’élève fautif. Notons que notre perspective de lajustice réparatrice et nos recherches sur le sujet nous ont poussé à vouloir développerun modèle réparateur qui compte sur les notions d’empathie, de conscientisation, deresponsabilisation, de communication etd’éducation pour arriver à ses fins et remédier à des situations problématiques incluant des élèves avec des troubles de comportement en milieu scolaire. Concrètement, l’approche développée sera la Concertation Intégrative de Justice Réparatrice (CIJR). Les étapes suggérées par ce modèle innovateursontexploratoires.

LesétapesdelaCIJR

À la lumière des fondements théoriques présentés précédemment, voici chaque étape essentielle d’opérationnalisation de la CIJRque nous retenons pour cette approche de justice réparatrice. Notons que des documents explicitantles actions concrètes àprendrepour chaque étapese retrouventenannexe.

Initialementilfauts’assurerque lajustice réparatrice peut s’appliquerde façonréaliste aucas qui nous est amené. En effet, certaines situations peuvent être trop délicates ou trop graves pourappliquerlajusticeréparatrice, comme,parexemple,danslecasd’uneagressionsexuelle.

1. La première étape, dite la préparation, consiste à effectuer des entrevues préalables avec les personnes pressenties de participer au processus afin de leur expliquer le fonctionnement et les objectifs d’une telle intervention et de vérifier auprès du fautif s’il détient une volonté de réparation pour les torts causés (Le Souffle, 2015). Ces entretiens permettent également de vérifier que chaque élèveparticipe au programme surunebasevolontaire, cequi estessentielà l’efficacité etl’authenticité duprocessus.

Pendant cette phase de préparation, il est possible, dépendant de la complexité de la situation, que d’autres rencontres soient requises pour qu’un travail individuel de réflexion et de cheminement personnels soit effectué auprès du fautif et/ou de la victime afin d’augmenter les chances de succès des prochaines étapes du processus.

Aussi, pour cette première étape, il est important de définir un espace propice à la réalisationdudialogue.

2. Ladeuxième étape, dite laréunion, estde rassembler les personnes concernées autour d’un cercle : les élèves, le(s) professeur(s), les intervenants ressources et, idéalement, les parents de la victime et du fautif ou un adulte significatif. Concrètement,

«l'intentionducercle estdemettretoutesles personnessurunpiedd’égalitéquelsque soient leur place, leur statut ou leur fonction » (Robine et Debarbieux, 2014: p.89).

C’est ici qu’on entrevoit le croisement de la justice réparatrice avec l’approche écosystémique (que nous verrons plus tard) alors qu’on rassemble différents éléments

clésprovenantde différents systèmesde lavictime etdufautif. Notons qu’iln’estpas toujours possible d’inclure tous ces participants dans tous les cas mais c’est quand même ce principe qui oriente notre démarche quoique soumise aux limites et contraintesdumilieu scolaireetdelasituation.

3. Latroisième étape, dite laconscientisation, consiste en l’expression de la victime. On demande alors à celle-ci de s’exprimer par rapport aux sentiments éprouvés et aux conséquencessubies suiteaux actesrépréhensiblesdu fautifàsonégard. On insiste ici sur une communication non-violente qui ne sous-tend pas de reproches directs en favorisant l’utilisation du «je » afin d’exprimer des émotions. À noter que les autres élèvestouchéspar les événements présents dans le cerclepeuventaussis’exprimer sur comment les actes les ont affectés. Dans les faits, cette étape permet au fautif d’entendreles conséquencesde ses actes etde se sensibiliseràce quelavictime etles autresjeunestouchésontpuressentir(RobineetDebarbieux,2014).Elleguidelefautif verslaconscientisation,quiestunfacteurclédusuccèsd’untravailderéparateur.

4. Laquatrième étape, ditelaréception, signifie que l’oninvite lefautifàreconnaître ses torts ainsi qu’à s’exprimer sur comment il reçoit ces témoignages et comment il se perçoit dans la situation problématique. En fait, l’expression du fautifest une étape fondamentale du processus de justice réparatrice. Premièrement, le fait d’entendre l’élève reconnaître ses fautes est un soulagement pour la victime (Le Souffle, 2015).

Deuxièmement, le fait que le fautifpartage sa vision des choses, sa perception des événements, permet à la victime et aux autres élèves touchés d’avoir une meilleure compréhension des actes posées, ce qui aide à la réparation. Troisièmement, l’expression du fautifévite que celui-cirenferme des frustrations et suppose qu’il sera plus disposé à s’engager dans le processus. Quatrièmement, le fait qu’il s’exprime à propos de ses actes donne l’opportunité aux intervenants de mieux comprendre l’intégritéduproblème etd’intervenirplusefficacementauprèsdujeune.

5. Lacinquièmeétape estleprocessus deréparationquidésigneunprocessus dans lequel lavictime, lapersonneenfauteetlesautres membresdelacommunautétouchésparles conséquencesd’unacteparticipent collectivementà larésolution desproblèmes quien

découlent (NU, 2008). En ce sens, cette étape caractérise un dialogue entre les élèves par rapport à la réparation pourrégler le conflit occasionnépar les actes du fautif. À cette étape, les intervenants peuvent guider les échanges des élèves pour qu’ils atteignent un consensus. On invite également les parents (si présents) à sejoindre au dialogue,à donnerleuropinionetàaiderleurenfantàfairedes choix consciencieuxet judicieux.

6. La sixième étape, dite le dénouement, représente le moment où une réparation est déterminée. Cette réparation a pour but de responsabiliser l’élève fautif (Robine et Debarbieux, 2014) etde satisfaire la victime avec un sentiment dejustice (Le Souffle, 2015).Ici, onne cherchepasàpunirlejeunemaisbienàl’engagerdansuneréparation qui luidemande deprendreaction concrètementpoursefairepardonner ses fautes. Le principe deréparation s’apparente àune discipline éducativeetpeutpermettre aujeune de réduire son temps de suspension tout en l’occupant de façon constructive dans l’acquisitiond’apprentissageshumainsauxplanssocialetrelationnel.

7. Laseptièmeétapec’estlaréintégration.Dans lestrois semainessuivantlaconcertation de justice réparatrice, les principaux intervenants du dossier rencontrent, individuellement, lavictime,lefautifetlesautres élèves quiontparticipéauprocessus.

Oncompteunerencontreaprèsseptjoursetuneautreaprès21jours.Leséchosobtenus indiquentauxintervenants leniveauderéintégrationdujeuneetles guidentparrapport aux prochaines interventions àprioriser, sinécessaire, pour appuyer le fautifdans son retourenclasse.

8. La huitième et dernière étape, c’est la rétrospection. Au terme du processus, il est important que les intervenants trouvent un temps pour se rencontrer afin de faire un bilan. Ce retour sur l’expérience est l’occasion d’identifier ce qui a bien et ce qui a moinsbien fonctionné, les changements qu’on pourrait apporter et les succès retenus.

De cette façon, on améliore l’efficience et l’efficacité du processus en plus d’enrichir lescompétencesdesintervenantsenmatièredejusticeréparatrice.

Dans le document MAÎTRISE EN TRAVAIL SOCIAL (Page 32-36)