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PARTIE 2 : CADRE D’ANALYSE

4. CONCEPTUALISATION DE LA RECHERCHE

En premier lieu, il est approprié de résumer sommairement l'objectif de la recherche avant de proposer le modèle conceptuel qui sera soumis à la vérification empirique. En bref, l’objectif de ce projet de recherche est d’évaluer si l'une ou l'autre de ces trois approches permettant de déterminer la grille de correction d’un TJS conduirait à une meilleure source de discrimination et de prédiction du rendement en emploi dans le contexte de la sélection du personnel d’un centre d’appels, c’est-à-dire (1) la méthode empirique, (2) la méthode théorique, et (3) la méthode basée sur les experts de contenu (Weekley et al., 2006). La possibilité qu’une combinaison de ces trois approches permette d'obtenir une meilleure efficacité relative en sélection de personnel à l'utilisation isolée de chacune de ces approches sera également examinée : (4) la méthode hybride (Bergman et al., 2006).

4.1 QUESTIONS DE RECHERCHE

Le modèle conceptuel de la recherche repose en premier lieu sur les mesures observées par le prédicteur, c’est-à-dire les résultats obtenus au TJS, pour le pourvoi d’un poste dans un centre d’appels.

Ces mesures représentent donc les variables indépendantes de l’expérimentation. Incidemment, afin de répondre aux questions proposées plus loin, la conceptualisation de cette recherche devra donc permettre d’isoler l’impact de chacune des méthodes d’élaboration d’une grille de correction sur la prédiction du rendement en emploi.

78 entre eux, se questionner sur l’efficacité relative des méthodes d’élaboration des grilles de correction d’un instrument élaboré dans un tel contexte justifie le fait de se questionner sur laquelle de ces méthodes permettra d’en arriver à une meilleure distribution des scores des participants. En d’autres mots :

Q1 – Quelle méthode visant l’élaboration d’une grille de correction d’un TJS destiné à la sélection du personnel dans un centre d’appels permet d’en arriver à une meilleure distribution des scores obtenus par les participants ?

Par ailleurs, dans la mesure où la sélection d’un personnel offrant le meilleur rendement en emploi est une exigence incontournable pour le bon fonctionnement d’un centre d’appels et étant donné que le TJS est un instrument d’évaluation fréquemment utilisé dans ce contexte, atteindre un niveau de validité critériée maximal est indispensable. Alors que la littérature demeure ambigüe sur la meilleure méthode à adopter afin d’y parvenir, l’objectif de ce projet de recherche sera également

79 d’évaluer l’efficacité relative des grilles de correction d’un test de jugement situationnel en se posant la question la suivante :

Q2 – Quelle méthode visant l’élaboration d’une grille de correction d’un TJS destiné à la sélection du personnel dans un centre d’appels permet d’en arriver à un niveau de validité critériée supérieur aux autres ?

4.2 HYPOTHESES DE RECHERCHE

Cette section regroupe les hypothèses se rattachant à cette recherche, lesquelles s’appuient notamment sur le cadre théorique présenté dans les sections précédentes.

En premier lieu, à l’instar de l’étude de St-Sauveur et ses collègues (2014) qui visait à évaluer l’efficacité des différentes méthodes d’attribution de pointage, l’efficacité relative des méthodes d’élaboration de grilles de correction peut également être évaluée à partir de la capacité de ces dernières à identifier les candidats possédant un certain potentiel par rapport à la population générale pour laquelle le test a été validé. En fait, il est plausible de croire qu’une bonne approche permettra de distribuer les scores de l’ensemble des personnes ayant participé au test selon une courbe normale signifiant ainsi que le test n’est pas trop facile, ni trop difficile et assurant une bonne répartition de toutes les personnes ayant posé leur candidature à un poste pour en arriver à de bonnes décisions d’embauche ou de rejet (T. P. Hogan, 2012).

Malgré que la littérature porte à croire qu’il ne semble pas y avoir réellement une valeur ajoutée à combiner une méthode empirique à une méthode rationnelle (c’est-à-dire basée sur des sources théoriques ou des experts de contenu), chacune des deux sources prises séparément apportent une perspective qui lui est propre et qui demeure pertinente lors de l’élaboration d’une grille de correction hybride (Cucina et al., 2012). En fait, par l’adoption de la méthode hybride lors du développement d’une clé de correction, il est fort probable que l’on puisse limiter les faiblesses méthodologiques liées à la méthode empirique tout en minimisant les divergences souvent observées avec les méthodes de type rationnel, telles que les bonnes réponses identifiées par différents experts de contenu. Dans cette perspective, la méthode d’élaboration hybride retenue dans le cadre de ce projet de recherche vise

80 d’abord à maximiser les sources d’information à la disposition d’un concepteur en combinant des sources théoriques, celles provenant des experts de contenu et les données de nature empirique. Puis, d’un point de vue théorique et pratique, il est justifié d’accorder le privilège aux experts de contenu afin qu’ils procèdent à la validation finale de la grille de correction hybride pour en arriver à une compréhension globale du rôle et des facteurs de rendement associés au test.

En ce qui a trait à la moyenne attendue, St-Sauveur et ses collègues (2014) suggèrent qu’une moyenne de 60% représente un niveau de difficulté optimal dans le cadre d’un processus de sélection.

Ce score est relativement central (près de 50%) et correspond à une attente culturelle issue du monde de l’éducation où ce résultat représente souvent le seuil minimum de passage. De plus, une moyenne de 60% permet un bon niveau de variabilité vers le haut (entre 60% et 100%) ou vers le bas (entre 0% et 60%).

Par conséquent, comme une distribution normale symétrique et la moyenne contribuent à l’évaluation de la qualité d’un test utilisé en sélection de personnel, la première hypothèse de recherche postulée est la suivante :

H1a – La méthode hybride présente la meilleure distribution des scores des candidats avec une distribution normale symétrique et une moyenne la plus près de 60,0%.

En ce qui concerne la deuxième question de ce projet de recherche, sont postulées les hypothèses suivantes :

H2a – La méthode hybride présente un niveau de validité critériée supérieur à la méthode théorique.

H2b – La méthode hybride présente un niveau de validité critériée supérieur à la méthode basée sur les experts de contenu.

H2c – La méthode hybride présente un niveau de validité critériée supérieur à la méthode empirique.

81 Cette deuxième série d’hypothèses s’appuie d’abord sur le fait que l’approche théorique nécessite une compréhension sophistiquée du domaine d’activité et des antécédents liés à un bon rendement dans un tel poste, ce qui, la plupart du temps, rend les critères attendus très difficiles à soutenir (Bergman et al., 2006). Dans le même sens, les meilleures pratiques théoriques ne peuvent pas toujours être appliquées telles quelles dans les organisations et il arrive souvent qu’elles trouvent peu d’échos sur le terrain. Dans cette perspective, il semble plausible de croire qu’une approche hybride visant à compléter cette information provenant de sources théoriques offrira un meilleur niveau de prédiction tout en s’assurant de leur généralisation dans l’organisation visée.

Par ailleurs, lorsque l’on adopte la méthode axée sur les experts de contenu, il est clair qu’il peut parfois survenir des divergences importantes dans l'a priori de leurs appréciations des éléments importants du rendement en emploi, et ce, à l’intérieur d’une même organisation (Motowidlo, et al., 1990). En adoptant une approche hybride, on tente alors de maximiser cet effort de prédiction en validant le portrait dressé par les experts par le biais d'autres sources d’information afin de parvenir à une meilleure estimation du rendement futur en emploi.

Finalement, lors de l’adoption d’une approche strictement empirique, selon l’identification du critère et l’échantillon utilisé à titre de référence, il peut y avoir une très grande variabilité dans la prédiction du rendement d’autant plus qu’il arrive parfois que des conclusions établies puissent apparaître comme irrationnelles et très peu valides pour les « non initiés » aux méthodes statistiques (Cucina et al., 2012). En somme, il semble plausible de croire que l’approche hybride permet de s’assurer que l’identification des bonnes réponses puisse être expliquée et interprétée, tout en maximisant l’effort de prédiction apporté par les méthodes empiriques (Cucina, et al., 2012;

Mumford, 1999).

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PARTIE 3 : METHODOLOGIE

La section qui suit vise à décrire la façon dont a été opérationnalisée la recherche ainsi que les analyses statistiques utilisées afin d’atteindre les objectifs de cette expérimentation.