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concepts sur 30 sont adéquats pour le groupe A (70%), et 3 concepts sur 6 pour le

Modélisation théorique

workshop 2 , la phase 1 a duré 45 minutes, la phase 2 a duré 15 minutes mais elle était

21 concepts sur 30 sont adéquats pour le groupe A (70%), et 3 concepts sur 6 pour le

groupe B (50%).

Le total des fiches concepts cohérentes avec les 2 critères d’évaluation est de 10 sur 30 pour le groupe A (33%), et de 1 sur 6 pour le groupe B (17%).

En conclusion, le groupe A (phase amont) a produit beaucoup plus de fiches concepts que le groupe B (sans phase amont), 83% contre 17%. La proportion de concepts inédits/similaires, est de 80% contre 20% pour le groupe A (phase amont), et de 50% contre 50% pour le groupe B (sans phase amont). Cet écart était déjà présent à la fin du premier workshop, et il était significatif, avec 13 places spécifiques et 22 objets spécifiques pour le groupe A, contre 0 places et 4 objets pour le groupe B. Sur les objets conservés par les évaluateurs, 27% appartiennent au groupe A contre 4% pour le groupe B.

Par rapport au groupe témoin (B), le groupe expérimental (A) qui testait le processus intégrant une phase de travail individuel en amont de la phase collective, suivie de la phase d’évaluation a posteriori, a produit plus de fiches concepts. L’écart est très important en termes de quantité et d’originalité. De plus le groupe expérimental (A) a produit plus de fiches

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concepts innovantes (33% contre 17%) et adéquates avec le cahier des charges du projet (70% contre

50%).

Nous constatons une amplification de l’écart de production entre le premier et le second workshop, ce qui nous questionne sur l’influence du processus suivi par le groupe expérimental. A priori on pourrait supposer que la phase de travail individuel en amont du workshop 1 a permis aux participants du groupe A (phase amont) d’être plus performants pendant la séance, ayant de l’avance dans leur réflexion sur le sujet. Selon nous cette avance se serait maintenue en influençant la capacité productive et la motivation des participants. Toutefois, on constate paradoxalement que le dynamisme productif du groupe expérimental ne s’est pas particulièrement manifesté pendant les phases de travail individuel (seulement 2 participants sur 12 au premier tour, et 0 au second), ce qui laisse encore une zone de flou sur l’impact de l’alternance des modes de travail que nous avons testé dans ce nouveau processus. Malgré tout, nous pouvons affirmer que la production de ces deux participants, qui ont pris le temps en amont de réfléchir à leurs idées, et qui se sont investis pour les partager avec les autres membres de leur groupe a suffi à donner de l’avance au groupe expérimental (A). D’autre part, le mail de stimulation envoyé entre les deux workshops, s’il n’a pas donné lieu à un retour concret des participants, à peut-être généré en eux un rappel qui les a mobilisé pour réfléchir au projet avant le second workshop. Une fois en séance, les concepts étaient certainement plus facilement accessibles dans leur mémoire, d’où une certaine performance remarquée dans leur production.

Nous pouvions raisonnablement supposer qu’un gain de temps supplémentaire apporterait une augmentation de la production de concept pour le groupe A (phase amont), néanmoins nous ne pouvions pas anticiper la meilleure qualité de ces concepts. La particularité des contextes de complexité systémique se situe notamment autour de la complexité des interactions sociales à l’œuvre, et de leur impact sur le processus créatif (motivation, cohésion, etc.). Nous rappelons que le contexte du projet de l’EXP3 était qualifié de complexe et systémique, notamment car une diversité d’acteurs et de profils métiers différents collaboraient sur un temps long composé de plusieurs workshops successifs.

Ainsi, parce que le temps d’un workshop est souvent trop court pour traiter des sujets complexe, et parce qu’il est important de guider les participants dans la succession des workshops, nous pensons que l’utilisation d’une phase de travail individuel en amont, couplée à une évaluation experte en aval, a permis d’améliorer la qualité des concepts produits. Notamment en agissant sur la motivation des participants avant et après le workshop, en abaissant les potentielles frustrations, en optimisant leur participation, et en maintenant un climat de cohésion bénéfique à la production créative en groupe.

Nous pouvons donc conclure que l’hypothèse 3 est validée, même si nous reconnaissons que de nouvelles expérimentations permettraient de rendre plus robustes les résultats, notamment au sujet de la motivation des participants lors de la phase individuelle.

L’utilisation d’un processus cyclique alternant imagination (phase amont), conception (workshop), et création (évaluation experte) permet, d’après notre expérimentation, de produire plus de concepts en termes de fluidité, d’originalité, d’innovation et d’adéquation avec les contraintes du projet. L’augmentation de la performance du cycle de travail

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individuel et de travail collectif, semble dynamiser les capacités productives des participants et leur motivation. Toutefois une acclimatation ou une pratique régulière de ce processus cyclique semble indispensable afin de mobiliser efficacement l’ensemble du groupe. La stimulation des interactions sociales à l’échelle organisationnelle est un challenge complexe et ambitieux que notre seule expérimentation n’aura pas permis d’accomplir entièrement. Il reste donc à reproduire cette expérimentation plusieurs fois dans de nouveaux contextes projets, mais aussi d’autres secteurs industriels, afin de confirmer quantitativement nos résultats, vis-à-vis notamment des différents biais humains possibles (participants, experts, animateurs).

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A l’issue de ces trois expérimentations, nous souhaitions tester la synergie entre les trois hypothèses dans des conditions logistiques moins contraintes que le contexte industriel réel, et ce afin de valider l’hypothèse générale et notre modèle. Pour cela nous avons interviewé d’autres praticiens de la « créativité » à l’extérieur de l’entreprise. Les interviews ont été réalisés auprès de 90 étudiants designers en fin de Master 2 (Strate – Ecole de Design). Ainsi, étant donné que nous n’avons pas pu mener une expérimentation transverse au sein de notre contexte industriel, nous avons choisis d’évaluer notre hypothèse générale auprès de cette population qui présentera tout de même un certain intérêt pour nos travaux.

Nous avons analysé les résultats des 90 entretiens semi-directifs adressés à l’aide d’une grille basée sur neuf questions investiguant des aspects théoriques et pratiques de l’animation créative. L’objectif était d’identifier des éléments significatifs, redondants ou divergents entre les différents étudiants, et de comparer ces observations avec les résultats des trois précédentes expérimentations, afin de valider l’hypothèse générale en dehors d’un contexte industriel.

Au sein de Strate–Ecole de Design, l’année de Master 2 (la cinquième après l’obtention du baccalauréat) est consacrée à la production d’un projet de diplôme. Cette année est articulée autour de deux phases : dans un premier temps (1) l’écriture d’un mémoire sur une thématique donnée, puis (2) l’identification d’une problématique et la création d’un projet pour y répondre. Ce projet est ensuite soutenu devant un jury de professionnels expérimentés, qui attestent ou non de la qualité du travail de l’étudiant. Ainsi, notre intervention a porté sur le début de la seconde phase, une fois le mémoire terminé et le travail de « créativité » démarré. Il s’agissait d’une phase cruciale ou « le concept » n’avait souvent pas encore été trouvé, chaque étudiant avançant à son rythme dans une certaine autonomie, totalement immergé dans son processus créatif.

L’analyse par entretiens auprès des 90 étudiants designers s’est déroulée au travers d’entretiens individuels semi-directifs de trente minutes. Les personnes interviewées pouvaient prendre un certain temps pour répondre à une question. Elles étaient libres dans leur formulation. Voici les neuf questions qui composaient le questionnaire, synthétisées dans le Tableau 18.

Question 1 Avez-vous/Quelle est votre définition de la créativité ?

Question 2 A quel moment intervient la créativité dans votre travail ? Au cours d’un projet ?

Question 3 Comment abordez-vous cette phase créative ? Facilité ou difficulté ?

Question 4 Comment stimulez-vous votre créativité au quotidien ?

Question 5 Avez-vous une méthode ? Des outils ? Pensez-vous en avoir besoin ?

Question 6 Savez-vous expliquer comment viennent vos idées ?